On ne naît pas féministe, alors comment le devient-on ? Précurseure de l'histoire des femmes, Michelle Perrot, 94 ans, livre ici un magnifique texte à la fois intime et théorique, livre d'histoire et autobiographie. Celle à qui son père conseillait de ne pas se mettre trop tôt un homme sur le dos, qui se rappelle avoir toujours voulu être comme les autres, abolir les différences avec les hommes, aborde son cheminement, de l'engagement chrétien au féminisme en passant par le communisme. Son itinéraire intellectuel, depuis sa thèse où elle voit rétrospectivement un regard presque masculin sur les femmes, donne à voir un siècle de changements sociétaux et la profondeur historique des luttes qui agitent aujourd'hui nos sociétés.
Première historienne à enseigner l'histoire des femmes en France, en 1973, Michelle Perrot nous emmène dans une épopée au féminin en explorant toutes ses ramifications : l'histoire de l'accession à l'égalité, l'histoire du patriarcat, l'histoire du mouvement féministe et des grands débats qui l'ont parcouru et structuré, sur le corps, le genre, l'universalisme contre le différentialisme, la sororité, MeToo. Dans ces pages, la grande histoire se mêle au destin des femmes qui ont porté leur cause et l'on voisine avec Artemisia Gentileschi, Olympe de Gouges, Lucie Baud, Christine Bard, Hubertine Auclert ; l'on dialogue avec Monique Wittig, Arlette Farge, Yvette Roudy, Antoinette Fouque...
La pensée lumineuse de Michelle Perrot, sans rien omettre des sujets les plus épineux, permet de déconstruire et parfois même de dépasser les clivages du féminisme contemporain. Le livre essentiel d'une pionnière, témoin d'un siècle de féminisme, dont l'engagement n'a d'égal que sa hauteur de vue.
Surnommée « la reine des fleurs » depuis l'Antiquité, la rose règne sans partage : elle est la plus offerte au monde. En l'associant à l'amour dès son apparition, en Perse, nous lui avons prêté une passion que nous la chargeons de transmettre, ce qu'elle accomplit avec charme et fugacité, douceur et piquant. Cueillons-la avant qu'il ne soit trop tard, en compagnie d'Alain Baraton, le jardinier de Versailles, dans ce livre qui est la première histoire culturelle de la rose.
Qu'est-ce qui la caractérise ? Comment et quand s'est-elle répandue sur toute la terre ? Quelles sont ses propriétés, quelle est sa symbolique ? La rose rose est-elle la rose originelle ? Qui sont ceux qui lui ont donné son nom (et ceux qui en rêvent) ? De quels grands peintres a-t-elle été la fleur favorite, quels sont les plus beaux poèmes en son honneur, quels musiciens ont composé en s'inspirant d'elle ? Saviez-vous que la rose a causé des guerres, et engendré des usages gastronomiques ? La fleur la plus célèbre du monde est pleine de surprises.
Tout ceci, et bien d'autres découvertes encore, nous attendent dans Le Livre de la rose, où, alliant botanique, histoire et anecdotes, Alain Baraton révèle les secrets de la fleur aux cent pétales.
« Je ne lui ai pas dit au revoir ». Ces simples mots restent comme une cicatrice indélébile pour Alice Mendelson, qui voit son père partir pour Drancy, le 17 septembre 1941. Elle a alors 16 ans.
À l'aube de ses 98 ans, accompagnée de son ami l'historien Laurent Joly, Alice nous confie le récit de sa vie durant la Seconde Guerre mondiale en France, ce pays qui l'a vu naître et qu'elle aime tant, sa « terre promise », où ses parents, d'origines polonaises, l'ont élevée.
Alice grandit dans le 18ème arrondissement de Paris. Dans le salon de coiffure de ses parents ou le soir à la maison, elle les écoute refaire le monde avec leurs amis. Ils sont communistes, cultivés, mélomanes.
Lorsque la guerre éclate, alors que la famille s'accroche à son quotidien, leur voisin coiffeur et concurrent les dénonce au commissariat général aux Questions juives.
Le père d'Alice est déporté. Le salon de coiffure leur est confisqué. Alice et sa mère échappent de peu à la rafle du Vel d'Hiv, aidées par des voisines. Commence alors un long chemin semé d'embûches et de périls, mais aussi d'espoirs : passée en zone sud, Alice s'engage dans la Résistance.
Après la Libération, sa mère, durement éprouvée par deux années de vie traquée, doit se battre pour obtenir justice et réparation.
Alice deviendra une merveilleuse enseignante, mais aussi une conteuse et une poétesse.
Aujourd'hui, portée par le désir impérieux de transmettre, avec son écriture gracieuse et libre, Alice Mendelson nous livre un témoignage essentiel sur la vie des Juifs sous l'Occupation.
Treize mille espèces de fourmis identifiées sur la terre ! Dans ce passionnant récit à partir de leurs voyages à travers le monde, Audrey Dussutour et Antoine Wystrach, deux des plus éminents chercheurs en myrmécologie, se concentrent sur une activité essentielle chez les fourmis : la recherche de nourriture. Elles sont capables de réaliser des trajets de plusieurs centaines de mètres dans les lieux les plus hostiles. La route est semée d'embûches et de prédateurs qu'il faut pouvoir combattre à chaque instant.
Incroyable mémoire, don de la stratégie, force physique herculéenne, sens de la structuration sociale, on découvrira dans ce livre le génie multiple des fourmis. Et voici devant nous des nageuses, des haltérophiles, des médecins, des éleveuses, des droguées, des kamikazes, des voleuses, des planeuses, des esclaves, dans un passionnant récit que le plus trépidant des romans d'aventures ne saurait égaler.
