Science Marxiste
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Oeuvres choisies
Karl Marx, Friedrich Engels
- Science Marxiste
- Bibliotheque Jeunes
- 23 Janvier 2025
- 9782490073733
La prochaine décennie de crises, de guerres et de tensions inédites posera à la nouvelle génération de jeunes et de prolétaires, en France, en Europe et dans le monde, des questions fondamentales sur l'avenir que leur promet cette société dominée par le capital. Des milliers et des milliers de jeunes et de prolétaires, littéralement, cherchent et peuvent trouver un ordre scientifique dans le marxisme, pour comprendre et se battre dans la crise de l'ordre qui marque la confrontation mondiale entre les puissances, et qui tenaille la politique de la classe dominante.
Ces Oeuvres choisies de Marx et Engels pour la « Bibliothèque jeunes » se veulent l'une des armes pour cette bataille. Il s'agit certes d'une première approche des textes décisifs, nécessairement limitée aux plus importants, par ailleurs reproduits, dans certains cas, seulement sous forme d'extraits. Ou bien de textes sélectionnés en tant que témoignage de filières de réflexions menées par Marx et Engels dans des séries entières d'articles ou dans leur correspondance. C'est le témoignage de décennies de travail d'approfondissement, d'enrichissement et souvent de révision des jugements sur des questions théoriques stratégiques ou historiques, telles que les luttes de classes en Allemagne, en France et en Angleterre, la révolution de 1848 et les questions nationales, la loi de la révolution permanente, les guerres nationales et l'approche de la nouvelle ère des guerres impérialistes, la révolution en Russie, et bien plus encore. Tous ces sujets sont toujours abordés dans la perspective du développement du parti international : un travail méthodique d'étude commencé au début des années 1840, et seulement interrompu par la mort d'Engels en 1895.
Ainsi, il a forcément fallu faire des choix. Le cas le plus clair est celui du Capital, qui n'est présenté ici qu'à travers des extraits tirés du livre I. Ce n'est donc qu'une indication pour l'étude, car il est impossible de transmettre le sens et la complexité de l'oeuvre en en résumant certaines parties dans cet ouvrage. Pour autant, on ne pouvait pas l'ignorer : Le Capital fut défini par Marx comme « le plus redoutable missile qui ait jamais été lancé à la tête des bourgeois ».
D'ailleurs, le fil rouge qui relie les textes que nous avons rassemblés est précisément celui-ci : ni Marx ni Engels ne se sont jamais considérés, et n'ont jamais été autre chose, que des militants révolutionnaires engagés dans une bataille politique pour l'émancipation du prolétariat. Par conséquent, la toile de fond que nous avons voulu mettre en évidence est celle de la réflexion théorico-politique sur la stratégie du parti international. Comme l'écrit Arrigo Cervetto, théoricien, principal dirigeant politique et fondateur de Lotta Comunista, dans Luttes de classe et parti révolutionnaire (1964), « le parti est déjà contenu dans Marx ; il est, pourrions-nous dire, typique du marxisme ». -
Manifeste du parti communiste : en annexe : notes sur les premières éditions du "Manifeste" et sur sa diffusion
Karl Marx, Friedrich Engels
- Science Marxiste
- Classiques
- 24 Janvier 2022
- 9782490073429
L'école marxiste, notre école, a toujours considéré le Manifeste comme une synthèse inégalable de stratégie scientifique, annonciatrice du véritable mouvement de la classe révolutionnaire moderne, une classe internationale au même titre que le mode de production qui l'a engendrée. La diffusion du Manifeste à l'échelle mondiale est une confirmation de cette thèse.La révolution d'Octobre a donné lieu à une nouvelle période de diffusion du Manifeste dans le monde. L'enseignement du Manifeste a été contrecarré et dénaturé par la contre-révolution stalinienne et social-démocrate, par la répression nazie et fasciste. Dans la préface à l'édition polonaise de 1892, Friedrich Engels affirme que l'on peut « en quelque sorte » considérer la diffusion du Manifeste comme un instrument de mesure du développement de la grande industrie.« Dans la mesure où la grande industrie s'étend dans un pays, on voit grandir chez les travailleurs de ce pays le besoin d'être éclairés sur leur situation de classe ouvrière face aux classes possédantes ; le mouvement socialiste se répand parmi eux et le Manifeste est de plus en plus demandé. »Le capital génère sans cesse de nouvelles grandes industries. C'est d'elles qu'il se nourrit, grâce à elles qu'il entretient d'énormes appareils d'État, qu'il paie des millions de rentiers parasitaires, corrompt la classe salariée. Après chaque crise, après chaque destruction, de nouvelles énergies sont mises en oeuvre, de nouvelles générations d'ouvriers sont embauchées, concentrées, réunies par les mêmes intérêts, aussi bien dans les vieilles métropoles que dans les nouvelles, qui vibrent aujourd'hui presque partout dans le monde. Le Manifeste répond au désir des nouvelles générations « d'être éclairé[e]s sur leur situation » et les rapproche du communisme scientifique.
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Que faire ? ; la lutte décisive
Vladimir Ilitch Lénine, Arrigo Cervetto
- Science Marxiste
- Bibliotheque Jeunes
- 1 Juin 2019
- 9782490073108
Cette oeuvre vit le jour dans le feu d'une bataille décisive pour le prolétariat international. Le Que faire ? constitua l'arme essentielle pour battre le révisionnisme qui niait le caractère scientifique de l'analyse marxiste, c'est-à-dire qu'il excluait pour le prolétariat la possibilité même de se doter d'une stratégie.
Lénine se penche sur les précurseurs russes du marxisme révolutionnaire. Il rappelle la caractéristique principale de ces figures de révolutionnaires : «La grande importance de la théorie révolutionnaire, de la dévotion absolue à la révolution, de la propagande parmi le peuple, qui n'est jamais perdue même si des décennies séparent la période des semailles de celle de la récolte.» Avec Marx et Engels, la classe révolutionnaire moderne a porté la méthode de la recherche scientifique du domaine de la nature à celui des rapports sociaux. La bourgeoisie n'a pas intérêt à faire sortir cette méthode du domaine de la nature ; dans le domaine social, la bourgeoisie se cantonne à la défense de ses intérêts de classe, à la défense de la société qu'elle domine et qu'elle défend en propageant des illusions énormes.
La classe révolutionnaire est la seule classe qui a intérêt à ce que les lois qui régissent le mouvement de la société bourgeoise soient découvertes. Elle doit les utiliser à «ses propres fins», pour le dépassement révolutionnaire de la société divisée en classes. Et pour lier la théorie à l'action, elle a besoin de l'«instrument».
