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RAISONS D'AGIR
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L'illusion du bloc bourgeois : alliances sociales et avenir du modèle français
Bruno Amable, Stefano Palombarini
- Éditions Raisons d'Agir
- Raisons D'Agir
- 20 Septembre 2018
- 9782912107978
La crise politique française entre dans sa phase la plus aiguë depuis plus de trente ans, avec l'éclatement des blocs sociaux traditionnels, de gauche et de droite. L'éloignement des partis «?de gouvernement?» des classes populaires semble inexorable?; il laisse sur la touche, d'un côté, artisans, commerçants et petits entrepreneurs déçus par la timidité des réformes de la droite libérale et, de l'autre, ouvriers et employés hostiles à une unification de l'Europe des marchés à laquelle le parti socialiste reste attaché. La présidence Hollande est de ce point de vue moins une anomalie que l'échec définitif des tentatives de concilier la base sociale de la gauche et la «?modernisation?» du «?modèle français?». Ce projet se prolonge désormais par la tentative d'édifier un «?bloc bourgeois?» fondé sur la poursuite des «?réformes structurelles?», destinées à dépasser le clivage droite/gauche par une nouvelle alliance entre classes moyennes et supérieures.
L'émergence, en réaction, d'un pôle «?souverainiste?», coexiste avec les tentatives de reconstruire les alliances de droite et gauche dans un paysage politique fragmenté. L'avenir du «?modèle français?» dépend de l'issue d'une crise politique qui n'est donc pas liée à des querelles d'appareils et encore moins de personnes, mais à la difficulté de former un nouveau bloc dominant. Elle est loin d'être terminée.
Nouvelle édition actualisée et augmentée. -
S'engager dans la guerre des classes
Laurent Denave
- Éditions Raisons d'Agir
- 20 Mai 2021
- 9791097084158
Docteur en sociologie, Laurent Denave a interrompu ses recherches en novembre 2018 pour se consacrer entièrement au mouvement des Gilets jaunes. Cet ouvrage est le fruit deux années d'expérience et de réflexions sur cette lutte politique. L'auteur souhaiterait mettre à disposition des militants engagés dans ce mouvement (toujours en cours, même s'il est moins visible), ou engagés d'une manière ou d'une autre dans la guerre des classes, des outils d'analyse et de compréhension produits par les sciences sociales critiques. Eclairer ou clarifier certains problèmes rencontrés sur le terrain pourrait sans doute contribuer à les résoudre.
Il s'agit de donner des pistes de réflexion pour tenter de répondre à certaines questions déterminantes pour l'avenir de ce mouvement de contestation inédit : Quelles actions sont les plus efficaces dans ce combat ? Sur quelles bases peut-on construire des alliances et avec qui ? Comment se positionner par rapport à la question centrale de la violence ? Comment résister à la répression et tenir sur la durée ? Comment structurer le mouvement afin de mettre nos pratiques en accord avec les principes que l'on défend (égalité, liberté et solidarité) ?
Cet ouvrage s'adresse également à celles et ceux qui soutiennent la lutte sans y participer directement et qui aimeraient en avoir une meilleure compréhension. Il entend déconstruire (et donc délégitimer) certaines représentations négatives, portées par les médias et leurs intellectuels de service sur la diversité des protagonistes de cette lutte, ce qui peut avoir des conséquences sur la manière dont ils sont considérés, traités et criminalisés, par la police ou la justice. Il donne à voir, derrière les mobilisations des Gilets jaunes, la véritable guerre des classes que les classes populaires livrent en réalité contre le libéralisme autoritaire en marche.
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En marche forcée ; une chronique de la libéralisation des transports : SNCF, cars Macron et quelques autres
Laurent Kestel
- Éditions Raisons d'Agir
- Raisons D'Agir
- 6 Septembre 2018
- 9782912107985
Les transports, parents pauvres des discours et des programmes politiques, auront rarement autant été sur le devant de la scène publique qu'en cette année 2018. Leur libéralisation, inscrite dès les textes fondateurs de l'Union européenne et depuis lors patiemment orchestrée en France dans l'ensemble des secteurs d'activité, prend aujourd'hui une intensité particulière avec les annonces du gouvernement sur l'ouverture programmée à la concurrence du transport ferroviaire de voyageurs.
Un profond bouleversement est donc engagé « en marche forcée » dans l'un des derniers bastions du service public à la française. Il faudrait « réformer » la SNCR, au nom d'une supposée « amélioration de la qualité de service » pour l'usager que la concurrence serait supposée apporter. Ce mantra répété à l'envi dans les médias participe de l'économie du « nouveau monde » que le président de la République s'attache à incarner en faveur de la « mobilité du futur » - le futur de « ceux qui réussissent » contre celui de « ceux qui ne sont rien » ?
Mais que se joue-t-il réellement derrière ce vocable aseptisé propre à convaincre tout un chacun ? Que révèle-t-il des dernières transformations du capitalisme et que porte-t-il comme conséquences pour notre modèle de société ? Défendre le service public du rail ne revient-il pas encore, comme l'affirmait Pierre Bourdieu en 1995, défendre une civilisation construite autour des droits sociaux et des valeurs d'égalité ?
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La question climatique ; genèse et dépolitisation d'un problème public
Jean-Baptiste Comby
- Éditions Raisons d'Agir
- Cours Et Travaux
- 8 Octobre 2015
- 9782912107817
Avec la montée en puissance de la thématique climatique dans les médias généralistes français à partir du début des années 2000, les détracteurs de la « pensée unique » ont pu espérer que les enjeux environnementaux globaux permettraient de colorer le débat public. Alors qu'à l'aube du XXIe siècle les « altermondialistes » donnent de la voix et les commentateurs patentés se gargarisent de l'émergence d'une « société civile » censée limiter l'hégémonie des logiques marchandes, l'accentuation des problèmes écologiques viendrait signaler l'urgence de reconsidérer l'emprise du capitalisme sur l'organisation des sociétés.
Or ce n'est pas une diversification de l'idéologie dominante que révèle la médiatisation accrue de la question climatique mais bien les processus au gré desquels les définitions conformistes des problèmes deviennent les plus récurrentes et les plus accessibles dans les espaces du débat public. Pour attirer l'attention des journalistes sur les changements climatiques, les entrepreneurs de cette cause doivent en livrer une version consensuelle afin de se plier aux verdicts du « plus grand nombre ».
L'analyse sociologique de la configuration formée par ces agents permet de comprendre pourquoi ils s'adonnent sans coup férir à ces génuflexions. C'est notamment parce qu'ils ont intériorisé les conceptions indissociablement psychologisantes et marchandes du « bon » reportage comme de la « bonne » campagne de communication qu'ils reprennent en choeur une mélodie climatique s'apparentant à une moralisation des individus sans référence aux logiques économiques et politiques contribuant à la catastrophe écologique en cours.
Or c'est précisément parce que les discours « éco-citoyens » occultent le coût environnemental élevé des styles de vie des classes supérieures et moyennes que ces dernières peuvent régulièrement faire leur profession de foi écologique sans avoir à interroger leurs aspirations consuméristes. En d'autres termes et à rebours des prophéties sur les progrès de la réflexivité au sein des sociétés dites « post-modernes », progrès dont on pouvait attendre qu'ils favorisent si ce n'est la remise en cause du moins le questionnement du cours marchand des choses, c'est plutôt l'adhésion à une organisation sociale tournée vers l'accroissement généralisé mais fortement inégalitaire des capitaux qui est donnée à voir.
Précis et argumenté, cet ouvrage donne une lecture sans concession de l'impuissance des politiques environnementales en France.