Audrey Dussutour et Antoine Wystrach sont myrmécologues, c'est-à-dire spécialistes des fourmis, et parmi les plus éminents du monde. Audrey Dussutour est de plus spécialiste des organismes unicellulaires. Antoine Wystrach est, quant à lui, un expert du cerveau et du comportement des insectes.
Douze ans après le dernier tome des Chroniques de l'Asphalte, nous retrouvons la bande de copains vivant dans une cité HLM au milieu des années 80.
Les voici ici confrontés à l'art sous toutes ses formes : émerveillés, obsédés et influencés par la culture, encore omniprésente dans les quartiers à cette époque.
Au fil des chroniques, nous suivons Karim, Daniel, Dédé, Samuel et les autres, à la représentation d'un spectacle de danse contemporaine, au tournage du clip « l'Aziza » de Daniel Balavoine, au premier one man show de Smaïn...
L'un essaie d'apprendre un poème de Verlaine grâce à une drôle de méthode ; un autre, à la voix de crécelle, de séduire une fille qui n'aime que le chanteur de U2 Bono ; un autre, de regarder Canal+ sans décodeur ; un autre de devenir Rasta après avoir été Skinhead...
Les photo-clubs sont ouverts, les salles de cinéma pleines, le bicentenaire de la révolution va être fêté, on joue à L'agence tout risque dans les caves, les casses de voitures et les parkings, les mères regardent Véronique et Davina à la télé pour faire du sport, les pères regardent aussi, sans faire de sport. Il y a celui qui rate le film du dimanche soir pour se débarrasser de cendres encombrantes, celui qui a failli mourir le jour où Coluche est mort...
Et cette question fondamentale : Qui est le mieux coiffé, de Jean-Pierre Foucault et de Patrick Sabatier ?
Peut-être Michel Drucker !
Après avoir rassemblé ses plus grandes interviews dans Je ne serais pas arrivée là si, en 2018, Annick Cojean nous propose de poursuivre et d'aller à la rencontre de 34 autres femmes passionnantes et singulières. Leurs parcours tissent autant de chemins personnels qui se rejoignent en un véritable « nous » sororal, inspirant et engagé.
Je ne serais pas arrivée là si, quelques mots anodins et une question vertigineuse. Qu'est-ce qui nous a faites, défaites, bouleversées et sculptées ? Quel hasard, rencontre, accident, lecture, don, peut-être quelle révolte, ont aiguillé nos vies ? Quelle joie nous a donné des ailes ? Ou peut-être quel drame ? Avons-nous poursuivi un rêve ? Nos parents nous ont-ils insufflé la volonté d'avancer ? Oui, comment se construit une vie ?
À 34 femmes fascinantes, Annick Cojean a lancé ce petit bout de phrase, dans le cadre d'une interview pour Le Monde, et toutes ont accepté de la poursuivre. Elles se racontent avec une sincérité bouleversante, cherchent dans leur histoire quels ont pu être leurs principaux ressorts, et ce que la vie leur a appris. Toutes ont imposé leur voix dans un monde dont les règles sont forgées par les hommes, et toutes ont à coeur de partager cette expérience. Une inspiration pour toutes les femmes.
Avec Isabelle Autissier, Yasmina Reza, Isabella Rossellini, Mona Ozouf, Laure Adler, Gisèle Halimi, Christine & the Queens, Céline Sciamma, Nancy Huston, Françoise Hardy, Caroline Fourest, Glora Steinem, Isabelle Carré, Barbara Hendricks, Clémentine Autain, Agnès Jaoui, Anne Sylvestre, Maryse Condé, Marjane Satrapi, Cécile de France, Elisabeth de Fontenay, Rossy de Palma, Melody Gardot, Simone Schwarz-Bart, Line Renaud, Clara Luciani, Leymah Gbowee, Karine Lacombe, Roxana Maracineanu, Djaïli Amadou Amal, Marlène Schiappa, Nina Bouraoui, Emma Thompson, Mona Eltahawy.
« Aujourd'hui, devenir pute est encore plus rapide que de se créer un compte Instagram. Notre ère 2.0 a déplacé le tapin de la place publique à l'intimité de nos smartphones et les hommes peuvent désormais se commander une fille aussi facilement qu'on commande un Uber. Leur fantasme ultime ? La professionnelle qui exerce par passion. Moi, je suis entrée dans la puterie pour subvenir aux besoins de ma môme, un peu comme l'aurait fait Fantine si elle avait vécu au XXIème siècle. Je suis devenue Alma, masseuse naturiste et sensuelle qui monnaie ses charmes pour 120 euros l'heure. Je pensais déjà tout savoir et j'y ai tout appris : les hommes, avec tout ce que leurs désirs révèlent, les femmes, avec tout ce qu'elles ignorent, les ravages de la morale, le mythe de l'argent facile, l'hypocrisie d'une société biberonnée au porno. Huit cents clients plus tard, j'en tire une seule conclusion : pute n'est pas un projet d'avenir. Mais ne nous leurrons pas non plus, nous sommes tous la pute de quelqu'un au moins une fois dans notre vie. À vrai dire, j'aurais gagné un temps fou si tout ceci m'avait été appris lorsque j'avais 20 ans. » Louise Brévins Un témoignage poignant, décisif et sans concession.
En septembre 1939, les Allemands envahissent la Pologne. Izabela Sztrauch, qui survivra et deviendra Isabelle Choko, a 11 ans. Son enfance s'arrête du jour au lendemain lorsqu'elle est envoyée dans le ghetto de Lódz avec ses parents. Elle y perd son père de malnutrition et de mauvais traitements. A 15 ans, elle est déportée à Auschwitz, puis à Waldeslust et Bergen-Belsen.
