Karthala
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Malheur à la ville dont le prince est un enfant : De Macron à Le Pen ? 2017-2024
Jean-François Bayart
- Karthala
- Disputatio
- 25 Avril 2024
- 9782384092093
Emmanuel Macron est le plus jeune président de la 5ème République que la France s'est donné, Gabriel Attal son plus jeune Premier ministre. Mais, Parole d'évangile, « on ne met pas du vin nouveau dans de vieilles outres ». L'Ecclésiaste nous avertit aussi : « Malheur à la ville dont le prince est un enfant ».
Nous y sommes. Et même au carré !
Un nouveau pamphlet ? Non. Une démonstration de sociologie historique et comparée du politique. Certes, l'auteur prend pour focale la personne et la politique d'Emmanuel Macron.
Mais il s'attache à dégager les logiques de situation dont ce dernier est le jouet consentant, à les replacer sous l'éclairage de l'historicité propre de la société politique française, et à en souligner la comparaison avec d'autres situations, passées ou présentes.
La France se pique d'universalité. En l'occurrence celle-ci prend surtout la forme de son ralliement à un mouvement de fond global, souvent qualifié d'« illibéral » ou, plus justement, de « libéral-autoritaire », de « national-libéral ». Lequel parcourt la planète de la Chine et de l'Inde aux états-Unis et à l'Argentine en passant par la Russie, la Hongrie et un nombre croissant de démocraties européennes dites libérales. à son corps défendant Emmanuel Macron est en passe d'enclencher une révolution conservatrice à la française à force de dévitaliser les corps intermédiaires, de donner des gages à l'extrême-droite identitariste, d'adopter un ton belliqueux. « Nous ne céderons rien »,
répète-t-il à tout propos. Au risque de devoir céder l'élysée à Marine Le Pen. -
Mehdi ben barka - de l'independance marocaine a la tricontinentale
René Gallissot
- Karthala
- 3 Mai 2000
- 9782865377565
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L'impérialisme postcolonial ; critique de la société des éblouissements
Joseph Tonda
- Karthala
- Les Afriques
- 7 Décembre 2015
- 9782811114732
L'impérialisme postcolonial n'est pas l'impérialisme qui viendrait après la colonisation. Il est l'impérialisme noir, l'impérialisme invisible, de la Race ou de la Bête, c'est-à-dire de la valeur et de la libido, de l'Argent et du Sexe. Il est le point aveugle que partagent la théorie postcoloniale et ses contempteurs. Le spectre du Noir colonise l'imaginaire du Blanc. Mais, plus encore, le colonial est colonisé par le colonisé lui-même, son opposé qui est aussi sa création, et qui le mine de l'intérieur.
Avec rigueur et truculence, Joseph Tonda, l'un des penseurs les plus originaux du continent, poursuit sa réflexion sur le pouvoir en analysant les éblouissements de l'Afrique centrale comme de l'Occident. Prises dans une même destinée, nos sociétés sont chahutées entre enchantements et violences, entre calculs et folie, entre croyance et consommation, dans l'indiscernabilité du réel et de l'irréel, du passé et du présent, c'est-à-dire dans l'imaginaire. En faisant défiler sous nos yeux, eux aussi éblouis, les images-écrans, les images d'images de la mondialisation néolibérale qui ont saisi toutes les sociétés, il nous prouve une nouvelle fois qu'il n'est pas si facile de « tuer les yeux », en tout cas les siens.
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Gouvernement transnational en Afghanistan ; une si prévisible défaite
Gilles Dorronsoro
- Karthala
- Recherches Internationales
- 4 Février 2021
- 9782811128128
La défaite des Taliban dans le sillage des attentats du 11 septembre ouvre deux décennies d'investissement occidental en Afghanistan. Des centaines de milliards, pour l'essentiel consacrés à l'entretien des forces occidentales, des dizaines de milliers de morts, dont plusieurs milliers de la coalition, montrent l'importance de ce conflit pour les Etats-Unis qui en font le symbole de leur hégémonie mondiale.
