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christian pheline
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Retrouver Camus
Faris Lounis, Christian Phéline
- Le Bord de l'eau
- Camus Xxi
- 22 Janvier 2025
- 9782385191047
« Faut-il encore lire Camus dans les écoles ? » La question a pu conclure l'un des débats tenus autour de ce brûlot qui, à la rentrée 2023, appelait à Oublier Camus en réduisant toute sa pensée à une apologie de la domination coloniale, à un anticommunisme primaire, à des équivoques dans la lutte contre l'occupant ou contre la peine capitale, et à un sexisme patriarcal... Face à une célébration médiatique qui, à faire de l'écrivain un fade penseur du juste milieu, l'expose aux pires récupérations, ce réquisitoire prompt à s'exonérer de la vérité des faits aussi bien que des textes, ne fait guère que rejouer en caricature la querelle Sartre-Camus, pour réactiver la vieille injonction, venue des temps de guerre froide, à « choisir son camp ». Sans occulter la part d'impensé qui empêcha Camus de faire remonter ses combats jusqu'au principe du système colonial, une vraie lecture de gauche ne saurait éluder la gravité des débats qu'il sut au moins ouvrir : critique du stalinisme et de ses avatars ; refus de la violence contre les civils d'où qu'elle vienne ; vigilance sur les dévoiements despotiques ou fondamentalistes des libérations nationales. Se gardant de la naïveté hagiographique comme de la témérité accusatoire, le présent essai propose de lire ou relire l'ÅÂÂ'uvre de Camus pour ce qu'elle dit vraiment, dans la complexité des situations où elle est née, et pour ce qu'elle peut tout de même apporter à l'intelligence des drames de notre temps.
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Pierre, feuille, ciseaux ! : Alger, 20 août 1965, la discrète mise au pas de révolution africaine
Christian Phéline
- Croquant
- 12 Décembre 2023
- 9782365123969
Deux mois après la prise de pouvoir armée du colonel Houari Boumédiène, le numéro 134 de Révolution africaine est saisi à l'imprimerie et, en quelques heures, recomposé sous l'oeil de la Sécurité avant d'être, sans que rien n'en paraisse, distribué dans les kiosques.
Son directeur, l'ancien dirigeant communiste Amar Ouzegane, qui voulait, documents inédits à l'appui, s'y prévaloir publiquement d'être l'auteur unique de la mythique « Plateforme de la Soummam », est contraint à l'exil.
L'enquête très attentive conduite sur un épisode de censure aussi audacieux qu'occulte donne l'occasion de revenir sur le rôle joué par l'hebdomadaire internationaliste dans les premières années de l'indépendance pour ceux qui se voulaient « la gauche du FLNÂ », et sur les modalités de sa reprise en main par étapes entre 1964 et 1966.
Elle interroge non moins vivement la place si contradictoire que le programme adopté à l'été 1956 continue à occuper dans l'imaginaire politique algérien, qu'il ait été controversé dans ses principes mêmes ou soit toujours invoqué tant par un pouvoir en mal de légitimité, que par ceux qui y cherchent, à raison ou à tort, la base d'une refondation démocratique.
Elle met aussi en lumière de quelles multiples manières s'est perpétuée jusqu'à nos jours la tentation pour les autorités de substituer leur propre parole à la libre expression des journalistes.
À ce titre, comme l'écrit Mohammed Harbi dans sa postface, la lecture de ce livre sera des plus féconde pour quiconque aspire à l'épanouissement d'une société ouverte à la pluralité des cultures, des idées et des croyances.
Christian Phéline a notamment publié L'Aube d'une Révolution (Margueritte, Algérie, 26 avril 1901) (2012), Un Guadelopéen à Alger, Me Maurice L'Admiral (1864-1955) (2015), Les avocats « indigènes » dans l'Alger coloniale (2017), Aurès 1935, photographies de Thérèse Rivière et Germaine Tillion (2018), La Terre, l'Étoile, le Couteau. Le 2 août 1936 à Alger (2021). il a co-dirigé l'ouvrage franco-algérien Défis démocratiques et affirmation nationale, Algérie 1900-1962 (2016) et co-écrit avec Agnès Spiquel, Camus, militant communiste. Alger 1935-1937 (2017). -
Pourquoi faut-il que la plage où survient le meurtre de «?l'Arabe?» ne corresponde à aucun lieu identifiable de la côte algéroise ?
Quel mouvement inavoué porte Meursault à y faire, seul, ce dernier retour qui sera fatal à sa victime ?
À quoi concourt l'invraisemblance finale de sa condamnation à une exécution publique??
Lieu du crime, mobile, verdict...