La peur et la nudité. Le travail forcé, le froid, les coups, la promiscuité, la faim. La maladie et la mort, partout. Mais aussi les quelques moments de grâce et de fraternité. Le courage d'un prisonnier de guerre qui prend tous les risques pour la garder en vie. Et l'amour qu'Izabela porte à sa mère, qu'elle tient dans ses bras jusqu'à son dernier souffle - sur le sol noir de Bergen-Belsen. Elle revient de l'enfer seule. Par une force hors du commun, elle guérit du typhus dans un hospice en Suède et voyage jusqu'en France, avec pour unique bagage, son appétit de vivre, son humour et son intelligence. Défiant le destin, quelques années plus tard, elle est sacrée championne de France d'échecs et fonde une famille.
Aujourd'hui, Isabelle Choko raconte ce qu'elle a connu sous le régime nazi, d'abord dans le ghetto de Lódz en Pologne et puis dans les camps d'extermination - Auschwitz-Birkenau et Bergen-Belsen. Son livre est l'histoire de sa vie, un récit douloureux et passionnant pour que tous nous n'oublions pas ce que fut la Shoah.
C'est l'histoire d'un soutien français à une monarchie absolue dont on n'ose prononcer le nom. Où l'omerta et les tabous sont rois. Où, depuis l'arrivée d'un jeune prince sans expérience, sanguinaire et colérique, règnent la terreur et la corruption : les opposants sont condamnés sans procès, les plus riches fortunes du pays séquestrées, une guerre sanglante est menée au Yémen, un journaliste est assassiné dans un consulat à Istanbul.
Quand d'autres pays ont condamné l'Arabie Saoudite, qu'a fait la France face à ces dérives ? Elle a oeuvré à renforcer son partenariat, maintenu l'envoi de munitions, invité des soldats saoudiens à se former dans la plus prestigieuse école militaire française, mis au service du royaume ses communicants les plus redoutables, développé encore davantage ses accords culturels avec le royaume... Entreprises d'armement, chefs étoilés, architectes, économistes, politiques, présidents d'institution culturelle : tous aimeraient vendre leur savoir-faire à l'Arabie saoudite. A quel prix ?
Malgré l'opacité, les mystères et les portes closes, Audrey Lebel nous offre une enquête inédite sur les relations franco-saoudiennes et lève le voile sur l'aveuglement complice du pays des droits de l'Homme dans les crimes perpétrés par Riyad.
C'est une piste de ciment et d'herbe, cachée dans la forêt, non loin du cercle arctique russe. Une bande grise de deux kilomètres, marquée par des pneus géants peints, des drapeaux ; au bout ; un hangar de bois et de tôle ; tout autour, les chemins de terre noir, mais aussi la neige, les ours et les loups. Une sauvagerie presque rêvée, entre Michel Strogoff et Tolstoï.
Sergueï Alexandrovitch Ilyne est arrivé sous l'ère soviétique, et il est resté. A la grande époque, la piste comptait, accueillant des milliers de passagers au coeur de l'archipel, en route vers les sites du grand nord, ou vers la ville à côté. Plus de cent employés travaillaient ici. Les vols ne cessaient jamais, et parfois très loin, on devinait des forteresses, en chemin vers d'autres missions. Puis l'empire s'est effondré, le pays a changé de nom, de modèle, d'histoire, Eltsine l'alcoolique a été remplacé par le jeune Poutine, le FSB a pris le pouvoir et l'argent : la piste a été oubliée.
Sergueï est donc seul à entretenir sa piste, sans paie véritable, sans hiérarchie. Avec Macha sa compagne, quelques amis, le policier Dima, le pope voisin, il bouche le ciment, dégage le bois, imagine des éclairages, attend un appel, un ordre, une urgence, venu de la terre ou du ciel, mais rien. C'est un homme meurtri, un idéaliste. En 2010, un avion lourd s'écrase dans la forêt, en bout de piste, mais comment rendre force et usage à l'empire, quand celui-ci s'est perdu tout entier ?
Dans ce magnifique récit poétique, fondé sur une histoire vraie, Marc Nexon nous offre un pan d'histoire, sans nostalgie et à hauteur d'homme, mais avec la tendresse pour ceux qui croient à leur cause.
« Si vis pacem, para vinum » Ces quelques mots figurent dans le Traité d'Arras de 1482. Comment clore une guerre qui met l'Europe à feu et à sang ? En scellant l'amitié nouvelle non pas au fer du tonneau, mais dans un partage civilisé, poétique et puissant. Cadeau fait aux rois et aux reines, transporté en carriole jusqu'à la table des empires réconciliées. Et aujourd'hui en cargo ou par avion... Que l'histoire du vin et de la terre soit aussi puissante que l'histoire des hommes cruels ou malhabiles.
Tel est le projet de Laure Gasparotto, nous conter cette terre de passage, de commerce et de rivalité : la Bourgogne. La région qui a inventé le vin, scientifiquement, artistiquement, dans le secret des monastères cistercien, mêlant influences méditerranéennes et continentales. Car depuis le onzième siècle, c'est bien ici qu'ont été développés tous les savoirs, dont sont nés des grands crus aujourd'hui légendaires... et inaccessibles : Romanée-Conti, Corton Charlemagne, Bâtard Montrachet, Charmes Chambertin, Clos de Vougeot. La Bourgogne est un don de la vigne et ses fruits des trésors, élevés par des artisans de la terre et du végétal, des passionnés discrets, qui perpétuent le geste ancestral du vigneron contre les grandes transformations du monde.