Mais, derrière les discours sur la construction d'une « démocratie de marché », se profile un gouvernement transnational qui contourne les acteurs afghans au point d'interdire tout processus démocratique, couvre des fraudes électorales massives, routinise la captation des ressources au profit des entreprises occidentales et des élites afghanes. Les tensions communautaires et sociales s'accroissent à un point jusque-là inconnu dans la société afghane. Les Taliban, capitalisant sur le ressentiment populaire contre les élites au pouvoir, mettent en échec une alliance occidentale qui dissimule, derrière une augmentation des moyens, son incapacité à définir une stratégie cohérente. Après vingt ans de conflit, al-Qaïda est toujours présent en Afghanistan, et le retrait américain ne fait qu'ouvrir une nouvelle période d'une guerre civile vieille de quarante ans.
Ce nouvel essai de Gilles Dorronsoro propose une analyse critique impitoyable des impasses de l'expertise orientaliste et sécurocrate dont la portée comparative, bien au-delà du seul cas afghan, est d'une haute actualité.
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Un entrepreneur du national au Maroc : Ahmed Benkirane, traces et discrétion
Irene Bono
- Karthala
- Recherches Internationales
- 25 Janvier 2024
- 9782384091461
L'historiographie nationale au Maroc repose sur les figures de trois rois, et sur un certain nombre de héros de la lutte pour l'indépendance ou de victimes des « années de plomb ». Mais que se passe-t-il lorsque l'on s'éloigne de tels legs biographiques ? Le protagoniste de ce livre est Ahmed Benkirane, témoin de presqu'un siècle de changement politique au Maroc. Militant nationaliste durant sa jeunesse, grand commis de l'État à l'indépendance, homme de presse mais aussi d'affaires, notamment dans la banque et l'assurance. À partir du dépouillement de son archive privée et de la réalisation d'un terrain biographique, Irene Bono explore les multiples expériences individuelles dont est tributaire la formation de la nation. Elle met en exergue le rôle que les opérateurs économiques y tiennent. Apparaît alors l'importance que la discrétion revêt au coeur des rapports de pouvoir et des conflits politiques.
Rarement prise en considération par les sciences sociales, la discrétion révèle moins le caractère arbitraire, informel, secret de l'agir politique que la valeur de l'intime et du privé dans le gouvernement des affaires publiques. L'analyser, c'est exhumer des formes d'appartenance à la nation que la société marocaine contemporaine délaisse et même oublie.
Née du dialogue, long de dix ans, entre une chercheuse italienne et un acteur aussi éminent que discret de l'histoire du Maroc, l'expérience épistémologique dont ce livre a été le laboratoire alimente la réflexion sur le rapport entre les catégories d'analyse de la mobilisation politique et les sources qui sont considérées comme légitimes pour la documenter. Là où la science politique reprend le flambeau de l'école historiographique de la microstoria et en piste les traces... -
La nuit est froide, ce dix-sept janvier 1961, au Katanga.
La riche province du cuivre, peu aptes l'indépendance du Congo, a fait sécession avec l'aide de la Belgique. Dans la savane boisée, un endroit ouvert est illuminé par les phares des voitures de police. Un commissaire de police belge prend Lumumba par le bras et le mène jusque devant le grand arbre. L'ex-Premier ministre congolais marche avec difficulté : pendant des heures il a été gravement maltraité. Un peloton d'exécution, fort de quatre hommes armés de stenguns-Vigneron et de fusils-FAL, se tient en attente, alors qu'une vingtaine de soldats, de policiers, d'officiers belges et de ministres katangais regardent en silence.
Un capitaine belge donne l'ordre de tirer et une salve énorme fauche Lumumba.
Ce livre révèle qui a assassiné Patrice Lumumba, les raisons de ce meurtre et comment il a été perpétré. L'histoire de cet assassinat annoncé est écrite par le gouvernement belge de Gaston Eyskens et exécutée par des officiers et diplomates belges, avec l'aide de leurs complices congolais. Bruxelles, tout comme Washington et les dirigeants des Nations unies, étaient d'avis que la liquidation de Lumumba était indispensable pour sauvegarder les intérêts des trusts qui exploitaient la colonie comme leur pays conquis.
Cinq ans et des dizaines de milliers de morts plus tard, la quête occidentale d'un régime néocolonial stable est parachevée par le second coup d'État de Mobutu.
