Julio Cortázar, un des grands écrivains latino-américains du xxe siècle, a fait l'objet de nombreux travaux mais rares sont les études d'envergure parues en France. Le public francophone dispose depuis la fin des années 2000 de beaux volumes rassemblant l'ensemble de ses nouvelles et récits. La présente étude propose une mise en perspective de l'oeuvre et un approfondissement dans son interprétation. Héritière de plusieurs traditions (littérature gothique, nouvelles fantastiques d'Argentine et d'Uruguay, surréalisme, existentialisme), son oeuvre en propose un mélange subtil qui renouvelle le genre et met en échec les théories du fantastique. Par ailleurs, sa culture littéraire à la fois hispanique et anglophone en a fait un redoutable nouvelliste. En prenant principalement appui sur l'un des derniers recueils parus, Nous l'aimons tant, Glenda (1980), l'étude de cette écriture met en évidence cette maîtrise des genres mais aussi tout ce qui demeure sous-jacent, à savoir la mise en avant de l'insondable du monde et du moi, de la subjectivité et de son opacité, y compris au travers d'un discours du désir amoureux (très peu étudié jusqu'ici) et d'un questionnement sur le contexte politique des années 1970 que le traitement fantastique rend paradoxalement énigmatique.
L'homme du pain nu est une pièce de théâtre qui présente des personnages, parfois simples et parfois complexes, en des temps et des lieux divers et variés, réels ou mythiques et dont l'axe central de l'entreprise est une ville : Tanger.
Ben Bouchta fait une analyse fine de sa société, sans aucune entrave, et sans que le sacré ou le politique intervienne.
Car derrière le spectacle qu'il nous présente, se dissimule un autre spectacle. Il nous fait croire que les croyances et les enjeux, qu'il analyse, se jouent sur un terrain, dans un temps et avec des personnages qui sont devenus périmés.
L'auteur annonce clairement, dans son introduction de l'édition en arabe, son projet :
« Il s'agit, dans ce texte, d'une tentative de comprendre la nature de la lutte de l'individu avec son « moi ». C'est une immersion dans la mémoire, une lecture psychologique et le traitement d'un personnage complexe, comme Mohamed Choukri [écrivain marocain qui a écrit un récit Le pain nu, Points, 2018.] qui n'a cessé d'en exposer les désirs et les plaisirs, depuis qu'il est piqué par la malédiction de l'écriture ».
Dans Il Convivio (Le Banquet), Dante invitait tous ceux qui, «pour des raisons familiales ou sociales sont restés sur leur faim» à venir s'attabler au banquet des savoirs. Car «le monde qui vit mal» a besoin d'intelligence collective. En relisant Dante aujourd'hui, en le ramenant au présent d'une audace qui demeure sans cesse à reconquérir, Patrick Boucheron tente de ressaisir l'urgente nécessité d'une politique de la transmission des savoirs qui soit, dans le sens plein que lui donne l'histoire, universitaire.
Qu'est-ce que transmettre ? Et qu'est-ce que l'histoire peut transmettre à nos vies ?
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Jean Vauthier est un poète de la scène. Auteur d'une oeuvre ardente, toute pétrie de sueur et de sang battant, il jette sur le plateau des âmes incandescentes. En musicien du théâtre, il fait vibrer les corps et les voix, toujours en démesure.
À l'heure de son centenaire, Vauthier mérite d'être redécouvert.
Avec Beckett, Genet, Ionesco, Schéhadé ou encore Audiberti, l'auteur de Capitaine Bada et du Sang appartient à la génération des dramaturges du Théâtre Nouveau qui a émergé sur les scènes parisiennes après la Seconde Guerre mondiale. Commencée en 1951, sa riche carrière théâtrale le voit collaborer avec certains des plus grands de son époque, débutants prometteurs ou valeurs reconnues - Gérard Philipe, Jean-Louis Barrault, Marcel Maréchal, Jorge Lavelli, Claude Régy, Patrice Chéreau.
Son oeuvre est d'une incontestable originalité. Auteur classé dans l'avant-garde, mais qui déclare ignorer tant Beckett que Ionesco, à l'écart de la vogue brechtienne, amoureux du verbe poétique à l'heure de la tragédie du langage, novateur peu préoccupé d'innovation, Vauthier n'a voulu être que Vauthier. À travers les empêchements de tous ordres, il a su construire une oeuvre forte et sans équivalent, s'attachant à ne suivre qu'un seul fil, celui que Schéhadé, cousin lointain, nomme « le fil d'or de la poésie » - mais d'une poésie profondément dramatique.
« Vouloir être de son temps, c'est déjà être dépassé », disait Ionesco. L'auteur de Capitaine Bada n'a assurément pas voulu être de son temps. Si Ionesco dit vrai, Vauthier a sans doute ses chances, pour aujourd'hui ou pour demain.
Yannick Hotfert est maître de conférences à l'Université Nancy 2. Il y enseigne le théâtre et la littérature du vingtième siècle.
Abû nuwâs est le poète le plus sulfureux de l'âge classique arabo-musulman.