Ce vignoble classé au patrimoine mondial de l'Unesco, tant décrit par la littérature, ouvert et pourtant bien caché, ne vaut que par sa façon de l'aborder : pieds dans la terre, mains à l'oeuvre, palais à l'affût. Laure Gasparotto, bourguignonne d'adoption et passionnée de vin, nous raconte admirablement son horizon, ses histoires, ses grandes figures comme Lalou Bize Leroy ou Aubert de Vilaine. Ces pages sont l'éloge joyeux et vivant d'un rapport avec le monde : ouverte mais consciente de son histoire, jamais rincée ou appauvrie par une mondialisation galopante comme d'autres régions de vin : la Bourgogne c'est la France.
Un soir d'été, bien avant le Covid, un accident de voiture m'a brusquement fait perdre l'odorat. Moi qui adorais les odeurs, je n'imaginais même pas qu'elles puissent s'évanouir ! Et pourtant, tout ce que je respirais semblait désormais « vide » : l'odeur des aliments, de la nature, celle des autres, la mienne... Disparues ! La vie n'avait plus de saveur. Même mes émotions et souvenirs en ont été affectés.
Pour conjurer le sort, j'ai tenu un journal de mon voyage dans cet étrange univers aseptisé, tout en essayant de comprendre ce qui m'arrivait, et comment fonctionnait notre nez. Je suis également allée à la rencontre de nombreux « orfèvres » des odeurs : parfumeurs, vignerons, médecins, chimistes ou grands chefs.
J'ai écrit ce livre pour célébrer l'odorat, ce sens méconnu dont sont privées des dizaines de millions de personnes dans le monde - notamment à cause du Covid. Mais avant la pandémie, qui savait ce que signifie l'anosmie ? Dénigrée par Kant ou Freud, en voie de réhabilitation par les aficionados d'une époque en quête de plaisirs, l'olfaction recèle pourtant bien des surprises. Et les questions sont infinies : savez-vous qu'il existe près de mille milliards d'odeurs différentes ? L'odorat et le goût, est-ce la même chose ? Pourquoi sent-on mieux la vanille que le basilic ? Y a-t-il des odeurs plus fortes que d'autres ? Peut-on réapprendre à sentir ? Et ça fait quoi de ne plus percevoir l'odeur de son partenaire ?
Françoise-Marie Santucci raconte son quotidien d'anosmique. Toujours passionnée par les parfums, les vins et les mets, elle décrit avec humour la perte de ses sensations olfactives et fournit une foule d'explications claires et captivantes sur le fonctionnement de notre nez.
« A Auschwitz, j'ai cherché ma mère partout dans le camp des femmes. Je demandais à toutes les Françaises. Je cherchais par date d'arrivée, j'allais voir dans les baraquements. Ma mère était très débrouillarde, très joyeuse. Elle avait une telle force de vie que j'étais certaine de la retrouver. Puis j'ai rencontré une femme qui se souvenait d'elle. C'est toi Julia ? m'a-t-elle demandé. Il paraît que ma mère parlait de moi sans arrêt.
J'espérais que mon père, comme il savait travailler le cuir, serait employé dans un bon commando. Mais quelques jours après notre arrivée, je l'ai croisé sur le chantier du Revier, l'infirmerie des femmes. Il s'était porté volontaire parce qu'il voulait savoir ce qu'il était arrivé à sa femme. Qu'est-ce qu'on peut contre un grand amour ? C'est la dernière fois que je l'ai vu. On m'a dit qu'il avait été envoyé nettoyer le ghetto de Varsovie puis, avec tout son commando, assassiné.
Au camp, pendant l'appel, on soufflait dans le dos de la femme devant nous et on frottait le tissu mince de sa robe. Celle qui était derrière nous faisait pareil. Quand on avait une journée sans travail, on s'asseyait par terre et on se racontait notre enfance. Et puis on chantait. ».
Née à Paris en juin 1925, de parents polonais, Julia Wallach a quinze ans quand les Allemands entrent dans Paris, et dix-sept ans quand elle est arrêtée avec son père sur dénonciation d'une voisine, en 1943, puis déportés de Drancy vers Auschwitz-Birkenau... Julia connaît la faim, le froid, les coups, et la marche de la mort à travers la Pologne et l'Allemagne enneigées. Pendant quatre mois, sans plus rien à manger, ils avancent. En avril 1945, avec quelques femmes, Julia trouve encore la force de s'enfuir....
Elle qui a survécu au typhus et aux sélections, aux coups, au froid et à la faim, aux deuils et au chagrin, va pas à pas, reconstruire sa vie, tomber amoureuse et fonder une famille dont les photos magnifiques ornent les murs de cet appartement qu'elle n'a jamais plus quitté. Son livre est le récit d'une longue marche vers la vie, ponctué d'éclats de rire et de colère, drapé, avec une élégance sans faille, dans la force de caractère qui n'a jamais cessé de l'animer.
Georges Kiejman est un homme de combat et un survivant, dont l'ascension singulière épouse l'histoire d'un siècle tumultueux. Né à Paris le 12 août 1932 de parents juifs polonais illettrés qui ont fui la misère, il échappe miraculeusement aux rafles et à la déportation. Réfugié avec sa mère dans le Berry, il ne reverra jamais son père, assassiné à Auschwitz en 1943. S'ensuit un incroyable parcours, de la pièce unique dénuée de tout confort qu'il partage avec sa mère dans le quartier de Belleville de l'après-guerre aux ors de la République.