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Le metier des armes au tchad - le gouvernement de l'entre-guerres
Debos Marielle
- Karthala
- 3 Avril 2013
- 9782811106263
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L'Algérie face à la catastrophe suspendue ; gérer la crise et blâmer le peuple sous Bouteflika (1999-2014)
Thomas Serres
- Karthala
- Hommes Et Societes
- 11 Mars 2019
- 9782811126261
Coédition Karthala - IRMC Tunis.
L'Algérie n'est pas l'exception autoritaire illisible que l'on présente parfois. En combinant les apports de l'observation sociologique et de la théorie critique, ce livre s'efforce de dépasser les fictions qui suggèrent l'existence d'un « Système » omnipotent, impersonnel et corrupteur, en décortiquant les transformations de l'ordre politique algérien au cours des trois premiers mandats d'Abdelaziz Bouteflika. Rendue à la fois possible et nécessaire par la crise qui a touché le pays à partir de la fin des années 1980, cette mise à jour s'est faite en accord avec des tendances globalisées qu'elle imite ou précède, avec en arrière-fond le spectre d'une catastrophe qui menacerait de replonger le pays dans la guerre civile.
Cet ouvrage part du postulat que l'Algérie est confrontée à une crise toujours latente. Le souvenir de la décennie noire (1992-1999) nourrit ainsi l'idée d'une menace existentielle pesant sur le pays, orientant les politiques gouvernementales et les stratégies des acteurs. Cette situation a une dimension objective, puisqu'elle fait écho à une contestation fragmentée mais néanmoins permanente ainsi qu'aux contradictions internes du cartel qui tient l'État algérien. Elle a aussi une dimension subjective dans la mesure où les discours catastrophistes irriguent l'espace public, annonçant un bouleversement sans cesse repoussé. La crise latente est donc devenue une ressource qui justifie les dispositifs sécuritaires, mais aussi les réformes politiques et économiques.
Par ailleurs, ce livre étudie aussi la violence symbolique qui accompagne la suspension de la catastrophe. L'incertitude brouille les cartes, questionne le passé et hypothèque l'avenir ; elle touche de plein fouet l'image de la communauté imaginaire, sans invalider totalement l'idéal de sainteté politique sur lequel l'ordre politique algérien a été bâti après 1962. La recherche de sens conduit néanmoins à des discours imputant la responsabilité des problèmes du pays à la population. Les déséquilibres structurels et les choix politiques s'effacent devant l'image d'une société prétendument malade et/ou pré-moderne. Dès lors, le « Système », aussi corrompu et violent qu'il puisse paraître, est naturalisé. Les dirigeants, mais aussi certains de leurs opposants les plus critiques, endossent alors un rôle disciplinaire pour contrôler une masse anarchique et manipulable.
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Manger le pouvoir au Burkina Faso ; la noblesse mossi à l'épreuve de l'Histoire
Benoit Beucher
- Karthala
- Les Afriques
- 31 Janvier 2017
- 9782811116934
Les monarchies africaines sont-elles solubles dans la modernité républicaine de l'État-nation ? Depuis que des groupes de cavaliers ont fondé les premiers royaumes mossi vers la fin du XVe siècle, des souverains n'ont cessé de se succéder sur le trône. Cependant, leur histoire est loin d'avoir été immobile. L'ensemble de leurs formations politiques, qu'ils nomment le « Moogo » ou le « Monde », n'a pas été l'espace parfaitement isolé que s'est longtemps plu à rappeler toute une littérature coloniale. En réalisant l'une des premières histoires synthétiques de ces royaumes sur la longue durée, Benoit Beucher montre comment ceux « qui ont mangé le pouvoir », les nobles mossi, ainsi que leurs sujets, ont fait face à des transformations dépassant de très loin les frontières de leurs seuls royaumes.
L'expansion de l'islam, du christianisme, l'irruption des troupes coloniales françaises, deux conflits mondiaux, la tenue des premières élections, l'indépendance et l'instabilité des régimes postcoloniaux ne se sont pas soldés par la dissolution des royautés dans la durée, mais par la coexistence de systèmes monarchiques de droit divin et d'un régime républicain.
