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Belles Lettres
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Mémoires poétiques d'explorateurs
Elodie Broussard, Amandine Comté
- Belles Lettres
- 4 Octobre 2024
- 9782251455778
Convoquer un souvenir poétique, c'est l'exercice auquel se sont livrés vingt-cinq explorateurs français.
Ils dévoilent dans ce recueil le récit de leur rencontre avec la grâce, sous toutes ses formes, du fond des océans à l'espace, en passant par les régions polaires et les plus hauts sommets terrestres. Par l'enfance et les rencontres bouleversantes aussi. Leur émotion est encore vive à l'évocation de ces moments intimes, parfois enfouis par pudeur dans la mémoire d'une vie remplie d'aventures.
Marin, plongeur, scientifique, réalisatrice, géographe, alpiniste, spéléologue, astronaute, aventurière, inventeur, photographe animalier... ils font ici un pas de côté, à distance de leurs exploits, pour léguer un héritage immatériel précieux : ces instants suspendus qui ont touché leur âme. -
La derniere partie de cartes
Mario Rigoni Stern
- Belles Lettres
- Domaine Etranger
- 19 Août 2022
- 9782251453439
Dans cet ultime livre, Mario Rigoni Stern raconte son expérience de jeune homme pendant la Seconde Guerre mondiale, de son enrôlement dans les troupes alpines à seulement dix-sept ans aux campagnes en Grèce, en Albanie et en Russie. À chaque page, l'autobiographie se confond avec l'histoire collective, pour se disperser ensuite dans le ruisseau d'histoires individuelles - ces épisodes apparemment marginaux qui recèlent un autre sens de l'histoire. C'est ainsi que, par à-coups et par fragments, l'histoire d'un homme et d'une époque nous parvient.
Voici un livre « mince en pages mais dense en vie », une distillation précieuse dans laquelle Rigoni Stern concentre un demi-siècle de son écriture d'une manière totalement nouvelle. -
« Le grand homme est trop souvent fait d'une pièce ; c'est l'homme moyen qui est une multitude d'éléments contradictoires. Il est inépuisable. Vous n'arrivez jamais au bout des surprises qu'il vous réserve ». Quand Maugham publie The Summing up en 1938, son nom est devenu une légende dans le théâtre, le roman et la nouvelle. Il avait dans l'idée de raconter l'apprentissage de son métier d'écrivain. « Il me semblait que je voyais beaucoup de choses qui échappaient aux autres », note-t-il.
« Il paraît incroyable que le simple bon sens puisse nous éblouir, qu'un tel esprit puisse nous enchanter : tel est le cas de ce livre » écrivit Jorge-Luis Borges au moment de sa parution. The Summing up se lit comme une conversation intime avec un des plus grands esprits du XXe siècle. -
Et mon fantôme en rit encore : Carnet d'un écrivain
William Somerset maugham
- Belles Lettres
- Domaine Etranger
- 5 Avril 2024
- 9782251455433
« Il m'aurait paru impertinent de faire paraître un tel livre alors
que j'étais en pleine activité littéraire ; j'aurais eu l'air de
m'attribuer une importance offensante pour mes confrères ;
mais je suis un vieillard, désormais, et ne puis être un rival pour
personne car je me suis retiré du tumulte et de la confusion
pour m'installer dans une retraite confortable. »
Lorsqu'il publie ses Carnets, en 1949, Somerset Maugham
(1874-1965) est au faîte de sa carrière d'écrivain. Durant plus
d'un demi-siècle, de 1892 à 1944, il a consigné dans ces pages
les analyses les plus lucides et les plus féroces sur la société
post-victorienne, sur lui-même et sur son oeuvre. Il n'a plus rien
à perdre et se livre à un règlement de comptes très anglais avec
le milieu littéraire de son époque. Somerset Maugham excelle
dans la confession.