Rapide, intelligent, cultivé, séducteur, mais aussi implacable et déterminé, il devient un avocat réputé dans les années 1960. Il est à la fois le défenseur du monde de l'édition et de celui du cinéma, l'ami de Simone Signoret et François Truffaut, le conseil de Carlo Ponti et de Claude Gallimard. A cette époque, il fait également une rencontre fondamentale en la personne de Pierre Mendès France que lui présente Françoise Giroud dont il est proche. Il se met au service de PMF dans ses campagnes victorieuses comme dans ses échecs et restera son ami jusqu'à sa mort. Epoux de l'actrice Marie-France Pisier, puis de la journaliste Laure de Broglie, il accède à la notoriété en sauvant de la réclusion criminelle à perpétuité le révolutionnaire et braqueur Pierre Goldman. Il sera ensuite de tous les grands procès -avocat de Malik Oussekine, le jeune étudiant frappé à mort par des policiers en 1986, du gouvernement américain contre le terroriste Georges Ibrahim Abdallah, de Mohamed El Fayed dans le cadre de la mort de Lady Diana, puis de Jacques Chirac et de Liliane Bettencourt. A la fin des années 1980, il lie une relation de confiance avec François Mitterrand sous la présidence duquel il sera trois fois ministre et avec lequel il partagera vacances, week-end et conversations sur la littérature.
Pour la première fois, Georges Kiejman accepte de raconter. Portraits, choses vues, secrets, dialogues... Au carrefour des arts, de la justice et de la politique, grand amoureux des femmes à qui il rend un hommage pudique, il lève le voile sur ce que cachent sa robe noire et son intelligence ironique : un homme qui voulait être aimé.
Ce texte, étincelant, joyeux, traversé d'ombres et de mélancolie, a été écrit par Vanessa Schneider, romancière, grand reporter au Monde, en complicité intellectuelle et littéraire avec Georges Kiejman.
La rafle dite du Vel d'Hiv est l'un des événements les plus tragiques survenus en France sous l'Occupation. En moins de deux jours, les 16 et 17 juillet 1942, 12 884 femmes, hommes et enfants, répartis entre Drancy (près de 4 900) et le Vel d'Hiv (8 000), ont été arrêtés par la police parisienne à la suite d'un arrangement criminel entre les autorités allemandes et le gouvernement de Vichy. Seule une petite centaine de ces victimes survivra à l'enfer des camps nazis.
Cette opération emblématique et monstrueuse demeure pourtant relativement méconnue. L'arrière-plan administratif et la logistique policière de la grande rafle n'ont été que peu étudiés, et jamais dans le détail. Légendes (tel le nom de code « opération Vent Printanier ») et inexactitudes (sur le nombre de personnes arrêtées ou celui des effectifs policiers) sont répétées de livre en livre. Et l'on ignore que jamais Vichy ne livra plus de juifs français à l'occupant que le 16 juillet 1942 !
D'où l'ambition, dans cet ouvrage, d'une histoire à la fois incarnée et globale de la rafle du Vel d'Hiv. Une histoire incarnée, autrement dit au plus près des individus, persécutés comme persécuteurs, de leur état d'esprit, de leur vécu quotidien, de leurs marges de décision. Mais aussi une histoire globale, soucieuse de restituer la multiplicité des points de vue, des destinées, et attentive au contexte de la politique nazie et de la collaboration d'État.
Une recherche largement inédite, la plus riche et variée possible, de la consultation de centaines de témoignages à une exploitation inédite des « fichiers juifs » de la Préfecture de police de Paris. Mais la partie la plus importante de l'enquête a consisté à rechercher des « paroles » de policiers : 4 000 dossiers d'épuration des agents de la préfecture de police ont été dépouillés. Parmi eux, plus de 150 abordent la grande rafle et ses suites. Outre les justifications de policiers, ces dossiers contiennent des paroles de victimes, des témoignages (souvent accablants) de concierges, et surtout des copies de rapports d'arrestation, totalement inédits.
Fruit de plusieurs années de recherche menées par l'auteur, où les archives de la police et de l'administration auront été méticuleusement fouillées, La Rafle du Vel d'Hiv apporte une lumière nouvelle sur l'un des événements les plus terribles et les plus difficiles à appréhender de notre histoire contemporaine.
« Je me suis longtemps refusée à imiter les confrères qui publient leurs Mémoires, persuadés que leur moi mérite exhibition et que les épisodes de leur vie personnelle et professionnelle suscite l'intérêt. Le journalisme est un métier comme un autre et la télévision n'est souvent qu'une usine à baudruches. A tous ceux qui m'interrogeaient à ce sujet, je n'ai cessé de déclarer qu'à ce petit jeu narcissique, on ne me prendrait pas. Publier cet ouvrage m'oblige à manger mon chapeau. Me voici à mon tour piégée dans ce paradoxe : écrire comme tout le monde, en espérant intéresser tout le monde à une vie qui ne serait pas celle de tout le monde. Il faut assumer ses contradictions et ne pas avoir peur de se désavouer. C'est dit...
Les personnes que je croise me regardent comme une vieille connaissance à laquelle elles associent deux images contradictoires : la présentatrice d'une émission qui fut célèbre il y a plus de vingt ans et qui demeure dans la mémoire collective ; la femme qui fit, à son corps défendant, des milliers de « une » de journaux à l'occasion d'un scandale planétaire impliquant son mari. N'étant pas seulement l'une et ne me reconnaissant pas dans l'autre, je me demande ce qui, de tout cela, peut rester pertinent.