Benoit Beucher invite précisément à se départir d'une vision « exotique » du politique au sud du Sahara qui pousserait à n'y voir qu'une anomalie. S'appuyant sur une importante collecte de sources écrites, audiovisuelles et orales, il montre comment se sont entremêlées des trajectoires européennes et africaines de l'empire, de l'État, de l'ethnicité et de la nation - bien souvent sur le mode du malentendu et du conflit - dont la compréhension des effets peut seule permettre de saisir la complexité de l'histoire présente du Burkina Faso.
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Des lendemains de la première guerre mondiale à la veille de la chute du Mur de Berlin, la trajectoire de Habib Bourguiba, né en 1903, s'est confondue avec le " court XXe siècle ".
Tour à tour journaliste militant, avocat, leader de parti et chef d'Etat, le fondateur de la République tunisienne aura vécu pour la politique soixante années durant, dont la moitié vouée à l'exercice du pouvoir. Déposé en 1987 par un coup d'Etat " constitutionnel ", il s'est éteint en l'an 2000, dans la solitude d'une semi-captivité. Au-delà des particularités de la scène tunisienne, la figure de Bourguiba est partie prenante des conflits et recompositions du " siècle des extrêmes " : l'apogée des empires coloniaux et les mouvements d'indépendance nationale, la monte des fascismes et leur liquidation à l'issue de la seconde Guerre mondiale, l'ordre mondial bipolaire de la guerre froide et l'implosion de l'URSS, l'essor de l'État social et son démantèlement sous la poussée des force du marché, la sécularisation des formes sociales et le renouveau des idiomes religieux...
La trace de Bourguiba, réformateur, décolonisateur et tuteur du développement serait-elle dépourvue de prolongement au-delà du siècle qu'elle a parcouru ? N'aurait-elle de signification et de portée qu'au regard de la seule Tunisie ? N'aurait-elle laissé en héritage que l'autoritarisme ? Plutôt que de faire oeuvre biographique, cet ouvrage rassemble des contributions et des témoignages inédits. Il se propose d'analyser et d'interpréter des moments et des sites du parcours de Bourguiba dont les enjeux et la profondeur dépassent, souvent de loin, sa personne et son action.
Non point pour les besoins d'un quelconque procès en canonisation ou, à l'opposé, en usurpation d'histoire. Mais tout simplement parce que s'abstenir de poser les jalons d'une évocation de la trace et de l'héritage de Bourguiba serait renoncer à la compréhension d'un présent si pesant.
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Tisser le temps politique au Maroc ; imaginaire de l'Etat à l'âge néolibéral
Béatrice Hibou, Mohamed Tozy
- Karthala
- Recherches Internationales
- 24 Septembre 2020
- 9782811127657
Le Maroc inspire des lieux communs. Il serait un prototype d'immobilisme politique, dans la main autoritaire et conservatrice du « commandeur des croyants », en mal de démocratie, mais à l'ombre d'un islam somme toute modéré. Trente années d'enquêtes de terrain, d'entretiens, de dépouillement d'une vaste documentation primaire et d'observation participante permettent à Béatrice Hibou et Mohamed Tozy de montrer comment les changements démographiques et environnementaux, ainsi que les processus de naturalisation du néolibéralisme, ont transformé les façons de gouverner les hommes et les territoires du royaume.
À partir des types-idéaux de l'Empire et de l'État-nation, les auteurs dégagent la pluralité des modes de gouvernement et de domination à l'oeuvre au Maroc en insistant sur leur osmose continuelle. Il n'est pas question d'un passage de l'empire chérifien (XVIIe-XIXe siècle) à l'État-nation, dont le protectorat français aurait jeté les fondements, ni de la perpétuation d'une tradition impériale résiduelle au coeur de l'État moderne. Il s'agit bel et bien d'un assemblage de ces deux logiques, qui déjà coexistaient dans les siècles précédents, et dont le jeu simultané est sous-jacent au gouvernement néolibéral contemporain. L'Empire et l'État-nation ne se présentent pas sous la forme d'une alternative ni d'une contradiction. Ils constituent deux ressorts d'une même domination qui ne se réduit pas à la seule figure du roi. Ils sont en tension continue, une tension dont procède l'historicité de l'imaginaire politique marocain et qui en tisse le temps singulier. Une démonstration fondamentale de sociologie historique comparée de l'État.
