Pourquoi la démocratie libérale est-elle en crise ? Sommes-nous à l'aube d'une nouvelle guerre mondiale ? Que faire devant l'épidémie de « fake news » ? Quelle civilisation domine le monde : l'Occident, la Chine ou l'Islam ? Que pouvons-nous faire face au terrorisme ? Que devons-nous enseigner à nos enfants ?Avec l'intelligence, la perspicacité et la clarté qui ont fait le succès mondial de Sapiens et Homo deus, Yuval Noah Harari décrypte le XXIe siècle sous tous ses aspects - politique, social, technologique, environnemental, religieux, existentiel... Un siècle de mutations dont nous sommes les acteurs et auquel nous pouvons encore redonner sens par notre engagement. Car si le futur de l'humanité se décide sans nous, nos enfants n'échapperont pas aux conséquences.De l'immigration à l'intelligence artificielle, du climat aux religions, Yuval Noah Harari dresse un portrait lumineux de notre époque. Le Point.Un ouvrage magistral. Libération.Traduit de l'anglais par Pierre-Emmanuel Dauzat.
L'homo Sapiens sera la vedette de la rentrée littéraire puisqu'il s'est imposé par sa capacité à fictionner, donc à créer des récits mythologiques, des dieux, des lois, du réseau.
Il y a 100 000 ans, la Terre était habitée par au moins six espèces différentes d'hominidés. Une seule a survécu. Nous, les Homo Sapiens.
Comment notre espèce a-t-elle réussi à dominer la planète ?
Pourquoi nos ancêtres ont-ils uni leurs forces pour créer villes et royaumes ? Comment en sommes-nous arrivés à créer les concepts de religion, de nation, de droits de l'homme ? À dépendre de l'argent, des livres et des lois ? À devenir esclaves de la bureaucratie, des horaires, de la consommation de masse ? Et à quoi ressemblera notre monde dans le millénaire à venir ?
Véritable phénomène d'édition, traduit dans une trentaine de langues, Sapiens est un livre audacieux, érudit et provocateur.
Professeur d'Histoire à l'Université hébraïque de Jérusalem, Yuval Noah Harari mêle l'Histoire à la Science pour remettre en cause tout ce que nous pensions savoir sur l'humanité : nos pensées, nos actes, notre héritage. et notre futur.
« Sapiens s'est rapidement imposé partout dans le monde, parce qu'il aborde les plus grandes questions de l'histoire moderne dans une langue limpide et précise.» Jared Diamond, prix Pulitzer, auteur d'Effondrement.
Dans ce deuxième volet de la trilogie qu'il consacre à l'Homo faber, Richard Sennett se fait tour à tour historien, sociologue, philosophe ou anthropologue pour étudier cet atout social particulier qu'est la coopération, soit les liens entre les individus. «La coopération, nous dit-il, c'est agir avec quelqu'un qu'on ne connaît pas, avec lequel il y a des dissonances, des frictions, mais avec lequel on peut néanmoins faire des choses; c'est un moyen d'interaction qui existe en dépit de la solidarité; c'est multiplier des liens sociaux, plus informels et plus libres.»De la coordination des tâches dans l'atelier de l'imprimeur aux répétitions d'un orchestre, Richard Sennett nous fait découvrir de nombreuses expériences de communauté et d'actions collectives qui proposent une vision critique des sociétés capitalistes contemporaines et des pistes de réflexion pour en améliorer le fonctionnement.La richesse des références, l'originalité des points de vue, la liberté du style font d'Ensemble un livre singulier et engagé.Et si, pour aller mieux, il suffisait d'accepter que nous sommes dépendants les uns des autres ?Richard Sennett est une des figures les plus originales de la critique sociale aujourd'hui. On lira de lui aux Éditions Albin Michel, Le Travail sans qualité, Respect, La Culture du nouveau capitalisme, Ce que sait la main et Bâtir et Habiter.