De la science à la stratégie, à l'instrument du parti : voilà, en synthèse, la signification que Cervetto donne au concept de parti-science. La fausse conscience de l'époque dans laquelle nous vivons recycle sans cesse de vieilles solutions.
Aujourd'hui, la méthode scientifique de Marx permet de comprendre la dialectique du mouvement réel : l'unité du marché mondial porte en elle sa propre contradiction, la scission de la collision entre puissances impérialistes de dimension continentale. C'est là le caractère dominant de notre époque, qui va caractériser toujours davantage les années à venir. Lénine a déjà démontré que le développement de l'impérialisme détermine l'émergence de nouvelles puissances et, par là, l'inévitable rupture de l'ordre mondial. Dans la dynamique de son évolution historique et naturelle, la biologie de l'impérialisme recèle les phases des catastrophes politiques, des guerres mondiales et des révolutions prolétariennes. On peut le nier seulement en ayant recours au sophisme, à l'opium de l'apparence. S'entourant de ce brouillard, l'homme bourgeois veut se nier lui-même, veut persuader que le processus évolutif fera de lui un singe pacifique et bienveillant.
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Les luttes de classes en France ; le 18 brumaire de Louis Bonaparte ; la science de la révolution
Karl Marx, Arrigo Cervetto
- Science Marxiste
- Bibliotheque Jeunes
- 1 Septembre 2020
- 9782490073221
Les écrits de Marx recueillis sous le titre Les Luttes de classes en France par Engels, et la longue introduction qu'il a ajoutée, représentent une oeuvre fondamentale du marxisme selon au moins trois points de vue.
Tout d'abord, ils fournissent la reconstitution incomparable d'une phase révolutionnaire cruciale, celle de 1848. L'analyse détaillée de Marx est encore aujourd'hui ce que l'on peut trouver de mieux sur le sujet.
En second lieu, ce brillant résultat découle de la conception matérialiste de l'histoire. L'idée que les faits politiques ont en dernière instance des causes économiques - la géniale découverte qui a permis à Marx et Engels d'étendre les méthodes scientifiques à l'étude de la société est ici utilisée pour la première fois pour expliquer « un fragment d'histoire contemporaine à l'aide de sa conception matérialiste en partant de la situation économique donnée ».
En troisième lieu, l'analyse politique des rapports sociaux dans une phase de luttes si intenses et si concentrées permet à Marx de construire ou de perfectionner certains repères théoriques. C'est dans Les Luttes de classes en France que l'analyse de la revendication prolétarienne du « droit au travail », rappelle Engels, aboutit pour la première fois à l'affirmation de l'objectif du communisme, par la formule de l'« appropriation des moyens de production par la société ». C'est encore dans ce livre qu'est décrite pour la première fois la dialectique entre intérêts particuliers et intérêt général de la bourgeoisie, qui constitue le casse-tête jamais résolu et le moteur irrépressible de la transformation des formes de l'État bourgeois. Mais surtout, en analysant les années qui, à partir de l'insurrection de février 1848, aboutissent au coup d'État de décembre 1851, Marx découvre le lien entre crise et révolution.
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La maladie infantile du communisme (le "communisme de gauche") ; le temps de la clarté de Lénine
Vladimir Ilitch Lénine, Arrigo Cervetto
- Science Marxiste
- Bibliotheque Jeunes
- 1 Avril 2019
- 9782490073085
La maladie infantile du communisme (Le «communisme de gauche») fut publié par Lénine en juillet 1920. Cette oeuvre s'insère dans le cycle politique caractérisé par la plus grande crise révolutionnaire que le prolétariat européen et mondial ait vécue. Notre école marxiste requiert une lecture léniniste de l'oeuvre de nos maîtres. Cela vaut encore et surtout pour l'étude de La maladie infantile du communisme. Ce travail de Lénine a été l'un des chevaux de bataille de l'idéologie stalinienne. Il était présenté comme une sorte de manuel de la tactique d'où l'on pouvait extraire à tout moment la formule magique pour exorciser et supprimer toute critique de l'idéologie du socialisme dans un seul pays. Pour l'idéologie démocrate et social-démocrate, en revanche, c'était une sorte de nouveau Prince de l'oligarchie russe qui, travesti en bolchevik, servait de couverture à un régime totalitaire. Cette phase-là, caractérisée par les idéologies du monde bipolaire imposait sa propre lecture de La maladie infantile du communisme. Il ne pouvait en être autrement : l'idéologie dominante est l'idéologie de la classe dominante, tel est l'enseignement que Marx et Engels nous ont légué dès le lointain 1846. Cette idéologie devait être mise en pièces par la minorité révolutionnaire qui, fidèle à la leçon de Lénine, lisait cette oeuvre pour en chercher le sens profond là où Lénine l'avait placé. «... certains traits essentiels de notre révolution n'ont pas une portée locale, ni particulièrement nationale, ni uniquement russe, mais bien internationale». Lénine précise que le sens de cette affirmation réside dans «la répétition historique inévitable, à l'échelle internationale, de ce qui s'est passé chez nous». La validité historique et universelle du léninisme était le point d'aboutissement auquel était parvenue la science. Il n'était pas possible de revenir en arrière. Dans son écrit, Lénine explique, à l'aide d'une série d'exemples concrets tirés de la lutte révolutionnaire incessante et chauffée à blanc de ces années-là, que le parti est l'instrument de la stratégie.
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Les guerres de la crise de l'ordre
Guido La Barbera
- Science Marxiste
- Textes
- 12 Septembre 2024
- 9782490073689
Pourquoi considérons-nous la guerre d'Ukraine et la guerre de Gaza comme des guerres de la crise de l'ordre ? La différence réside dans la nouvelle phase stratégique qui s'est ouverte avec le nouveau siècle et dans l'état de l'équilibre mondial des puissances, transformé et ébranlé par le développement inégal. Pékin est aujourd'hui un rival réel de Washington, capable de revendiquer la révision du vieil ordre et d'institutions dont l'architecture remonte à la fin de la Seconde Guerre mondiale. C'est la crise de l'ordre, précisément. Sur cette base, en évaluant les plans de réarmement chinois à l'horizon 2035 et en examinant les prévisions des centres stratégiques de la classe dominante eux-mêmes, nous avons émis l'hypothèse de deux évolutions possibles : soit une série de conflits partiels, qui s'enchaîneraient en marquant des années de « tensions inédites », soit la déflagration d'une guerre majeure entre grandes puissances.