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La police morale de l'anticorruption ; Cameroun, Nigeria
Olivier Vallée
- Karthala
- 19 Février 2010
- 9782811103347
La lutte contre la corruption est aujourd'hui devenue le leitmoitiv de toutes les politiques menées en Afrique au nom du développement.
Echouant très souvent à atteindre leurs objectifs, ces politiques anticorruption sont rarement étudiées en profondeur. Olivier Vallée en offre ici une analyse novatrice et radicale, fondée sur une connaissance intime des rouages de l'économie politique du continent. Ce livre propose une ambitieuse théorie critique des politiques internationales et locales de lutte contre la corruption, mais aussi une herméneutique des discours moraux et normatifs qui les accompagnent.
A partir de l'analyse comparée des deux pays stigmatisés par Transparency International, le Cameroun et le Nigeria, il retrace la floraison de discours, d'enquêtes, de lois et d'organes de contrôle qui tentent d'endiguer la corruption africaine. Il raconte aussi les retournements et la réversibilité de ces processus d'endiguement.
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La démocratie à pas de caméléon ; transition et imaginaires politiques au bénin
Richard Banégas
- Karthala
- 1 Novembre 2003
- 9782845863965
Le dévoiement du multipartisme et le recours aux armes semblent avoir brisé le rêve démocratique en Afrique.
Pourtant, l'histoire politique et sociale du Bénin démontre - avec d'autres cas, comme ceux du Sénégal et du Ghana - que cette tendance ne constitue pas une fatalité. D'où l'importance de résoudre l'énigme de cette transition exemplaire qui a servi de modèle à l'ensemble du continent. La démocratisation du Bénin s'est avérée un processus complexe, ambigu, avançant volontiers " à pas de caméléon ", à l'instar de Mathieu Kérékou, l'ancien autocrate revenu au pouvoir par la voie des urnes.
Soulignant les paradoxes de la consolidation du pluralisme, cet ouvrage montre comment les citoyens apprivoisent les institutions et les valeurs de la démocratie et comment celles-ci produisent en retour des bouleversements notables dans les pratiques et les imaginaires politiques. Au-delà du cas béninois ou africain, ce livre traite ainsi de la diffusion et de la réinvention de la démocratie dans des sociétés qui sont, à tort, réputées lui être rétives.
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De la postcolonie ; essai sur l'imagination politique dans l'Afrique contemporaine
Mbembe J-A.
- Karthala
- 2 Avril 2005
- 9782845860780
Sur la base d'une dramatisation caricaturale, la guerre sévirait partout en afrique.
Grand corps mou et fantasque, le continent, impuissant, serait engagé dans un processus d'autodestruction ravageante. l'action humaine, stupide et folle, y suivrait presque toujours autre chose qu'un calcul rationnel. cannibalisme, pandémies et pestilence partout imposeraient leur loi.
Non point que de détresse, il n'y en ait point. d'horribles mouvements, des lois qui fondent et ordonnent la tragédie et le génocide, des dieux qui se présentent sous le visage de la mort et de la destitution, des cadavres errant au gré des flots, des menaces de toutes sortes, des ondes aveugles, des forces terribles qui, tous les jours, arrachent les êtres humains, les animaux, les plantes et les choses à leur sphère de vie et les condamnent à mort : il y en a, en effet.
Ce qui fait cependant défaut, loin des culs-de-sac, des constats à l'aveuglette et des faux dilemmes (afropessimisme contre afrocentrisme), c'est la radicalité du questionnement.
Car ce que l'afrique en tant que notion met en crise, c'est la façon dont la théorie sociale a, jusqu'à présent, pensé le problème du basculement des mondes, de leurs oscillations et de leurs tremblements, de leurs retournements et de leurs déguisements.
C'est aussi la façon dont cette théorie a échoué à rendre compte du temps vécu dans sa multiplicité et ses simultanéités, sa volatilité, sa présence et ses latences, au-delà des catégories paresseuses du permanent et du changeant qu'affectionnent tant d'historiens.
