Grasset
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Le Labyrinthe des égarés : L'Occident et ses adversaires
Amin Maalouf
- Grasset
- Essais Grasset
- 4 Octobre 2023
- 9782246830436
Une guerre dévastatrice vient d'éclater au coeur de l'Europe, qui ravive les pires traumatismes du passé ; des menaces de cataclysme nucléaire sont constamment agitées, alors qu'on les croyait définitivement écartées ; un bras de fer planétaire se déroule, opposant l'Occident à la Chine et à la Russie... Il est clair qu'un bouleversement majeur est en train de se produire, qui affecte déjà notre mode de vie, et qui remet en cause les fondements mêmes de notre civilisation. Chacun en a conscience, mais personne encore n'a contemplé cette crise avec la profondeur de champ qu'elle mérite.
Comment en est-on arrivé là ? Amin Maalouf remonte, dans ce livre, aux origines de ce nouvel affrontement entre l'Occident et ses adversaires, en retraçant l'itinéraire de quatre grandes nations : d'abord le Japon de l'ère Meiji, qui fut le premier pays d'Asie à défier la suprématie des nations « blanches », et dont la modernisation accélérée fascina l'humanité entière, notamment les autres pays d'Orient, qui tous rêvèrent de l'imiter ; puis la Russie soviétique, qui constitua, pendant trois-quarts de siècle, une formidable menace pour l'Occident, son système et ses valeurs, avant de s'effondrer ; ensuite la Chine, qui représente en ce vingt-et-unième siècle, par son développement économique, par son poids démographique et par l'idéologie de ses dirigeants, le principal défi à la suprématie de l'Occident ; et enfin les Etats-Unis, qui ont tenu tête à chacun des trois « challengers », et qui sont devenus, au fil des guerres, le chef suprême de l'Occident et la première superpuissance planétaire.
L'ensemble de ces récits constitue une grande fresque historique qui éclaire, comme on ne l'avait jamais vu jusqu'ici, les enjeux des conflits en cours, les motivations des protagonistes, et les étranges paradoxes de notre époque.
En exergue du livre, l'auteur cite cette parole si pertinente de Faulkner : « Le passé ne meurt jamais. Il ne faut même pas le croire passé. » -
« Alors que Donald Trump vient de prêter serment, comment ne pas entendre résonner les mots de Franklin D. Roosevelt lorsqu'il entra à la Maison Blanche au mois de mars 1933 : « Nous savons maintenant que le gouvernement des milieux financiers est aussi dangereux qu'un gouvernement mafieux » ?
Qu'importe l'âge du discours. Il a été prononcé quand le totalitarisme puis la guerre s'emparaient d'un monde mis à genoux par un capitalisme sans contrôle, et construisait la ligne de front entre un gouvernement protecteur et les maîtres de l'économie. Il est donc d'une grande actualité.
Donald Trump n'est pas un accident de l'histoire américaine, il incarne la toute puissance du « business », de l'homme blanc riche et au-dessus des lois, tout ce que Franklin et Eleanor Roosevelt combattirent pendant douze ans. Ils écrivirent le moment le plus progressiste de l'histoire des Etats-Unis. Y plonger, c'est voir où s'enracine la violence politique qui s'abat aujourd'hui. »
J.P.
On imagine parfois ce qu'auraient été les Etats-Unis sans le 32ème président Franklin Delano Roosevelt : un pays sans droits sociaux. Le monde, lui, ne connaîtrait pas les Nations Unies et l'Allemagne nazie aurait peut-être gagné la Seconde Guerre mondiale. De la crise financière de 1929 jusqu'à sa mort au lendemain de la guerre, Roosevelt a changé la trajectoire des Etats-Unis et du monde. Comme un miroir, ces pages vertigineuses et passionnantes nous révèlent l'autre visage d'une Amérique perdue, et nous racontent une histoire exceptionnelle - portée par l'amour entre Franklin et Eleanor ; et par l'amitié entre Roosevelt et son bras droit. -
Après Le droit d'emmerder Dieu, éloge du droit au blasphème, Richard Malka revient sur l'origine profonde d'une guerre millénaire au sein de l'Islam : la controverse brûlante sur la nature du Coran.
Plus qu'une plaidoirie, ces pages mûries pendant des années questionnent ce qu'il est advenu de l'Islam entre le VIIème et le XIème siècle, déchiré entre raison et soumission.
Les radicaux ont gagné, effectuant un tri dans le Coran et les paroles du Prophète, oppressant leurs ennemis - au premier rang desquels les musulmans modérés, les musiciens, artistes, philosophes, libres penseurs, les femmes et minorités sexuelles.
Plonger avec passion dans cette cassure au sein d'une religion n'est pas être « islamophobe », c'est regarder l'histoire en face.
Traité sur l'intolérance est une méditation puissante, un appel aux islamologues du savoir et de la nuance - pour qu'enfin chacun sache, comprenne, échange, s'exprime. -
Reconnaître le fascisme
Umberto Eco, Myriem Bouzaher
- Grasset
- Les Cahiers Rouges
- 17 Janvier 2024
- 9782246837060
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« Je dédie ce livre à toutes celles et ceux qui ont aimé EDF, qui n'acceptent plus le montant de leurs factures d'électricité et souhaitent une transition énergétique sans la punition que l'on veut leur faire subir.
