Elles sont « de bonne famille ». « Bien élevées. » Collégiennes à Notre Dame de l'Annonciation. Elles pourraient aussi bien être dans n'importe quelle institution d'une autre religion ou un très bon collège de la République. Elles ont treize ans, elles sont insoupçonnables. Elles n'ont que le désir en tête.
La narratrice, qui a treize ans, rêve des garçons, de leur sexe, de faire l'amour avec eux. Toutes en parlent. Il y a bien sûr la peur, que les religieuses du collège s'empressent d'entretenir en brandissant des images sanglantes de foetus avortés, mais la peur ! Elle ajoute à la curiosité. La narratrice s'allie à la terrible Bruna. Rivale et confidente, elle sait dénicher sur Internet des garçons avec qui s'adonner à des conversations téléphoniques interdites. Bruna lui tend un piège, où elle tombe avec naïveté. Que faire ? Se rapprocher des plus belles de la classe, les Dangereuses ? Ces transgressives savent quoi faire de leur corps.... Les fâcheux peuvent bien la traiter de putain, il lui faut goûter, goûter au garçon.
Légendes, ragots, ignorances, peurs, élans, embûches, alliances, traîtrises, téléphone, Internet, tout tourne autour des garçons et de leur corps mystérieux dans un mélange de fantasmes et de romantisme. Cru et délicat, dévoilant les candeurs comme les cruautés, voici un premier roman d'une véracité implacable qui marquera.
Une maison du Val de Loire. Un grand parc. Les arbres y tombent. Le maître de maison, un vieil homme, s'inquiète et écrit à sa fille. Elle vient aussitôt le rejoindre, sans oser se formuler que cet appel au secours sera peut-être le dernier. Ce père a été si puissant, si actif, si authentiquement admirable ! Et maintenant, en retraite, déparé de tous ses attributs sociaux, Paul va tenter de parler à Zélie, comme Zélie va tenter de parler à Paul. Demeure entre eux ce sentiment difficile à élucider, l'amour d'un père et d'une fille. Un face à face pudique, candide, parfois douloureux, se développe. De jour en jour, la faiblesse de Paul se révèle. De jour en jour, Zélie supporte avec peine de le voir faillir.
Dans le parc qui s'effondre, le vieil homme et la jeune femme tentent de se dire ce qu'ils n'ont jamais osé se dire, retournant ensemble sous les frondaisons où, quinze ans plus tôt, ils n'ont pas pu empêcher leur fils et frère de mourir. Arrive un troisième personnage, Luc, qui bouleverse leurs retrouvailles. Il va mener Paul et Zélie à se confronter à leur histoire tragique.
Qu'est-ce que l'amour d'une fille pour un père ? Qu'est-ce qu'un secret de famille enfoui ? Qu'est-ce qu'un homme une fois que sa vie touche à sa fin, est dépouillée du pouvoir, de l'aura sociale et de tout compte moral ? Une vie qui exprime son sens dans une ultime métamorphose ? Un roman d'une beauté simple et tragique, qui révèle toute la maturité littéraire d'Oriane Jeancourt Galignani. Une histoire universelle.
Victor rencontre Lucía lors d'une soirée et passe la nuit avec elle. Quelques jours plus tard, elle retourne dans le sud de l'Espagne, où elle vit. Désoeuvré et amoureux, sans autre indice que le nom d'une ville - Grenade -, le jeune homme de vingt ans décide de partir à sa recherche. Lucía, Lucía, Lucía... Il se perd dans un labyrinthe de ruelles éblouissantes, à l'image de sa passion pour la jeune femme, qui augmente à mesure qu'elle lui échappe. Sans Lucía, à qui se confier ? Qui aimer ? Victor découvre la trompette et se confie à elle comme à un amour, en jouant à se perdre de bonheur, à défaut de retrouver la jeune femme.
Et soudain : Lucía. Ils renouent. Ils s'aiment. Ils s'adorent. Tout de même, Lucía a des comportements bien énigmatiques... Elle a une conception du couple, comment dit-elle ? ouverte. S'ouvre un champ d'expérimentations périlleux.
Entre distance humoristique et panique existentielle, les éblouissements esthétiques naissants et les charmes de l'amour incertain, un premier roman charmeur et déchirant comme un solo de trompette dans la nuit.