Je vais tenter d'être juste. Pas exhaustive mais sincère. Je parlerai de mes parents, de cette enfance très protégée qui aurait pu mettre hors de ma portée les armes nécessaires pour lutter dans la vie ; je convoquerai certains personnages hauts en couleur que j'ai eu la chance de croiser et tenterai de brosser le portrait le plus fidèle possible du monde des médias tel que je l'ai connu ; j'évoquerai les grands bonheurs de la vie et les épreuves qui l'ont écorchée... ».
A.S
« Mon enfance, je l'ai passée nue, entourée de corps nus. L'été, je rejoignais mon oncle et ma tante dans un petit village naturiste du sud de la France. Ce qui était un geste spontané, presque un réflexe, s'est transformée en revendication, plus tard, quand ma nudité est devenue aux yeux des Autres une transgression, une humiliation (presque chacun d'entre nous a déjà cauchemardé de se retrouver nu devant tout le monde, à l'école ou au travail), une source de fantasmes voire un délit, comme l'est la publication d'un pubis sur les réseaux sociaux. On comprenait comme de l'exhibition ce qui, le plus souvent, relève du camouflage.
Le coeur du naturisme, c'est toujours la Nature. C'est elle qu'on vient rencontrer, toucher, sentir. Les pieds nus qui s'abîment sur les rochers. L'herbe jaunie qui griffe les chevilles. Le soleil brûlant qui tombe sur le nombril à midi. L'eau qui file sur les seins et suit les lignes de l'aine que le moustique viendra piquer dans la nuit. La brise du soir qui sèche les cheveux encore humides et caresse le dos.
J'ai choisi, comme 2,5 millions de Français, d'adopter un mode de vie différent. Car le naturisme est aussi bien une philosophie qu'une pratique, dont la nudité n'est qu'un élément. En hiver, les naturistes s'habillent bien sûr, mais ils restent fidèles à des valeurs - l'acceptation du corps, le sens de la communauté, la frugalité, mais aussi la liberté, et avec elle, la revendication d'une contre-culture. »M.C.Dans ce récit aux accents d'invitation au voyage, Margaux Cassan nous conduit dans l'univers méconnu du naturisme. Des premières communautés libres formées par des anarchistes au début du XXème siècle aux utopies fanées des années hippies; du village familial du Vaucluse où elle a passé son enfance au libertinage de l'Île du Levant, l'autrice dresse une cartographie philosophique et historique de ce mouvement. Son témoignage, parfois documentaire, parfois journal intime, interroge ce que la nudité dit d'une société obsédée par la question du corps, mais incapable de montrer le sien. Dans un monde où le vêtement sert les intérêts de la pudibonderie comme de l'hyper-sexualisation, où il est devenu un marqueur social, qu'est-ce que la vie nue ? Une autre manière d'habiller le monde.
L'invasion de l'Ukraine par la Russie a bouleversé les Européens qui assistent médusés au retour de la guerre interétatique sur leur continent. En effet, depuis 1945, les Européens de l'ouest sont sortis de l'Histoire grâce aux Etats-Unis. Poutine, qui se comporte comme les Etats l'ont fait pendant des siècles, leur prouve qu'ils doivent aujourd'hui se réhabituer à vivre une tragédie et non un drame bourgeois. Le ''moment occidental'' arrive à son terme, et l'on voit apparaître un monde de grandes puissances qui ont à définir un équilibre fondé sur les rapports de force, similaire à celui que connaissait l'Europe jusqu'en 1914. Or, les Etats appelés à coexister aujourd'hui n'ont ni langage ni tradition ni vision du monde en commun... Tout est donc à réinventer.
Gérard Araud propose ici de nourrir le réarmement intellectuel de l'opinion publique française à partir d'exemples tirés de son histoire pour mettre en lumière toute la gamme des obstacles inhérents aux relations internationales. Il nous livre un véritable manuel de diplomatie avec, à chaque fois, un rappel historique des faits, mais aussi l'explication des choix diplomatiques et leurs conséquences.
Ce livre, audacieux dans sa forme, dresse des parallèles entre histoire et actualité :
La guerre de succession d'Espagne et le conflit israélo-palestinien lui permettent d'interroger la meilleure manière de terminer une guerre.
La paix d'Amiens de 1803 et le Brexit illustrent l'art de conclure des traités.
Le Congrès de Vienne éclaire la distinction entre politique étrangère et diplomatie.
La dépêche d'Ems de 1870 interroge la pression des opinions publiques indignées à l'heure des réseaux sociaux.
L'Entente cordiale évoque l'idée d'équilibre des puissances incarnée aujourd'hui par les Etats-Unis.
La Première Guerre mondiale montre comment les alliances comme l'OTAN peuvent dévier de leurs causes initiales.
Le Traité de Versailles permet de comprendre que la « question allemande » est aussi une « question française ».
Le désastre de mai 1940 se pose comme matrice de la relation de la France aux Etats-Unis.
L'expédition de Suez de 1956, leçon sur la militarisation d'une politique étrangère, informe l'engagement de la France au Mali.
Enfin, le refus français l'invasion de l'Irak en 2003 démontre que la stature d'un pays ne se résume pas à son PIB ou sa force de frappe.
Cet essai brillant, manifeste du réalisme en politique étrangère, se dévore comme un livre d'histoire.
La voix, si évidente, si mystérieuse. Nous parlons, nous entendons parler, mais connaissons-nous les singularités de la voix, comment elle se forme et comment elle influe sur nous ? Dans cet ouvrage sans équivalent, Jean Abitbol, un des praticiens les plus renommés du monde, revient sur son expérience personnelle et offre une réflexion exceptionnelle sur la voix.
