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Son nom est oublié depuis longtemps. Et pourtant, il fut une figure majeure du monde littéraire et médiatique du XIX? siècle, «le Napoléon de la presse» comme on disait à cette époque où les propriétaires de journaux pouvaient devenir millionnaires et faire chanter les gouvernements. Émile de Girardin, fils illégitime d'un général d'Empire, élevé loin des lumières de la capitale, sera le créateur précoce du personnage extraordinaire qu'il allait devenir, homme de pouvoir, député à la Chambre, auteur prolifique, et, surtout, le créateur de dizaines de journaux : il est l'inventeur de tout un système, le «modèle Girardin», qui finançait les journaux autant par les lecteurs que par les annonceurs et indexait les tarifs de la publicité sur le nombre des abonnés. Une révolution. Cet entrepreneur surdoué a tout fait pour dérober son existence à la postérité. Adeline Wrona a traqué et retrouvé une foule de témoignages - lettres, Mémoires, confidences des contemporains, rapports des mouchards... Elle reconstitue l'itinéraire de cet homme pressé, évoque ses relations intéressées avec les régimes successifs qu'il a côtoyés, raconte le couple glamour qu'il a formé avec sa femme, Delphine, poétesse inspirée et dramaturge à succès, retrace leurs amitiés, parfois orageuses, avec les grands de l'époque - Lamartine, Balzac, George Sand, Franz Liszt, Victor Hugo, Théophile Gautier, Alexandre Dumas, Thiers... - et restitue les splendeurs de leur salon ouvert au Tout-Paris. C'est tout le siècle qui gravite autour de ce Citizen Kane et que ce livre fait revivre : non seulement les milieux de la presse, mais le monde des lettres, les réseaux d'affaires, les géants de l'industrie naissante, les ministres, les diplomates, sans oublier les princes et les femmes du demi-monde...
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Pape François : La révolution
Jean-Marie Guénois
- Gallimard
- Hors Serie Connaissance
- 7 Septembre 2023
- 9782072692994
Rarement souverain pontife a autant déconcerté. À peine intronisé, le cardinal Bergoglio renverse un ordre établi depuis des siècles : au lieu de bénir la foule, il lui demande de le bénir. Bientôt, l'Église va accueillir les divorcés, reconnaître les personnes homosexuelles, envisager - avant d'y surseoir - l'ordination d'hommes mariés, réprimer les traditionalistes en les privant de l'ancienne liturgie, ou encore fraterniser avec l'islam. Et pour couronner ce pontificat réformateur, ouvrir la gouvernance de la communauté catholique, apanage des clercs, à tous les fidèles : à eux, désormais, de conduire l'Église, au pape de les servir. C'est la révolution permanente au Vatican. À commencer par la façon d'incarner le métier de pape : élever les pauvres, les exclus, les migrants ; humilier l'argent et les puissants ; museler la curie romaine en attaquant ses vieilles habitudes de pouvoir ; et, pour y parvenir, user d'un autoritarisme peu commun et d'une grande habileté. Mais l'immense popularité de ce pasteur ne se résume ni à ses audaces ni aux blessures iffligées. Ce redoutable politique est aussi un homme attachant qui tend la main à tous, pleure avec les éprouvés, chérit la sincérité, vit sa foi sans concession en communion intime avec le Christ. Dix années agitées et confuses. Elles ont rafraîchi l'image immuable du catholicisme, bousculé les colonnes du Vatican et tourneboulé l'identité de centaines de millions de catholiques. Jusqu'à rendre insaisissables après François les contours de l'autorité pontificale et faire douter certains de l'avenir de l'Église catholique.
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Camus, militant communiste ; Alger, 1935-1937
Christian Phéline, Agnès Spiquel-courdille
- Gallimard
- Hors Serie Connaissance
- 23 Février 2017
- 9782072699214
Cet essai porte sur le bref - et méconnu - engagement d'Albert Camus au Parti communiste Algérien (PCA), à vingt-deux ans (1935). Comme fil rouge à cette recherche, des extraits inédits de la correspondance entre Charles Poncet, le plus proche des amis algérois de Camus, et Amar Ouzegane, ancien dirigeant politique algérien. Deux témoins privilégiés de l'activité militante d'Albert Camus qui nous éclairent de manière remarquable sur l'engagement de l'écrivain et sur les raisons de son exclusion du PCA deux ans plus tard.
Les auteurs se penchent en premier lieu sur le choix d'Albert Camus d'adhérer au PCA. Choix qui fût guidé par les origines pauvres de l'écrivain, son goût de la justice, et son attrait pour Malraux et Gide, proches du Parti, beaucoup plus que par une obédience à l'appareil politique ou à une idéologie.
Ils s'intéressent ensuite aux nombreux compagnons de route de Camus. Parmi eux, beaucoup de jeunes gens de gauche pétris d'idéaux révolutionnaires ; son professeur de philosophie Jean Grenier, ou Max-Pol Fouchet, qui l'introduit dans les cercles artistiques et intellectuels et dans le mouvement antifasciste.
Au sein du parti, s'il se fait recruteur (d'amis et de militants arabes) et orateur, son engagement est aussi, voire surtout culturel.
Enfin, les auteurs analysent les raisons de l'exclusion de Camus du PCA, officiellement pour trotskysme. En fait, des dissensions apparaissent rapidement avec les dirigeants communistes, la principale concernant le « tournant de 36 », la mise à l'écart par le PCF du Parti du Peuple Algérien de Messali Hadj. Des militants arabes recrutés par Camus, devenus ses camarades, sont emprisonnés. Le futur prix Nobel est empli de honte. Son engagement ne résistera pas à ce sectarisme grimpant du PCA face aux mouvements nationalistes algériens.
Aucun ouvrage ne s'était penché avec autant de précision sur l'engagement communiste d'Albert Camus. C'est d'autant plus intéressant que cette expérience de jeunesse va forger l'idée que Camus se fait de l'action politique et sociale, et influencer certains de ses choix futurs.
Après cette expérience, il n'adhèrera plus jamais à une organisation politique.