Qu'est-ce que penser ? Qu'est-ce que la pensée ? Ce que nous évoquons habituellement comme notre chance, cette capacité incomparable qui nous distingue des animaux, George Steiner en interroge les effets sur nos vies et tente de comprendre quelques-unes des raisons qui ancrent nécessairement la tristesse dans le processus de la pensée : doute et frustration, brièveté de l'extrême concentration intellectuelle, rareté de l'invention, énigme de la nature, présence ou absence de Dieu, etc.En explorant ce en quoi, par quoi la pensée peut nous laisser déçus, sombres ou désemparés, George Steiner déploie magistralement toute son étendue et révèle ce qu'elle est, profondément.Critique littéraire hors pair, théoricien de la traduction à laquelle il a consacré l'un de ses chefs-d'oeuvre Après Babel (Albin Michel), comparatiste inégalé des littératures française, allemande et anglo-saxonne, George Steiner (1929-2020) a passé sa vie à mieux nous faire comprendre les grands textes qui, de Sophocle à Kafka, constituent notre culture - pour nous faire sentir sa richesse, mais aussi ses fragilités devant certains périls.
« Yuval Noah Harari nous projette dans le futur avec Homo Deus. Vertige assuré. » L'ObsQue deviendront nos démocraties quand Google et Facebook connaîtront nos goûts et nos préférences politiques mieux que nous-mêmes ? Qu'adviendra-t-il de l'Etat providence lorsque nous, les humains, serons évincés du marché de l'emploi par des ordinateurs plus performants ? Quelle utilisation certaines religions feront-elles de la manipulation génétique ?
Homo Deus nous dévoile ce que sera le monde d'aujourd'hui lorsque, à nos mythes collectifs tels que les dieux, l'argent, l'égalité et la liberté, s'allieront de nouvelles technologies démiurgiques. Et que les algorithmes, de plus en plus intelligents, pourront se passer de notre pouvoir de décision. Car, tandis que l'Homo Sapiens devient un Homo Deus, nous nous forgeons un nouveau destin.
Best-seller international - plus de 200 000 exemplaires vendus en France, traduit dans près de 40 langues - Sapiens interrogeait l'histoire de l'humanité, de l'âge de la pierre à l'ère de la Silicon Valley. Homo deus offre un aperçu vertigineux des rêves et des cauchemars qui façonneront le XXIe siècle.
Pour Richard Sennett, l'artisanat désigne la tendance foncière de tout homme à soigner son travail et implique une lente acquisition de talents, où l'essentiel est de se concentrer sur sa tâche plutôt que sur soi-même. Des tailleurs de pierre de la Rome antique aux orfèvres de la Renaissance, des presses du Paris des Lumières aux fabriques du Londres industriel, l'artisan a toujours été un concepteur, et pas uniquement un exécutant. Étudiant les artisans modernes comme les développeurs de logiciels Open Source, notamment les spécialistes de Linux, le sociologue et historien montre qu'il existe une continuité entre la conception et la réalisation. Par là, il abolit les frontières entre la tête et la main, la pratique et la théorie, l'artisan et l'artiste, et prouve brillamment que « faire, c'est penser ».Face au bouleversement actuel des formes de travail, l'artisan apparaît comme source et moteur d'une société où primeraient l'intérêt général et la coopération.Ses essais, couronnés de multiples prix internationaux, ont imposé Richard Sennett comme une des figures les plus originales de la critique sociale. Ce que sait la main est le premier volet d'une trilogie consacrée à la « culture matérielle » parue, avec Ensemble (2014) et Bâtir et Habiter (2019), aux éditions Albin Michel.
«Voici l'histoire d'un meurtre politique de masse.» C'est par ces mots que Timothy Snyder entame le récit de la catastrophe au cours de laquelle, entre 1933 et 1945, 14 millions de civils, principalement des femmes, des enfants et des vieillards, ont été tués par l'Allemagne nazie et l'Union soviétique stalinienne. Tous l'ont été dans un même territoire, que l'auteur appelle les «terres de sang» et qui s'étend de la Pologne centrale à la Russie occidentale en passant par l'Ukraine, la Biélorussie et les pays Baltes. Plus de la moitié d'entre eux sont morts de faim, du fait de deux des plus grands massacres de l'histoire:les famines préméditées par Staline, principalement en Ukraine, au début des années 1930, qui ont fait plus de 4 millions de morts, et l'affamement par Hitler de quelque 3 millions et demi de prisonniers de guerre soviétiques, au début des années 1940. Ils ont précédé l'Holocauste et, selon Timothy Snyder, aident à le comprendre. Timothy Snyder en offre pour la première fois une synthèse si puissante qu'un nouveau chapitre de l'histoire de l'Europe paraît s'ouvrir avec lui.