Comme dans la fable, l'Allemagne a souvent l'image de la fourmi industrieuse et la France, celle de la cigale insouciante. Force est de constater que dans le domaine de l'énergie, les polarités sont inversées.
Masquant ses faiblesses ou les ignorant, l'Allemagne a promu son modèle chez ses voisins et à Bruxelles avec un succès grandissant, jusqu'à la crise énergétique qui a frappé le continent. L'Europe s'est fourvoyée. Il en est résulté une précarisation, une perte de compétitivité spectaculaire et une dépendance croissante.
Si nous restions sur ce terrible constat, ce livre ne serait pas ce qu'il est : un levier pour sortir du bourbier actuel, sans grand investissement et avec nombre de conséquences positives. C'est à notre portée en peu de temps, pour peu qu'il soit mis fin à des arrangements contraires à nos intérêts vitaux.
Oui, on peut décarboner de manière économique notre pays, le rendre plus attractif et réconcilier les Français avec leurs factures d'électricité.
Au travail ! Nous avons déjà perdu assez de temps. »A. L -
Une nuit en France
Jean-Michel Décugis, Pauline Guéna, Marc Leplongeon
- Grasset
- Document Grasset
- 19 Mars 2025
- 9782246832980
Samedi 18 novembre 2023. Un adolescent est tué d'un coup de couteau en plein coeur à la fin d'un bal de village, à Crépol, en Isère. Trois autres personnes sont blessées. Très vite, l'information se répand que les jeunes agresseurs seraient originaires de la Monnaie, un quartier de Romans-sur-Isère, véritable concentré de difficultés économiques, sociales, humaines.
Dès le dimanche, le patron des Républicains évoque « l'ensauvagement de la France ». Le lendemain, le ministre de l'Intérieur reprend l'expression, chère à l'extrême droite, et la scène politique s'embrase. Les identités des suspects fuitent sur les réseaux sociaux. La fachosphère s'en empare. Les familles reçoivent des menaces de mort. Des manifestations sont organisées dans plusieurs villes. Le week-end qui suit, des centaines de militants d'ultra-droite venus de toute la France débarquent à Romans pour en découdre. Les forces de l'ordre parviennent à éviter l'affrontement. Mais un jeune d'une vingtaine d'années est tiré à l'intérieur de la cité et sévèrement tabassé. Il faudra qu'un père du quartier s'interpose. Après avoir appelé les pompiers, il dira au militant : « Souviens-toi que c'est un arabe qui te sauve. »
« Cette nuit, et la profonde crise politique et sociale qu'elle a entrainée, est l'occasion d'une plongée inédite au coeur de la France. Portrait d'un quartier où les difficultés s'accroissent depuis les années 1990 et où nous avons pu rencontrer les principaux acteurs : habitants, dirigeants cultuels, familles des mis en cause, travailleurs sociaux. Anatomie d'une crise médiatique, également : nous racontons quelles consignes ont été passées au sein des rédaction sur le traitement à apporter à ce qui semblait d'abord un simple fait divers. A-t-on tenté d'utiliser, à des fins politiques, cette tragédie ? S'il est vrai qu'au bal de Crépol, deux jeunesses, celle de la Drôme des collines et celle, urbaine, de la cité, semblent s'être opposées, fallait-il nourrir le fantasme d'un grand ensauvagement ? »
Une seule nuit ne peut révéler l'état de notre pays, mais elle en dit long : de nos rêves, de nos peurs, de notre société. Telle est la « nuit française » que nous livre aujourd'hui, avec leur immense talent, les auteurs de Mimi, La poudrière et Ministère de l'injustice - une fiction incendiaire et humaniste où tout est vrai, malheureusement. -
Autocratie(s) : Quand les dictateurs s'associent pour diriger le monde
Anne Applebaum
- Grasset
- Essais Grasset
- 15 Janvier 2025
- 9782246834113
« Si Trump parvient à utiliser les cours fédérales et les forces de l'ordre contre ses ennemis, de pair avec une campagne massive de trolling, le mélange des mondes autocratique et démocratique sera complet. » A.A.
Les autocraties travaillent désormais ensemble pour assurer surveillance et désinformation afin de détruire la démocratie. Les dirigeants russe, chinois, iranien, vénézuélien, ou nord-coréen savent que le langage de la transparence, de la responsabilité, de la justice et de la liberté séduira toujours une partie de leurs citoyens, et que pour rester au pouvoir, ils doivent saper ces idées.
Autocrati(e)s décrit ce nouveau monde kleptocrate et autoritaire - d'où il vient, pourquoi il dure, comment il fonctionne, de quelle façon l'Occident a involontairement contribué à le consolider -, et la manière dont nous devrions nous organiser pour lui faire face.
