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Prix Nobel 1920, Knut Hamsun est considéré comme l'un des plus grands écrivains qui aient existé. Il fut admiré par des esprits aussi divers qu'Ernest Hemingway, Henry Miller, Franz Kafka et H. G. Wells. Dans son oeuvre, il a créé un "héros archétypal" qui a représenté son époque mieux que tout : le vagabond. Dans La Faim, Mystères, Pan, ce vagabond est un homme de l'errance, seul contre la société, un personnage de valeur nietzschéenne, de pouvoir nordique, de puissance païenne. C'est le héros nouveau d'une époque nouvelle. Ce vagabond est un "solitaire soldat de sa vie". Il va connaître, comme Hamsun lui-même, bien des tribulations et des aventures, dans une existence toujours inspirée de l'ode à la nature, du goût du voyage, de la compagnie des femmes et de la fidélité au rêve. Errance, désespoir, extase, amour: comme l'immortel songe d'un songe, entre fjords et fjelds, l'éternel emblème du Nord se dresse, avec l'oeuvre de Hamsun, comme une "lune d'encre", symbole immense, signe aigu de vérité au coeur de la littérature mensongère d'un temps de mensonge. Ce "Qui suis-je?" Hamsun , à l'expression poétique et littéraire, constitue le seul essai disponible en français sur le grand Norvégien ; il apporte une biographie totale et une étude approfondie de toute l'oeuvre de l'extraordinaire romancier. L'engagement de ce "maître d'aristocratie et d'errance" auprès de l'Allemagne pendant la Deuxième Guerre mondiale, pour des raisons qui n'avaient rien à voir avec l'antisémitisme, est ici traité dans un chapitre qui fait toute la lumière.
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Un Balzac inconnu ? Du neuf sur Balzac ? Ce Balzac (Qui suis-je ?) propose un regard inédit sur le romancier et sur l'énigme que constitue le contraste entre la "grandeur" de l'oeuvre et la " misère " (pascalienne) de l'homme, ce prodige qui contenait en lui, selon ses propres dires, " toutes les incohérences ".
Ce Qui suis-je ? présente une nouvelle lecture, fondée cette fois sur la " doctrine mystique " de Balzac, ce " christianisme johannique " auquel il entendait se rattacher, auquel il rattachait sa Comédie humaine et par lequel il se rattachait lui-même à la tradition ésotérique universelle. On verra que cette doctrine, trop négligée jusqu'à présent, si elle ne résout pas le mystère de la création balzacienne, en dégage le sens et la portée générale.
Elle en éclaire les intentions profondes et agit comme un révélateur des véritables dimensions de cette entreprise romanesque hors pair. En effet, elle inscrit la Comédie humaine dans le cadre d'une vision, peut-être confuse, mais assurément grandiose, qui relie le monde à son Principe suprême et renvoie l'homme à sa destinée spirituelle, telle qu'elle est représentée, dans la société et dans l'oeuvre, par le combat entre les Forts et les Faibles autour de l'argent, du pouvoir et de l'amour, l'ensemble placé sous l'éclairage de cette " recherche de l'Absolu ", dont la soif confine quelquefois à la démence...
Ainsi, la doctrine apparaît comme l'instance médiatrice entre Balzac et le génie qui le dirigeait, ainsi que l'avait aperçu Victor Hugo.
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L'histoire de Robert Poulet est celle d'un écrivain, originaire de Belgique, dont la qualité a été jugée à l'aune de ses convictions politiques. En ce sens, son cas est exemplaire : il a été ostracisé, exclu de la Cité pour avoir voulu la servir, alors qu'il eût pu se contenter de vivre, avec bonheur, pour l'art et la beauté... A l'été 1940, Robert Poulet, alors brillant journaliste et romancier réputé, choisit de prôner le moindre mal : une collaboration modérée, d'esprit national, avec l'occupant allemand, dont il pensait, erronément mais de bonne foi, qu'il gagnerait la guerre. Son retrait de la mêlée, en 1943, ne l'empêche pas d'être condamné à mort à la Libération. Mais ses révélations au sujet de contacts avec un des conseillers du roi Léopold III vont lui sauver la vie, de justesse : il affirme avoir mené la politique que le monarque souhaitait qu'il menât. L'affaire, pleine de zones d'ombre, fait grand bruit. En 1951, contraint de s'exiler, il s'installe près de Paris. Là, il repart de zéro et reconstruit peu à peu sa réputation littéraire, à coups d'essais, de pamphlets, de romans et de critiques. Son talent, reconnu par les Chardonne, Morand ou autres Céline, ne laisse pas indifférent. Sur proposition de l'Académie française, l'ensemble de son oeuvre sera couronné. Les Belges continueront pourtant de l'ignorer cordialement en raison de son passé politique. Dans ce " Qui suis je ? " Poulet. derrière l'écrivain, témoin privilégié de son temps, l'auteur a cherché l'homme et nous livre, à travers cette étude d'un destin particulier, une exploration sensible des drames intellectuels de l'entre-deux-guerres et de l'Occupation.