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La guerre à Gaza : Une réponse internationaliste
Gianluca De simone, Guido La Barbera, Nicola Capelluto, Arrigo Cervetto
- Science Marxiste
- Textes
- 28 Septembre 2024
- 9782490073696
En Israël, « il y a une bourgeoisie et un prolétariat ». Dans les pays arabes, « il y a une bourgeoisie et un prolétariat ». Les travailleurs arabes et israéliens doivent s'unir pour empêcher la guerre, la transformer en révolution, et ne pas se laisser envoyer au massacre par leurs classes dominantes, de mèche avec l'impérialisme. En juin 1967, lorsque la guerre des Six Jours éclata, le critère de classe fut à la base de la stratégie internationaliste.
Depuis, le nombre de salariés en Afrique du Nord et au Moyen-Orient est passé de 20 à 120 millions, atteignant les deux tiers de la population active, et un quart d'entre eux font partie du prolétariat industriel. On peut percevoir la force que ce prolétariat pourrait exprimer s'il était organisé et orienté par une stratégie révolutionnaire.
Au cours des dernières décennies, la poursuite du développement capitaliste a poussé des dizaines de millions de migrants de la rive sud de la Méditerranée vers les grandes villes du Vieux Continent ; avec l'enracinement des deuxièmes ou troisièmes générations de jeunes, cela peut ouvrir une brèche pour la bataille internationaliste. Nous ne savons pas quelles guerres de la crise de l'ordre bouleverseront le monde dans la prochaine décennie, ni dans quelle mesure. Mais il est certain que de très nombreux jeunes et de très nombreux prolétaires, en Europe, au Moyen-Orient et dans le monde, seront confrontés à des questions fondamentales sur l'avenir barbare que cette société promet aux nouvelles générations.
La voie pratique à suivre est la suivante : enraciner le léninisme partout en Europe, parmi les jeunes et les prolétaires provenant d'Europe et d'ailleurs. Est-ce une voie difficile ? Regardez ce que l'on croit être la voie facile, la voie royale de la domination bourgeoise, du nationalisme ou du partage impérialiste : c'est une impasse, pavée de millions de victimes, et elle en promet des millions d'autres à l'avenir. -
L'Etat et la révolution ; la doctrine marxiste de l'Etat et les tâches du prolétariat dans la révolution
Vladimir Ilitch Lénine, Arrigo Cervetto
- Science Marxiste
- Bibliotheque Jeunes
- 1 Octobre 2020
- 9782490073283
Lénine écrit L'État et la révolution en août-septembre 1917, en Finlande, où il s'est réfugié alors que le gouvernement provisoire russe a lancé un mandat d'arrêt contre lui. En février 1917, une forte crise politique en Russie a provoqué la chute du tsarisme et la naissance d'une république démocratique. On parvient à une situation de dualisme du pouvoir : le parlement et le gouvernement cohabitent avec les soviets, qui sont l'expression politique la plus authentique des forces révolutionnaires, les ouvriers et les paysans pauvres en uniforme. Le mouvement ouvrier révolutionnaire russe doit alors opérer politiquement dans le cadre de la république la plus démocratique que l'histoire ait jamais produite.
Dans ce contexte, sans une théorie révolutionnaire sur la nature de l'État bourgeois, qui puisse dénoncer les idéologies et les préjugés opportunistes à l'égard de l'État, il ne peut exister de mouvement révolutionnaire d'opposition à la démocratie, l'enveloppe la plus efficace de cet État. En quelques semaines, l'enchaînement rapide des événements met la théorie marxiste de l'État à l'ordre du jour, et celle-ci devient immédiatement un instrument dans la lutte pratique.
La révolution d'Octobre précède la publication de L'État et la révolution, en 1918, mais Lénine a déjà mis en oeuvre l'essentiel de la stratégie qui y est présentée. Les soviets, l'enveloppe politique de l'avant-garde russe du prolétariat mondial, ont vaincu la très démocratique république bourgeoise russe, l'enveloppe politique du secteur russe de l'impérialisme mondial.
L'État et la révolution devient l'un des piliers de la Troisième Internationale dont le premier congrès a lieu à Moscou en mars 1919. La victoire du prolétariat russe, comme la défaite tragique du prolétariat allemand, confirment l'essence de L'État et la révolution, qui pose un jalon important de la théorie marxiste : « La république démocratique est la meilleure enveloppe politique possible du capitalisme ; aussi bien le capital, après s'en être emparé, [...] assoit son pouvoir si solidement, si sûrement, que celui-ci ne peut être ébranlé par aucun changement de personnes, d'institutions ou de partis dans la république démocratique bourgeoise. »
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Bénévolat anarchiste et socialiste aux temps du choléra
Mauro Parri
- Science Marxiste
- Documents
- 24 Avril 2023
- 9782490073542
En août 1884, le choléra commença à se répandre en Italie, frappant Naples de manière particulièrement virulente. Les différents courants de l'internationalisme ouvrier italien s'engagèrent presque spontanément dans l'organisation de groupes de bénévoles destinés à prêter secours à la population de la ville. Des travailleurs bénévoles qui, par leur esprit et leurs manières, étaient si différents des employés municipaux qu'ils étaient bien vus par la population, alors que les inspecteurs publics étaient repoussés et craints.
L'expérience des bénévoles internationalistes anarchistes et socialistes à Naples en 1884 fut importante, comme le fut aussi celle des anarchistes de 1902 en Égypte ; ces révolutionnaires avaient choisi le bénévolat avec des motivations opposées aux idéologies consolatoires et de résignation sociale : que ce soit dans leur version laïque ou religieuse, ces idéologies créent des illusions sur les possibilités réelles d'éliminer les causes de ces souffrances. « Soigner les blessures » devenait donc une activité solidaire qui accompagnait, sans la remplacer, la longue lutte pour une société sans État et sans classes. Malatesta et ce groupe refusèrent l'attestation officielle de mérite délivrée par les autorités. Au fond, il s'agissait de ces mêmes autorités qui, quelques mois plus tard, en l'accusant de conspirer contre l'État, le condamnèrent, avec ses camarades, à plusieurs années de prison ; il s'agissait de ces mêmes appareils de l'État responsables de la catastrophique « condition sociale ». D'où le manifeste rédigé en conclusion de cette expérience, selon lequel « la véritable cause du choléra est la misère, l'unique remède est la révolution sociale ». -
Marx ; scientifique et révolutionnaire
Collectif
- Science Marxiste
- Documents
- 1 Janvier 2015
- 9782912639721
Celui qui tenterait de séparer les célèbres descriptions faites par Darwin de la faune des îles Galápagos et sa théorie de l'évolution se couvrirait de ridicule. Sans la théorie qui les a soutenues et dirigées, ces descriptions ne seraient ni méticuleuses, ni pertinentes : surtout, elles n'auraient aucune valeur scientifique.