« Courageux et clairvoyant. » The Guardian
Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Aude de Saint Loup et Pierre-Emmanuel Dauzat -
C'est une jeune fille de 21 ans, amoureuse de la vie, jolie, blonde et libre. Anaïs Guillaume.
Dans son petit village de Blagny, à l'orée des Ardennes, elle a des copines, des amis, ses parents et ses frères, et elle accomplit sa passion pour les chevaux en travaillant dans des fermes. C'est ce monde que nous décrit avec talent Mathieu Livoreil : les grandes forêts; la frontière belge, trafics, boîtes de nuit joyeuses et voitures volées ; la vie rurale, assez solitaire, traversée de rumeurs, de routes un peu vides, et nourries par la vie numérique.
Un jour de 2013, après une nuit chez son amant Philippe Gillet, Anaïs ne donne plus de signes de vie. Comptes bancaires figés, communications impossibles. Beaucoup jurent l'avoir aperçue, mais elle est introuvable. La jeune fille passionnée, vive, amoureuse, a disparu.
Gillet, lui, inquiète. Cet agriculteur de 40 ans, puissant physiquement et impitoyable, est hermétique au soupçon qui l'entoure. Un an auparavant, sa femme est morte dans des conditions surprenantes mais les gendarmes ont conclu à un accident. Il semble se moquer d'eux. C'est une énigme aux multiples rebondissements dans laquelle nous entraîne le jeune enquêteur. Il sait tout des lieux qu'il connaît par coeur, des divergences entre magistrats et gendarmes, mais aussi de la vie sentimentale d'Anaïs, des coups portés par Gillet, de la chaux, du fumier... Jusqu'à recevoir une lettre anonyme indiquant où est le corps.
Un récit hors du commun, et un féminicide : en ces pages, Anaïs vit. -
Notre homme à Washington : Trump dans la main des Russes
Régis Genté
- Grasset
- Document Grasset
- 16 Octobre 2024
- 9782246836681
Le 5 novembre prochain, Donald Trump sera de nouveau candidat à la présidence des Etats-Unis. Or il semblerait que l'homme soit depuis des décennies sous l'influence de Moscou. La première puissance occidentale sera-t-elle bientôt dirigée par un président « tenu » par une Russie en plein bras de fer avec l'Occident ?
Dans les années 1970, le KGB constate son retard dans le recrutement de sources. Aux Etats-Unis, il repère puis cultive un jeune développeur immobilier new yorkais ambitieux et sans scrupules : Donald Trump. Une cible toute désignée pour en faire un agent d'influence, objectif probablement atteint lors d'un premier voyage à Moscou, en 1987. A son retour, Trump prend des positions publiques critiquant l'OTAN, tout à fait dans la ligne du Kremlin.
Les services russes lui apportent des soutiens financiers discrets mais salutaires, par une ribambelle de mafieux soviétiques, d'espions et d'oligarques. Tous soutiennent Trump, souvent sans que l'intéressé comprenne les raisons de cette sollicitude. A chaque fois qu'il frôle la faillite, de généreux mafieux achètent des appartements dans ses Trump Towers ou investissent dans ses projets immobiliers. Ces sauvetages occultes laissent des traces d'argent russe, notamment à travers le rôle trouble de la Deutsche Bank.
L'incroyable campagne électorale de 2016 confirme les soupçons d'accointance du candidat avec le Kremlin : membres de son entourage en contact étroit avec les Russes, financements douteux, plus-value de 56 millions de dollars sur la vente de sa demeure à Palm Beach à l'oligarque Dmitry Rybolovlev, piratage de milliers d'emails de la candidate Hillary Clinton, etc. De fait, le président Trump se montre conciliant avec Moscou : il flatte Poutine, réitère sa volonté d'anéantir l'OTAN, prend des positions illibérales... La campagne actuelle va dans le même sens, Trump se déclarant prêt à cesser tout soutien à l'Ukraine.
A travers de solides recherches documentaires et des interviews sur le terrain, Régis Genté passe au crible les nombreux indices qui tendent à prouver que Trump est l'homme des Russes. Avec son élection, Poutine peut espérer l'arrêt du soutien américain à Kiev. Il en découlerait une victoire russe en Ukraine aux conséquences incalculables pour le monde libre. Si Trump est l'homme des Russes, il pourrait bien être le fossoyeur de l'Occident démocratique. -
En ces premières années du XXIe siècle, le monde présente de nombreux signes de dérèglement. Dérèglement intellectuel, caractérisé par un déchaînement des affirmations identitaires qui rend difficiles toute coexistence harmonieuse et tout véritable débat. Dérèglement économique et financier, qui entraîne la planète entière dans une zone de turbulences aux conséquences imprévisibles, et qui est lui-même le symptôme d'une perturbation de notre système de valeurs. Dérèglement climatique, qui résulte d'une longue pratique de l'irresponsabilité... L'humanité aurait-elle atteint son « seuil d'incompétence morale » ? Dans cet essai ample, l'auteur cherche à comprendre comment on en est arrivé là et comment on pourrait s'en sortir. Pour lui, le dérèglement du monde tient moins à une « guerre des civilisations » qu'à l'épuisement simultané de toutes nos civilisations, et notamment des deux ensembles culturels dont il se réclame lui-même, à savoir l'Occident et le Monde arabe. Le premier, peu fidèle à ses propres valeurs ; le second, enfermé dans une impasse historique. Un diagnostic inquiétant, mais qui débouche sur une note d'espoir : la période tumultueuse où nous entrons pourrait nous amener à élaborer une vision enfin adulte de nos appartenances, de nos croyances, de nos différences, et du destin de la planète qui nous est commune.