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Le baron Ungern est un personnage exceptionnel qui libéra la Mongolie occupée par les troupes chinoises en 1921.
Ataman cosaque, le baron Ungern vécut une vie d'aventures. Il fut un héros de la Première Guerre mondiale. Il habitera en Transbaïkalie, puis en Mongolie. Il parcourra la Mandchourie, la Chine, et se mariera avec une princesse chinoise. Sa Division Asiatique de Cavalerie sera la dernière armée à se battre contre les troupes communistes. Passionné par le bouddhisme, il s'entourait de lamas. Il rêvait de créer une Asie unifiée qui serait en mesure de lutter contre une Europe qu'il jugeait décadente.
Après la prise d'Ourga, il s'empressa de remettre sur le trône le Koutouktou, l'équivalent mongol du Dalaï-Lama. Cependant, en ce qui concerne la personnalité du baron Ungern, la légende a souvent remplacé la vérité historique. On a affirmé que le baron était un être cruel, un fou paranoïaque et sanglant, on lui a attribué une pensée proche du paganisme. Maintenant, avec l'analyse de documents récemment sortis des archives ou de témoignages, comme celui de Perchine, nous pouvons avoir une idée beaucoup plus juste de ce qu'il était réellement.
En fait, ce n'était pas le baron Ungern qui était fou et sanglant, mais l'époque dans laquelle il vivait. Le baron apparaît, au contraire, comme un individu d'une rare droiture, dénué d'ambitions personnelles, sincère, modéré dans ses actions, cultivé et beaucoup plus humain qu'il ne semble, malgré ses discours enflammés.
Avec ce " Qui suis je ? " Ungern, pour la première fois en français, nous pouvons avoir une vision plus juste du caractère et des buts du baron von Ungern Sternberg.
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Saint-Loup (1908-1990): «En présence de Waffen SS français, il n existe d'autre arbitre que soi-même, le débat qu ils ont ouvert se situant au niveau des guerres de religion. Dans le domaine des guerres de religion, l homme ne connaît plus que sa conscience et sa fureur.» Marc Augier, alias Saint-Loup, fut emporté par le vent de l'Histoire, à toute vitesse, mais sans jamais tomber. Il en a tiré une oeuvre forte et virile, parcourue par un souffle épique. Une oeuvre peinte à fresques, où des individus et des groupes d in- dividus doivent affronter les bombardements, le rouleau compresseur des chars soviétiques, l' épuration, les foules ivres de violence, mais aussi la montagne, la neige, le froid polaire, les avalanches, les tempêtes, les poux, l'hiver russe, une panne de moteur en altitude ou, simplement, la fatigue au guidon d'une moto lancée sur les routes d Europe. Ce qui fascine, chez Saint-Loup, ce sont des valeurs universelles, qui n appartiennent à aucun camp: c est cette vie de sportif, d aventurier, de guerrier. Saint-Loup est le contraire d un idéo- logue. C est un militant, mais ce n est pas un homme du combat des idées. C est un homme d ac- tion, ayant mis ce goût de l action et du risque calculé au service de causes politiques et parfois militaires. Soixante-cinq ans après la fin de la guerre et plus de vingt ans après la chute du mur de Berlin, il est temps de relire son uvre, de la dégager de sa seule dimension hérétique, conséquence de ses quatre années à la LVF et à la Waffen SS. Oui, grâce à ce «Qui suis-je?» Saint-Loup, il faut revisiter ce grand créateur de mythes, et personnage mythique lui-même.
