Le 29 septembre 1759, le navire La Virginie fait naufrage. Seul rescapé, Robinson échoue sur une île déserte où il tente de survivre à une nature hostile en déployant des trésors d'ingéniosité. Mais son existence solitaire bascule le jour où un autre être humain fait son apparition sur l'île : Vendredi, le sauvage... .
L'île déserte du Pacifique et le XVIII? siècle forment le cadre traditionnel de cette histoire librement empruntée à Daniel Defoe. Parce qu'il refuse d'abord d'assumer sa solitude et ne songe qu'à partir, Robinson est menacé par la déchéance et la folie. Puis il se ressaisit et entreprend de coloniser l'île, comme une possession anglaise. Non content de cultiver la terre et de domestiquer quelques chèvres, ce puritain avare et méthodique creuse des viviers, crée des rizières, accumule des provisions énormes, construit des édifices publics, promulgue des lois, un code pénal... La survenue de Vendredi paraît d'ailleurs justifier cette construction délirante : il va être le sujet de l'île, devenant tour à tour soldat, enfant de choeur, laquais, etc. En réalité, le sauvage répugne à cet ordre minutieux et ses bévues finissent par provoquer une catastrophe qui détruit l'oeuvre de Robinson. Ils repartent tous deux de zéro, mais désormais, c'est Vendredi qui mène le jeu. Robinson se déshumanise peu à peu et prend le parti des éléments. Administrateur et cultivateur, il s'oppose dorénavant au fantasque Vendredi, comme l'homme de la terre s'oppose à un être aérien. Puis sous l'influence de son compagnon, il se transforme en héros solaire. Sa sexualité notamment subit des métamorphoses successives de plus en plus surprenantes. Le sens du travail, le nudisme, la spéléologie, les bains de soleil, le colonialisme, le racisme, les innovations sexuelles, autant de préoccupations d'aujourd'hui que l'auteur a insérées et brillamment illustrées dans le mythe éternel de Robinson Crusoé.
«3 janvier 1938. Tu es un ogre, me disait parfois Rachel. Un Ogre? C'est-à-dire un monstre féerique, émergeant de la nuit des temps? Je crois, oui, à ma nature féerique, je veux dire à cette connivence secrète qui mêle en profondeur mon aventure personnelle au cours des choses, et lui permet de l'incliner dans son sens. [...]Je relis ces lignes. Je m'appelle Abel Tiffauges, je tiens un garage place de la Porte-des-Ternes, et je ne suis pas fou. Et pourtant ce que je viens d'écrire doit être envisagé avec un sérieux total. Alors? Alors l'avenir aura pour fonction essentielle de démontrer - ou plus exactement d'illustrer - le sérieux des lignes qui précèdent.»
Qu'est-ce qu'un médianoche? D'abord, c'est un joli mot, sympathique et appétissant, qui rime avec cinoche et brioche. Ça veut dire:un repas fait au milieu de la nuit. Une fête nocturne et amicale, en somme, où on se raconte des histoires en buvant et en mangeant. Des histoires, en voilà quatorze justement, des vertes et des mûres, des histoires à rire et à pleurer, à boire et à manger.Et pour être plus sûr de vous offrir un chef-d'oeuvre, Michel Tournier s'est assuré la collaboration de Victor Hugo!
Hermétique aux expérimentations littéraires, Michel Tournier dit appartenir à la famille des «fictionnistes», dont les aînés sont Balzac, Hugo ou Dumas. La revendication de cette tradition s'accompagne chez lui d'une conception selon laquelle l'écrivain serait avant tout un artisan - et d'une défiance envers les maîtres à penser. Mais pas envers la pensée, puisque Tournier, philosophe et germaniste qui, comme Descartes, avançait «masqué», déclarait par ailleurs : «je n'ai jamais rien publié qui ne découle secrètement et indirectement de Platon, d'Aristote, de Spinoza, de Leibniz et de quelques autres». Ces références ont de quoi étonner, sans doute, car nul ne se voulait plus romancier que Tournier en une époque où la théorie semblait parfois prendre le pas sur la littérature.