Eric Hobsbawm corrige les amnésies nées de la chute du mur de Berlin. Refusant la vision désespérée d'un XXe siècle réduit à une succession de guerres et de massacres, l'historien rappelle les grandes avancées de l'humanité : non seulement la chute des empires coloniaux, mais aussi les conquêtes sociales issues des luttes ouvrières, ainsi que l'élargissement des droits politiques - dont l'avancée sans précédent de l'émancipation des femmes -, et bien sûr les révolutions dans les domaines des sciences, des techniques et des arts. Synthèse sans équivalent, ce livre s'oppose au pessimisme de la fin de l'histoire et maintient ouvertes les perspectives de changement des rapports sociaux.
Cette réédition s'ouvre sur une préface de Serge Halimi : la question révolutionnaire a-t-elle ou n'a-t-elle pas disparu de l'histoire ? Elle inclut également un dossier de presse sur la difficile réception de l'ouvrage en France - notamment du fait des réticences des éditions Gallimard - et une postface synthétique de Nicolas Chevassus-au-Louis sur ce même aspect.
Née en 1930 au fin fond de l'Irlande, Edna O'Brien publie son premier roman en 1960. Les Filles de la campagne fait scandale et est interdit en Irlande pour cause d'obscénité. Mais c'était compter sans l'opiniâtreté de la jeune femme qui décide qu'elle sera avant tout mère et écrivain et que rien, jamais, ne l'éloignera de sa table de travail. C'est avec naturel, tendresse et lucidité que, cinquante et quelques années plus tard, l'auteur de Crépuscule irlandais , cette femme libre, cette créatrice farouchement attachée à son indépendance, raconte ses réussites et ses échecs, ses joies et ses chagrins, ses rencontres, ses combats. Un événement littéraire.Seule Colette avait ainsi réfléchi à l'ardeur de la femme indépendante dans sa vie de femme et d'écrivain. Philip Roth.De l'ombre à la lumière, ces confessions sont un magnifique hommage à la liberté. Et les clefs d'une oeuvre ô combien sulfureuse. André Clavel, L'Express.
Michen est de retour au pays. Celui qui, à dix ans, a volé un fusil, sème la terreur sur son passage. Il rackette, menace, insulte la population, bien trop effrayée par de possibles représailles pour le dénoncer. Enfermé dans sa solitude depuis la mort de sa mère, il ne répond qu'aux voix qui résonnent dans sa tête.
Eily, nouvelle venue au village, vient de s'installer avec son fils de quatre ans dans une maison abandonnée au milieu des champs. Sa beauté lumineuse et sa liberté fascinent, en même temps qu'elles suscitent la méfiance. Quand elle disparaît avec l'enfant, on croit d'abord à une fugue...
S'inspirant d'un fait divers qui bouleversa un petit village du comté de Clare en 1994, Edna O'Brien nous entraîne au plus près du délire psychotique d'un meurtrier, alternant de manière troublante les points de vue, celui du protagoniste, ceux de l'entourage et ceux de ses victimes, dans un saisissant roman polyphonique, où l'effroi le dispute à la compassion.Edna O'Brien ne finit pas de narrer la beauté et la sauvagerie de cette terre où elle est née. Christine Ferniot, Télérama.Traduit de l'anglais (Irlande) par Pierre-Emmanuel Dauzat.
Adam Godley, un brillant mathématicien, repose dans sa chambre, au seuil de la mort. À ses côtés se trouvent sa seconde épouse, ses deux enfants, ainsi que la femme de son fils, Helen, une comédienne à la beauté troublante.
En un jour, en un lieu, ce monde mortel et imparfait va recevoir la visite des dieux de l'Olympe, des dieux à l'esprit facétieux, qui vont se plaire à prendre la place des humains pour satisfaire leurs désirs illicites. Hermès, le fils de Zeus, narrateur espiègle de cette tragicomédie qui ressemble à un songe, se prêtera lui-même à ce jeu, tandis qu'Adam revivra dans son esprit le souvenir de ses années passées.
Dans ce récit étincelant où réel et merveilleux se côtoient, John Banville interroge, avec humour et gravité, le sens de notre existence, son mystère et sa beauté.