Voici l'histoire d'une petite bande, celle de quelques anciens élèves d'un lycée des beaux quartiers de Paris dans les années 1990. François, dandy, beau-parleur, courtise les élèves d'un autre établissement où il est devenu surveillant. Hadrien, qui organisait les soirées les plus délurées, voit à son grand regret sa petite amie enceinte. Pierre-Marie, aristocrate, enterre son père dans le manoir familial. Laurent, professeur au Caire, s'apprête à épouser une paysanne égyptienne illettrée. En chemin, le narrateur évoque l'histoire de sa famille, d'un grand-oncle, beau jeune homme arrêté par la Milice parce qu'il était juif. Une bande, cela peut-il durer avec l'arrivée de l'âge ? Qu'en est-il des amitiés éternelles, des passions jurées, des ambitions folles ?
D'un style épuré, Vincent Jaury donne vie à une fresque de personnages hauts en couleur et à toute une géographie d'un certain Paris aujourd'hui évanoui, du Baron au Mathis en passant par les bordels « de luxe ». N'est pas moins évanoui le refus par les personnages de l'esprit de lucre et de réussite qui a submergé le monde. Un premier roman mélancolique et déchirant comme le temps qui passe.
Après le succès d'Histoires d'oeils, Philippe Costamagna applique sa science d'historien de l'art et du goût à quelqu'un que l'on n'aborde jamais sous cet angle : Napoléon. Dans ce premier livre sur la question, il aborde à la fois le Napoléon intime et le Napoléon public par ses goûts, tous ses goûts, et parfois ses dégoûts.
Quel était le goût de Napoléon en matière de mobilier ? De vêtements ? De littérature ? De théâtre ? De peinture ? De cuisine ? De femmes ? Parmi la quantité de détails et d'anecdotes sur le général, Premier consul, empereur des Français et exilé le plus célèbre du monde, on découvrira sa passion pour les rougets, mais aussi pour les vers de Corneille, qu'il se faisait réciter par des acteurs, pour la couleur mauve dont il a fait tapisser le palais de l'Elysée, ou encore pour le jeu de barres (une variante du chat-perché). Et chaque fois, en plus de ces goûts, sa décision bien à lui de vouloir les imposer à tous, parfois pour notre plus grand bien, comme quand il a peuplé Paris de fontaines.
Derrière la légende des canons et des conquêtes, des cavalcades et des codes, voici la vérité d'un homme qui s'est profondément révélé par ses choix esthétiques. Ce passionnant Goûts de Napoléon est un trésor d'anecdotes méconnues et une mine d'informations inattendues sur un des grands hommes de l'histoire de France.
Voici le livre le plus personnel de Clémentine Mélois. Tout part de la lecture. « D'abord, j'ouvre le livre en grand et je colle mon nez au milieu des pages pour les respirer. » C'est pour mieux s'imprégner de ses auteurs préférés, Simenon, Perec, Tolkien, à partir de ce qui peut paraître le plus insignifiant chez eux : les détails. Comment se fait-il que, entrant dans un Maigret, les phrases « - Bonjour Janvier. - Bonjour, patron » font que nous sommes déjà dans l'histoire, et la tiédeur d'un bureau chauffé au poêle du quai des Orfèvres ? Quel est le rapport entre la vie quotidienne des personnages (une certaine madeleine mangée dans A la recherche du temps perdu) et la nôtre (le cake marbré sous plastique de la station-service de notre enfance) ?
Par des allers-retours entre la vie des personnages et la sienne, Clémentine Mélois nous fait pénétrer au plus près de cette expérience à la fois personnelle et universelle, la lecture. Les souvenirs et les sensations des fictions deviennent les nôtres. Comme si, venus de notre petit monde, nous étions entrés dans un pays plus vaste et pourtant familier. Pendant que, dehors, soufflent les tempêtes, nous vivons dans les livres. Tendre et plein d'humour, Dehors, la tempête nous rappelle que la vie dans les livres est la plus savoureuse de toutes.
Vera vient de mourir. Elle avait fui sa famille quand elle était jeune, et deux nièces sont chargées de vider le dressing de cette tante qu'elles n'ont pas connue.De vêtement en vêtement, de tailleur en écharpe et d'écharpe en robe du soir, chaque pièce de la garde-robe de Vera raconte un épisode de sa vie. Chanteuse de variétés dans les années 1970 ayant connu un grand succès puis l'oubli, elle épouse un riche industriel dont les nièces vont découvrir le secret, un secret que Vera a protégé jusqu'à la mort de son mari. Elle-même transporte la blessure de son enfance sans rien pardonner à son milieu d'origine. L'armure des vêtements se fend parfois : quand un réalisateur l'approche pour les besoins d'un film sur les corons de son village natal, les images reviennent, les sens vibrent, et la peau se fait plus tendre.