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Golda Meir était sans aucun doute l'une des femmes les plus incroyables de son époque - et de toutes les époques. Née en 1898 à Kiev, fille d'un charpentier pauvre, elle est devenue la première (et la seule) femme Premier ministre d'Israël. Le premier souvenir de Meir est celui de son père barricadant la porte d'entrée en réponse aux rumeurs d'un pogrom imminent. La famille a émigré aux États-Unis et, pendant un certain temps, Meir a vécu avec sa soeur, où elle a été exposée à des débats sur le sionisme, le droit de vote des femmes, la littérature et le socialisme. Elle devient enseignante et, après son mariage, émigre à nouveau en Palestine, où elle s'installe dans un kibboutz. Toujours active sur le plan politique, elle est devenue le premier envoyé d'Israël à Moscou, a été promue ministre des affaires étrangères et a finalement été élue Premier ministre, à la tête d'Israël. Dans son autobiographie, elle écrit : « Pour moi, être juive signifie et a toujours signifié être fière de faire partie d'un peuple qui a maintenu son identité distincte pendant plus de 2 000 ans, malgré toutes les souffrances et tous les tourments qui lui ont été infligés. »
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Talleyrand - 1754-1838
Georges Lacour-Gayet
- Belles Lettres
- Classiques Favoris
- 7 Juin 2024
- 9782251455532
« Je n'ai conspiré dans ma vie qu'aux époques où j'avais la majorité de la France pour complice et où je cherchais avec elle le salut de la patrie. » C'est en ce trait que Talleyrand résume l'état d'esprit d'où proviennent les hauts paradoxes de son action et la prodigieuse longévité de sa présence au pouvoir.
Né à Paris en 1754 dans l'une des plus anciennes familles de la noblesse française, Talleyrand meurt en 1838 à 84 ans. Il est le seul homme à avoir occupé des fonctions majeures et toujours plus prestigieuses au sein de tous les gouvernements qui, de la Couronne de France à la Monarchie de Juillet en passant par la Constituante et l'Empire, se sont confusément succédé. Lui seul sut dominer les événements de cette période si bouleversée de l'Histoire. Ses ennemis n'y virent qu'un traître accélérant les destitutions afin d'en faire son miel : qu'il ait été aussi ambitieux que ceux qui lui firent le reproche de les frustrer de leurs ambitions ne saurait guère suffire à éclairer une si exceptionnelle destinée. « Je n'ai jamais donné un conseil pervers à un gouvernement ou à un prince, mais je ne m'écroule pas avec eux », confiait le prince de Talleyrand, bien décidé à « ne pas se mêler de choses qu'il désapprouverait », car « un gouvernement qu'on soutient est un gouvernement qui tombe... ».
Que ce soit vis-à-vis du Directoire et en faveur de Bonaparte, ou vis-à-vis de Napoléon et en faveur de Louis XVIII, Talleyrand n'a jamais abandonné quiconque qui ne se fût d'abord abandonné lui-même. Lorsque tout s'effondre en un flot de catastrophes suscitées par les idéologies, alors, en prince d'Ancien Régime et en magnifique lecteur de Saint-Simon, Talleyrand se fait une règle de demeurer altier et froid afin que dans l'émotion se découvre un point de stabilité qui fasse souvenir de la France. Pour tenir contre l'idéologie cette position universelle, Talleyrand dresse un mur autour de sa vie intérieure, qu'il cultive en silence, car « la vie intérieure seule peut remplacer toutes les chimères ». Et de son pas boiteux, cet homme affligé d'un pied-bot marche droit son chemin dans un monde branlant. Énigmatique et franc, son sens prophétique édifia les traités internationaux qui donneront à l'Europe du XXe siècle le socle de sa possible pacification et de sa défense collective contre les totalitarismes. On le jugea sur les apparences : l'évêque apostat, l'aristocrate opportuniste, le politique dépravé...
Il y a bien plus à comprendre en cette figure qu'ont admirée Lamartine, Balzac et Goethe. Et il y a tant à apprendre de cet homme qui, concentrant comme Tocqueville la réalité d'un millénaire de Royauté, parvint à lire le sens de son temps et à trouver les remèdes qu'exigeait l'éruption de chaque nouvelle maladie.
Sur Talleyrand l'on a beaucoup écrit. Mais la biographie de référence, la plus vivante, la plus complète, que sa beauté élève au rang d'oeuvre, reste celle de Lacour-Gayet. Elle peint avec génie la vie de l'un des plus brillants hommes politiques que le monde ait connu, qui fut aussi l'un des grands mémorialistes de la littérature. Le livre était épuisé, et les exemplaires qu'on en glanait étaient souvent privés de leurs références. Voici, entière et sans lacunes, l'édition définitive de cette oeuvre classique. -
Stefan Zweig, génie de la nouvelle psychologique (Amok, 1922 ; Vingt-quatre heures dans la vie d'une femme, 1925 ; Le Joueur d'échecs, 1942, etc...) est entré tôt en dialogue avec le fondateur de la psychanalyse. Dans l'essai qu'il lui consacre en 1931, il trace de lui un portrait particulièrement vivant. Nourri des multiples entretiens qu'eurent les deux hommes, ce texte s'enracine dans la « conception intuitive » qu'avait Zweig de cette nouvelle discipline.