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Espionner, mentir, détruire : Comment le cyberespace est devenu un champ de bataille
Martin Untersinger
- Grasset
- Essais Grasset
- 20 Mars 2024
- 9782246828075
Berkeley, 1987, Clifford Stoll découvre une incroyable toile de hackers qui ont pénétré les systèmes informatiques de l'armée américaine. Iran, 2010, un ordinateur s'éteint, et le virus Stuxnet prend le contrôle à distance de dizaines de centrifugeuses et.. les détruit. France, 2012, une campagne de cyber espionnage chinois contamine les plus hauts lieux du pouvoir grâce à l'envoi de courriels presque parfaits. Quelques années plus tard, le logiciel Pegasus est découvert sur les portables sécurisés de nos plus grands dirigeants. La sécurité informatique était une arrière-pensée, ou un sujet de série d'anticipation : elle est aujourd'hui au coeur de notre réflexion politique, stratégique et militaire.
Dans ce récit brillant élaboré au plus près du terrain, Martin Untersinger nous révèle la grande histoire du cyber et ses petits secrets, et nous donne les clés pour comprendre les frontières du cyberespace, aussi floues que son cadre légal. Derrière les noms étonnants ou poétiques (NotPetya Turla, Wannacry, Medoc, FireEye, APT29, Dalia), des êtres d'exception, des légendes, des secrets... On croise ainsi un expert de parkour urbain et de pirates informatiques chinois ; une dame discrète arborant un collier de perles, cheffe du temple le mieux gardé de la NSA ; un général d'armée anciennement pilote d'hélicoptère et espion, et plusieurs membres de la DGSE ; des pirates américains, turcs, russes, israéliens et bien sûr français... On voit les plus grandes agences de renseignement et les meilleurs informaticiens se mobiliser. Car le cyberespace est un monde différent, où les alliés qui se comptent sur les doigts d'une main peuvent, en quelques frappes sur un clavier, se transformer en redoutables adversaires.
Une plongée inédite dans les entrailles d'une guerre mondiale, silencieuse, dangereuse, évidemment mortelle. -
Que s'est-il vraiment passé le 7 octobre 2023 ?
Un choc dans l'âme juive ou dans la conscience universelle ?
Un pogrom sans précédent depuis la Shoah ou un événement métaphysique ?
Était-ce un épisode, particulièrement atroce, de l'interminable conflit israélo-palestinien ou une étape dans la guerre mondiale menée contre les démocraties et leurs valeurs ?
Quel lien avec l'invasion de l'Ukraine ?
Quel sens donner, ici encore, à l'alliance de l'Iran, de la Turquie néo-ottomane, de la Russie impérialiste, de la Chine, de l'islamisme sunnite ?
La riposte de Tsahal fut-elle « proportionnée » ? et peut-on, sans trembler, comparer les victimes civiles de Gaza avec celles de Mossoul, capitale de Daech, libérée il y a huit ans ?
D'où vient que les mêmes, qui semblèrent indifférents aux centaines de milliers de morts du Darfour, de Syrie, du Yémen, se soient soudain crus requis par la « cause palestinienne » ?
Endiguera-t-on, et comment, la vague d'antisémitisme qui déferle sur le monde ?
Qu'avait en tête Michel Foucault quand il s'insurgeait, il y a un demi-siècle, comme Jean-Paul Sartre, contre l'infâme assimilation du sionisme à un racisme ?
Que veut dire Emmanuel Levinas quand il titre « Jeunesse d'Israël » l'une de ses plus belles Lectures Talmudiques ?
Et le Maharal de Prague énonçant que, contrairement aux royaumes et aux empires qui sont des « étendues », Israël est un « point » ?
La solitude d'Israël est-elle irrémédiable ?
Et quel temps a-t-il passé depuis l'époque, il y a vingt ans, où Benny Lévy, Alain Finkielkraut et l'auteur intitulaient ainsi la Conférence créant, à Jérusalem, l'Institut d'Etudes Lévinassiennes ?
Telles sont quelques-unes des questions posées dans cet essai de réflexion, de colère et de combat.