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Pierre Gripari (1925-1990): «J écris pour être aimé, longtemps après ma mort, comme j ai aimé Dickens. J écris pour faire du bien, comme Jack London m a fait du bien, à quelques individus que je ne connaîtrai jamais, dont les pensées ne seront pas les miennes, qui vivront dans un monde que je ne puis concevoir.» Pierre Gripari a traversé son siècle comme un poète: il a mis en ordre avec des mots le chaos du monde, des images, des idées qui ont exalté, nourri ou détruit ses contemporains. Sa vie fut difficile, mais son engagement corps et âme dans la littérature nous laisse une uvre précieuse pour tous ceux qui aiment lire. Connu et reconnu pour ses contes, il a aussi écrit 141 nouvelles, 14 romans, 34 pièces de théâtre, dont 21 pour la jeunesse, des anthologies, essais, poèmes... La tâche de l écrivain est de revivre et de réinter- préter à neuf des situations et des archétypes qui sont de tous les temps. Gripari raconte des histoires avec délectation, humour et profondeur. Loin de la littérature de laboratoire, en vogue dans les années d après-guerre, il obéit à l élan du rythme de l his- toire qui veut naître, qui veut s écrire, qui veut émouvoir. Le réalisme est banni de son uvre, mais la vérité y gagne: tout au moins celle qui nous confronte à la tragique condition humaine, tout en nous donnant aussi les clés pour l affronter. Dans ce «Qui suis-je?» Gripari, les auteurs, qui l ont bien connu, mêlent informations biographiques et description de livres à l analyse, en particulier en ce qui concerne Dieu... traité, il est vrai, comme un personnage purement littéraire, d une manière qui n appartient qu à Gripari. La sincérité caractérise toute l uvre de Gripari, qu elle s adresse aux enfants ou aux adultes, mais elle se mêle à une grande pudeur. Ce livre tente de mettre en valeur et d éclairer l exemplaire destinée de cet écrivain si original.
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De son vrai nom Alphonse-Louis Constant, ce fils d'un modeste cordonnier, brillant élève, se destinait à une carrière ecclésiastique.
Mais, tombé amoureux d'une jeune fille, il s'enfuit du séminaire et connut une vie d'errance et de misère, ponctuée de séjours en prison. Après avoir décidé de se vouer corps et âme aux sciences occultes, son destin bascula en 1854 lorsqu'il rencontra des adeptes à Londres. Devenu Eliphas Lévi Zahed, il publia en 1856 son maître-livre, le fameux Dogme et Rituel de la haute magie, devenant ainsi le grand rénovateur de l'occultisme.
Dès lors, il consacra sa vie à la rédaction d'ouvrages sur la magie, la kabbale, les grands mystères et à la formation de disciples à domicile ou par correspondance. Avec ce "Qui suis je?" Eliphas Lévi, l'auteur se propose de nous faire découvrir une personnalité puissante et rayonnante dont l'influence fut profonde aussi bien sur les grands auteurs de son époque (Baudelaire, Victor Hugo, Rimbaud, etc.) que sur le fleuron des occultistes européens.
L'oeuvre de ce précurseur, capitale pour des générations de chercheurs en "sciences maudites", le place parmi les premiers au sein des maîtres de l'occultisme. Il meurt en mai 1875 dans la sérénité, après une existence pour le moins chaotique et mouvementée.
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Allan Kardec a vécu deux vies successives...
Sous le nom de Denizard, Hippolyte, Léon Rivail, il a mené, de sa naissance à sa cinquantième année, l'existence banale d'un membre de la moyenne bourgeoisie. Après des études secondaires et supérieures, il a été, avec plus ou moins de réussite, durant trente années, enseignant, directeur de cours privés et rédacteur de manuels scolaires. En 1854, il découvrira le spiritisme, se convaincra qu'il a été, dans une précédente existence, un druide du nom d'Allan Kardec et se fera, durant quinze années, connaître mondialement sous ce nom comme le théoricien et le codificateur principal du spiritisme.
Ce Kardec (Qui suis-je?) est consacré à cette étonnante personnalité dont l'ouvrage Le Livre des esprits devint rapidement un best-seller. Son influence toucha tous les pays du monde et toutes les classes sociales. Plus de cent quarante ans après sa mort, sa tombe, au cimetière du Père-Lachaise, reste celle qui reçoit le plus grand nombre de visiteurs. Situant cette vie hors du commun dans l'évolution de l'histoire des idées, l'auteur montre comment Allan Kardec a su mettre en ordre, grâce à son génie, les thèses d'un courant qui lui préexistait.