L'auteur du Monde d'hier ne fut pas un freudien « de stricte observance ». À l'instar de Freud lui-même, il craignait l'utilisation de la méthode par des « mains maladroites ». Mais surtout l'hommage sincère qu'il rend à une figure à ses yeux incomparable allait de pair avec une prise de distance sur des points importants. Les impulsions reçues comme les convergences mises au jour se doublent ainsi du souci de sauvegarder l'autonomie de sa vision et celle de la création littéraire.
À bonne distance des thuriféraires et des renégats, Zweig nous a laissé une présentation exceptionnelle de l'homme Freud, des grands motifs, révolutionnaires, qui structurent ses écrits, de l'évolution de son oeuvre, de Vienne à l'exil londonien. -
Retour sur le don
Mario Rigoni Stern
- Belles Lettres
- Domaine Etranger
- 10 Septembre 2020
- 9782251451336
Trente ans après la tragique retraite de Russie du Corps expéditionnaire italien consécutive à l'échec de la prise de Stalingrad et vingt ans après la publication du Sergent dans la neige devenu un classique de la littérature italienne du XXe siècle, Mario Rigoni Stern réalise un désir qui le taraude : retourner sur les lieux où tant de ses camarades ont trouvé la mort, au combat, de froid ou de faim. C'est l'occasion d'évoquer ses souvenirs. Passé et présent alternent. Jadis, les souffrances vécues ont rapproché les deux camps. Aujourd'hui, l'auteur retrouve les qualités de l'âme russe découvertes dans les camps de prisonniers où, réfractaire à poursuivre le combat aux côtés des troupes allemandes après 1943, il a côtoyé les soldats de la grande Armée Rouge. Déjà, durant la retraite les contacts humains avec la population locale, élémentaires autant qu'essentiels, recèlent une belle leçon de vie. Il évoque aussi son cher plateau d'Asiago, notamment lorsqu'une vieille scierie est convertie en camps d'internement pour des Juifs dont l'auteur s'efforcera après la guerre d'identifier les victimes et les survivants afin de nous faire aussi connaître leurs noms, à nous, lecteurs.
Comme dans tous ses livres, le grand écrivain italien nous fait partager avec une intensité rare les moments forts de sa vie qui, au-delà de son amour de la nature toujours présent dans ses écrits, forment une sorte d'odyssée courageuse entre toutes.
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Primo Levi et Tullio Regge - le premier chimiste, le second physicien - s'entretiennent à bâtons rompus des années de formation, de leur profession respective, des responsabilités de la science et de l'avenir de l'homme, mais aussi de la naissance de l'univers, des plus récentes hypothèses de la physique (des particules élémentaires à la cosmologie) et des diverses étapes de ce « roman » scientifique qu'a été la formulation de la théorie de la relativité, ainsi que du débat passionné auquel elle a donné lieu. Lors d'un séjour prolongé à Princeton, Regge a eu l'occasion de côtoyer des personnalités comme Oppenheimer, Gödel, Heisenberg, Dyson, qu'il évoque longuement dans cette conversation où plane en permanence l'ombre immense d'Einstein. Ce dialogue sans prétention, plein d'humour et de fantaisie, offre en outre un savoureux autoportrait involontaire des deux interlocuteurs.
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La publication du Journal de Philippe Muray, commencée en 2015, s'achève avec ces deux derniers volumes qui couvrent les années 1994 à 1997.
Comme dans les précédents, notées presque quotidiennement, on y trouvera ses réflexions sur la littérature, sur le long chantier de son roman, constamment interrompu par des travaux alimentaires et traversé par des phases de profond découragement. Mais ce qui ne fluctue jamais, c'est son observation aiguë du monde qui l'entoure, son diagnostic implacable sur les transformations sociales opérées sous la bannière du Bien, ce nouveau totalitarisme qui ne laisse plus place désormais à la singularité ni à la liberté. On y verra aussi de saisissants portraits - Hallier, Sollers, Kundera, Houellebecq -, de subtiles analyses des événements politiques - la fin de Mitterrand, le procès Papon -, ou de faits divers marquants.