Il publie son premier roman, Vendredi ou les Limbes du Pacifique (1967), au moment où le Nouveau Roman domine intellectuellement le monde littéraire français. Il n'a pas la moindre affinité avec ce mouvement, mais ses soutiens ne sont pas des ennemis de la modernité littéraire ; Vendredi est défendu par Queneau chez Gallimard ; Calvino y voit pour sa part un livre crucial, ouvrant une voie nouvelle ; tandis que pour Deleuze, il s'agit non seulement d'un roman philosophique, mais aussi «d'un roman d'aventures, de métamorphoses spirituelles, un roman nudiste, un roman comique, pervers, élémentaire, cosmique, un roman romanesque, dans la perfection d'un style où tout est rigueur et hymne». À la lecture du Roi des Aulnes (prix Goncourt 1970), George Steiner affirme qu'il s'agit de «l'un des plus grands romans européens de ces dernières décennies». D'autres s'effraieront de la proximité de la métaphysique et de la scatologie... Mais Tournier, loin de s'adresser seulement aux intellectuels et aux philosophes, ou de vouloir exclusivement terrifier les âmes frileuses, entendait que son oeuvre touche le public le plus vaste. Vendredi ou la Vie sauvage (1971) - destiné d'abord aux enfants, mais qu'il estimait être plus abouti que le premier Vendredi - compte aujourd'hui plus de sept millions de lecteurs.
Le projet d'éditer les Romans de Tournier dans la Pléiade a été conçu du vivant de l'auteur, et le sommaire du volume, établi en concertation avec lui, est demeuré inchangé après sa mort en 2016. On ne s'étonnera pas de la présence d'un essai intitulé Le Vent Paraclet (1977), qui offre un regard de l'intérieur sur le volume ; Tournier cherche en effet à y approcher le secret de la création, et plus particulièrement celui de ses romans : Vendredi, Le Roi des Aulnes et Les Météores. Pour la première fois, les manuscrits de Tournier sont mobilisés : ils donnent un accès unique à l'atelier de l'auteur. On découvre ainsi comment ce «jeune romancier» de plus de quarante ans, qui écrivait à Robert Gallimard en 1966 : «je suis un faux débutant», avait en réalité «toujours écrit».
Ces fameux Rois Mages, il n'y a que quelques lignes sur eux dans l'Évangile selon saint Matthieu. Pour le reste, il faut s'en remettre à Michel Tournier, qui sait qu'ils étaient quatre et non trois : Gaspard de Méroé, le roi noir amoureux d'une esclave blonde ; Balthazar de Nipour, grand amateur d'art ; le prince Melchior, héritier de la Palmyrène mais dépossédé de son trône ; et Taor de Mangalore, prince du sucre prisonnier dans les mines de sel de Sodome.
Michel Tournier, qui sait également pourquoi ils ont quitté leur royaume et ce qu'ils ont appris à Bethléem.
" donne-moi la photo.
" idriss gardait ses chèvres et ses moutons non loin de l'oasis de tabelbala quand une land rover a surgi. une jeune femme blonde aux jambes nues a pris en photo le petit berger saharien. sa photo, elle la lui enverra dès son retour à paris.
Idriss a attendu en vain. son image volée ne lui a pas été rendue. plus tard, quand il va partir vers le nord et jusqu'à paris pour chercher du travail, il va se heurter à des images de lui-même qu'il ne reconnaîtra pas.
Perdu dans un palais de mirages, il s'enfoncera dans la dérision jusqu'à ce qu'il trouve son salut dans la calligraphie. seul le signe abstrait le libérera de la tyrannie de l'image, opium de l'occident.
L'épisode des rois mages venus d'arabie heureuse pour adorer l'enfant jésus, s'il ne fait l'objet que de quelques lignes d'un seul des quatre evangiles, a magnifiquement inspiré la peinture occidentale.
Mais qui étaient ces rois ? pourquoi avaient-ils quitté leur royaume ? qu'ont-ils trouvé à jérusalem - chez hérode le grand - puis à bethléem ? l'histoire et la légende étant également muettes, il incombait à un romancier de répondre à ces questions. c'est ce qu'a tenté michel tournier avec ce récit naïf et violent qui plonge aux sources de la spiritualité occidentale.
Dans cette autobiographie intellectuelle, l'auteur de Vendredi ou Les limbes du Pacifique, du Roi des Aulnes, des Météores, du Coq de bruyère, s'explique sur ses livres. Passant de l'anecdote à la métaphysique, et de la chronique à l'esthétique littéraire, il cherche à approcher le secret de la création.L'ouvrage qu'il faut avoir lu pour mieux comprendre l'écrivain et son oeuvre.