En reliant les pointillés que forment les habits de Vera, Sébastien Ministru reconstruit la biographie d'une femme qui a traversé les époques, fière, blessée, combative et ne regardant jamais un passé que ses nièces découvrent avec bien des surprises. Elle avait fait de l'élégance un rempart contre la violence du monde. Au fur et à mesure que les siens surgissent de son vestiaire, les faits se redessinent, et se précise l'itinéraire de celle qui avait tout fait pour renoncer à ses origines. Puisque aussi bien elle était «partie sans dire au revoir à son père et à son frère qui, partenaires dans la monstruosité des hommes, lui avaient fait mal sans réussir à la blesser.» Elle a porté sa souffrance comme ses vêtements, avec grâce.
Un personnage de femme dans la lignée des grands personnages féminins de Tennessee Williams.
« En 1990, quitte à devoir être amoureuse d'un mec, je vote Clint Eastwood. » Voici comment Modeste Mercurier, midinette d'1,93 m pour 110 kg, tente de masquer son attirance pour les filles dans une société qui ne tolère guère ces fantaisies. Anicée, la mince petite métisse aux yeux verts, et Modeste, la géante timide et à l'humour à toute épreuve, vont devenir les héroïnes d'un Capitaine fracasse féministe.
Elles se rencontrent dans un collège de Bordeaux. De crises de rire en crises de larmes, les deux filles s'adorent puis se perdent, sans jamais s'oublier ni oublier leur passion de saboter l'ordre établi. Se retrouvant, elles se font animatrices d'un théâtre de campagne, vivant dans la précarité, l'alcool, l'insolence, avec un chat pour confident. Leur troupe, les Félinistes (hommage aux félins et, qui sait ? à Fellini), va devenir le moyen de narguer les conventions et de poser des bombes de rires au pied de la bienséance. L'histoire simple de deux grandes blessées racontée avec un joyeux sens de l'anarchie. A saute-mouton sur l'ordre établi.
Vinteuil est le musicien le plus célèbre de la littérature française. « Le » musicien d'A la recherche du temps perdu, l'auteur de la fameuse sonate, celui qui a une fille lesbienne et sacrilège... Il demeure pourtant un grand inconnu, puisque Marcel Proust ne donne que de très rares informations à son sujet. Son nom est plus célèbre sa vie. Sa vie, précisément. A partir du peu que raconte Proust, et, plus encore, de ce qu'il ne raconte pas, La vraie vie de Vinteuil imagine quel a été le parcours de ce mystérieux compositeur. Sa vraie vie. Celle que l'auteur de La Recherche n'a pas connue. A-t-il eu connaissance de tout ? Ce grand espion n'aurait-il pas manqué d'informations ? A-t-il par exemple su que Vinteuil est le fils illégitime du curé de Combray ? Et tant d'autres secrets ?
Se fondant sur l'histoire politique et musicale du XIXe siècle que Jérôme Bastianelli connaît particulièrement bien, lui qui a écrit les biographies de Berlioz et de Mendelssohn, son roman raconte dans quelles conditions Vinteuil a été amené à écrire sa si novatrice Sonate pour violon ; comment sa fille a rencontré la sulfureuse amie avec qui elle a entretenu une liaison scandaleuse ; comment le jeune Proust en est arrivé à s'intéresser à lui. Musique, littérature, révolution de 1848, guerre de 1870 : la vie artistique et politique de la France forment l'arrière-plan du portrait de cet artiste incompris à qui il est enfin rendu justice.
Un premier roman brillant et surprenant, qui, si on n'a pas lu Proust, peut se lire comme la biographie imaginaire d'un grand musicien et qui, si on l'a lu, se révèle comme une délicieuse interprétation critique d'un des plus grands romans du XXe siècle, que n'aurait pas reniée Marcel Schwob, l'auteur des Vies imaginaires.
Dans ce livre, vingt écrivains s'emparent des vingt premières années de ce XXIe siècle, de 2001, année d'une destruction guerrière, à 2020, année d'une destruction sanitaire.