Lutter contre le consensus général exige une énergie considérable et une certaine brutalité dans la pensée comme dans les termes : on aura compris que ce Journal n'est pas un catalogue de bons sentiments mais un combat solitaire et violent pour la vérité. Muray ne cherche nullement à convaincre ni à se faire aimer, mais à comprendre, et ses constats éclairent avec une extraordinaire prescience notre monde d'aujourd'hui.
L'année finale, 1997, marque un tournant pour Muray, puisque paraissent enfin aux Belles Lettres son roman On ferme, ainsi que les deux premiers volumes de ses Exorcismes spirituels. Par la suite, de son propre aveu - « le coeur n'y est plus », écrit-il en 1998 -, le Journal cessera d'occuper une place centrale et se réduira à des notes « pour mémoire », désormais sans projet littéraire. -
Il est cinq heures, le cours est terminé : Bergson, itinéraire
Michel Laval
- Belles Lettres
- Le Gout De L'histoire
- 13 Janvier 2023
- 9782251453910
« Il est cinq heures, le cours est terminé » sont les dernières paroles prêtées à Henri Bergson sur son lit de mort début janvier 1941 à Paris.
Avec Bergson disparaissait « le dernier grand nom de l'intelligence européenne » (Paul Valéry). Né au milieu du siècle précédent, Bergson avait suivi un itinéraire à nul autre pareil qui le conduisit des salles obscures d'une pension israélite à Paris où ses parents l'avaient abandonné enfant, aux cimes éblouissantes de l'École normale supérieure, de l'agrégation de philosophie, du Collège de France, de l'Académie française et du Prix Nobel de ittérature, en laissant derrière lui une oeuvre magistrale nimbée, comme d'une poussière d'étoiles, d'honneurs, de distinctions, de récompenses et de titres.
Ascension vertigineuse, qui porta Bergson à l'apogée de la gloire et même de cette « rallonge bizarre de la gloire qu'est la légende » (Thibaudet), mais qui s'acheva dans la désolation d'une nuit d'hiver où la France qu'il chérissait tant, s'enfonçait dans la honte de la collaboration et de la persécution des Juifs dont il ne voulut pas se désolidariser en renonçant à une conversion catholique annoncée.
Plus de quatre-vingts ans après sa disparition, la figure de Bergson s'est estompée comme sur ces vieilles photographies qui avec le temps ne laissent voir que des silhouettes fantomatiques.
Il est cinq heures, le cours est terminé veut replacer dans la lumière celui que Raymond Aron sacrait « le plus français des philosophes ». -
Marie-Antoinette : portrait d'une personne ordinaire
Stefan Zweig
- Belles Lettres
- Bibliotheque Allemande
- 15 Septembre 2023
- 9782251454696
Paru en 1932, ce texte est à l'origine la deuxième des six biographies que Stefan Zweig consacre, entre 1929 et 1938, à des figures historiques qu'il considère comme représentatives d'une culture européenne menacée. La montée du nazisme et de l'austrofascisme exige selon lui une prise de position par la littérature, mais sans adhésion formelle à un programme d'action politique. Le choix de la Révolution française depuis son déclenchement jusqu'aux journées sanglantes de la Terreur, définit un cadre historique de référence en consonance avec le présent.
Zweig puise aux meilleures sources en privilégiant les documents originaux. Le traitement qu'il en fait est toutefois littéraire, l'histoire étant pour lui « maîtresse de fiction ». Son récit, chronologique, est celui d'une vie ballotée par les bouleversements du temps. Centrée sur un personnage unique, sa démarche se différencie radicalement de la biographie romancée grâce à une psychologie aux accents parfois freudiens.
