En présentant l'évolution en longue durée des inégalités entre classes sociales dans les sociétés humaines, Thomas Piketty propose une perspective nouvelle sur l'histoire de l'égalité. Il s'appuie sur une conviction forte forgée au fil de ses recherches : la marche vers l'égalité est un combat qui vient de loin, et qui ne demande qu'à se poursuivre au XXIe siècle, pour peu que l'on s'y mette toutes et tous.
Thomas Piketty
À partir de données comparatives d'une ampleur et d'une profondeur inédites, ce livre retrace dans une perspective tout à la fois économique, sociale, intellectuelle et politique l'histoire et le devenir des régimes inégalitaires, depuis les sociétés trifonctionnelles et esclavagistes anciennes jusqu'aux sociétés postcoloniales et hypercapitalistes modernes, en passant par les sociétés propriétaristes, coloniales, communistes et sociales-démocrates. À l'encontre du récit hyperinégalitaire qui s'est imposé depuis les années 1980-1990, il montre que c'est le combat pour l'égalité et l'éducation, et non pas la sacralisation de la propriété, qui a permis le développement économique et le progrès humain.
En s'appuyant sur les leçons de l'histoire globale, il est possible de rompre avec le fatalisme qui nourrit les dérives identitaires actuelles et d'imaginer un socialisme participatif pour le XXIe siècle : un nouvel horizon égalitaire à visée universelle, une nouvelle idéologie de l'égalité, de la propriété sociale, de l'éducation et du partage des savoirs et des pouvoirs.
Disons-le d'emblée : aucun pays n'a inventé de système parfait permettant de lutter contre le racisme et les discriminations. L'enjeu est d'imaginer un nouveau modèle, transnational et universaliste, qui replace la politique antidiscriminatoire dans le cadre plus général d'une politique sociale et économique à visée égalitaire et universelle, et qui assume la réalité du racisme et des discriminations - pour se donner les moyens de les mesurer et de les corriger, sans pour autant figer les identités, qui sont toujours plurielles et multiples.
Selon les sociétés et les époques, la nature des inégalités est d'une diversité extraordinaire. Pour comprendre ce phénomène, l'Histoire et les cultures humaines jouent un rôle central: ces inégalités se rattachent à des trajectoires socio-économiques, politiques, culturelles, civilisationnelles ou religieuses bien distinctes.
En somme, c'est la culture au sens large (y compris, et peut-être avant tout, les mobilisations politiques) qui permet de rendre compte de la diversité, du niveau et de la structure des inégalités sociales que nous observons. À l'inverse, le poids des facteurs dits « naturels » - les talents individuels, les dotations en ressources naturelles ou autres facteurs de ce type - est relativement limité.
Dans cette conférence inédite prononcée au musée du Quai Branly, Thomas Piketty présente une synthèse vivante et engagée de ses travaux. Abordant la question dans son sens le plus large, traitant de thèmes aussi variés que l'éducation, l'héritage, les impôts, les inégalités de genre ou la crise climatique, il apportera aux lecteurs des éléments de réflexion utiles dans ce débat d'une actualité brûlante: y a-t-il des inégalités naturelles ?
«Ce livre rassemble l'ensemble de mes chroniques mensuelles publiées dans Libération de septembre 2004 à janvier 2012. Période qui a été profondément marquée par la crise financière mondiale déclenchée en 2007-2008. Je tente, à plusieurs reprises, de comprendre le nouveau rôle joué par les banques centrales pour éviter l'effondrement de l'économie mondiale, ou bien d'analyser les différences et les points communs entre les crises irlandaises et grecques. Sans oublier les sujets plus classiquement domestiques, mais toujours essentiels pour notre avenir commun : justice fiscale, réforme des retraites, avenir des universités.
Vers la fin de la période, cependant, un sujet se met à éclipser tous les autres : l'Union européenne sera-t-elle à la hauteur des espoirs que tant d'entre nous avons placés en elle ? L'Europe parviendrat- elle à devenir la puissance publique continentale et l'espace de souveraineté démocratique nous permettant de reprendre le contrôle d'un capitalisme mondialisé devenu fou ? Ou bien ne sera-telle, encore une fois, que l'instrument technocratique de la dérégulation, de la mise en concurrence généralisée et de l'abaissement des États face aux marchés ?»