Le lecteur découvrira également le rôle prééminent qu'il joua dans le développement des Nouveaux Mouvements Religieux. Ainsi, le spiritisme kardeciste est devenu un véritable phénomène de société au Brésil, tandis qu'il donnait naissance à une religion de guérison, en Belgique, et à un mouvement spiritualo-nationaliste, au Vietnam. Il connaît même, actuellement, une seconde jeunesse, via le channeling du mouvement New Age.
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Le blason et ses secrets : retrouver ou créer ses armoiries aujourd'hui
Luz
- Pardes
- 14 Octobre 2002
- 9782867142840
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Ce Crowley (Qui suis-je ?) présente un homme à multiples facettes : alpiniste et joueur d'échecs de renom, poète reconnu, grand voyageur, peintre déconcertant, militant en faveur de l'indépendance de l'Irlande, auteur de romans, de pièces de théâtre, de scénarios, grand séducteur et, surtout, magicien !
Dans ce Qui suis-je ?, l'auteur - qui a consacré un doctorat à Aleister Crowley et ses disciples - présente une biographie de celui que ses fidèles nommaient le Maître Thérion, une analyse précise de sa pensée et montre comment celle-ci a eu une influence non négligeable sur certains aspects de la culture moderne (rock'n roll, LSD, nouveaux mouvements religieux, etc.).
On découvrira qu'Aleister Crowley fut l'ami de nombreuses personnalités qui s'intéressèrent à l'occultisme, de Henry Miller à Fernando Pessoa en passant par Auguste Rodin, qu'il compta parmi ses disciples Ron Hubbard, le fondateur de la Scientologie, qu'il proposa un messianisme proche du Nouvel Age, qu'il entendit rivaliser avec Krishnamûrti, etc.
Au tournant du millénaire, alors que les idées les plus folles sont soutenues avec sérieux, la magie d'Aleister Crowley apparaîtra, en définitive, comme plus raisonnée qu'on ne l'imagine et de nature à apporter des réponses à ceux qui cherchent à " voir Dieu en face ".
A ce titre, elle mérite qu'on s'y intéresse.
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Ce " qui suis je ? " mishima entend sortir des ornières du culturellement correct.
Il étudie, dans sa " double voie ", celui qui se voulait de l'" autre race " - la race solaire opposée à la race lunaire. il retrace son parcours existentiel, littéraire et métapolitique ; de la naissance au sacrifice exemplaire. en 1970, témoignant qu'il fut, selon ses propres équations, un rebelle total à la vision moderne du monde, yukio mishima se donnait la mort selon l'ancien rite samuraï du seppuku.
Le geste souverain du plus grand écrivain de la littérature nippone d'après-guerre a beaucoup contribué à le faire connaître hors de son pays, tout en suscitant de multiples et contradictoires interprétations. excellent connaisseur des littératures occidentales, notamment française, et auteur inclassable an sein de la littérature japonaise moderne, mishima et son oeuvre constituent le paradoxe d'être simultanément dans et hors du monde moderne, ils réussissent une critique sans concession de ses antivaleurs, du climat étouffant de " paix souriante aux panses pleines " avec son " bien-être " bourgeois.
Mishima lui oppose, radicalement, par son oeuvre et l'exemple de sa vie, les valeurs du japon traditionnel : conception martiale et sacrificielle, conscience de la dimension tragique de la vie, fidélité au principe impérial et, surtout, défi du bunburyôdô, la " double voie " de l'art et de l'action, l'éthique et l'esthétique, dont la réalisation suprême ne peut aboutir que par la mort consciente et désirée.
C'est la nouvelle union du chrysanthème et du sabre des anciens samuraï.
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La première moitié de la vie de Georges Ivanovitch Gurdjieff forme un étrange kaléidoscope de légendes: militantisme nationaliste arménien, espionnage au Tibet pour la Russie tsariste, séjour dans des monastères de diverses traditions religieuses, fondation d'une société - Les Chercheurs de Vérité - dévouée à la quête de la connaissance traditionnelle et ésotérique, etc.