En parlant de « personne ordinaire » à propos de la Reine, Zweig rejette la thèse, royaliste, du martyre comme celle qui réduit l'« Autrichienne » à une intrigante coupable de trahison. Le chemin qui la conduit de l'insouciance juvénile aux humiliations du Temple et à la montée à l'échafaud élève son destin au rang du tragique. Vaincue de l'histoire, Marie-Antoinette témoigne par son attitude devant le Tribunal révolutionnaire et face au bourreau d'une possibilité de grandeur morale en un temps de périls extrêmes -
La Médée mythique était une magicienne aux pouvoirs redoutables, plusieurs fois criminelle. Ici, elle s'impose la catastrophe. Pour faire payer son infidélité à Jason, elle devient meurtrière de leurs enfants. Euripide a sans doute inventé ce crime.
Elle ne se contente pas de se venger, mais anéantit le monde pour lequel son mari la quitte : elle désagrège la jeune rivale en même temps que son père, le roi de Corinthe, et, avec ses enfants, elle détruit le passé. Rien ne doit en rester, puisqu'il a été nié. Dans cette tragédie, elle est le divin. Petite-fille du Soleil, elle s'était donnée librement à un mortel ; elle se reprend, mais dans un désastre qui la touche aussi.
Euripide a choisi de ne pas mettre en scène la magie, mais la virtuosité avec laquelle l'étrangère parle les mots des Grecs, pour tuer. Contrairement à ce que disait Nietzsche, la dialectique ne dénature pas la tragédie, elle la renforce.
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La publication du Journal de Philippe Muray, commencée en 2015, s'achève avec ces deux derniers volumes qui couvrent les années 1994 à 1997.
Comme dans les précédents, notées presque quotidiennement, on y trouvera ses réflexions sur la littérature, sur le long chantier de son roman, constamment interrompu par des travaux alimentaires et traversé par des phases de profond découragement. Mais ce qui ne fluctue jamais, c'est son observation aiguë du monde qui l'entoure, son diagnostic implacable sur les transformations sociales opérées sous la bannière du Bien, ce nouveau totalitarisme qui ne laisse plus place désormais à la singularité ni à la liberté. On y verra aussi de saisissants portraits - Hallier, Sollers, Kundera, Houellebecq -, de subtiles analyses des événements politiques - la fin de Mitterrand, le procès Papon -, ou de faits divers marquants.
Lutter contre le consensus général exige une énergie considérable et une certaine brutalité dans la pensée comme dans les termes : on aura compris que ce Journal n'est pas un catalogue de bons sentiments mais un combat solitaire et violent pour la vérité. Muray ne cherche nullement à convaincre ni à se faire aimer, mais à comprendre, et ses constats éclairent avec une extraordinaire prescience notre monde d'aujourd'hui.
L'année finale, 1997, marque un tournant pour Muray, puisque paraissent enfin aux Belles Lettres son roman On ferme, ainsi que les deux premiers volumes de ses Exorcismes spirituels. Par la suite, de son propre aveu - « le coeur n'y est plus », écrit-il en 1998 -, le Journal cessera d'occuper une place centrale et se réduira à des notes « pour mémoire », désormais sans projet littéraire. -
Maurice Garçon (1889-1967) fut l'un des plus grands avocats de son temps. De 1912 à sa mort, il a consigné les événements, petits et grands, dont il était le témoin ou l'acteur.
Il vient de prêter serment quand il commence ce journal, loin d'imaginer qu'il va devenir monumental. Il s'agit, dit-il, de « simples notes » au fil de la plume, jamais retouchées. Petites scènes, portraits, encore un peu scolaires. Et bien vite, il trouve son style, celui d'un exceptionnel observateur.
Les premiers temps sont rudes, bouleversés par la Grande Guerre. Réformé, il souffre d'être considéré comme un planqué mais, devant les conseils de guerre, il apprend le métier.
Et quand il ne travaille pas, il décrit l'atmosphère qui s'alourdit. Jusqu'à l'armistice qu'il « couvre » comme un reporter. Il en a l'oeil et se débrouille pour être partout où il se passe quelque chose, comme plus tard, au Bourget, à l'arrivée de Charles Lindbergh.
Familier des estaminets du Quartier latin, il rencontre des artistes, des auteurs qu'il se fera une spécialité de défendre. Et les clients affluent, l'obligeant parfois à négliger son journal.
Entre plaidoiries de routine et intérêts de Coco Chanel, il parvient à courir les premières et, plus inattendu, à satisfaire sa curiosité pour le paranormal.