Année après année, chaque auteur traite un thème, en France ou à l'étranger, politique ou scientifique, artistique ou moral, sous forme de fiction, la plupart du temps écrite, quelquefois dessinée ou photographique. De Sarkozy au Fouquet's aux « trônes de purin » qui constituent le mode triomphal de la célébrité contemporaine, du lancement de la « Société d'harmonie » en Chine au grand incendie de Californie, de #metoo au début de la sixième extinction animale, du suicide d'Alexander McQueen au covid-19... Voici, avec la perspicacité unique de la fiction, notre contemporain. Comme il y a eu, dans les années 1890, l'esprit fin-de-siècle, voici l'esprit début-de-siècle. Il n'est pas optimiste.
Par Patrick Roegiers, Oriane Jeancourt-Galignani, Jérôme Bastianelli, Adrien Goetz, Nicolas Idier, Arthur Chevallier, Pauline Dreyfus, Charles Ficat, Sébastien Ministru, Loïc Prigent, Viktor Cohen, Chloé Delaume, Sandrine Treiner, Géraldine Koziak, Claudie Hunzinger, Christophe Honoré, Véronique Aubouy, Charles Dantzig, Grégory Le Floch et Nicolas Cano.
Ce livre constitue la sixième livraison de la revue annuelle Le Courage.
Dans ce premier numéro du Courage, tous les auteurs parlent de la littérature et de la création en 2015. Ce qu'elles sont, les conditions qu'on leur fait, leurs héros, leur présent certain, leur avenir souhaitable.
Parmi ces écrivains et ces artistes venus du monde entier, on trouvera un essai d'esthétique et des dessins inédits du grand artiste Fausto Melotti, une variation sur la notion de préface par Laurent Le Bon, président du musée Picasso, un film imaginaire de Christophe Honoré, un essai sur ce qui menace la littérature par Charles Dantzig, un récit de Daniel Mendelsohn sur une romancière américaine qui lui a donné du courage quand, adolescent, il lui a écrit, un essai de la romancière et dissidente chinoise Chun Sue sur la situation politique la littérature en Chine, des souvenirs de Thadée Klossowski de Rola sur son oncle l'écrivain Pierre Klossowski. Des essais, des récits, des nouvelles, des poèmes des Etats-Unis, d'Italie, d'Haïti, du Liban, d'Israël, de France, que suit une insolente conversation sur la littérature par trois jeunes écrivains de vingt-cinq ans.
Plus qu'une revue, Le Courage est un essai à plusieurs auteurs. Le thème de 2017 : Âge d'or/Âge de fer. L'âge de fer, nous y sommes. La marée de la violence populiste déferle sur le monde. L'un est élu, l'autre menace. Qu'est-ce que cela fait ? Comment tenir ? De quelle façon protéger les choses de l'esprit ? Écrivains, cinéastes, artistes, ils sont vingt-trois, dans sept langues et quatre alphabets différents, à réfléchir d'un point de vue littéraire et artistique à cette situation inédite dans nos vies. Japonaise, Égyptienne, Israélien, Pakistanais, Libanais, Allemand, Anglais, Américains, Brésilien, Français, ils réfléchissent aux temps actuels et futurs, sous forme d'essai, de fiction, de photographies, de dessins. Parmi eux, une série de tweets de Donald Trump éclate comme une bombe de vulgarité et de menaces.
La démocratie est-elle en danger ? Être femme à l'ère du virilisme revanchard est-il devenu plus difficile ? Y a-t-il une jeunesse dangereuse ? Le Brexit est-il un néopuritanisme ? Les clowns sont-ils des monstres ? Les inhumains s'imaginent-ils nous faire peur ? Les âges d'or passés du romantisme et de la fête peuvent-ils revenir ?
Comme à chaque numéro, Le Courage donne la parole à trois jeunes écrivains jusque-là non publiés, publiant leurs premières fictions et une conversation sur l'avenir qu'ils contribueront à créer.
Contre cet âge de fer, nous promettons un âge d'or.
Alban et Corentin ont vingt-quatre ans. Ils sont jumeaux, ils sont amants. Ils vivent à Paris, où Alban étudie la philosophie, Corentin, les géosciences. Alban est persuadé que leur génération est la dernière : ce que la terre affronte est trop grave pour être surmonté. Le dérèglement climatique est irrémédiable. Que faire ? Alban et Corentin fondent un think tank, « Les ultimes », afin de chercher les moyens de réparer le monde avant sa fin.