À l'inverse, la tentative de séparer les analyses scientifiques de Marx de la théorie communiste globale qui les nourrit est récurrente. C'était déjà le cas il y a 30 ans, lorsque nous avons publié pour la première fois le présent ouvrage en Italie (par les Éditions Lotta Comunista), et c'est de nouveau une tendance à la mode depuis la crise des relations globales. De nombreux économistes - ou présumés comme tels - ont redécouvert que les études de Marx sur le phénomène des crises du capitalisme restent aujourd'hui inégalées. Toutefois, afin de pouvoir se les approprier, ils doivent amputer les analyses économiques de leurs racines et de leurs conclusions communistes.
En réponse à l'énième réédition de cette vieille ruse, nous reprenons encore et toujours les propos d'Engels sur la tombe de son ami et camarade de lutte de toute une vie : Marx fut un «homme de science. Mais, ce n'était point là, chez lui, l'essentiel de son activité. [.] Car Marx était avant tout un révolutionnaire».
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L'Europe dans la crise de l'ordre
Federico Dalvit, Jan Van Langenhove
- Science Marxiste
- Analyses
- 13 Janvier 2024
- 9782490073610
La guerre d'Ukraine fait à présent irruption dans le processus européen tourmenté. La guerre - déclenchée par l'impérialisme russe dans l'idée de pouvoir exploiter la crise de l'ordre entraînée par l'irruption chinoise - polarise le champ de forces vers l'Atlantique, met à l'épreuve l'effort européen pour parvenir à une autonomie stratégique autour de l'axe rhénan, suscite la réaction belliciste de la Pologne et des pays baltes, et ébranle le système d'alliances de l'Allemagne. C'est une « Zeitenwende », selon l'expression du chancelier allemand Olaf Scholz, un tournant qui accélère l'histoire et qui met ainsi à nu les potentialités et les faiblesses de l'Europe.
En plus de la difficulté à centraliser politiquement la pluralité d'États et de superstructures, la contradiction pour l'impérialisme européen réside aussi dans le fait que la bataille pour la relance continentale doit nécessairement rechercher la connexion avec une base de masse repliée sur les peurs du déclin atlantique. Le Brexit est une manifestation éclatante de ce cycle politique qui reflète des peurs petites-
bourgeoises et propriétaires, et le vieillissement démographique. Aujourd'hui, ce sont la guerre et ses conséquences qui révèlent les dommages stratégiques du Brexit, dans une confrontation mondiale entre puissances de taille continentale.
L'UE, puissance principalement économique et exportatrice à partir de sa composante allemande, met l'accent sur l'ouverture des échanges et sur la négociation selon ses lignes directrices stratégiques, donc sur le moment unitaire plutôt que sur la scission. Mais en régime capitaliste, l'ouverture des échanges et le développement des marchés sont en même temps division en classes et en États, et lutte impitoyable pour le partage. Nous le voyons concrètement aujourd'hui : Berlin défend le multilatéralisme, mais en même temps se réarme, ce qui signale que la confrontation est montée d'un cran et confirme le rôle de l'intervention de l'État.
L'irruption tragique et brutale de la guerre impérialiste en Europe donne la mesure du retard historique du parti révolutionnaire, mais confirme que l'internationalisme est la seule voie crédible pour la classe prolétarienne en Europe et dans le monde. Nous sommes avec les prolétaires ukrainiens, avec les prolétaires russes, avec les prolétaires européens, mais aussi avec les prolétaires américains et chinois, et nous luttons aussi bien contre l'impérialisme russe, européen, américain et chinois que contre la bourgeoisie ukrainienne. Dans la crise de l'ordre, l'internationalisme est le seul choix contre la barbarie. -
1919 l'Internationale communiste; 100 ans, 100 militants du parti mondial
Gian giacomo Cavicchioli, Emilio Gianni
- Science Marxiste
- Documents
- 1 Novembre 2019
- 9782490073139
Quels enseignements peut-on tirer de ces années héroïques et tragiques, de ces combats qui décidèrent du destin de la Révolution internationale commencée en 1917 en Russie ? Premièrement, cette tentative fut défaite, parce que l'assaut d'Octobre resta isolé après l'échec de la révolution en Allemagne. Grâce à la stratégie de Lénine et des bolcheviks, le prolétariat international avait mis fin, sur le front russe, à la boucherie industrialisée de la Première Guerre mondiale impérialiste ; privé de cette boussole, il fut livré, sans pouvoir réagir, au massacre démultiplié du second conflit mondial.
Deuxièmement, après la nouvelle guerre mondiale et l'ignominie du partage impérialiste de Yalta, s'ensuivit un cycle colossal de développement capitaliste, dans les vieilles et les nouvelles régions du marché mondial. C'est précisément ce développement, avec l'irruption de l'Asie et de la Chine, qui est une démonstration éclatante de la justesse de la stratégie de Lénine, malgré la défaite des années 1920. D'un côté, deux milliards de salariés, de l'autre, une poignée de puissances impérialistes en lutte pour le partage des marchés ; le développement inégal conduit les vieilles puissances de l'ordre atlantique, l'Amérique et l'Europe, au déclin, et fait émerger de nouveaux concurrents en Asie, la Chine et l'Inde. C'est un développement gigantesque aux contradictions gigantesques. Le système des États de l'impérialisme n'est pas en mesure de maintenir l'ordre mondial ; les crises et la rupture de l'ordre seront la brèche pour la stratégie du prolétariat révolutionnaire, comme il y a environ cent ans dans l'assaut d'Octobre et dans l'épopée de l'Internationale.