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Politiques de la violence : organiser la lutte de la Colombie au Pakistan
Amin Allal
- Karthala
- Questions Transnationales
- 18 Novembre 2021
- 9782811129378
Si les violences politiques sont parfois le fait d'individus isolés, elles sont le plus souvent des actions organisées, c'est-à-dire inspirées, parfois planifiées, prises en charge, voire produites par des organisations dont les objectifs sont politiques. Les violences d'origine étatique sont, de loin, les plus meurtrières, mais celles des groupes non-étatiques demeurent une composante essentielle des dynamiques politiques contemporaines, partout dans le monde. Cet ouvrage met, plus particulièrement, l'accent sur ce deuxième type de violences, que la théorie politique considère, par principe, comme illégitime, mais qui, du point de vue des acteurs qui la perpétuent, peut se justifier, notamment quand il s'agit de protéger le statut d'un groupe dominant ou, à l'inverse, d'imposer les revendications d'un groupe marginalisé.
Les enquêtes présentées dans cet ouvrage proviennent de chercheur-e-s ayant une longue familiarité avec leur terrain, que ce soit en Afghanistan, en Algérie, au Burundi, en Colombie, en Libye, au Pakistan, en Turquie et, plus largement, au Moyen-Orient. Elles témoignent toutes qu'il ne manque pas d'individus prêts à passer à l'action violente.
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Près d'un demi-siècle après la décolonisation, la France est-elle en mesure de tirer les leçons des expériences passées ? En 1976, la population mahoraise a choisi de rester dans le giron français.
Engagée dans un processus de départementalisation à la suite de ce choix, Mayotte fait l'objet d'une intervention massive de la métropole depuis une vingtaine d'années. Cette intervention engendre des transformations économiques, sociales et institutionnelles considérables qui trouvent leur justification dans les importants défis que doit affronter le territoire. Pourtant, ces efforts sont en décalage avec la réalité locale.
Ce document, fondé sur un travail de terrain, analyse la confrontation et les interactions d'un modèle de changement rural importé avec des logiques et des stratégies locales qui cherchent majoritairement à se pérenniser. Une adaptation des outils d'intervention publique s'avère nécessaire. Il s'agit avant tout de modifier les représentations que se fait l'administration du milieu rural. C'est l'ambition de cet ouvrage.
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Le prix de l'engagement politique dans la Tunisie autoritaire ; gauchistes et islamistes sous Bourguiba et Ben Ali (1957-2011)
Michael Ayari
- Karthala
- Maghreb Contemporain : Nouvelles Lectures, Nouveaux Savoirs
- 19 Janvier 2017
- 9782811117597
Cet ouvrage permet de découvrir l'histoire des militants d'extrême gauche et islamistes tunisiens et leur combat politique de jeunesse notamment sur les campus universitaires. Il offre des clés de lecture historiques et sociologiques essentielles pour décrypter trajectoires et stratégies de cette génération, dont une bonne partie a accédé à des positions de premier plan depuis le départ de Ben Ali en 2011.
À partir de l'analyse des données biographiques de 250 activistes « gauchistes » et « islamistes », l'auteur montre quels sont les ressorts et les motivations de l'engagement politique dans un régime où le risque encouru s'avère en général plus important qu'en régime dit « démocratique ».
L'apport majeur de ce travail demeure la notion d' « origines socio-identitaires » (élite médinale, médinale, publicienne et extra-muros) qui permet de comprendre les logiques d'intérêts sous-tendant les conflits politiques au-delà des oppositions habituelles entre « classes sociales » ou « courants idéologiques » et de penser la diversité des destinées individuelles, notamment professionnelles, de manière plus complexe qu'uniquement à travers la notion d' « origine sociale ».
Ainsi, cet ouvrage montre en quoi les tensions sociales et politiques, qui jalonnent l'histoire de la Tunisie et qui sont toujours d'actualité en 2017, sont le reflet d'une lutte entre élites séparées par l'origine sociale et géographique, la maîtrise du bilinguisme des membres de leur parentèle et les traumatismes politiques et familiaux transmis durant l'enfance.
Au-delà de sa contribution à la sociologie dumilitantisme et des élites, l'auteurmet en évidence la fracture socio-identitaire qui trace les limites de la citoyenneté dans la Tunisie d'aujourd'hui et donne surtout des clés pour défier la persistance des mécanismes de répartition du pouvoir dans une Tunisie où l'exigence d'inclusion et de justice demeurent des ressorts puissants de contestation et de violence.