Dans ces conférences inédites, données de 1994 à 2004, Michel Tournier accorde une grande importance à l'échange avec ses lecteurs. C'est avec humour qu'il présente ses expériences, comme son heureux échec à l'agrégation de philosophie, et dévoile, dans les coulisses de la création, son idéal de littérature:écrire des romans avec de la «philosophie de contrebande».Par leur complémentarité, ces conférences racontent le parcours de Michel Tournier et révèlent ses sources d'inspiration:il s'agit souvent de sa relation avec les livres qui l'ont inspiré, ceux de Kant, Flaubert ou Jules Verne, ou avec les personnalités qui l'ont marqué - on croise même le président Mitterrand descendant d'hélicoptère. Il arrive aussi qu'il dérive vers ses relations avec les éditeurs et les termes des contrats passés, ou bien vers les enquêtes préalables aux romans.Voici une traversée malicieuse de l'oeuvre de Tournier par Tournier, qui en montre l'extraordinaire cohérence et donne envie de tout (re)lire sans plus attendre.
Comment le Père Noël donnerait-il le sein à l'Enfant Jésus ? L'Ogre du Petit Poucet était-il un hippie ? Un nain peut-il devenir un surhomme ? Est-il possible de tuer avec un appareil de photographie ? Le citron donne-t-il un avant-goût du néant ? À ces questions - et à bien d'autres plus graves et plus folles encore - ce livre répond par des histoires drôles, navrantes, exaltantes et toujours exemplaires.
Pierrot ou les secrets de la nuit, Amandine ou les Deux Jardins, La Fugue du Petit Poucet, La Fin de Robinson Crusoé, Barbedor, La Mère Noël, Que ma joie demeure : sept contes de Michel Tournier.
« Quand tout le monde peut me lire, même les enfants, dit-il, c'est la preuve que j'ai donné le meilleur de moi-même. »
En effet, Michel Tournier n'écrit pas pour les enfants. Il écrit simplement de son mieux, avec comme idéal la brièveté de La Fontaine, la force de Perrault, la limpidité de Kipling, la naïveté de Saint-Exupéry.
La citadelle de Cléricourt se rendra-t-elle aux troupes anglaises qui l'assiègent ? Le sage Faber et son fils, l'insupportable petit Lucio, vont-ils finir par s'entendre ? Jeté en prison pour avoir allumé la mèche de la couleuvrine, pourquoi Lucio en est-il triomphalement libéré ? Comment Exmoor, le commandant anglais, parvient-il à battre Faber aux échecs ?L'auteur de Vendredi nous transporte en pleine guerre de Cent Ans pour nous raconter une histoire dont les vrais héros sont le hasard et la chance.
C'étaient des statues sculptées, dans le sable, d'une étrange et poignante beauté. Les corps se lovaient dans une faible dépression, ceints d'un lambeau de tissu gris souillé de vase. On songeait à adam et Éve avant que Dieu vînt souffler la vie dans leurs narines de limon. Le rocher de Tombelaine émergeait de la brume. Suspendu comme un mirage saharien au-dessus des nuées, le Mont-Saint-Michel brillait de toutes ses tuiles vermeilles, de tous les vitraux de sa pyramide abbatiale.
Comment jeanne d'arc, si lucide, au bon sens si fort, a-t-elle put accepter pour compagnon ce gilles de rais dont la monstruosité continue à révolter et à fasciner, un demi-millénaire après son supplice ? a cette question - toujours esquivée ou laissée pendante par les historiens -, michel tournier tente de répondre : et si gilles de rais n'était devenu un monstre que sous l'influence de jeanne ? et s'il avait remis son âme entre ses mains pour le meilleur et pour le pire ? pour le meilleur : libération d'orléans, victoire de patay, sacre de charles vii.
Pour le pire : blessure, capture, procès, condamnation par l'eglise, bûcher. gilles de rais a suivi jeanne jusqu'au bout, jusqu'à la sorcellerie, jusqu'au bûcher sur lequel il est monté neuf ans après elle.
En 1845, le pasteur Éléazar quitte son Irlande natale avec sa femme et ses deux enfants pour émigrer en Amérique, comme des milliers de ses compatriotes chassés par la grande famine. Débarquant en Virginie, il entreprend la traversée du continent pour gagner cette Californie qui se confond pour beaucoup avec la Terre promise. Parvenu dans le désert du Colorado, il lui semble qu'un voile se déchire devant ses yeux et qu'il lit pour la première fois la Bible. Sa propre aventure personnelle s'éclaire à la lumière du destin grandiose de Moïse. Il comprend que le drame de Moïse, c'était son déchirement entre le Buisson ardent, symbole du sacré, de la voix de Yahweh, et les sources que ne cessent de lui réclamer les Hébreux pour leurs femmes, pour leurs enfants, leur bétail et leurs cultures. Un choix tragique s'impose entre la Source et le Buisson.