Troisièmement, la course contre la montre de 1919 enseigne que le parti-stratégie doit être construit et enraciné auparavant, durant les longues années de la contrerévolution. Reconstruire, homme par homme, une conscience internationaliste, enraciner un parti sur le modèle bolchevique au coeur de l'impérialisme européen : c'est la tâche inédite, c'est notre bataille à l'ordre du jour. C'est la leçon ultime de l'Internationale communiste. -
1871-2021 : la Commune de Paris, 150 ans ; les militants du conseil de la Commune
Emilio Gianni, Mirella Mancini
- Science Marxiste
- Documents
- 29 Avril 2021
- 9782490073344
La lutte entre le prolétariat et la bourgeoisie, qui dure désormais depuis plusieurs siècles, concerne le monde entier. Il y a cent cinquante ans, en mars 1871, dans une seule ville - Paris - et en un laps de temps très court - 72 jours -, l' "assaut du ciel" tenté par le prolétariat, et férocement étouffé par une bourgeoisie montante, résolut dans la pratique des questions théoriques fondamentales du socialisme, qui jusque-là n'avaient eu que des réponses provisoires.
Qui plus est, la Commune permit de découvrir les caractères typiques que la dictature du prolétariat doit inévitablement adopter. Parmi ces caractères typiques, il faut avant tout souligner le plus important : la Commune fut un "Etat non-Etat" . Dans son "Adresse" sur La Guerre civile en France du 30 mai 1871, Marx aborde ce point crucial, en tirant un bilan théorique de la Commune. "Son vrai secret le voici.
La Commune était essentiellement le gouvernement de la classe ouvrière, le résultat de la lutte entre la classe qui produit et celle qui exploite, la forme politique enfin découverte grâce à laquelle on arrivera à l'émancipation du travail". Depuis la bataille de 1871, le monde a profondément changé. Ayant atteint l'apogée de son développement, l'ère bourgeoise connaît depuis un certain temps des convulsions de plus en plus explosives qui conduiront à sa fin inévitable.
L'Etat libéral lui-même, ses pouvoirs, sa démocratie impérialiste et ses institutions représentatives sont de plus en plus remis en question. En même temps, la montée en puissance impérialiste de la Chine en tant que nouveau géant continental se poursuit de façon irrépressible. Mais, dialectiquement, cette jeune classe qui, il y a 150 ans, releva la tête pour s'engager dans une bataille à l'époque désespérée a énormément multiplié sa force numérique, jusqu'à devenir la majorité de l'humanité.
Une puissance parmi les puissances. L'expérience glorieuse et pionnière de la Commune demeure dans la mémoire collective de notre classe. La Commune est le mot d'ordre de l'avenir de cette classe internationale, car elle fut un "audacieux champion de l'émancipation du travail" et aussi un gouvernement "international au plein sens du terme" .
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La Russie en guerre dans la crise de l'ordre
Donato Bianchi
- Science Marxiste
- Analyses
- 17 Janvier 2023
- 9782490073511
En mai 2008, Dmitri Medvedev est devenu président de la Russie, en échangeant avec Vladimir Poutine son poste de Premier ministre. Quelques mois plus tard, en août, la première échéance était la guerre en Géorgie. En mai 2012, Poutine est redevenu président et, deux ans plus tard, la crise latente en Ukraine s'est transformée en véritable guerre pour le contrôle du Donbass. Moscou s'est assuré en même temps le contrôle de la Crimée et, avec elle, la base navale de Sébastopol. En septembre 2015, l'intervention militaire russe en Syrie a commencé. Enfin, le 24 février 2022, avec l'invasion de l'Ukraine, c'est le début d'une nouvelle page, violente et tragique, des relations européennes et mondiales.
Ainsi, La Russie en guerre n'est pas un titre sensationnaliste, mais bien la synthèse d'un élément qui caractérise la politique russe des quinze dernières années, un fil rouge de son évolution. Un fil qui s'entremêle, parfois même se noue, avec d'autres : l'un d'entre eux, c'est le fait que Moscou n'ait pas surmonté sa dépendance à l'égard du secteur énergétique. Le problème se résume ainsi : une restructuration souvent amorcée, mais jamais conduite à son terme.
Un troisième aspect concerne la forme de l'État. La simplification commune oppose l'autoritarisme à la démocratie occidentale. Les comportements autoritaires du système politique russe sont manifestes, mais il est plus utile d'en identifier les facteurs déterminants. À cette fin, la conception marxiste qui renvoie aux variantes et gradations de la démocratie est assurément plus efficace. C'est dans ce cadre que l'on peut inscrire le concept de démocratie souveraine, comme se définit elle-même la forme politique particulière de la Russie, sans négliger le lien avec les relations internationales qui est compris dans cette définition.
C'est la forme politique de l'État impérialiste russe, aujourd'hui engagé dans la guerre pour le partage de l'Ukraine. Et c'est l'État qui doit garantir l'exploitation des 65 millions de salariés qui, tout comme leurs camarades des métropoles occidentales, s'abstiennent en nombre toujours plus important lors des élections, dévoilant la nature des élections comme véritable instrument de représentation des intérêts bourgeois. Avec cette forme politique, la classe dominante russe cherche à faire valoir ses propres intérêts impérialistes à l'époque de tensions inédites qui se dresse devant nous : le temps nous dira quels en seront les résultats. -
Origines et défaite de l'internationalisme en Chine, 1919-1927
Collectif
- Science Marxiste
- Documents
- 1 Mars 2021
- 9782490073337
Il a fallu un siècle pour que la Chine réalise sa métamorphose économique et sociale ; pays semi-colonial au début du XXe siècle, pays de jeune capitalisme dans les années 1960, puissance émergente de l'impérialisme aujourd'hui. L'histoire de la Chine durant les cent dernières années est l'histoire de ce passage. Hier elle subissait l'invasion des capitaux et des produits bon marché de l'Occident, aujourd'hui elle envahit le globe de ses produits et exporte ses capitaux dans les cinq continents. Hier l'Occident brisa les murailles érigées pour isoler l'Empire céleste, aujourd'hui c'est l'Occident qui doit faire face à des tentations répétées de protectionnisme contre les exportations modernes de la Chine. Hier la Chine fut une proie de l'impérialisme, aujourd'hui elle réclame sa place à la table du partage du monde.
On tente à présent d'ensevelir sous une épaisse couche d'oubli le souvenir du puissant mouvement ouvrier qui secoua les villes chinoises de 1925 à 1927. À l'époque, la classe ouvrière n'avait pas la force du nombre ; aujourd'hui la masse des salariés s'est énormément accrue. Si le développement du capitalisme s'accompagne inévitablement de la lutte économique, ces salariés trouveront dans la meilleure tradition syndicale et politique des premières générations d'ouvriers les raisons d'un engagement internationaliste.