Accusé d'ivrognerie, de pédérastie, parfois d'hérésie et souvent d'arrogance dans le péché, il mourut sans doute assassiné. cet ouvrage tente de vérifier, par une lecture approfondie de sa poésie bachique, le bienfondé de cette réputation. paraît alors, au-delà du poète magnifiquement doué, d'une érudition sans limites, un savant versé dans les sciences coraniques, un provocateur qui veut réveiller les consciences assujetties à l'autorité politique.
Maître en art poétique, il revendique une modernité qui ne trahit pas les anciens. au banquet qu'il partage avec ses commensaux, la coupe de vin devient, sous leurs regards, la lumière transcendante qui l'inspire.
Con motivo de la celebración del quingentésimo aniversario de la muerte de Miguel de Cervantes, este libro propone una reflexión sobre un aspecto preciso de la historia literaria española y de la obra cervantina: la sátira menipea.
Poco conocido aún, este género literario conoce un desarrollo notable a lo largo del siglo XVI e inicios del siguiente. En efecto, con el Renacimiento y el ejemplo de Erasmo, se vuelven a descubrir los textos de Luciano de Samósata, y no pocos humanistas imitan su forma y su espíritu, en particular cuando se avecina el Seiscientos y Lipsio da a conocer el Somnium (1581).
De los distintos géneros convocados por Cervantes, el de la sátira menipea no es el menos usado. Por ello, los autores de este volumen han vuelto a abrir este expediente científico destacando la importancia de las sátiras menipeas,o meramente'menipeanas',del primer Siglo de Oro, analizando las continuidades, mutaciones o incidencia de esta narrativa singular.
Asimismo, este volumen constituye la oportunidad de rendir homenaje al trabajo incansable de Michel Cavillac, catedrático emérito de la Université Bordeaux Montaigne y gran especialista del gran libro menipeo y picaresco de Mateo Alemán, Guzmán de Alfarache (1599-1615).
Par le néologisme volontairement polysémique de son intitulé, cet ouvrage affiche un désir d'ouvrir au plus large le champ des études littéraires francophones en faisant dialoguer chercheurs et littératures de diverses aires autour de l'axe porteur de l'intertextualité.
Les vingt contributions rassemblées ici nourrissent autant la connaissance d'univers créatifs francophones singuliers que la réflexion critique littéraire générale. Elles s'entrecroisent à l'intérieur de cinq grandes rubriques : le multiculturalisme, l'interférence de divers langages, l'intertexte émancipateur, l'intratextualité, le frayage de discours transgressant interdits et cloisonnements. Où il apparaît que l'entredire francophone dénie plus que jamais le principe de hiérarchisation.
L'interrogation sous-tendue est que l'impuissance peut être féconde. Selon les auteurs, l'un des paradoxes de la littérature, c'est que de cette impuissance, l'écrivain va tirer des oeuvres intenses et bouleversantes. La littérature persiste à être parole de résistance, parole de contre-pouvoir, à long terme elle contribue à mieux humaniser l'homme.
La réédition de cet ouvrage, initialement paru en 2002, répond à une demande qui prouve l'intérêt des pistes ouvertes par les contributions ainsi recueillies.
Le C.E.L.F.A. avait en effet inscrit dans un programme quadriennal 1998-2002 un axe de recherches portant sur l'intertextualité qui s'est avéré extrêmement fécond. Deux journées d'études, tenues les 31 mars 2000 et 11 mai 2001, avaient engagé le parcours de travail ; la plupart des textes ici réunis sont issus de communications présentées dans ce cadre. D'autres s'y sont adjoints, posant les bases de la réflexion.
Pour élargir l'exploration, un colloque a par la suite été organisé les 12, 13, et 14 décembre 2002 à Bordeaux, dont les actes ont été publiés sous le titre même de la rencontre : L'Entredire francophone, PUB, 2004. Ce second volet ne rend en rien caduques, comme on l'a dit, les analyses proposées dans l'ouvrage inaugural que cette nouvelle parution remet à la disposition des lecteurs. Comme l'annonce le titre explicite de ce premier volet, ou comme le suggère l'intitulé volontairement plus équivoque - et de ce fait puissamment polysémique - du second (retenu en hommage à l'oeuvre du Mauricien Edouard Maunick, auquel était repris le néologisme invitant à saisir d'autres voix sous celle de la norme française), l'objectif commun à toutes ces analyses est de scruter et privilégier le dialogue entre les différentes littératures francophones.
L'hypothèse de départ est que, dans cette ère postcoloniale, le maintien d'une pratique commune du français dans des espaces géographiques et culturels variés devrait permettre aux écrivains comme aux lecteurs de passer les frontières dans tous sens et non plus seulement dans un tropisme ramenant à un centre français.
Cet ouvrage est consacré au Prix Nobel de Littérature 2010, Morio Vargas Llosa, l'un des plus grands écrivains de notre époque.
Les études ici rassemblées proviennent des meilleurs spécialistes de son oeuvre qui éclairent " la figure de l'auteur ", les significations et la portée de sa littérature.Ils prêtent une attention particulière aux " résonances ", c'est-à-dire aux échos intertextuels qui y résonnent, échos d'autres oeuvres, de récits mythologiques, échos musicaux et picturaux, ainsi qu'à la représentation de la violence, la fabrique d'utopies, et la question du pouvoir.
Ces études constituent des passages inédits vers une oeuvre exceptionnelle, l'une des plus puissantes, des plus audacieuses et des plus denses de l'époque contemporaine.