Avec, en toile de fond, une méditation sur le mystère de l'État Hébreu, une défense de son droit bafoué et un rappel de la part de l'humain qui, sans lui, ferait défaut. -
"Oui, Mitterrand manque. Et il me manque, pourquoi ne pas le dire? J'aimerai tant pouvoir échanger avec lui sur la situation actuelle. Dans des cadres conviviaux, on pouvait l'entretenir de tout. Les discussions n'étaient jamais à sens unique, il fallait souvent être sur le qui-vive et déployer une acuité mentale et intellectuelle. A chaque nouveau sujet, il vous obligeait à faire un pas de côté, à changer votre perspective et vous vous surpreniez alors à penser : «Tiens, je n'avais pas vu cela sous cet angle ». Il était aussi capable à partir d'un faisceau d'événements en apparence disparate de discerner, de relever des lignes de force. Mais dans l'exercice de ses fonctions, il n'y avait jamais place pour le relâchement. Jamais.
Beaucoup d'ouvrages lui ont été consacré et qui reprennent comme dans une farandole éditoriale jusqu'à l'étourdissement les termes « énigme », « masque », « florentin », « sphinx ».Je ne conteste pas le fait qu'il est difficile sinon impossible d'appréhender François Mitterrand dans sa globalité, dans le vain espoir d'en avoir une image complète pour mieux pouvoir l'assigner à résidence, l'étiqueter, le ranger dans un des tiroirs du grand magasin des curiosités historiques. D'abord parce que l'homme ne se prêtait guère à ce genre d'exercice, et c'est tant mieux. Ensuite parce que sa personnalité était extrêmement complexe, et c'est heureux.
C'est précisément cette complexité que j'ai eu le souci de respecter et de retranscrire ici. J'ai voulu dans cet ouvrage tendre des miroirs afin que se reflètent les différents facettes de François Mitterrand et montrer combien un homme - peut-être a plus forte raison un homme d'Etat - singulier parce que pluriel est plus proche de nous que ceux, lestés par le vide du vide, qui sont revenus de tout sans être allés nulle part. Pour lui, rien ne pouvait rivaliser avec l'expérience d'une vie et surtout pas les artifices de la communication.
Alors, oui, il me manque et ce livre est aussi un des moyens de renouer nos conversations autant que d'honorer cette promesse donnée un certain soir de juin, il y a presque vingt ans".
A.L.
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Comment s'emparer d'un Etat à l'ère de la modernité, et comment le défendre ? Voilà la question à laquelle Malaparte répond dans cet essai publié pour la première fois en 1931. La première édition a été française, chez Grasset, et le livre a été interdit dans toutes les dictatures du moment, pour n'être traduit en Italie qu'en 1948. Selon Malaparte, le temps des révolutions populaires est terminé. Nul besoin désormais de mobiliser un peuple afin de conquérir le pouvoir. Pour renverser un régime, il suffit d'une organisation technique et tactique, d'un nombre restreint d'individus capables de paralyser, pendant quelques heures, les administrations. Il illustre cette thèse en analysant le coup d'Etat bolchevique de 1917, la victoire du Polonais Pilsudski contre les Soviétiques en 1920, le putsch manqué de Kapp la même année à Berlin, et consacre un chapitre au 18 Brumaire de Bonaparte.
Loin d'être un traité sec et analytique, ce livre donne l'occasion à Malaparte de déployer son génie du portrait. Et voici un homme politique allemand qui n'exerce pas encore le pouvoir au moment où est publié le livre : hystérique, jaloux, peureux, tous traits de caractère qui ne pourront le mener qu'à une férocité impitoyable et sans limite. Ce politicien, c'est Hitler, et la description est prophétique.
Théorie impeccable, art du portrait et pénétration psychologique font de ce livre un classique. Et ce n'est pas parce que les réseaux sociaux sont arriver qu'il s'agit moins, à un moment donné, de prendre d'assaut un bâtiment symbolique du pouvoir... Tous ceux qui se rappellent le 6 janvier 2021 à Washington le savent.
Traduit de l'italien par Juliette Bertrand. -
Passeport diplomatique ; quarante ans au Quai d'Orsay
Gérard Araud
- Grasset
- 2 Octobre 2019
- 9782246821113
Après trente-sept ans passés au Quai d'Orsay à occuper les postes les plus prestigieux de la diplomatie française, Gérard Araud analyse ici la longue séquence historique dont il a été un acteur et un témoin privilégié :
« Ma carrière, commencée un an après l'élection de Ronald Reagan et conclue deux ans après celle de Donald Trump, s'est inscrite dans un moment particulier de l'histoire qu'à défaut d'un autre terme, j'appelle le « néo-libéralisme ». Fondé, en économie, sur la souveraineté du marché, sur la méfiance vis-à-vis de l'État et sur l'ouverture des frontières et, en politique étrangère, sur la conviction de la supériorité des valeurs de l'Occident. » Ses mémoires se lisent comme un essai, clair et érudit, confrontant les analyses pour expliquer l'effondrement d'un monde et comprendre celui qui vient. A la théorie s'ajoute un grand art du trait et du portrait. L'ambassadeur, à la manière d'un moraliste, incarne les anecdotes, conte incidents et situations cocasses, distille conseils aux jeunes diplomates et avis sur les ministres et les Présidents qu'il a servis.