Chaque voix est unique. Il y a huit milliards d'êtres humains et huit milliards de voix différentes. Ce qui pourrait conduire à une cacophonie universelle produit au contraire une harmonie admirable.
Notre voix, bien sûr, mais celle des autres ? Parents, proches, enseignants, tous ceux avec qui nous interagissons : de quelle façon nous modifient-ils ? Comment les voix exceptionnelles, celles des artistes et des prophètes, nous séduisent-elles ? Quelles sont les tactiques vocales des malveillants ? Churchill et Hitler discourant se fondent sur des techniques radicalement opposées. Y a-t-il une voix de l'amour et une voix de l'emprise ?
Mêlant aux dernières découvertes scientifiques ses souvenirs sur François Mitterrand, Johnny Hallyday et bien d'autres célébrités, Les voix de notre vie aborde la question du rapport à l'humain, mais aussi à la nature et à la spiritualité. La voix est au coeur de la vie.
"C'est lui", "c'est elle", "on s'est trouvés", "je t'aime", "je t'aimerai toujours"..., si chaque histoire d'amour est unique, toutes se vivent, s'écrivent ou se chantent avec les mêmes paroles. Aujourd'hui, j'ai rencontre l'homme de ma vie clame Diane Dufresne, Que je t'aime, crie Johnny, Juliette est le soleil s'émerveille le Roméo de Shakespeare quand nous disons souvent de l'autre aimé qu'il est une lumière dans nos vies. Nos relations peuvent varier, nos mots d'amour sont identiques car nos sentiments sont semblables. Pour la première fois dans un livre, Julie Neveux, linguiste et experte de l'expression de nos émotions, analyse et décrypte ce langage amoureux, du fameux "coup de foudre" où l'on "tombe» amoureux, aux redoutables "il faut qu'on parle", "j'étouffe".
En quatre grandes parties, retraçant les phases de l'amour, de l'amour fantasme (où le nom de l'autre cristallise nos désirs et le destin s'invite pour donner du poids à la rencontre), à l'amour fusion (quand les métaphores du soleil disent l'intensité, je t'aime le souhait d'être lié à jamais à ce toi singulier), l'amour possession, (temps de la domestication, des surnoms voués à s'approprier l'autre devenu familier) et l'amour figé (où le langage tourne à vide, les toujours d'éternité deviennent cris de lassitudes, le toi accusateur, et les partenaires des caricatures s'échangeant de sempiternelles répliques), Julie Neveux révèle combien nos mots d'amour construisent nos histoires. Et comment nous pouvons les comprendre en nous voyant les dire. Pour illustrer son propos, elle s'appuie à la fois sur les mots de l'amour les plus célèbres (ceux des artistes, de Louis Aragon à Annie Ernaux en passant par Barthes, Corneille, Barbara, Stromae, Fellini, Ingmar Bergman...) et ceux des personnages qu'elle invente, Juliette et Roméo, dont le récit de la romance scande les chapitres pour incarner la théorie.
Essai de linguistique, répertoire culturel amoureux et analyse de nos relations sentimentales, ce livre est un trésor de sens qu'on dévore comme un grand roman d'amour plein d'esprit et d'humour.
« La bataille au sein du peloton fait rage. Tous les équipiers tâchent de placer leurs leaders dans les meilleures dispositions à l'instant décisif. Ils se sacrifient. L'échappée se détache enfin, elle doit maintenant résister au retour du groupe principal. Malgré leur rivalité, les fugitifs doivent collaborer et harmoniser leurs efforts s'ils veulent conserver leur avance. Il n'y aura qu'un seul vainqueur et pourtant ce dernier ne peut espérer franchir le premier la ligne d'arrivée sans s'appuyer sur le travail des autres. ».
Sport individuel pratiqué en équipes, le cyclisme nous renvoie à nos plus profondes contradictions. Comme toute organisation humaine, le peloton est composé de différentes « classes sociales » où la place de chacun est attribuée selon son rôle à jouer : les premiers de cordées (les leaders), les cadres exécutifs (les capitaines de route), les prolétaires (les porteurs d'eau). Cet univers hiérarchisé, avec ses jeux de pouvoir et ses services échangés, où toutes les pulsions sont exacerbées et où il faut pourtant s'entendre, l'auteur le connaît bien puisqu'il le pratique au quotidien. Alors que peut nous apprendre ce microcosme cycliste sur ce qui est en jeu au sein de ce grand peloton que nous appelons la société ? A l'heure où les crises mondiales se multiplient - écologique, sanitaire, idéologique -, ne sommes-nous pas semblables à ce coureur ambigu et récalcitrant qui privilégie son intérêt propre, sans voir que cela nuit à l'ensemble de la communauté ?
« Vélosophe » consacré par ses chroniques au Monde et par son livre Socrate à Vélo, Guillaume Martin nous offre une traversée personnelle des incohérences de notre temps, où le sport sert de modèle pour repenser la société. Et si la voie se trouvait dans le mariage de deux disciplines que tout semble opposer ? Dans une éthique des cimes où la philosophie et le sport se cherchent et se tutoient.
C'est avec des hochets qu'on mène les hommes. Lorsqu'il crée la Légion d'honneur en 1802, Napoléon sait déjà l'usage qu'il fera de cette décoration, qu'il souhaite autant militaire que civile. Prolongation de l'ancien régime par d'autres moyens, c'est aussi un formidable outil politique qu'il lègue à ceux qui conduiront le pays après lui.