Les scandales des années 1930 lui donnent matière à réflexion, penché sur un dossier proche de l'affaire Stavisky. Son mépris de la corruption des confrères députés, présidents du Conseil passés et futurs, s'épanche, sans parler de ses colères à l'encontre des magistrats.
Maurice Garçon mord mais n'est pas lui-même à l'abri des préjugés racistes et antisémites. Il ouvre les yeux à Berlin, peu après la Nuit de Cristal, alors qu'il va représenter la famille du diplomate assassiné par Herschel Grynszpan. La guerre, à nouveau, sera bientôt là. -
Walter Benjamin : histoire d'une amitié
Gershom Scholem
- Belles Lettres
- Le Gout De L'histoire
- 7 Octobre 2022
- 9782251453453
Gershom Scholem et Walter Benjamin, deux Juifs berlinois appartenant à la même génération, refusent d'emblée le mensonge et le confort. Scholem quitte dès 1923 Berlin pour Jérusalem. Il y édifiera une oeuvre magistrale. À ses certitudes s'opposent les hésitations de Benjamin, la dispersion de ses écrits, la précarité de ses entreprises universitaires et littéraires, son balancement entre les séductions du marxisme et un sentiment très vif de son appartenance au judaïsme. Il envisagera même de s'installer en Palestine.
Témoin lucide, Scholem évoque les phases et les lieux de cette amitié : le Berlin de la guerre et de l'après-guerre, la Suisse, le Paris de 1927 et de 1938. Lettres à l'appui, il apporte des précisions sur l'attitude de Benjamin envers le sionisme et le communisme, sur ses relations avec d'autres figures des lettres allemandes de son temps : Brecht, Buber, Ernst Bloch, Hannah Arendt, Adorno, Horkheimer et l'École de Francfort. Il retrace la formation de la pensée de Benjamin, sa conception du rôle du critique littéraire, ses goûts artistiques, sa position ambiguë devant le marxisme. Il constate son double refus ; ni Moscou, ni Jérusalem, puis le caractère tragique de son exil : pour Benjamin, chassé d'Allemagne par le nazisme en 1933, Paris, « capitale du XXe siècle », siège d'une littérature dont il est le critique et le traducteur (Baudelaire, Proust), sera un lieu de solitude et d'angoisse avant le suicide d'octobre 1940 à la frontière espagnole. Au moment où l'oeuvre de Walter Benjamin est l'objet d'une attention croissante, cet essai de Gershom Scholem est une contribution essentielle à sa compréhension. -
Espérer pour la France ; mémoires d'un compagnon de la libération
Hubert Germain, Marc Leroy
- Belles Lettres
- Memoires De Guerre
- 22 Octobre 2020
- 9782251451411
À cent ans, Hubert Germain est l'un des quatre Compagnons de la Libération encore en vie. « Quand le dernier d'entre nous sera mort, la flamme s'éteindra. Mais il restera toujours des braises. Et il faut aujourd'hui en France des braises ardentes ! » C'est le message que veut laisser dans ce témoignage inédit, celui qui, à 19 ans, rallia la France libre dès les premiers jours. Lors de leur rencontre à Londres, le général de Gaulle lui dit simplement : « Je vais avoir besoin de vous. » Chevalier de la Légion d'Honneur à 21 ans, Compagnon de la libération deux ans plus tard - « Quand vous êtes reçu comme Compagnon, c'est comme si la foudre vous tombait dessus » -, il sera aussi maire, député puis ministre de Georges Pompidou. Légionnaire de la mythique 13e DBLE, il a combattu à Bir Hakeim, El Alamein, en Italie où il est blessé, puis durant toute la campagne de libération de la France. « Vous m'emmerdez avec Germain ! », rétorque le général de Gaulle alors qu'on le presse, vingt ans plus tard, d'écouter celui qu'on a envoyé rencontrer les émissaires des généraux putschistes d'Alger. Hubert Germain pardonne tout à celui qu'il considère comme son deuxième père.
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Cette traduction d'un ouvrage jusque-là inédit en français participera à la reconnaissance de l'importance qu'a eue Leonard Woolf dans l'existence de son épouse brillante et tourmentée. En effet, comme l'a déclaré son neveu Cecil Woolf, avec qui il a beaucoup collaboré, « sans lui, [Virginia] n'aurait pas vécu assez longtemps pour écrire ses chefs-d'oeuvre ».