Le déclin des systèmes religieux institutionnalisés a laissé un grand vide moral et affectif au sein de la culture occidentale. Après la décomposition du christianisme et de sa théologie, Steiner examine les mythologies de substitution offertes par le programme philosophico-politique de Marx, la psychanalyse freudienne et l'anthropologie structurale de Lévi-Strauss. S'intéressant à leur dimension rédemptrice ou apocalyptique, il s'interroge également sur les racines juives de ces trois grands mouvements prophétiques qui ont pris la relève d'un christianisme qui avait voulu supplanter l'héritage du judaïsme. À côté de ces sommets de l'intelligence spéculative, il examine ensuite la vogue des « petits hommes verts », mais aussi des sciences occultes ou de l'astrologie, sans oublier les cultes orientaux : autant de tentatives incapables à ses yeux d'apporter une réponse à la « crise du sens » qui frappe l'homme moderne.
Si Marx fascine tant les philosophes, c´est peut-être parce qu´il a si vigoureusement dénoncé l´illusion de « la philosophie », le « discours de la mauvaise abstraction », toujours idéaliste même sous des dehors matérialistes, et toujours stérile malgré sa grandiloquence.
Pourtant, à n´en pas douter, comme le montrent les cent textes rassemblés dans cette anthologie - pris dans les oeuvres de jeunesse et surtout dans Le Capital et ses brouillons -, l´oeuvre de Marx est d´une éclatante richesse philosophique. L´introduction de Lucien Sève revisite le corpus marxien et expose pour la première fois avec précision le réseau catégoriel d´ensemble qui constitue le fond de la « Logique du Capital » : essence, abstraction, universalité, objectivité, matière, forme, rapport, contradiction dialectique, histoire, liberté...
Outre l´introduction et les notes qui accompagnent chacun de ces textes, un index des concepts philosophiques détaillé contribue à faire de ce volume un précieux instrument de travail et de culture.
Cent textes choisis, traduits et présentés par Lucien Sève.
LeS LIVRES INDISPENSABLES nous accablent avec plus de force encore que la mort de l'aimé. Ce qu'ils ont en commun, ce qui rattache les rares exemples profanes au canonique, c'est bel et bien leur statut de textes sacrés, de convocation et d'assignation à l'humanité. Ils nous appellent et nous mobilisent. le premier coup sur le crâne nous oblige à garder les yeux ouverts. » L'Iliade et l'Odyssée, la Bible, Péguy, Kafka, Husserl, Kierkegaard... George Steiner nous donne à lire ici quelques-uns de ces textes indispensables où notre culture contemporaine croise la tradition. C'est notre patrimoine qu'il nous transmet par ces lectures. Peutêtre pour faire de nous de véritables héritiers.
« Comment Hitler a-t-il été possible ? Comment un désaxé aussi bizarre a-t-il pu prendre le pouvoir en Allemagne, pays moderne, complexe, développé et culturellement avancé ? Comment a-t-il pu, à partir de 1933, s'imposer à des cercles habitués à diriger, bien éloignés des brutes nazies ? Comment a-t-il réussi à entraîner l'Allemagne dans le pari catastrophique visant à établir la domination de son pays en Europe, avec, en son coeur, un programme génocidaire terrible et sans précédent ? La réponse à ces questions, je ne l'ai trouvée qu'en partie dans la personnalité de l'étrange individu qui présida aux destinées de l'Allemagne au cours de douze longues années. Hitler, ceux qui l'admiraient comme ceux qui le dénigraient en convenaient, était une personnalité extraordinaire. Il avait de grands talents de démagogue ainsi qu'un oeil sûr, qui lui permettaient d'exploiter impeccablement la faiblesse de ses adversaires. On peut l'affirmer avec certitude : sans Hitler, l'histoire eût été différente. Cela donne à penser que la clé de l'énigme est à chercher moins dans la personnalité de Hitler que dans les changements vécus par la société allemande elle-même, traumatisée par une guerre perdue, l'instabilité politique, la misère économique et une crise culturelle. À toute autre époque, Hitler serait certainement resté un néant. »
Qu'est-ce qu'une nation, et qu'est-ce que le sentiment national qui fait que des individus s'identifient corps et âme à d'autres individus qu'ils ne connaissent pas et ne connaîtront jamais ? Dans cet ouvrage désormais classique, Benedict Anderson montre que l'adhésion à l'idée de souveraineté nationale n'a rien de naturel. Il analyse ainsi les facteurs historiques dont la conjonction - comme celle de l'émergence du capitalisme marchand et de l'invention de l'imprimerie - a permis la naissance de ces singulières « communautés imaginées » que sont les nations. Convoquant une riche gamme d'exemples, du Brésil à la Thaïlande en passant par l'Europe centrale et l'Amérique latine, l'auteur étudie l'interaction complexe entre la logique populiste et démocratique du nationalisme et les stratégies des régimes impériaux et dynastiques à la fin du XIXe siècle. Écrit dans un style élégant teinté d'une ironie typiquement britannique, l'ouvrage d'Anderson - traduit dans toutes les grandes langues européennes - offre à la fois le plaisir d'un certain raffinement intellectuel et l'utilité d'une introduction originale à un thème trop souvent traité de façon superficielle.