Dans cette enquête pleine de lumière et d'ombres, Romain Gubert nous livre des chapitres sublimes d'histoire - jeunes morts au champ d'honneur, talents exceptionnels, héros du quotidien - mais aussi un univers d'ambitions, d'intrigues et de petits arrangements...
De la guerre secrète De Gaulle - Pétain pour le contrôle de la grande Chancellerie à la course folle entre Mitterrand et Chirac pour honorer Johnny Hallyday ; de Michel Audiard décoré en silence à un secret de Robert Badinter ; d'un psychodrame provoqué par Sarkozy à une démission fracassante à l'état-major ; sans oublier les passions d'après-guerres et les folies d'un grand écrivain... La Décoration lève le voile sur un théâtre de gloire et de coulisses. Carton d'invitation maladroit, contrordre ministériel, discours et larmes, vengeances, signes et tabous : personne n'avait raconté ainsi cette passion française.
Avec talent et tendresse, Romain Gubert nous offre le tableau d'une France mêlée, aristocratique, méritante, rarement paritaire, où la notion « d'honneur républicain » est à géométrie très variable. On l'accompagne aux réceptions et cocktails, souriant à un discours, surpris de telle amitié politique, ou épluchant des listes de gloires trop vites rayées. Vous saurez tout des chanteuses, footballeurs, inconnus, amis de la famille, agents d'influence, créatrices et petits messieurs, et des célèbres mains qui portent le hochet parfois mérité. Un récit exceptionnel, jamais loin de Saint-Simon, Balzac et Courteline, et qui fera grand bruit...
«Romy écrit partout, tout le temps, à tout le monde. Sur le papier à en-tête des hôtels dans lesquels elle descend, sur des bouts d'enveloppe, des menus de restaurant, des mouchoirs en papier, des tirages de photos, des pages arrachées à des magazines. A son agent, à ses amours, à ses amis, aux comédiens et techniciens dont elle est proche mais aussi à ceux qu'elle ne croise, sans vraiment les connaître, que sur un seul tournage, Romy adresse sans cesse ce genre de minuscules missives qu'elle aime faufiler sous les portes, transmettre par des intermédiaires, acheminer à leurs destinataires par des moyens détournés, compliqués, enfantins...» Qui, plus que Romy Schneider, ravissante icône au triste destin, a fasciné les foules ? Lorsqu'elle est retrouvée morte dans un appartement parisien, le matin du 29 mai 1982, à seulement 43 ans et quelque mois après le décès de son fils, la presse s'enflamme. Suicide ou mort accidentelle ? Chacun interprète, fantasme, invente les circonstances de cette fin tellement cinématographique.
Avec grâce et affection, loin de tout sensationnalisme, Violaine de Montclos tente de percer ce mystère et reconstitue, grâce aux nombreux témoins qu'elle a rencontrés, ce que furent ces derniers jours. De la Romy inquiète, maternée par son habilleuse, à la star colérique qui gifle le jeune Harvey Keitel, elle dresse le portrait d'une actrice adulée mais aussi d'une éternelle enfant que rien ne tranquillise. Au fil des pages, on croise Alain Delon le jour du drame, Orson Welles subjugué, Marlène Dietrich complice, mais aussi Claude Sautet et Jean-Louis Trintignant...
Dans la lignée de Sagan à toute allure, cette micro-biographie pétillante et profonde raconte en kaléidoscope le talent et la déchéance, les caprices et les ivresses, les joies et les infortunes d'une comédienne qui a tout fait, jusqu'au bout, pour qu'on ne l'oublie pas.
Souvent, les journées de Jean-Luc Ployé commencent dans une petite salle sombre d'une prison de haute sécurité. Par réflexe, il passe la main sous la table pour vérifier la présence d'une alarme, et s'assure qu'un gardien armé reste à proximité. Face à lui viennent s'asseoir Alain Penin, violeur multirécidiviste massacrant celle qui lui résiste à coups de tournevis, ou encore Jacques Rançon, criminel sexuel qui découpe les parties génitales de ses victimes. Des heures durant, parfois toute la journée, il les questionne sur leurs crimes, leur vie personnelle et familiale, leurs fantasmes, et leur fait passer des tests de personnalité. Il y a aussi, chaque jour, des victimes, jeune fille agressée par son père, femme violée, enfant perdu. Dans la vie solitaire de l'expert se succèdent les trajets en voiture entre les commissariats et tribunaux de France ; les repas seul au restaurant, l'estomac noué ; les combats pour trouver le sommeil.
Qu'est-ce qui pousse un homme à se confronter chaque jour à la violence que produit notre société, en accueillant les récits de la plus implacable cruauté et ceux d'une souffrance absolue ? Comment rentre-t-on chez soi après avoir passé huit heures à échanger avec Michel Fourniret ou Francis Heaulme ? Peut-on être un père tranquille et un compagnon tendre quand on rencontre à la chaîne des victimes traumatisées ? Expert psychologue près la Cour de Cassation, Jean-Luc Ployé, du haut de ses 1 000 procès d'assises et 15 000 expertises, renverse l'analyse dans un document exceptionnel.
Expert de sa propre histoire, enquêteur de toutes les psychés, l'auteur livre ainsi le récit de son enfance invisible dans une famille très nombreuse. Atteint de bégaiement, moqué par ses parents et voisins, il deviendra l'un des plus grands experts de France, dévoué à sa carrière au point de délaisser ses enfants et ses compagnes. Car La Passion du mal, entre regard, bienveillance, voyeurisme et réparation, le consume tout entier : il lui faut sonder les profondeurs de l'âme humaine, comprendre et dire pour que justice se fasse, dans une société dévorée par la violence et en quête de douceur.