Pour tenter d'éclairer ces trois points d'incertitude de L'Étranger, sont ici questionnées l'histoire judiciaire ou la géographie de l'Algérie d'alors, aussi bien que les traductions visuelles proposées du roman par le cinéma ou la bande dessinée... Mais l'on devra démêler dans la texture même de ce récit sans pareil, ce qui, hors de l'exactitude vériste, relève des seules nécessités littéraires de la symbolisation ou de cette «?part obscure?» faite, selon Camus lui-même, de tout ce que son oeuvre gardait «?d'aveugle et d'instinctif?». Car il fallait cette conjonction pour que la chronique d'un fait divers algérois comme il en était d'autres s'érige en parabole du non-sens de toute destinée humaine. Pour que, dans le même temps, le ressort émotif le plus intime de la relation à autrui y soit décelable sous le préjugé racialisé de cette époque. Et qu'à l'avoir si bien figuré, le roman de 1942 livre la métaphore la plus lucide de l'aliénation destructrice dans laquelle le principe colonial enfermait toute relation humaine. -
La terre, l'étoile, le couteau ; le 2 août 1936 à Alger
Christian Phéline
- Croquant
- 16 Mars 2021
- 9782365122764
Un beau dimanche de l'été algérois...
Ce matin-là, quelque quinze mille participants se rassemblent au Stade municipal, à Belcourt, où le Congrès musulman algérien, formé deux mois plus tôt, rend compte de ses entretiens avec le gouvernement de Front populaire.
Messali Hadj, venu par surprise de Paris où il dirige l'Étoile nord-africaine, dénonce la perspective de « rattachement à la France » prônée par le Congrès et reçoit un triomphe lorsqu'il proclame : « Cette terre n'est pas à vendre ! ».
Au même moment, dans la Basse Casbah, le muphti d'Alger est poignardé en pleine rue, crime dont l'administration s'empresse d'imputer l'initiative au cheikh El-Okbi, figure algéroise du réformisme musulman Le meeting. Le discours. Le meurtre. Nourrie de nombre d'archives et témoignages inédits, cette enquête restitue au plus près le déroulement, d'un bout à l'autre de la ville, de cette matinée décisive.
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Un guadeloupéen à Alger ; Me Maurice l'Admiral (1864-1955)
Christian Phéline
- Riveneuve
- 14 Août 2014
- 9782360132591
Fils d'un notable mulâtre né esclave, Maurice L'Admiral poursuit à Alger un singulier destin jusqu'à l'aube de la guerre d'indépendance. Avocat «indigénophile», il connaît une précoce notoriété avec sa défense des révoltés de Margueritte (1901) où, le premier, il retourne l'accusation contre les méthodes coloniales. En 1939, le jeune journaliste Albert Camus fait écho dans Alger républicain à sa plaidoirie en faveur du cheikh Tayeb el Okbi dans l'affaire du meurtre du Grand Mufti. Élu conseiller municipal au titre indigène, puis coopté bâtonnier par ses collègues européens du barreau d'Alger, il inspire dès 1908 la première délégation d'élus à se rendre à Paris revendiquer l'accès des Musulmans à l'égalité civique.
Tel un chaînon manquant entre Ismaÿl Urbain et Frantz Fanon, cet autre Algérien de la Caraïbe traverse ainsi sept décennies d'histoire. Après 1945, l'exemple de sa pugnacité encouragera aussi bien les jeunes défenseurs des militants nationalistes que l'étroite minorité des Européens «libéraux».
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Camus, militant communiste ; Alger, 1935-1937
Christian Phéline, Agnès Spiquel-courdille
- Gallimard
- Hors Serie Connaissance
- 23 Février 2017
- 9782072699214
Cet essai porte sur le bref - et méconnu - engagement d'Albert Camus au Parti communiste Algérien (PCA), à vingt-deux ans (1935). Comme fil rouge à cette recherche, des extraits inédits de la correspondance entre Charles Poncet, le plus proche des amis algérois de Camus, et Amar Ouzegane, ancien dirigeant politique algérien. Deux témoins privilégiés de l'activité militante d'Albert Camus qui nous éclairent de manière remarquable sur l'engagement de l'écrivain et sur les raisons de son exclusion du PCA deux ans plus tard.
Les auteurs se penchent en premier lieu sur le choix d'Albert Camus d'adhérer au PCA. Choix qui fût guidé par les origines pauvres de l'écrivain, son goût de la justice, et son attrait pour Malraux et Gide, proches du Parti, beaucoup plus que par une obédience à l'appareil politique ou à une idéologie.
Ils s'intéressent ensuite aux nombreux compagnons de route de Camus. Parmi eux, beaucoup de jeunes gens de gauche pétris d'idéaux révolutionnaires ; son professeur de philosophie Jean Grenier, ou Max-Pol Fouchet, qui l'introduit dans les cercles artistiques et intellectuels et dans le mouvement antifasciste.
Au sein du parti, s'il se fait recruteur (d'amis et de militants arabes) et orateur, son engagement est aussi, voire surtout culturel.
Enfin, les auteurs analysent les raisons de l'exclusion de Camus du PCA, officiellement pour trotskysme. En fait, des dissensions apparaissent rapidement avec les dirigeants communistes, la principale concernant le « tournant de 36 », la mise à l'écart par le PCF du Parti du Peuple Algérien de Messali Hadj. Des militants arabes recrutés par Camus, devenus ses camarades, sont emprisonnés. Le futur prix Nobel est empli de honte. Son engagement ne résistera pas à ce sectarisme grimpant du PCA face aux mouvements nationalistes algériens.