Mêlant magistralement la grande et la petite histoire, Orlando Figes tisse sous nos yeux la trame de la fresque tragique du peuple soviétique sous Staline. Ce sont les Chuchoteurs, les victimes, toutes les victimes, qui prennent ici la parole, aussi bien celles qui ont succombé par millions que celles qui ont survécu en s'efforçant d'intérioriser les valeurs et les idéaux soviétiques, seul moyen de faire taire les doutes et les peurs. Salué dès sa parution comme un chef-d'oeuvre alliant rigueur savante et souffle littéraire, Les Chuchoteurs nous invite à pénétrer, en suivant une mosaïque d'histoires personnelles, dans la vie et l'esprit des Soviétiques sous le stalinisme.
Mussolini et le parti fasciste conquirent le pouvoir le 28 octobre 1922. Depuis lors, les historiens n'ont cessé de disputer de questions concernant la nature du fascisme et son sens dans l'histoire contemporaine : fut-il un mouvement autonome ou l'instrument d'autres forces ? Eut-il une idéologie et une culture ? Fut-il moderne ou antimoderne, révolutionnaire ou réactionnaire, autoritaire ou totalitaire ? Fut-il spécifiquement italien ou international ? Faut-il parler de «fascisme», c'est-à-dire d'un phénomène unique avec de nombreuses variantes, telles les branches d'un même arbre, ou au contraire de «fascismes», comme autant d'arbres différents partageant des caractéristiques communes ?
À partir d'une réflexion - articulée notamment autour de l'idéologie, de l'économie, de la culture de l'«homme nouveau», du rôle du parti, de l'État et du mythe de Mussolini, ou bien encore de la religion politique -, Emilio Gentile, spécialiste mondialement reconnu du fascisme, cette «voie italienne du totalitarisme», retrace ici les faits et interprétations indissolublement constitutifs d'un phénomène international tel qu'il a été historiquement : politique, moderne, nationaliste, révolutionnaire, totalitaire, raciste et impérialiste, décidé à détruire la civilisation démocratique et libérale et se posant en alternative radicale aux principes de liberté et d'égalité réalisés par la révolution des droits de l'homme et du citoyen.
Après l'attentat manqué contre Hitler, le 20 juillet 1944, l'Allemagne sombre dans la folie meurtrière et la destruction. C'est un pays tout entier qui se transforme en immense charnier. Les morts - civils tués sous les bombardements alliés, rescapés des camps victimes des « marches de la mort », soldats sacrifiés dans des batailles perdues d'avance. - se comptent par milliers. Pourtant, le régime tient. La Wehrmacht continue d'envoyer des soldats combattre sur le front jusqu'à la capitulation du 8 mai 1945.
Pourquoi la guerre a-t-elle duré si longtemps ? Comment expliquer l'incroyable résistance du régime nazi au milieu des décombres ? C'est pour répondre à cette énigme que le grand historien britannique Ian Kershaw a entrepris ce vaste récit des derniers mois de la Seconde Guerre mondiale.
L'obstination fanatique du Führer, l'emprise du parti nazi sur la population, la peur viscérale de l'armée Rouge, mais aussi les choix stratégiques et militaires des Alliés sont quelques-unes des hypothèses explorées dans ce livre, qui est aussi une réflexion brillante sur les rouages du régime nazi au moment de son agonie.
Traduit de l'anglais par Pierre-Emmanuel Dauzat.