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Démocratie impérialiste en Chine : Les dilemmes du pluralisme à parti unique
Giulio Motosi
- Science Marxiste
- Analyses
- 31 Juillet 2023
- 9782490073566
Il n'était jamais arrivé que les questions de l'État et de la stratégie se soient posées au parti révolutionnaire au niveau de la confrontation entre puissances impérialistes continentales, et cela, qui est le caractère essentiel de la nouvelle phase stratégique désormais pleinement à l'oeuvre, vaut aussi pour le prolétariat chinois. Quelles voies la lutte de classe empruntera-t-elle dans cette puissance continentale ? Quelles régularités des vieux processus révolutionnaires, des guerres civiles et des luttes politiques reproduira-t-elle sur ce vaste territoire, dans la dialectique du centre et des provinces, et des forces internes et forces externes ? Ou quelles voies originales trouvera-t-elle ? Quels enseignements une minorité révolutionnaire chinoise tirera-t-elle des principales expériences internationales ? Ce ne sont là que quelques-unes des questions de demain. Le cours des luttes mondiales entre les classes a fait que c'est à l'avant-garde du prolétariat d'Europe qu'il est revenu de restaurer et développer le parti-stratégie, et d'en affirmer l'enracinement dans une métropole impérialiste. Accomplir cette tâche, c'est rendre service aux nouvelles générations de révolutionnaires de tous les pays, et donc aussi au prolétariat chinois.
Tous les grands révolutionnaires, Marx, Lénine et Trotsky, ont attribué à la Chine l'importance stratégique qui lui revient. Dans la vision de Marx et Engels, la collision historique avec l'Angleterre entraîna le vieux « fossile vivant » dans le développement du bassin du Pacifique, confirmant l'universalité des lois de développement du capitalisme et jetant simultanément les bases du dépérissement de son rôle historique dans la succession des modes de production de la société divisée en classes. Le développement capitaliste produisait en Chine les classes et les fractions de classe que Marx avait étudiées en Europe, comme Lénine ne manqua pas de le souligner. L'histoire bourgeoise, qui est une histoire internationale, commençait en Chine. Le critère scientifique fondamental pour son analyse sera l'histoire du rapport entre les fractions bourgeoises et les courants politiques, dans la dialectique de leurs intérêts généraux et particuliers décrite pour la première fois par Marx dans Les Luttes de classes en France.
Pour ce qui est de la Chine, étant donné ses dimensions continentales, il s'agira nécessairement de fractions et courants régionaux. À leur tour, les fractions et les courants politiques cherchent leur représentation dans les superstructures qui se présentent à eux, qu'ils remplissent et même créent à l'intérieur de l'enveloppe chinoise. Il faut alors étudier ce processus avec nos outils d'analyse politique marxiste de la pluralité de superstructures, forgés dans L'Enveloppe politique à partir des concepts de la démocratie impérialiste et développés dans L'Europe et l'État, au cours de la bataille pour l'enracinement du parti léniniste dans la métropole européenne. -
Crise de l'ordre et pandémie séculaire
Guido La Barbera
- Science Marxiste
- Textes
- 7 Octobre 2021
- 9782490073382
En quel sens peut-on parler de « crise de l'ordre », en tant que crise de l'équilibre mondial entre les puissances et des institutions et alliances qui le représentent ? La question, c'est la Chine. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale impérialiste, il n'y a jamais eu une puissance ascendante unique, ou du moins qui ne soit pas insérée dans le système d'alliances dominant, ayant une force économique comparable à celle de la première puissance, les États-Unis, et voulant accompagner sa montée en puissance par la construction d'une force militaire comparable. [...].
La crise de l'ordre : la crise de l'équilibre entre les puissances, provoquée par le changement colossal des rapports de force entraîné par l'irruption de la Chine. C'est le début d'une nouvelle saison de l'interventionnisme et du capitalisme d'État, car il faut répondre aux grands groupes chinois en Europe et aux États-Unis, sur le terrain des hautes technologies et de la bataille électrique et numérique. C'est aussi un cycle de réarmement, déclenché par les plans de Pékin pour une force militaire « de classe mondiale » dans les quinze prochaines années et alimenté en conséquence par la réaction des autres puissances.
Il y a une conclusion à méditer : un fait crucial est que la crise de l'ordre et ses luttes mondiales ébranlent et mobilisent en même temps l'idéologie dominante. Dans les vieilles puissances, le déclin atlantique a montré la « fragilité » de l'idéologie libérale face au défi de l'Asie ; à Pékin, la bataille pour un nouvel ordre dans lequel la Chine serait reconnue se revêt des mythes nationalistes d'un impérialisme montant. De nouveaux venins de la mobilisation impérialiste se répandent, dans un crescendo quotidien, dans les vieilles et nouvelles puissances.
Voilà pourquoi nous avons continué à étudier, ces dernières années, le développement et les contradictions de l'impérialisme unitaire. L'irruption de l'Asie est une confirmation scientifique extraordinaire pour la science marxiste, qui part des thèses de Marx et Engels dans le Manifeste du parti communiste, passe par la stratégie révolutionnaire de Lénine et est restaurée dans les « Thèses de 1957 » d'Arrigo Cervetto. Cependant, cette victoire scientifique serait stérile si elle restait repliée sur elle-même, si elle ne devenait pas une arme pour la défense de classe : ces nouveaux venins de l'idéologie dominante doivent être compris pour être combattus. Chaque crise, chaque guerre, chaque collision sociale est devenue le front d'une bataille internationaliste ; récemment, la lutte contre la pandémie séculaire a révélé des énergies inattendues, disponibles à réfléchir sur les contradictions de classe que le virus a également mises à jour.
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L'Europe dans les collisions mondiales
Federico Dalvit
- Science Marxiste
- Analyses
- 1 Février 2019
- 9782490073061
« Opposition prolétarienne à l'impérialisme européen et à l'impérialisme unitaire » : ce mot d'ordre contient trois indications stratégiques.
D'abord, le contenu impérialiste de la construction européenne dont le véritable moteur réside dans la confrontation mondiale et dans la réaction à l'émergence de l'Asie et de la Chine en particulier. Ce présupposé théorique qualifie l'unité européenne en tant que scission impérialiste, c'est-à-dire qu'elle signifie que l'unification de l'Europe ne représente pas une atténuation des tensions entre les puissances, mais au contraire une élévation de la division et de l'affrontement sur le plan mondial. Si l'UE a supprimé la guerre et la violence entre les États à l'intérieur de ses frontières, ce sera pour projeter sa puissance à l'extérieur.