Leonard est en effet le seul à avoir identifié la maladie de Virginia Woolf comme une psychose maniaco-dépressive, diagnostic révolutionnaire à l'époque, avec comme symptôme ses pulsions suicidaires. On en apprend beaucoup sur ses basculements dans la folie, sa violence (parfois même envers lui) ou son anorexie - il passait des heures à essayer de la faire manger.
En dépit de ce contexte tragique, marqué par le spectre de la folie et de la mort, Ma vie avec Virginia est un livre qui, paradoxalement, fait du bien. Leonard Woolf, Juif athée assumé et penseur politique moderne, se révèle comme une personnalité très attachante et pleine d'humanité - en deux mots, un homme bon.
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Invasion : journal d'Ukrainiens pacifiques
Henry Lion Oldie
- Belles Lettres
- Memoires De Guerre
- 13 Janvier 2023
- 9782251453934
S'ils oeuvrent ordinairement dans le domaine de la fantasy et de l'imaginaire, c'est la réalité de l'agression russe en Ukraine et sa brutalité qu'ils décrivent dans ce journal d'invasion. Les deux romanciers âgés de 59 ans vivent à Kharkiv, importante cité située à l'est du pays. Ils habitent dans le même immeuble, à des étages différents avec leurs familles quand, le 24 février 2022 à cinq heures du matin, les premiers bombardements russes frappent la cité. Leurs deux récits s'entremêlent et racontent leur stupéfaction, celle-ci faisant rapidement place aux contingences de la survie : faute de matériel, une partie de ce journal a été écrit à l'aide de leurs smartphones. Il décrit leur vie quotidienne, les bombes qui frappent, de plus en plus proches, les aller et retours aux abris, jusqu'au départ vers Lviv, à l'ouest du pays et à l'apprentissage de la vie de réfugié. Les deux écrivains, soutenus par leurs lecteurs, restent déterminés et livrent aussitôt leur combat dans le domaine de l'humanitaire et de l'aide aux réfugiés. Ils sont les témoins de la solidarité qui soude la population ukrainienne face à la barbarie du voisin russe.
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Ainsi fut Auschwitz : témoignages (1945-1986)
Primo Levi, Leonardo De Benedetti
- Belles Lettres
- Le Gout Des Idees
- 15 Février 2019
- 9782251449104
En 1945, après la Libération, l'armée soviétique qui contrôlait le camp pour les ex-prisonniers de Katowice en Pologne, a demandé à Primo Levi et Leonardo De Benedetti, son compagnon de captivité, d'établir un rapport détaillé sur les conditions sanitaires du Lager (camp).
Le fruit de cette étude, le « Rapport sur Auschwitz », représente un témoignage extraordinaire. C'est l'un des premiers rapports sur les camps d'extermination à avoir abouti. Publié en 1946 dans la revue scientifique Minerva Medica, il présage de l'activité ultérieure de Primo Levi, témoin, analyste et écrivain.
En effet, durant les quatre décennies suivantes, Levi ne cessera jamais de raconter l'expérience du camp au fil de textes de toutes sortes, pour la plupart jamais rassemblés en un seul volume. Des recherches précoces sur le sort de ses propres compagnons à sa déposition pour le procès Eichmann, de la « lettre à la fille d'un fasciste qui demande la vérité » aux articles publiés dans les journaux et revues spécialisées, Ce fut Auschwitz est une mosaïque de souvenirs et de réflexions critiques d'une valeur historique et humaine inestimable.
Un recueil de témoignages, d'enquêtes et d'idées qui, grâce à leur cohérence, à la clarté du style, à la rigueur de la méthode, restitue le Primo Levi que nous reconnaissons aujourd'hui comme un classique.
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On regardait ailleurs : des russes ordinaires contre la guerre
Kristina Safonova
- Belles Lettres
- Memoires De Guerre
- 20 Octobre 2023
- 9782251455037
Pour la première fois, des citoyens russes, gens simples et ordinaires, évoquent leur opposition à la guerre en Ukraine. Depuis les premières heures du conflit, la jeune journaliste Kristina Safonova a recueilli les témoignages de ces femmes et de ces hommes que l'on n'entend jamais.