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La fabrique des identités ; l'encadrement politique des minorités caribéennes à Paris et New York
Audrey Célestine, David Damoison
- Karthala
- Questions Transnationales
- 6 Juillet 2018
- 9782811125226
Les mobilisations de minorités sont volontiers évoquées dans le débat public sous l'angle de la « dérive identitaire » et du « communautarisme » qui menaceraient le modèle français de citoyenneté. Cependant, rares sont les études qui s'intéressent en profondeur à leurs acteurs, à leurs dynamiques, à leur histoire. Dans cet ouvrage, Audrey Célestine s'attache à saisir au concret la fabrique de l'identité culturelle et politique de deux groupes sociaux : les Antillais en France et les Portoricains aux États-Unis. La dimension comparative de cette enquête revisite largement l'opposition traditionnelle entre un modèle français « universaliste » et un modèle américain « communautariste ».
En mettant en regard de façon inédite deux trajectoires postcoloniales, ce livre montre que les processus de fabrication identitaire sont étroitement liés à la gestion par les autorités publiques des minorités ethniques et s'ancrent dans des mobilisations collectives ajustées au contexte d'accueil. En proposant une sociologie comparée des « identity politics », Audrey Célestine rappelle l'histoire longue et les logiques de transformation successive de ces identités ethniques jusqu'à aujourd'hui.
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Il existe une Somalie paisible qui ne retient pas l'attention permanente : le Somaliland. Décidé à ne plus subir les désordres d'un système violent et prédateur, ce pays a repris son indépendance en 1991.
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Justice et réconciliation dans le Maghreb post-révoltes arabes
Eric Gobe
- Karthala
- 8 Janvier 2020
- 9782811126957
Ces dernières années, pour gérer les séquelles et les contentieux hérités de guerres civiles ou de régimes autoritaires, de nombreux gouvernants ont été conduits à mettre en place une justice dite « transitionnelle ». Dans la conception des Nations unies, cette dernière renvoie à la mise en oeuvre de pratiques diverses visant in fine à créer les conditions d'une réconciliation nationale et d'une stabilisation démocratique après des épisodes de violence politique.
Pas loin de dix ans après le déclenchement des révoltes arabes, qu'en est-il de la réforme de la justice et de la mise en oeuvre de la justice transitionnelle sur la rive sud de la Méditerranée ? Les auteurs de cet ouvrage apportent des réponses contrastées à cette interrogation et insistent sur le fait que l'application des normes de justice transitionnelle et la mise en oeuvre des réformes judiciaires ont partie liée, par-delà les discours qui les promeuvent, avec les recompositions politiques des pays du Sud de la Méditerranée.
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Faire, défaire la démocratie ; de Mouscou à Bogota et Téhéran au conseil de l'Europe
- Karthala
- Questions Transnationales
- 8 Avril 2021
- 9782811128500
Cet ouvrage part d'un paradoxe d'une brûlante actualité : alors que les régimes autoritaires tendent à se durcir et que les libertés publiques sont de plus en plus remises en question dans les démocraties libérales, le formalisme démocratique (norme électorale, expression de la « société civile », dispositifs participatifs, etc.) continue d'être très largement mobilisé comme source de légitimation interne et internationale.
À partir d'enquêtes menées sur les pratiques d'une grande diversité de pays (Algérie, Azerbaïdjan, Biélorussie, Colombie, France, Iran, Pologne, Russie, Turquie), les contributions rassemblées ici donnent à voir comment la norme démocratique, tout en demeurant incontournable, se trouve dans bien des cas affaiblie sinon vidée de sa substance à mesure qu'elle recouvre des formes plus ou moins raffinées de surveillance et de contrôle. Apparaît ainsi le brouillage contemporain de la frontière entre autoritarisme et démocratie, auquel les démocraties et les organisations internationales prêtent parfois leur concours lorsqu'elles sont amenées à en rabattre sur leurs standards.