Deuxièmement : l'opposition à l'impérialisme européen, c'est-à-dire à « l'ennemi qui est chez nous » dans le slogan des internationalistes en 1914, présuppose la lutte, non seulement contre l'Union européenne, mais aussi contre les enveloppes nationales utilisées par le capital pendant les siècles de l'ascension et de l'affirmation bourgeoise jusqu'au XXe siècle impérialiste. C'est d'ailleurs sous ces bannières nationales que l'Europe s'est détruite dans les deux guerres mondiales entre 1914 et 1945. Seul l'internationalisme communiste, avec l'assaut d'Octobre 1917, a su s'opposer à ces carnages.
Enfin, le concept d'impérialisme unitaire contient l'opposition de classe à la domination mondiale du capital : le développement impérialiste a apporté avec lui une augmentation colossale du prolétariat mondial. Deux milliards de salariés : c'est la force de notre classe à l'échelle mondiale. Se saisir solidement du principe de l'internationalisme est donc une nécessité vitale, pour ne pas devenir la proie des idéologies empoisonnées du nationalisme, ni de la nouvelle réaction, à l'échelle continentale, de l'européisme impérialiste ou des mythes d'autres puissances.
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Batailles et principes pour une politique communiste
Roberto Casella
- Science Marxiste
- Textes
- 1 Janvier 2020
- 9782490073177
En août 1979, il y a plus de quarante ans, Casella écrit « L'imposture écologique » pour établir quelques points de repère face au succès des idéologies qui commençaient à se propager. Il fait référence à Marx et Engels quand ils affirment que la société bourgeoise, par son caractère intrinsèque, déséquilibre le rapport naturel entre l'activité de l'homme et la terre. Pour cette raison, affirme Casella, « se limiter à voir le saccage de la terre que le développement du capitalisme porte avec lui signifie ne pas comprendre la réalité, penser à un développement capitaliste «respectueux de la nature» signifie créer des illusions pour soi et pour les autres, c'est faire l'apologie du capitalisme tel qu'il est réellement ». La solution ne peut être que dans le communisme. Casella poursuit : « C'est entre les mains de la révolution prolétarienne que réside la possibilité d'accomplir le saut historique, de passer du chaos de la production pour la production à la production selon un plan, élaboré avec la conscience scientifique de vivre au «sein de la nature» ».
Tel est l'horizon des batailles et principes pour une politique communiste, en particulier la bataille pour l'autonomie et l'unité de classe des travailleurs contre toute idéologie bourgeoise, contre toute division nationale, ethnique et religieuse. Marx écrit dans La Sainte famille que « si l'homme est formé par les circonstances, il faut former les circonstances humainement », parce que « ce qui importe, c'est que l'intérêt privé de l'homme se confonde avec l'intérêt humain ». Le capitalisme n'est pas la société qui peut faire coïncider l'intérêt privé et l'intérêt humain. C'est une société qui ne peut pas apporter de réponse aux grands besoins et aux grandes questions sur la condition humaine et sur la vie. Nous vivons le paradoxe de métropoles impérialistes mûres, où la richesse et le bien-être sont accompagnés de « l'hiver démographique », avec des berceaux de plus en plus vides. La conception communiste n'est pas une perspective individuelle, mais celle du genre humain tout entier. Être communiste signifie lutter pour la « civilisation de la vie », signifie lutter pour unifier notre espèce qui est, encore aujourd'hui, divisée en classes. C'est une bataille pluri-générationnelle qui regarde vers l'avenir.
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Luttes de classe et parti révolutionnaire
Arrigo Cervetto
- Science Marxiste
- Textes
- 31 Janvier 2022
- 9782490073436
En 2004, nous soutenions que les nouveaux caractères de la confrontation requéraient une attention particulière au troisième chapitre de Luttes de classe et parti révolutionnaire, celui sur la stratégie. C'est dans le parti-science, dans le parti-stratégie, que réside la solution pour affronter les conditions inédites de l'affrontement mondial, en combattant les idéologies empoisonnées avec lesquelles les masses seront mobilisées et fanatisées : la démocratie libérale de l'Occident contre l'autoritarisme chinois, l'Europe qui protège contre la menace technologique de Pékin, voire un social-impérialisme écologique contre les géants de l'Asie destructeurs de l'environnement. L'expérience de la crise de la pandémie séculaire a cependant apporté une autre confirmation à la théorie léniniste du parti, la théorie du parti-plan. Le texte Leur politique et la nôtre tire les conclusions de cette bataille : le fait d'avoir pu réellement saisir le maillon de l'organisation s'est révélé la solution pour affronter une crise soudaine imprévisible ; cette crise a effectivement « instruit » et « aguerri » les militants, en permettant de recueillir et d'orienter les énergies inattendues qui sont apparues dans notre classe. Avec le patrimoine de cette expérience cruciale, les nouvelles générations pourront affronter une époque de plus en plus tourmentée. Luttes de classe et parti révolutionnaire y demeure un texte vital, dans les nouvelles batailles qui s'annoncent déjà.
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Leur politique et la nôtre ; une nouvelle génération de communistes en Europe
Renato Pastorino
- Science Marxiste
- 1 Novembre 2020
- 9782490073290
« On a parfois peu réfléchi au fait que les mêmes événements qui peuvent abêtir et briser certains courants politiques en instruisent et aguerrissent d'autres. C'est une leçon de la conception matérialiste de la politique » (A. Cervetto, 1988).
Cette réflexion représente au mieux l'esprit du présent livre, Leur politique et la nôtre. Comme dans La Tâche inédite, qui rassemblait des textes publiés de 1996 à 2006, ce nouvel ouvrage réunit des écrits des quatorze dernières années, de 2007 à 2020, tous rédigés en relation avec des batailles politiques ou des moments de la vie du parti. D'où leur valeur particulière, l'attention systématique portée à la traduction pratique des réflexions théoriques et des analyses politiques générales. Tout cela est lié à un autre caractère commun des articles de ce livre : ils commencent et se terminent avec deux crises majeures - celle que nous avons appelée la crise des relations globales, qui a commencé en 2007, et l'actuelle crise de la pandémie séculaire. Tous ces articles ont été écrits au rythme des tensions et des crises partielles entre les puissances, qui marquent les « temps orageux » de la nouvelle phase stratégique.
Ce n'est donc pas un hasard si un autre fil conducteur des écrits rassemblés dans cet ouvrage est la bataille pour l'organisation, qui est le véritable terrain sur lequel chaque résultat peut être sauvegardé, conservé et donc transmis. Cela renvoie à un dernier aspect, qui est l'attention que l'on doit porter à une nouvelle génération, entraînée dans la politique précisément dans les crises et les bouleversements des quinze dernières années.