Qu'est-ce qui habilite un homme ou une femme à «enseigner» à un autre être humain, où réside la source de l'autorité ?L'enseignement authentique est le dévoilement d'un Logos révélé, diront les uns : c'est le modèle du maître qui enseigne la Torah, explique le Coran ou commente le Nouveau Testament. Au contraire, argueront d'autres, l'enseignement passe par la seule vertu de l'exemple : Socrate et les saints enseignent en existant. L'enseignement est un rapport de force, une forme de violence, protesteront les troisièmes : le maître possède un pouvoir psychologique, social et physique dont Ionesco fait la satire dans La Leçon.C'est compter sans les refus d'enseigner, faute de destinataire jugé par le maître digne de son héritage. Les exemples abondent dans l'histoire de la tradition alchimique et kabbalistique, ou bien de la philosophie. Puis il y a les pertes, les disparitions par accident, voire les auto-illusions - Fermat avait-il résolu son propre théorème ? Que sont devenus les textes d'Aristote sur la comédie, les recettes de fabrication de certains pigments de Van Eyck, les manières de jouer des triples points d'orgue que Paganini refusait d'enseigner ?La seule réponse qui vaille n'est-elle pas la question de savoir s'il existe quelque chose à transmettre, sinon un premier éveil, une aurore de l'intelligence ?
La littérature consacrée au génocide des Juifs dans l'Allemagne nazie est abondante. Pourtant aucun historien ne s'était jusqu'alors attelé à une analyse de cette ampleur mêlant le point de vue des bourreaux et celui des victimes. C'est le premier tour de force que réalise Saul Friedländer. Fondé sur de nombreuses archives inédites, nourri de voix innombrables (journaux intimes, lettres, mémoires), ce second volume de L'Allemagne nazie et les Juifs est magistral : implacablement et sobrement, il déroule l'effroyable scénario qui mène à la « solution finale » et à sa mise en oeuvre. Complicité des autorités locales, soutien actif des forces de police, passivité des populations et notamment des élites, mais aussi promptitude des victimes à se soumettre aux ordres dans l'espoir d'améliorer leur sort : c'est cette histoire d'une extrême complexité qui est ici racontée avec une maîtrise rare.
Dès la fin de la guerre civile, les bolcheviks victorieux s'attellent à la réalisation de leur utopie : l'avènement du communisme par l'abolition de la propriété privée et la construction d'un homme nouveau. Dès le départ, ce projet insensé repose sur la négation de ce qu'il y a de plus humain chez l'homme : son intimité. En effet, comment la vie privée est-elle tout simplement possible dans des appartements communautaires où chacun se sait surveillé et épié ? Comment des émotions et des sentiments peuvent-ils garder la moindre force dans un néant moral comme celui qui caractérise la société soviétique, bâtie sur le mensonge et la soumission ? Comment survivre sans trahir, sans se trahir, dans un système où l'individu ne représente plus rien, sinon quelque chose à abattre ?
"Cher Luke, J'ai quelque chose d'énorme à te demander. Je sais que c'est épouvantable, mais je crois que je vais être mère et j'ai peur. Pourraisje rester ici un petit moment ? Je ne me mettrai pas entre tes pattes. Je le promets. [...] Je t'ai dit que j'étais plus vieille parce que j'aimerais bien. Ce serait mieux si je l'étais. Je ne me suis jamais sentie jeune. Jamais. [...] J'irai bientôt voir un docteur. La personne de qui il est, c'est la dernière personne de qui il devrait être. Je préférerais ne jamais le dire. À la campagne, les choses deviennent très obscures. J'aimerais vivre en ville, parce que si tu hurles quelqu'un peut t'entendre. J'aimerais aller à la campagne, bien sûr, pour l'air frais et les rafales de vent. J'irai à l'hôtel de toute façon et, quand tu liras ceci, ne sois pas gêné si tu peux pas me recevoir ici. On sera toujours amis. Mary" Mary n'est qu'une petite fille lorsque son père la viole pour la première fois, au milieu des tourbières. Quand, après des années de violences répétées, elle tombe enceinte, une voisine compréhensive accepte de l'accompagner en Angleterre pour avorter. Mais tout se sait à la campagne et le drame de Mary, relayé par une meute de conservateurs intégristes, devient vite un scandale national. L'Irlande entière se révolte, hurle au crime et réussit à rattraper la jeune fille. Les redresseurs de torts catholiques sont prêts aux dernières extrémités pour qu'elle garde son bébé, son propre père n'est pas le dernier à clamer publiquement son indignation. La violence physique et verbale qu'Edna O'Brien met ici en oeuvre, dans une Irlande rurale et rétrograde qu'elle a bien connue, trouve son pendant dans le vibrant portrait d'une très jeune femme silencieuse et secrète, d'une bouleversante densité.