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Le gouvernement des Kurdes : gouvernement partisan et ordres sociaux alternatifs
Gilles Dorronsoro
- Karthala
- Hommes Et Societes
- 11 Novembre 2023
- 9782384090792
Des dizaines de millions de Kurdes vivent en Turquie, en Iran, en Syrie et en Irak et, depuis un siècle, se mobilisent régulièrement pour obtenir des droits culturels, une autonomie régionale, voire l'indépendance. Si la perspective d'un État kurde n'a jamais été aussi lointaine, la multiplication des guerres civiles et des interventions extérieures depuis les années 1990 (interventions américaines en Irak et en Syrie, guérilla du PKK) a eu pour résultat que, pour la première fois, des populations kurdes sont gouvernées par des mouvements kurdes, parfois depuis plus d'une génération. A rebours d'une conception romantique et loin des clichés sur les tribus kurdes, les auteurs montrent la centralité des partis politiques dans l'organisation de ces ordres sociaux alternatifs du nord Irak, de la Syrie et de la Turquie. A partir de données originales tirées de terrains longs en Turquie, en Irak et en Syrie, les auteurs analysent ces « gouvernements partisans » dans toute leur complexité. En particulier, la matrice idéologique, la discipline interne et l'ancrage militant conditionnent les pratiques de gouvernement des partis, par exemple leur rapport aux institutions publiques ou la mise en place de programmes scolaires. Par ailleurs, les mouvements kurdes se trouvent confrontés à la gestion de minorités non kurdes, notamment en Irak et en Syrie, provoquant une adaptation du programme politique ou la mise en place de régimes discriminatoires.
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Une histoire du nationalisme arabe
Charles Saint-prot
- Karthala
- Etudes Geopolitiques
- 26 Juillet 2022
- 9782811123796
"Contrairement à ce que prétend une certaine pensée unique, le nationalisme n'est pas un concept vide de sens historique. C'est un système de pensée envisageant la réflexion sur l'homme autour de la notion de nation. Le nationalisme arabe est, semble-t-il, aussi et surtout, une réaffirmation de soi, une récupération d'identité par les peuples arabes, la manifestation de leur volonté de reprendre place dans l'histoire et leurs histoires.
Un des théoriciens du nationalisme arabe et un des fondateurs du Baas, Michel Aflak disait que « le nationalisme ne peut pas être simplement un cri du coeur, une revendication légitime mais mal formulée. Il doit, au contraire, reposer sur des bases intellectuelles solides ».
Se plaçant dans une perspective civilisationnelle le nationalisme défend une vision du monde où chaque civilisation apporte sa note et sa richesse créative à la culture mondiale. Par conséquent - et sans doute plus qu'un intégrisme sectaire n'offrant qu'une mauvaise caricature de l'Islam - le nationalisme arabe incarne une espérance. L'auteur, spécialiste de la région, retrace les prémices du nationalisme arabe puis son développement et s'interroge sur la survie de ce courant majeur de la pensée nationale arabe."
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Le gouvernement du social au Maroc
Collectif
- Karthala
- Recherches Internationales
- 1 Juillet 2016
- 9782811116712
La question sociale a effectué un retour en force au Maroc, dans les années 2000. Les acteurs ont eu tendance à l'exprimer en termes de revendications, que justifiaient les défaillances de l'État, et les chercheurs à la problématiser dans les canons de la sociologie de la mobilisation ou des politiques publiques. Mais la prise en compte de la pluralité des acteurs et de la diversité des dispositifs offre la possibilité d'une autre lecture qui remodèle les formes mêmes du social. Administrer des espaces, des catégories, des temporalités, des imaginaires ou des conflits revient à définir les liens sociaux, à façonner les appartenances, à faire jouer des médiations, à qualifier l'ordre établi.
Du port de Casablanca aux maisons de jeunes de quartiers populaires, des transports urbains au système de subvention de la farine et du pain, du courtage de l'emploi domestique à la patrimonialisation d'une région marginalisée, de la gestion des terres collectives à l'aide aux mères célibataires, cet ouvrage démontre l'importance du gouvernement indirect du social, dont l'équivoque facilite compromis et bricolages et renforce la capacité d'adaptation du politique aux transformations de l'époque.
S'inscrivant dans la continuité de deux titres précédents de la collection « Recherches internationales », consacrés à la privatisation des États à l'âge néolibéral et à l'État d'injustice au Maghreb, ces recherches inédites ouvrent de nouvelles perspectives à la sociologie historique du politique, bien au-delà du seul cas du Maroc.