Haut-fonctionnaire iconoclaste, connu pour son franc-parler, son humour fin et sans concession, Gérard Araud emmène le lecteur dans les coulisses de la diplomatie : il nous donne le sentiment, soudain, d'être au coeur de la machine, d'en comprendre les rouages et les complexités (le chapitre des négociations sur le nucléaire iranien, notamment, est particulièrement passionnant).
Un ouvrage incontournable pour ceux qui veulent comprendre comment se fait la politique de notre pays sur la scène internationale. -
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Le Salon vert : À l'Elysée, au coeur du pouvoir
Marie-Béatrice Baudet, David Gaillardon
- Grasset
- Document Grasset
- 22 Mai 2024
- 9782246831587
Situé au premier étage de l'Elysée juste à côté du bureau du Président de la République, le Salon vert est l'antichambre du pouvoir. C'est dans cette pièce que, tour à tour, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, François Hollande et Emmanuel Macron, entourés de leurs proches conseillers, ont décidé du futur économique, social et international de la France. Beaucoup d'arbitrages y ont été rendus : âge du départ à la retraite, vente de notre fleuron industriel Alstom, engagement des troupes françaises au Sahel, réplique aux attentats terroristes... La vie privée hante aussi ces lieux, où deux présidents se sont mariés et la dépouille d'un autre a été exposée.
Dans ce magnifique bureau inconnu du grand public, l'Histoire s'écrit au quotidien. Tout y est signe, à commencer par la couleur verte de ses boiseries Louis XV qui évoque à la fois l'espérance, l'argent et l'autorité. Chaque objet dit aussi quelque chose de ce lieu stratégique: ainsi de la pendule placée sur la cheminée ou de la nouvelle table de réunion trônant au centre du décor.
Mêlant recherches historiques et confidences de responsables politiques et de haut-fonctionnaires, Marie-Béatrice Baudet et David Gaillardon nous font pénétrer dans les coulisses de ce foyer de la République. Les murs du Salon vert nous livrent leurs secrets. -
« Qui suis-je ? Un homme de déchirures, arraché encore enfant à son Maroc natal, jeté dans la fournaise idéologique, bousculé par la lutte des classes, enfiévré par le rêve révolutionnaire, embrasé par la conquête politique, subjugué par François Mitterrand, trahi, brocardé, méprisé, marginalisé par le Parti socialiste. Qui suis-je ? Un insoumis, le bruit et la fureur, l'espoir d'un peuple qui veut renverser le système et y parviendra. Quoi qu'il en coûte. »
Septembre 2026. À 20h, ce dimanche-là, Jean-Luc Mélenchon doit annoncer s'il est ou non candidat à la présidentielle 2027. Une quatrième et ultime tentative. Réfugié dans sa maison de campagne du Gâtinais, comme sur une scène, il raconte, il se raconte. Sa vie, ses combats, ses blessures. Sa jeunesse. Mitterrand, adulé. Le Parti socialiste, abandonné. Les élites, détestées. Mais aussi la France, le peuple, les idéaux, le désir de révolution, les mots, la justice, la violence.
Moi, Jean-Luc M., c'est l'épopée d'un homme à travers cinquante ans de luttes. C'est l'ascension d'un tribun que n'effraie plus aucune surenchère : haï, adoré, mais un homme comme on en voit peu. C'est aussi la transformation politique d'un militant qui se radicalise. Le gladiateur va disputer son dernier combat...
« Depuis trente ans, j'ai vu Jean-Luc Mélenchon changer de stature, mais aussi de valeurs, je l'ai vu grandir et se perdre, prôner puis pourfendre le socialisme gestionnaire, adorer puis trahir la République laïque. Je l'ai vu passer de la générosité à la férocité, de l'humanisme au fanatisme, du charisme au clanisme... »C.B -
La passion du mal
Jean-luc Ployé, Mathieu Livoreil
- Grasset
- Document Grasset
- 28 Septembre 2022
- 9782246826774
Souvent, les journées de Jean-Luc Ployé commencent dans une petite salle sombre d'une prison de haute sécurité. Par réflexe, il passe la main sous la table pour vérifier la présence d'une alarme, et s'assure qu'un gardien armé reste à proximité. Face à lui viennent s'asseoir Alain Penin, violeur multirécidiviste massacrant celle qui lui résiste à coups de tournevis, ou encore Jacques Rançon, criminel sexuel qui découpe les parties génitales de ses victimes. Des heures durant, parfois toute la journée, il les questionne sur leurs crimes, leur vie personnelle et familiale, leurs fantasmes, et leur fait passer des tests de personnalité. Il y a aussi, chaque jour, des victimes, jeune fille agressée par son père, femme violée, enfant perdu. Dans la vie solitaire de l'expert se succèdent les trajets en voiture entre les commissariats et tribunaux de France ; les repas seul au restaurant, l'estomac noué ; les combats pour trouver le sommeil.
