« Cette quête du bonheur par la voie libidineuse est, de toutes les traditions philosophiques, la plus ancienne et la plus assurée.
» Avec un humour pince-sans-rire, Lydie Salvayre nous entraîne dans une joyeuse farandole de références (Schopenhauer, Sainte Thérèse d' Avila, Oscar Wilde, Rousseau.), et de situations cocasses. Ce Petit traité, par ses clins d'oeil malicieux, nous invite à jouir de la vie, et à vivre en jouissant.
Les paroles des enfants sont souvent d'une poésie brute magnifique. Qui n'a pas un jour noté ces mots si frais et inédits qu'ils s'échappent immédiatement de nos oreilles et de nos bouches de grands ? Il s'agit ici d'un tissage de paroles de Martin, fils de l'illustratrice, et de Rose, fille de l'auteure, recueillies et notées telles des trésors, par les mères.
La première partie, qui donne son titre à l'ouvrage, est composée d'une centaine de phrases très courtes qui peuvent se lire comme de la poésie... ou un roman d'amour miniature, et qui rappellent l'univers des dessins animés. On arrive au Pôle Nord en compagnie de Diego, un mystérieux explorateur, et l'on se retrouve en compagnie de pingouins, d'une hôtesse de l'air, d'une Katarina super glamour, d'un ours blanc... Le tout dans un décor d'igloos, d'aurores boréales, de boums et de fêtes d'anniversaire !
Avec Tout feu tout glace et Écran de neige qui suivent, on retrouve les jeux de mots, les scènes burlesques, oniriques et poétiques de la « période glaciaire » de l'écrivain.
L'hypersensible Jean-Yves Plamont nous offre un livre magique, magnétique, absolument moderne et original.
Voici des soldats, franchissant inlassablement les frontières. Celle aussi d'entre le réel et le fantastique. En quelques lignes ou en quelques pages, soixante-quatre histoires qui peuvent se lire comme une seule. Fantaisies, fantasias au grand galop d'une écriture à la fois limpide et énigmatique, assassine et joyeuse.
Des soldats hétéroclites, innombrables. Armés de frondes, de fusées. Conquérant, traversant des continents, des siècles, s'enlisant inlassablement. Se raccrochant à fantasmes et femmes. Dont, récurrente, à peinte rejointe que perdue, Deborah. On croit reconnaître l'époque, la bataille, le général... Et puis, d'une touche, le paysage qui paraissait familier (hiérarchies, casernes, bivouacs, bordels) se décale et ouvre sur de féroces vertiges ou sur des folies douces.
" l'artiste ne sait pas faire.
il veut atteindre une chose qu'il perçoit vaguement. il s'achemine vers une certaine
solution. ", edouard pignon.
Deux frères partent en pleine nuit pour atteindre des gorges où coule une source. Quelque chose de leur enfance y est attaché. Renzo est le plus jeune, fragilisé par le décès de leur père. George a endossé le costume du grand frère protecteur mais ce n'est pas vraiment du sur mesure. Ils font du stop, et continuent à pied, au coeur de gorges qui les rapprocheront l'un de l'autre, de leur destin et de ce père disparu, porteurs ensemble d'un talisman : une fusée de détresse trouvée dans ses affaires. Au fur et à mesure de leur périple, les dialogues nous dévoilent des bribes de leur histoire et les deux frangins y puisent le courage dont ils ont besoin pour ce qu'ils doivent accomplir. La Source est aussi une histoire d'héritage, si l'héritage est une chose intime, un bloc de silence tenu au chaud des rêves... Au final, dans une ultime scène merveilleuse, c'est la grâce qui nous cueille, celle d'avoir touché à ces moments épiphaniques où la vie n'est pas autour de nous, mais jaillit du livre qu'on lit. Et dont on se souviendra longtemps avec le désir d'en partager l'émotion.
Avoir dix-huit ans en 68, loin du Quartier latin, à la frontière pascalienne de l'en-deçà et de l'au-delà, dans une petite ville des Pyrénées.