En 1912, cet " aventurier " s'installe à Moscou où il vend des tapis. Là, il regroupe autour de lui des disciples auxquels il enseigne la " quatrième voie ", celle de A 'homme rusé ". Chassée de Russie par la révolution bolchevique, la petite communauté finira par s'installer en région parisienne. Gurdjieff y fera prospérer l'Institut pour le développement harmonique de l'homme que certains ont pu comparer à une école pythagoricienne.
Dans le cadre de cet institut, il enseignera une technique d'éveil particulièrement ardue par l'intermédiaire de diagrammes et de symboles (dont le fameux ennéagramme), de compositions musicales et de danses sacrées, d'étranges dîners rituels et de discussions publique. L'influence de " Monsieur Gurdjieff", ainsi que le nommaient ses disciples, fut énorme de son vivant et n'a pas décliné avec sa mort.
Des fondations Gurdjieff existent dans la plupart des capitales des pays occidentaux et beaucoup de ses thèses ont été reprises par les théoriciens du New Age. Réservé à l'origine à des happy few, son enseignement - qui n'est pas celui d'une religion, d'une secte, d'une école philosophique, mais, uniquement, une voie vers le soi - attire maintenant des milliers d'individus en recherche.
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Il y a, chez Jorge Luis Borges, auteur illustre d'une oeuvre renommée, un paradoxe et une contradiction dont l'homme et l'oeuvre eurent également à pâtir.
Ce fut de n'avoir pu écrire, parce qu'il était Borges, le Livre qu'il aurait voulu écrire - parce qu'il était Borges. Il fallait, en effet, être Borges, Jorge Luis, homme de lettres argentin, épris de lecture et pétri de culture, pour former l'idée d'un Livre total, nécessaire et infini, Livre des livres ou Livre absolu, qui contiendrait tous les livres et qui serait le Monde. Et il suffisait d'être Jorge Luis Borges, individu, fini, accidentel et fortuit, pour être radicalement empêché d'écrire.
C'est de cela qu'il souffrait lorsqu'il se plaignait du " malheur " d'être Borges, lorsqu'il disait sa lassitude d'être toujours celui qu'il était, lorsqu'il exprimait son espoir que, au moins, la mort mettrait un terme pour lui au fait d'être Borges. C'est la finitude et le négatif de son identité singulière qu'il déplorait, car c'est cela qui lui interdisait d'être, pour écrire l'oeuvre dont il rêvait, et devenir, en l'écrivant, le véritable et suprême Hacedor, l'impersonnel et intemporel auteur de l'impossible Livre absolu.
Ce " Qui suis-je " Borges montre que les ouvrages qu'il écrivit sont la solution fictive apportée par l'auteur à l'insoluble problème de l'homme. Non sans humour, toutefois, car le grand écrivain argentin, lucide et toujours clairvoyant, en dépit de sa cécité, se plaisait parfois à déconcerter, voire à mystifier, ses lecteurs.
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Célèbres, peu d'écrivains le furent de leur vivant autant que ce maître du roman romanesque.
Romancier fécond lu dans le monde entier, académicien couvert d'honneurs, ambassadeur itinérant de la littérature française, seuls Jules Verne ou Alexandre Dumas pourraient lui disputer sa gloire. En son temps, seuls quelques happy few -Léon Daudet, Edmond Jaloux, Paul Morand - surent déceler sous le masque du romancier à succès un écrivain secret, rare et confidentiel; à côté des romans exotiques aux paysages enchanteurs, peuplés d'héroïnes fabuleuses, des oeuvres intérieures, profondes, mystérieuses, plongeant leurs racines dans le terroir et dans l'opacité de l'être humain.
Ce Benoît (Qui suis-je ?) présente cet homme de lettres loué pour son "professionnalisme" comme le conteur habile et captivant qu'il fut, le probe artisan de l'écriture, mais aussi comme le poète épris de symbolisme, l'adulateur ambigu du "sublime génie féminin", l'admirable peintre des paysages naturels et des paysages de l'âme. Peu de personnalités sont aussi ambivalentes et complexes que celle de ce bon vivant, " charmant garçon" et fin gastronome, porté par une nature douloureuse au pessimisme et à la misanthropie - grand voyageur enraciné dans son terroir, maurrassien fasciné par l'Allemagne.
Ce " confectionneur de romans de gare", doté d'une immense culture littéraire, a écrit, mine de rien, quelques uns des plus beaux romans de notre langue.