Qu'est-ce qui pousse un homme à se confronter chaque jour à la violence que produit notre société, en accueillant les récits de la plus implacable cruauté et ceux d'une souffrance absolue ? Comment rentre-t-on chez soi après avoir passé huit heures à échanger avec Michel Fourniret ou Francis Heaulme ? Peut-on être un père tranquille et un compagnon tendre quand on rencontre à la chaîne des victimes traumatisées ? Expert psychologue près la Cour de Cassation, Jean-Luc Ployé, du haut de ses 1 000 procès d'assises et 15 000 expertises, renverse l'analyse dans un document exceptionnel.
Expert de sa propre histoire, enquêteur de toutes les psychés, l'auteur livre ainsi le récit de son enfance invisible dans une famille très nombreuse. Atteint de bégaiement, moqué par ses parents et voisins, il deviendra l'un des plus grands experts de France, dévoué à sa carrière au point de délaisser ses enfants et ses compagnes. Car La Passion du mal, entre regard, bienveillance, voyeurisme et réparation, le consume tout entier : il lui faut sonder les profondeurs de l'âme humaine, comprendre et dire pour que justice se fasse, dans une société dévorée par la violence et en quête de douceur. -
La parabole des aveugles : Marine Le Pen aux portes de l'Elysée
Aquilino Morelle
- Grasset
- Essais Grasset
- 8 Novembre 2023
- 9782246834212
Déjà deux fois finaliste de la présidentielle, en 2017 et 2022, devenue la candidate des classes populaires, du monde du travail, des chômeurs aussi, débarrassée de son père et du fatras antisémite et xénophobe qui était le sien, progressant dans toutes les catégories sociales et dans tous les territoires, Marine Le Pen est désormais considérée comme la favorite pour les élections présidentielles de 2027.
Comment en est-on arrivé là?
Analyser de manière précise et sur le long terme les étapes de la propagation du vote FN/RN en France, comprendre qui furent les vrais responsables de cette situation inédite, avant d'envisager la voie -étroite- à emprunter pour barrer le chemin de Marine Le Pen vers l'Élysée : telle est l'ambition de ce livre.
Il reste un peu plus de 40 mois avant la prochaine présidentielle: c'est peu -peut-être trop peu. C'est assez, si l'on accepte de regarder la réalité en face et de ne plus se payer de mots, ainsi que nous y invite ici Aquilino Morelle. -
Les loups aiment la brume : enquête sur les opérations clandestines de la Turquie en Europe
Laure Marchand, Guillaume Perrier
- Grasset
- 14 Septembre 2022
- 9782246827696
Depuis l'échec des négociations d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne, Ankara et Bruxelles entretiennent des relations plus qu'ambiguës. Alternant crises diplomatiques et collaborations géopolitiques, ce sont deux visions du monde qui se jaugent et se toisent. Mais c'est à l'ombre de la scène médiatique, dans l'activisme souterrain de la Turquie et de ses cellules clandestines, que la vraie menace rôde. Comme le dit un proverbe turc, « les loups aiment la brume », et quand celle-ci se lève, elle laisse derrière elle, et chez nous, bien des énigmes et des cadavres...
C'est pour percer l'opacité qui entoure ces agents de l'ombre et les activités des services de renseignement turcs - le redouté MIT - que les auteurs ont mené l'enquête. En Sicile. En Allemagne. En Suisse. En France, bien sûr, à Paris ou en province...
Dans ce livre puissant, Laure Marchand et Guillaume Perrier ont remonté la piste des agents d'Erdogan. Le territoire européen dans son ensemble apparaît comme un terrain d'action privilégié et violent du président Erdogan. Le « Reis » peut compter sur ses militants, des réseaux islamistes et ultranationalistes, les « Loups gris » et des groupes politico-criminels prêts à monter au front pour défendre la mère-patrie. Mais avec la déliquescence du pouvoir turc et la crise de succession qui s'annonce, les loups s'entre-dévorent. Ce qui les rend encore plus dangereux pour les démocraties européennes... -
« Le Royaume-Uni des années 1980. Les années Thatcher. Elles sortent toutes de là, les voix qui courent dans ce livre, elles plongent au creux de plaies toujours béantes, tissent un récit social, la chronique d'un pays, mais plus que cela, elles laissent voir le commencement de l'époque dans laquelle nous vivons et dont nous ne savons plus comment sortir.
C'est l'histoire d'un spasme idéologique, doublé d'une poussée technologique qui a bouleversé les vies. Ici s'achève ce que l'Occident avait tenté de créer pour panser les plaies de deux guerres mondiales. Ici commence aujourd'hui : les SOS des hôpitaux. La police devenu force paramilitaire. L'information tombée aux mains de magnats multimilliardaires. La suspicion sur la dépense publique quand l'individu est poussé à s'endetter jusqu'à rendre gorge. La stigmatisation de populations entières devenues ennemis de l'intérieur.
Londres. Birmingham. Sheffield, Barnsley. Liverpool. Belfast. Ancien ministre. Leader d'opposition. Conseiller politique. Journaliste. Ecrivain. Mineur. Activistes irlandais. Voici des paroles souvent brutes qui s'enchâssent, s'opposent et se croisent. Comment ne pas entendre ces quelques mots simples venus aux lèvres de l'ancien mineur Chris Kitchen comme de l'écrivain David Lodge : une société moins humaine était en gestation ?