L'Histoire n'est pas passée par-là. Dans les huit textes courts qui composent Les Madones du trottoir, l'auteur trace le portrait d'une époque, celle de jeunes gens qui découvrent le plaisir interdit des premières Stuyvesant, carburent à la bière jusqu'à tourner de l'oeil, préfèrent les arrière-salles des bars aux après-midi dansantes fréquentées par les fils de notaires, et trouvent de la joie à s'affronter aux gens de l'ordre
Centenaire en 2010, l'Hôtel Lutetia a souhaité marquer cet anniversaire hors norme au travers de l'un des thèmes qui lui est cher, la littérature, en « provocant » un acte littéraire inédit. Après un séjour au Lutetia qui leur a permis de s'imprégner de l'âme et de l'essence du lieu, Chloé Delaume, Christian Garcin et Michaël Glück ont écrit trois nouvelles énigmatiques, poétiques et enivrantes.
Les hôtels sont des lieux romanesques. On y entre comme dans des livres. Des signes y ont été fixés où se lisent les traces de ceux qui sont passés ici, ont vécu ici, ici ont dormi, rêvé peut-être. Grâce à son Histoire et au rôle qu'il y a tenu, le Lutetia abrite les bruissements de tout un siècle, les éclats lumineux des arts et des lettres, l'ombre des heures obscures. Trois écrivains, attentifs au palimpseste du temps, ont fait escale ici. Ils y ont croisé les fantômes légers de poètes américains ou irlandais, défriché une mémoire intime autant que collective, pratiqué la chasse au Snark dans le sillage d'un grand dandy. En réalité, ni Chloé Delaume, ni Christian Garcin, ni Michaël Glück ne sont passés ici : ils y ont habité. Comme, dit-on, on habite en poésie. Ils ont laissé ce livre, afin qu'au Lutetia vous habitiez vous aussi. En bonne compagnie.
Pas besoin de savoir où mène la file d'attente pour s'y glisser... D'ailleurs, avec sa verve habituelle, Raymond Federman nous y introduit illico presto ! Au début, on pouvait se faufiler dans la queue à peu près n'importe où. Avec une drôlerie toute beckettienne, Raymond Federman déroule une queue leu leu baroque, burlesque, longue comme les mille et une nuits. Elle paraîtra même infinie tant, du rire aux larmes, c'est toute la condition humaine qu'on explore ici, joyeusement. Pour accompagner ce texte bilingue, la typographie et la mise en page ont épousé les méandres d'une tradition avant-gardiste dont l'auteur de Quitte ou double (Al dante) s'est fait, outre-Atlantique, le héraut. Traduit de l'américain et adapté par Stéphane Rouzé. Raymond Federman est né en 1928 à Paris, et vit à San Diego en Californie. Romancier, poète, grand ami de Beckett et spécialiste de son oeuvre, critique, traducteur, surfictioniste, critifictioniste, ancien parachutiste, golfeur fanatique, joueur de roulette, champion de natation, il est l'auteur d'une quarantaine de livres aux Etats-Unis, où il compte parmi ceux qui ont révolutionné le roman moderne. Ses romans ont été traduits en 14 langues. Depuis le début, son Écriture s'est voulue résolument bilingue.
L'ouvrage accueille trois poèmes d'un des auteurs les plus marquants de la littérature contemporaine : La Femme et le violoncelle, La Transparence du pronom elle, et Le Taureau, la rose, un poème (ce dernier texte a déjà été publié par Cadex en 1990). On retrouve le fameux boitement du vers et de la syntaxe, les singuliers mots-béquilles sur lesquels le lecteur comme l'auteur s'appuient pour avancer dans le poème, la simplicité presque archaïque des scènes, qui rapprochent encore le poète de celui qui le lit.
Le taureau dessine / Un geste précis / Et rouge assassine / Le monde et midi.
La mise en page, complice du déhanchement de la langue, rend très fidèlement la singularité du style, dans un va-et-vient très souple de la forme à l'informe.