Aucun ouvrage ne s'était penché avec autant de précision sur l'engagement communiste d'Albert Camus. C'est d'autant plus intéressant que cette expérience de jeunesse va forger l'idée que Camus se fait de l'action politique et sociale, et influencer certains de ses choix futurs.
Après cette expérience, il n'adhèrera plus jamais à une organisation politique.
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L'aube d'une révolution ; Margueritte, Algérie, 26 avril 1901
Christian Phéline
- Privat
- Histoire
- 23 Février 2012
- 9782708969414
Le 26 avril 1901, à une centaine de kilomètres seulement d'Alger, la population musulmane d'un petit centre de colonisation vinicole dénommé Margueritte se soulève contre la présence française. On compte cinq victimes parmi les Européens. La répression se veut d'une ampleur « exemplaire ».
Coup de semonce dans une Algérie que l'on disait « pacifiée », cette révolte paysanne d'un jour manifeste toute la complexité native du rapport entre oppression politique, résistance économique et manifestation religieuse. Quant à la riposte du pouvoir colonial elle préfigure les méthodes qui se développeront à grande échelle à partir des massacres de Sétif et de Guelma (1945).
Resté à juste titre dans la mémoire algérienne comme un jalon porteur d'avenir, ce « micro-événement » mérite aussi d'être relu au regard des aspirations nouvelles qu'exprime le « Printemps arabe ».
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Les avocats "indigènes" dans l'Alger coloniale ; de l'accès à la profession aux défis de l'indépendance
Christian Phéline
- Riveneuve
- 24 Novembre 2016
- 9782360134052
Une mince phalange d'avocats d'origine musulmane s'est lentement constituée dans l'Algérie coloniale comme composante d'une possible élite moderne. Si le rôle de certains d'entre eux dans la défense des militants nationalistes était déjà connu, un accès aux archives jusque-là inexplorées du barreau d'Alger permet, pour la première fois, de retracer leur socio-histoire politique sur les trois derniers quarts de siècle de la domination française sans ignorer la diversité de leurs trajectoires individuelles. Pour accéder à une profession défendant avec âpreté son rang dans la société coloniale, ils ont dû surmonter bien des obstacles, tant juridiques que sociaux. La radicalisation des positions devant la guerre de libération, les mesures d'exception et les assassinats politiques finiront par mettre à mal l'apparente solidarité du corps. Si la génération d'avocats militants d'avant 1962 aura par la suite été largement exclue du pouvoir, la défense par le barreau de son indépendance reste, dans l'Algérie d'aujourd'hui, l'un des points d'appui pour la construction toujours attendue d'un État de droit.
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Aurès (Algérie) 1935 ; photographies de Thérèse Rivière et Germaine Tillion
Christian Phéline
- Éditions Hazan
- 7 Février 2018
- 9782754114400
Fin 1934, deux jeunes chercheuses, Thérèse Rivière (1901-1970) et Germaine Tillion (1907-2008), se voient confier par le musée d'ethnographie du Trocadéro - devenu peu après le musée de l'Homme - une mission d'étude qui les conduit pour plusieurs années dans l'Aurès. Situé dans l'Est algérien, à la lisière du Sahara, ce massif montagneux abrite alors quelque 60 000 Chaouia, population berbère qui conserve son ancienne économie agropastorale.
Armées d'un Leica et d'un Rolleiflex, les deux femmes y prennent plusieurs milliers de photographies qui poursuivent et renouvellent une tradition déjà longue de la représentation aurésienne. S'y ajoute un film tourné par Thérèse Rivière en 1936. Disparus avec la déportation de Germaine Tillion, en 1942, et le long enfermement hospitalier subi par Thérèse Rivière à partir de 1948, ces documents ont été redécouverts au début des années 2000.
Cet ouvrage présente une sélection de 120 photographies dévoilant le rapport particulier établi par chacune des observatrices avec leur sujet : l'une - Thérèse Rivière -, plutôt "ethnographe" de terrain et très empathique dans son approche des Aurésiens ; la seconde - Germaine Tillion -, davantage "ethnologue" et plus portée à la distanciation théorique. Ces images nous donnent à voir une société aujourd'hui disparue, ses rapports à la présence coloniale, et la tension singulière avec laquelle elle se livre au regard des deux ethnographes.
Elles révèlent aussi le ressort affectif et visuel inconscient qui souvent semble détourner les observatrices d'un protocole purement documentaire. Sans oublier l'intention première de ces images, Christian Phéline, dans son texte, les situe dans un moment précis de la pratique ethnographique et les replace dans une histoire tant esthétique que sociale du médium photographique.
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La terre, l etoile, le couteau: alger, le 2 aout 1936
Christian Phéline
- Chihab
- 1 Janvier 2021
- 9789947393963
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