Comment ne pas constater que le capitalisme qui prétendait alors incarner le monde libre face au bloc soviétique en plein délitement, est aujourd'hui en train de tuer la démocratie ?
Quand la mémoire prend forme, il est peut-être trop tard, mais il est toujours temps de comprendre. »J.P. -
Une histoire mondiale du communisme Tome 3 ; les complices
Thierry Wolton
- Grasset
- 20 Septembre 2017
- 9782246811497
Après Les Bourreaux (tome 1, le communisme d'en haut, du côté du pouvoir) et Les Victimes (tome 2, le communisme d'en bas, du côté de la société), Thierry Wolton achève sa monumentale trilogie « Une histoire mondiale du communisme » par ce dernier volume : Les Complices (le communisme dans les têtes).
L'auteur s'attache, dans ce volet de son essai d'investigation historique, à tous ceux qui ont permis au communisme de prospérer avec un tel succès dans l'espace et avec une telle longévité dans le temps.
Les dizaines de PC dans le monde avec leurs millions d'adhérents ; l'aveuglement idéologique de la quasi-totalité des intellectuels de l'époque ; la complaisance de la plupart des responsables politiques occidentaux à l'égard des régimes marxistes-léninistes ; l'aide apportée par les capitalistes cupides aux économies socialistes : autant de visages et de formes de complicité.
A l'heure du bilan, maintenant qu'il est établi que l'espoir s'est mué en tragédie, les responsabilités apparaissent multiples et planétaires, ce qui rend ce passé si douloureux et la volonté de l'oublier impérieuse. Regarder ces vérités en face, sans honte mais sans concession, est pourtant une nécessité si l'on veut comprendre notre époque, héritage direct de ce siècle communiste achevé.
Fidèle à sa méthode, Thierry Wolton brosse ici un grand récit ponctué de témoignages, d'anecdotes, d'analyses qui viennent compléter sa réflexion. Il montre aussi combien cette aventure humaine a façonné le visage de notre nouveau siècle, faisant de cette Histoire mondiale du communisme un livre au présent.
Sa trilogie, saluée par la critique et les plus grands spécialistes, fait déjà date dans l'historiographie du communisme et a été couronnée par le prix Jan Michalski. Le tome 3 est aussi le lauréat du Prix Aujourd'hui 2018. -
Histoires diplomatiques : leçons d'hier pour le monde d'aujourd'hui
Gérard Araud
- Grasset
- Document Grasset
- 7 Septembre 2022
- 9782246827382
L'invasion de l'Ukraine par la Russie a bouleversé les Européens qui assistent médusés au retour de la guerre interétatique sur leur continent. En effet, depuis 1945, les Européens de l'ouest sont sortis de l'Histoire grâce aux Etats-Unis. Poutine, qui se comporte comme les Etats l'ont fait pendant des siècles, leur prouve qu'ils doivent aujourd'hui se réhabituer à vivre une tragédie et non un drame bourgeois. Le ''moment occidental'' arrive à son terme, et l'on voit apparaître un monde de grandes puissances qui ont à définir un équilibre fondé sur les rapports de force, similaire à celui que connaissait l'Europe jusqu'en 1914. Or, les Etats appelés à coexister aujourd'hui n'ont ni langage ni tradition ni vision du monde en commun... Tout est donc à réinventer.
Gérard Araud propose ici de nourrir le réarmement intellectuel de l'opinion publique française à partir d'exemples tirés de son histoire pour mettre en lumière toute la gamme des obstacles inhérents aux relations internationales. Il nous livre un véritable manuel de diplomatie avec, à chaque fois, un rappel historique des faits, mais aussi l'explication des choix diplomatiques et leurs conséquences.
Ce livre, audacieux dans sa forme, dresse des parallèles entre histoire et actualité :
La guerre de succession d'Espagne et le conflit israélo-palestinien lui permettent d'interroger la meilleure manière de terminer une guerre.
La paix d'Amiens de 1803 et le Brexit illustrent l'art de conclure des traités.
Le Congrès de Vienne éclaire la distinction entre politique étrangère et diplomatie.
La dépêche d'Ems de 1870 interroge la pression des opinions publiques indignées à l'heure des réseaux sociaux.
L'Entente cordiale évoque l'idée d'équilibre des puissances incarnée aujourd'hui par les Etats-Unis.
La Première Guerre mondiale montre comment les alliances comme l'OTAN peuvent dévier de leurs causes initiales.
Le Traité de Versailles permet de comprendre que la « question allemande » est aussi une « question française ».
Le désastre de mai 1940 se pose comme matrice de la relation de la France aux Etats-Unis.
L'expédition de Suez de 1956, leçon sur la militarisation d'une politique étrangère, informe l'engagement de la France au Mali.
Enfin, le refus français l'invasion de l'Irak en 2003 démontre que la stature d'un pays ne se résume pas à son PIB ou sa force de frappe.
Cet essai brillant, manifeste du réalisme en politique étrangère, se dévore comme un livre d'histoire.