Seulement, pour être jumeaux et amants, Alban et Corentin ne sont d'accord sur rien. L'un est alarmiste, l'autre est insouciant. L'un est de droite, l'autre est de gauche. L'un est libéral, l'autre militant de la France indomptée. Ils se querellent, ils s'opposent. Et puis il y a Edouard. Edouard en tiers dans le couple, qui est en réalité un trouple. Le trouble de l'intime s'ajoute au trouble du monde. Il y aura mort, il y aura suicide. La mère des jumeaux vient, dans une fin bouleversante, se pencher sur le destin de ses enfants.
Relecture de Caïn et Abel au temps de la déliquescence climatique, ce premier roman embrasse la totalité des problématiques contemporaines, de l'écologie aux mutations des façons de vivre, de la connexion généralisée aux manifestations de masse. Peut-on être idéaliste dans le monde contemporain ?
Quelle est cette pièce blanche où le narrateur est enfermé ? Lui-même l'ignore alors qu'il s'y réveille un matin, ou un soir. Il ne parvient pas à se rappeler ce qu'il a fait la veille ni à comprendre pourquoi il est enfermé. La pièce est petite, étroite et propre, à dominante de blanc. Devant lui, un ordinateur dont l'accès à internet est limité. A côté, une machine à distribuer de la nourriture. Au gré des tintements du four micro-ondes, en consultant Wikipédia et Google Maps, il tente de reconstituer ce qui s'est passé.
Ses articles sur le plébiscite ont-ils déplu ? Et son filleul ? Son beau filleul, cet agitateur, aurait-il commis une imprudence ? Qu'est-il devenu ? Et la gardienne de l'immeuble, avec qui ils étaient allés à Venise, aurait-elle mouchardé ? Mouchardé quoi, au fait ? Dans l'obscurité bruissante de sa mémoire apparaissent des manifestations, le boulevard Voltaire, des affrontements contre la police, son filleul casqué. Que lui veut-on ?
Sous les auspices de Kafka et de Bolaño, La séquestration est le roman de la persécution et de la paranoïa contemporaines.
Amsterdam, 1642. Maîtresse d'un peintre célèbre, Margot Von Hauser découvre dans son atelier une fascinante gravure. Qui est cette obsédante Femme-écrevisse à corps humain et à tête de crustacé ?
Berlin, 1920. Ferdinand Von Hauser rompt avec sa famille pour devenir acteur de cinéma. De film en film, il découvre qu'en lui sommeille un incontrôlable délire. Et à l'image de cette Femme-écrevisse qu'enfant, il adulait, sa personnalité semble se diviser.
Paris, 1999. Grégoire Von Hauser se croit libre de quitter son pays, d'aimer une inconnue, de choisir sa vie. C'est ignorer les ordres mystérieux de la Femme-écrevisse qui se transmet dans sa famille depuis des générations. Avec lui, un désordre fatal surgit.
Puissant, évocateur, troublant, La femme-écrevisse est le roman de l'éternelle folie des coeurs sensibles dans une société éternellement impitoyable.
Le Courage, revue internationale annuelle, en plusieurs langues, est en réalité un essai à plusieurs auteurs, en 2018, les « Minorités supérieures ? ».
L'infériorité numérique ne fait pas plus l'infériorité « morale » que la majorité ne prouve la raison. Depuis quelques années, les minorités sont honnies ; on les accuse d'être des « communautés », de faire sécession, de comploter contre la majorité pour leur profit. Il en va des minorités comme de tout dans l'humain, le bien et le mal y sont partagés. Des minorités inférieures existent sans doute, comme « le paquet de déplorables » qui a voté pour Trump, élu avec moins de voix que son adversaire, mais y a-t-il des minorités supérieures ? En tout cas, en tant qu'inférieures en nombre, on leur doit l'attention et le tact. C'est à quoi les auteurs du Courage 4 réfléchissent dans ce numéro.
On y trouvera un agrégé de grammaire conversant avec un jardinier chinois ; le grand architecte Paul Andreu (ah, les architectes) parlant avec le grand artiste abstrait Carlos Cruz Diez (ah, l'art contemporain !). Loïc Prigent parle des snobs. Sandrine Treiner, des idiots utiles ayant fait la gloire d'un roman qui prédisait l'élection d'un président islamiste en France, et Oriane Jeancourt-Galignani, des critiques littéraires aussi précieux et menacés que la mulette perlière d'eau douce. Clémentine Mélois propose des images inquiétantes et cocasses, Philippe Corbé écrit sa première fiction, où il est question d'un homme devenant femme. Charles Dantzig étudie les idées majoritaires qui peuvent faire tant de mal aux écrivains, comme celle de la beauté. Romila Thapar, une des plus grandes historiennes de l'Inde, co-fondatrice de l'Université Nehru à New Delhi, explique ce que c'est que de tenter d'enseigner sous la terreur nationaliste indoue. Justin Trudeau, Premier ministre du Canada, fait dans un discours crucial les premières excuses officielles d'un pays à une minorité, la LGBTIQ. La grande généticienne Evelyne Heyer explique le destin des minorités supérieures, et on lira l'étonnant récit de vie de Dorothée, Pygmée persécutée chez les Tutsis et les Hutus, car on est toujours la minorité d'une minorité.
