Xavier de Jarcy
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La première monographie sur l'artiste multi-disciplinaire qui se cache derrière le bureau « boomerang », icône du design pop.De Maurice Calka, les amateurs de design connaissent le bureau aux rondeurs colorées, sorti en 1969. Mais la plupart ignorent l'étendue et la variété du travail de cet artiste inclassable, Premier Grand Prix de Rome de sculpture 1950. Designer et sculpteur, donc, mais aussi dessinateur, architecte et urbaniste, Maurice Calka est l'inventeur d'un art pour tous. Dans la France des années 1950 à 1990, cet éternel optimiste a cherché à embellir autant les intérieurs que les places publiques en inventant ses propres techniques. Avec le même enthousiasme, il a tapissé murs et sols des palais officiels ou des cités de banlieue de ses mosaïques colorées, expérimenté le béton moulé, osé l'inox soudé. Il a posé des sculptures dans des églises, égayé le périph' parisien de papillons géants, décoré mairies et centres commerciaux. Maurice Calka, c'est aussi un projet de pont habité et même une Renault 5 cabriolet. Son travail l'a mené de Paris à Addis Abeba, de Vélizy à La Réunion. Le découvrir, c'est se plonger dans la vie artistique française de la seconde moitié du XXe siècle, ses grands projets, ses débats passionnés sur la place de l'art dans la ville, son utopie du beau pour tous.
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Les abandonnés ; histoire des "cités de banlieue"
Xavier de Jarcy
- Albin michel
- 30 Janvier 2019
- 9782226439451
Pourquoi la France, qui se voulait la nation de l'art de vivre, de la mesure et de la démocratie, a-t-elle été le pays développé qui a le plus mal logé ses habitants, et pourquoi s'est-elle enfoncée dans une perpétuelle crise du logement, cause d'un malaise urbain dont elle peine encore à s'extraire ?
Nous avons aujourd'hui une vision faussée des problèmes des banlieues : la dérive des quartiers commencerait après la crise économique de 1974 et serait liée à l'immigration. Or Xavier de Jarcy, en reconstituant la genèse des quartiers de banlieue étape par étape et en donnant à entendre la parole de tous les intervenants - ministres, élus locaux, architectes, constructeurs, promoteurs, démographes, géographes et, bien entendu, habitants -, nous montre que les erreurs d'urbanisme et la ségrégation sociale ont commencé bien plus tôt.
Nés des théories prônant un urbanisme autoritaire formulées dans l'entre-deux-guerres, les grands ensembles devaient mettre fin aux taudis, mais aussi façonner une population saine, morale et productive dans un pays mis en ordre - les cités sont l'aboutissement inachevé de ce projet d'hygiénisme social. C'est dans le cadre d'une permanente économie de guerre et sous l'empire d'un « dirigisme sans argent » que les nouveaux quartiers seront érigés. On construit mal, n'importe où, n'importe comment. Au tournant des années 1970, le libéralisme s'impose brutalement, avec pour conséquence que les derniers grands ensembles, déréglementés, accumuleront des problèmes à ce jour irrésolus.
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Le Corbusier, ce prodige du béton, ce poète de l'angle droit, si admiré encore aujourd'hui, mérite-t-il le qualificatif infâmant de fasciste ? Pour le savoir, il faut remonter quelques décennies en arrière, en restant au plus près de ses nombreux écrits. Essayer de comprendre quelles idées l'animaient. Tenter de reconstituer ses réseaux de relations : le trouble docteur Winter, son ami et voisin ; l'étrange ingénieur François de Pierrefeu ; le sinistre chirurgien Alexis Carrel, qu'il admirait tant. Et il faut suivre enfin son parcours, qui le mène tout droit des rassemblements fascistes des années 1920 aux hôtels de Vichy, où il passe dix-huit mois entre 1940 et 1942.
Il ne s'agit pas de juger, mais de connaître la part d'ombre d'un artiste visionnaire, qui n'exclut pas sa dimension solaire (car le fascisme n'empêche pas le talent, Marinetti ou Céline l'ont prouvé). Et de comprendre d'où vient un peu, ou peut-être beaucoup, de notre modernité.