«Le collant et le flottant. Je me suis toujours demandé ce qui a le plus de charme. Il y a deux écoles. Le collant bien sûr, ça épouse les formes, et en même temps, ça les tient, ça les affermit. Mais ça manque d'imagination. Ça ne parle pas. C'est sec, laconique, c'est pète-sec. Tandis que le flottant, le flou, c'est ça qui fait rêver! C'est bavard, c'est une improvisation continuelle, ça invite à glisser la main.»
Pierre conduit un énorme semi-remorque.
Son domaine, son royaume, c'est l'autoroute. d'ailleurs, pour lui, il y a ceux qui sont de l'autoroute, et ceux qui n'en sont pas. pourtant, un jour, il va tenter de s'en échapper : sur l'aire de repos du muguet, dans un champ, au-delà du grillage qui ferme son monde, pierre a aperçu marinette. pour la rejoindre, il quitte l'autoroute et s'engage dans les chemins de campagne.
Le pirate kheir ed dîn, surnommé par dérision barberousse, est redouté de tous.
Et personne, de peur d'avoir la gorge tranchée, n'ose évoquer la couleur de sa barbe ou de ses cheveux. devenu souverain, il convoque le portraitiste officiel qui tient à reproduire fidèlement son visage, barbe et cheveux compris. barberousse menace de lui couper la tête. le peintre réussira-t-il à lui faire accepter son image ?.
Pierrot ou les secrets de la nuit, Barbedor, La fin de Robinson Crusoé, La Mère Noël : quatre contes de Michel Tournier. "Quand tout le monde peut me lire, même les enfants, dit-il, c'est la preuve que j'ai donné le meilleur de moi-même." En effet, Michel Tournier n'écrit pas pour les enfants. Il écrit simplement de son mieux, avec comme idéal la brièveté de La Fontaine, la force de Perrault, la limpidité de Kipling, la naïveté de Saint-Exupéry.
Ce livre réunit les « lettres » - en réalité des cassettes audio - envoyées par Michel Tournier à Hellmut Waller, son ami allemand, rencontré à Tübingen en 1946 pendant ses études de philosophie.
L'ensemble des lettres - au nombre de 23 - couvre une période de plus de trente années de 1967 à 1998. Les débuts de cette correspondance coïncident avec des moments-clés dans la vie des deux hommes : en 1967, Tournier vient de recevoir le prix de l'Académie Française pour Vendredi ou les Limbes du Pacifique ; en 1969, il dépose le manuscrit du Roi des Aulnes chez Gallimard. C'est peu de temps après cette publication qu'Hellmut Waller, juriste de formation devenu procureur général chargé de requérir contre les nazis, va se mettre à traduire en allemand l'oeuvre de Michel Tournier.
Il faut souligner la différence avec des lettres écrites. Ici, l'oralité domine, favorisant la spontanéité. Parfois l'auteur s'interrompt, quitte à reprendre plusieurs heures ou plusieurs jours après. Certaines lettres sont de ce fait assez longues, abordant les sujets les plus divers. Aussi, au début de chaque lettre, un bref résumé indique les principaux sujets abordés.
Cet échange est de première importance, par sa durée d'abord - trente et une années ; pour les informations, ensuite, qu'il nous donne sur le travail de l'écrivain, ses relations avec le monde littéraire et de la photographie, ses voyages, sa vie quotidienne, la genèse de ses oeuvres, et même les pistes délaissées.
Afin de ne pas rompre l'unité des Lettres parlées, deux annexes sont placées à leur suite.
La première est la transcription d'un entretien radiophonique de Michel Tournier avec Gilles Lapouge, dans le cadre de son émission Agora, en 1979 : Des Clés et des Serrures. La seconde est un extrait du texte : « Le retour en Allemagne du Michel Tournier », où ce dernier brosse un portrait amical et taquin de son ami Hellmut Waller.
Publier un livre, nous dit Michel Tournier, c'est procéder à un lâcher de vampires. Car un livre est un oiseau sec, exsangue, avide de chaleur humaine, et, lorsqu'il s'envole, c'est à la recherche d'un lecteur, être de chair et de sang, sur lequel il pourra se poser afin de se gonfler de sa vie et de ses rêves. Ainsi le livre devient ce qu'il a vocation d'être : une oeuvre vivante.
Une cinquantaine de livres sont donc venus se poser sur le lecteur Tournier, lequel, ayant une plume à la main, a essayé de décrire les fruits imaginaires que ces semences produisaient dans sa tête. Il en résulte une suite de brefs essais, qui vont de Charles Perrault à Jean-Paul Sartre et de Novalis à Günter Grass, où la joie d'écrire s'ajoute au bonheur de lire.