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Seule la science peut permettre de s'émanciper de l'emprise du temps présent, qui presque toujours induit en erreur sur la réalité d'aujourd'hui - perçue comme absolue, indépendante de toute évolution - et qui en cela prépare les désillusions de demain.
Cette émancipation, cette liberté, ne poursuit pas des buts prévisionnels abstraits, mais des objectifs pratiques. «La stratégie révolutionnaire s'appuie sur l'analyse des temps non pour dessiner l'avenir, tâche dont un mouvement réel objectif ne ressent point le besoin, mais pour fixer des échéances temporelles qui puissent servir de référence pour définir les tâches immédiates du présent, les tâches de la tactique. [...] La tactique se trouve confrontée à des situations contingentes qui, pour reprendre la définition de Lénine, sont une combinaison multiforme de processus historiques à long terme.» Plus solide est la stratégie, plus souple peut être la tactique. La «question des temps» s'inscrit par là dans la pratique, dans la lutte quotidienne : «La science c'est la liberté ; car elle n'est pas une théorie coupée de la pratique, mais la pratique guidée par la théorie.» -
"Qu'entendons-nous par «nouvelle phase stratégique»?
En 2003, la décision américaine d'intervenir en Irak fut une «guerre par choix», dans le but d'influer sur la balance de puissance régionale et mondiale. Nul doute que cette « guerre politique » confirmait le cadre stratégique pluri-décennal de la « doctrine Carter » - empêcher tout contrôle hégémonique sur la région - mais en poursuivant deux objectifs distincts. L'objectif immédiat était le changement de régime en Irak. L'objectif stratégique était la Chine. De manière presque explicite, pour la « doctrine Bush », la réaffirmation du contrôle sur le golfe Persique visait à conditionner la Chine ainsi qu'à prévenir l'influence de Pékin dans la région, une influence destinée à se renforcer du fait de la combinaison de l'ascension industrielle de la Chine et de sa dépendance énergétique croissante à l'égard du Moyen-Orient.
Si la balance mondiale entre les puissances réclamait une intervention militaire directe des États-Unis, cela signifiait que ces relations entraient dans une phase de définition ; les tensions et les contradictions de la confrontation globale avaient donc franchi un seuil. C'est l'année suivante, en 2004, que nous avons utilisé pour la première fois l'expression nouvelle phase stratégique. La prévision à long terme du développement capitaliste, en particulier en Asie, avait fourni pendant un demi-siècle le cadre scientifique permettant de définir les tâches du parti révolutionnaire, ainsi que les temps et les possibilités d'enracinement dans une métropole avancée.
Désormais, précisément en Asie, de nouvelles puissances impérialistes surgissaient, comme la Chine justement, et l'impérialisme européen avait franchi le seuil crucial de la fédération de l'euro ; ce cycle identifié un demi-siècle auparavant arrivait ainsi à son terme. Une «nouvelle phase stratégiquee», justement, commençait. Son caractère inédit était la lutte entre des puissances de dimensions continentales. Les États-nations, les dimensions de la puissance souveraine que l'histoire avait sédimentées en Europe, étaient désormais insuffisants à ce niveau de confrontation. La Chine et l'Europe étaient les questions cruciales de la nouvelle phase.
Quant aux tâches du parti dans la nouvelle phase stratégique, les crises confirment le cadre général déjà analysé au sujet de la localisation mondiale des forces de classe ; mais elles montrent aussi pour la première fois, de façon pratique, les potentialités de ces forces. Un milliard d'hommes ébranlés par la transformation sociale au cours des dix prochaines années, impliqués dans des processus tumultueux, représenteront une possibilité objective pour la stratégie révolutionnaire.
La traduction de cette potentialité en forces subjectives pour le communisme internationaliste représente l'inconnue et le défi inédit de la nouvelle phase. Le chemin qui attend les nouveaux contingents du prolétariat mondial, en Chine, au Brésil, au Moyen- Orient ou en Turquie, est à peine entamé : le déploiement des énergies de classe est une certitude, mais il n'est pas possible d'en prévoir le parcours et les formes. Pour cette raison aussi, l'enracinement bolchevique dans l'impérialisme européen est un point capital pour la stratégie internationaliste de la classe mondiale."
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Les syndicats dans la restructuration européenne (2008-2015) ; considérations sur les luttes politiques en France (2006-2012)
Paolo Rivetti
- Science Marxiste
- Textes
- 1 Novembre 2016
- 9782912639875
Les chroniques rassemblées dans ce volume débutent en 2008, une année qui, dans l'alternance des cycles du capitalisme, demeure marquée par la faillite de la banque américaine Lehman Brothers. Les articles d'août et septembre de cette année-là portent des titres significatifs : « Un réveil brutal » et « Une tempête mémorable ». En réalité, la portée de cette crise était déjà claire depuis longtemps et, si elle avait débuté sur le terrain financier des prêts subprime, elle allait prendre la configuration d'une crise des relations globales : une étape de cette nouvelle phase stratégique qui, avec l'émergence des nouvelles puissances continentales, allait caractériser les années suivantes avec des crises longues et tourmentées, autant sur le terrain économique et social que sur le terrain politique et militaire. C'est pour cela que la crise a eu et aura des effets explosifs sur toutes les métropoles, qu'elles soient en ascension, en déclin ou en « restructuration » : « Les tensions pour de nouvelles confrontations et de nouveaux conflits s'accumulent : tel sera le véritable legs de la crise » (juillet-août 2009). L'Union européenne compte parmi les puissances appelées à régler leurs comptes avec la nouvelle réalité : la restructuration européenne subit une accélération sous le fouet des tensions et de la concurrence globales.
La dernière page du journal Lotta comunista aborde précisément cette dynamique, en associant la « manchette » rédigée par la rédaction et l'article qui la suit. Ces « manchettes » ont acquis la fonction de fournir un point mensuel sur la confrontation mondiale et sur ses conséquences, dans toutes les puissances, mais en particulier en Europe. Elles expriment des évaluations de fond d'où l'on peut aussi tirer les mots d'ordre pour notre bataille politique quotidienne. Les articles illustrent la manière dont ces processus généraux se reflètent en particulier dans le monde du travail.
Dans cette tâche, la « plume heureuse » de Paolo Rivetti a été d'une aide particulière en ramenant les évènements de la chronique aux principes du communisme et aux thèses stratégiques de notre parti, comme notre journal l'a rappelé lors de sa disparition en juin 2015.
(de la préface)