Comme à chaque numéro, trois écrivains débutants ont une conversation atour du thème de l'année et publient leur première fiction ou leurs premiers poèmes.
Ecrits en français, italien, anglais.
Le Courage, revue internationale annuelle en plusieurs langues, est en réalité un essai à plusieurs auteurs, centré autour d'un thème : en 2019, Orphée est à l'honneur.
Contrairement à Oedipe, Orphée n'a pas eu le malheur d'être abîmé dans la fondation d'une nouvelle théorie. Même s'il a servi de figure tutélaire aux artistes, poètes, musiciens, peintres, cinéastes, depuis des siècles, cet être mythique d'une importance majeure, conserve aujourd'hui tout son mystère, toute son ambigüité, toute sa force de signification. Certains ont bien essayé de faire de son retour en arrière une métaphore de leurs désirs réactionnaires, quand d'autres ont tenté de tirer sa légende du côté d'une justification aveugle de l'autorité, mais Orphée, artiste idéal, amoureux de la création et de la vie, ne peut en faire qu'à son caprice ; et les auteurs du Courage, en des temps d'injonction moraliste et d'utilitarisme esthétique, l'y encouragent.
Ils sont écrivains, ils sont chorégraphes, ils sont artistes, ils sont musiciens, ils proposent grâce à des fictions, des analyses, des dessins, des partitions, leur vision d'un Orphée du monde entier, grec, haïtien, persan, carioca, arabe, français, sans oublier Eurydice. Le mythe réécrit se colore et éclate en chansons.
Edition multilingue en français, anglais, persan, arabe, portugais (traduits).
Les auteurs : Lucien Bodard - Arthur Chevallier - Charles Dantzig - Anaïd Demir - E.L. Doctorow - Patxi Garat - Sergei Guriev - Karl Ove Knausgård - Géraldine Kosiak - William Marx - Clémentine Mélois - Eric Neuhoff - Laurent Nunez - Patrick Roegiers - Leila Seth - Abnousse Shalmani - Ersi Sotiropoulos - Sandrine Treiner -Xu Zhiyuan.
Ecrivains, artistes, penseurs de tous les pays se retrouvent dans le deuxième numéro de la revue annuelle Le Courage. Après le succès rencontré par la première livraison (« Littérature 2015 »), le numéro 2 s'attache aux salauds. Ces salauds qui ne sont pas le pouvoir, qui, peut-être pires que le pouvoir, utilisent leur position de force pour persécuter les plus faibles. Et de tant de fines, cruelles, géniales façons.
Qui sont-ils ? Comment procèdent-ils ? On les trouve partout, des plus hautes aux plus basses positions, dans tous les pays du monde, des Etats-Unis à la Chine. Ennemis de la vie et de la liberté, tous les moyens leur sont bons pour nous rendre le monde insupportable. Les auteurs du Courage, eux, sont là pour les nommer, les analyser, les fustiger, les moquer, leur rendre la vie difficile.
Suivant le principe de la revue selon lequel les principales langues européennes ne sont pas traduites, on trouvera des textes en français et en anglais, ainsi un essai du grand romancier américain Doctorow sur George W. Bush ou une étude de William Marx sur le théoricien allemand de la réception qui a réussi à dissimuler pendant des dizaines d'années son passé nazi, tandis que Charles Dantzig, dans une liste, propose une typologie des salauds. On trouvera aussi, en version bilingue, des salauds iraniens (par Abnousse Shalmani), grecs (par Ersi Sotiropoulos), russes (par Sergei Guriev, futur chef économiste de la BIRD), basques (par Patxi Garat), ou encore, par le grand romancier norvégien Karl Ove Knausgård, un fameux salaud qui a récemment excité les passions morbides et narcissiques de quelques « penseurs » français.
Des artistes et des graphistes donnent leur interprétation des salauds.