« J'ai peur que les gens en Russie qui ne soutiennent pas le pouvoir se retrouvent isolés, sans voix. Et je voudrais montrer que tous les Russes ne sont pas pour la guerre et aussi faire en sorte qu'ils se sentent un peu moins seuls. » Kristina Safonova, 29 ans, travaille pour le site d'information indépendant Meduza, l'un des plus réputés pour la qualité et le sérieux de ses enquêtes. Elle a dû fuir son pays en 2021 après que la police se soit présentée à son domicile parce qu'elle avait participé à un rassemblement de soutien à l'opposant Alexeï Navalny. Depuis elle s'attache à raconter la vie de ses compatriotes, des gens ordinaires, de toutes conditions sociales, et à les faire réagir sur la guerre en Ukraine. Elle montre le poids de l'histoire, comment la main de fer de Vladimir Poutine a peu à peu étranglé le pays mais aussi la complexité des choix, des existences. Elle donne la parole, avec une écoute fine et attentive, à des gens qui se questionnent, s'opposent, un peu partout en Russie.
Un texte qui éclaire avec nuances les vies et positions de différents habitants de l'immensité russe trop souvent considérés comme une masse homogène. -
Berlin, Paris, Marseille, Nice et l'Italie : non dans leurs monuments grandioses, leurs décors obligés, leurs vues pour touristes, mais dans leurs recoins oubliés, leurs périphéries, leurs espaces ouverts, mêlés : rues, cafés, baraques foraines, cirques, passages désuets où s'expose une marchandise bariolée, le bric-à-brac merveilleux d'un univers énigmatique et fragmentaire. C'est à cette flânerie dans une Europe secrète des années trente qu'invite Siegfried Kracauer dans cet ouvrage unique - à la lisière de l'essai, du récit, de la description poétique et de l'enquête sociologique ou policière. «La valeur d'une ville se mesure au nombre de lieux qu'elle réserve à l'improvisation», conclut ce styliste singulier, le premier à incarner cette figure de promeneur qui fut ensuite celle, emblématique, de Walter Benjamin.
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Rwanda, la fin du silence ; témoignage d'un officier français
Guillaume Ancel
- Belles Lettres
- Memoires De Guerre
- 15 Mars 2018
- 9782251448046
1994, RWANDA.
La France intervient militairement dans ce petit pays d'Afrique centrale où se déroule le dernier génocide du XXe siècle, celui des Tutsis du Rwanda.
Officier de la force d'action rapide, détaché au sein d'une unité de Légion étrangère, Guillaume Ancel est chargé de guider les frappes aériennes d'une mission qui se veut humanitaire. Comme dans un carnet d'opérations, son récit décrypte l'enchaînement des faits et le malaise grandissant qui s'installe : rien n'est mis en oeuvre contre les génocidaires ayant massacré 1 million de personnes en 100 jours. Il raconte le professionnalisme des soldats français dans ces événements dramatiques mais aussi toute l'ambiguïté de cette opération qui remet en question, depuis plus de vingt ans, le rôle joué par la France.
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Une lecture de vacances, au hasard d'un séjour à Bath, change la destinée de David Ricardo (1772-1823) : la découverte des Recherches sur les causes et la nature de la richesse des nations d'Adam Smith, le conduira à refonder, en quelques années, l'économie politique. Nombreux sont ceux qui ont construit leur oeuvre en réponse à ses Principes ou en rupture avec eux : de Malthus, qui fut son meilleur ami et son plus fidèle adversaire, à Marx ou Keynes des années plus tard.
Après Trafalgar et Waterloo, dans le décor d'une Angleterre qui est celle des gentilshommes campagnards de Jane Austen, mais aussi des ateliers de Manchester, tous les conflits sont loin d'être résolus : rentiers du sol contre industriels, ouvriers contre patrons, fermiers contre propriétaires... Ricardo est le premier à scruter les contradictions, mais aussi les espérances d'une société capitaliste.
C'est le propre des classiques d'être toujours actuels, même deux cents ans après leur mort. L'armature forgée par ce prince de l'économie permet encore de poser, en toute objectivité, les termes des débats les plus biaisés en apparence. Quelle est la nature de l'opposition entre capital et travail ? Le libre-échange donnet- il la clé de la prospérité ? Faut-il faire travailler l'homme ou la machine ? À quand la décroissance ? Ricardo élargit dramatiquement le diamètre du cercle de la raison économique : certaines réponses qu'il suggère risquent de vous surprendre.