Sam Tahar, brillant avocat au barreau de New York, semble tout avoir : la célébrité, la fortune, un beau mariage... Mais sa réussite repose sur une imposture. Pour se fabriquer une autre identité en Amérique, il a emprunté les origines juives de son ami Samuel, écrivain raté qui s'enlise dans une banlieue française sous tension. Vingt ans plus tôt, la belle Nina était restée - par pitié -, aux côtés du plus faible. À mi-vie, ces trois comètes se rencontrent à nouveau, et c'est la déflagration... L'histoire d'un triangle amoureux qui percute avec violence la grande Histoire de notre début de siècle.Percutant et juste, fort et intense, ce roman, à la construction implacable, semé de rebondissements, suit le fil d'une intrigue sensationnelle. Jean-Claude Raspiengeas; La Croix.En une brassée de phrases serpentines et saturées de mots, Karine Tuil prend son histoire à bras-le-corps et son lecteur de court. Olivia de Lamberterie, Elle.
Écrire sur son père : tel est le contrat signé par la narratrice avec un grand éditeur. Comment aborder cet homme-caméléon, juif engagé auprès de la cause palestinienne, époux en apparence convenable qui installa sous le toit familial une Russe énigmatique, chirurgien humaniste aux pulsions suicidaires ? Pour venir à bout de cet ouvrage impossible, la narratrice va se glisser dans la peau d'un personnage fictif, le fils qu'elle a toujours rêvé d'être : Adam. Entre répulsion et domination, érotisme et cruauté, c'est un ballet des sentiments troubles que Karine Tuil chorégraphie dans ce roman virtuose.La mémoire, le poids de l'histoire, la comédie sociale, les relations amour-haine [...] ont toujours habité les textes de Karine Tuil, mais la thématique première et principale reste la quête identitaire. Avec humour souvent, avec plus de gravité parfois [...], ici avec douleur, elle dit les mensonges devenus trahisons. Émilie Grangeray, Le Monde des livres.
«Je m'appelle Saül Weissmann, mais ne vous fiez pas à mon nom qui n'est pas juif en dépit des apparences. J'ai été, pendant soixante-dix ans, un imposteur pour les autres et pour moi-même.» Ainsi commence la confession du narrateur, un vieux survivant d'Auschwitz qui apprend de la bouche d'un rabbin qu'il n'est pas juif selon la Loi de Moïse. Rejeté par les siens, Saül Weissmann se retrouve en proie à une véritable crise identitaire qui va faire surgir son double, issu de la négation de sa judéité. S'engage alors un dialogue difficile entre ce juif et ce non-juif qui cohabitent en lui : quelle identité Weissmann doit-il revendiquer ?Cette histoire de métamorphose à la Kafka, traitée dans un style ironique et lapidaire, confirme le talent de la romancière. Les Inrockuptibles.Dans ce roman, Karine Tuil manifeste une intelligence aussi libre que respectueuse, une légèreté de ton et d'écriture qui préserve toute la gravité de son propos. Le Monde des Livres.
Juliana Kant, première fortune allemande, femme froide, retenue, secrète et mariée, a une aventure amoureuse avec Herb Braun, un homme qui a tout du gigolo. Au bout de quelques mois, d'hôtel en hôtel, d'un rendez-vous clandestin à un autre, Herb menace de révéler leur liaison à la presse. Le gigolo est dénoncé et emprisonné. Banal chantage ?
Pas seulement, car l'affaire fait ressortir le passé peu reluisant de la famille Kant et leur proximité avec les nazis pendant la guerre. Un roman violent, très fort qui est à la fois le portrait d'une femme prête à tout pour aimer ainsi qu'une saisissante plongée chez les damnés de l'histoire, raconté par l'homme de confiance de la famille, témoin complice de toute la barbarie des hommes...
Une jeune femme sans histoire est arrêtée par erreur avec des immigrés clandestins.
Au lieu de protester, mi-fascinée, mi-voyeuse, elle endosse l'identité d'une roumaine sans-papiers et devient la prisonnière involontaire d'un centre de rétention administrative de la région parisienne. elle découvre alors un autre monde : tour de babel des langues, machine bureaucratique, attente effrayée de la décision du juge : libération ou renvoi au pays. roman coup de poing, à mi-chemin entre l'indignation et de la lettre d'amour aux siens, qui tourne autour d'une question obsédante : quel prix faut-il payer pour avoir la certitude d'une terre à soi ?
à la question : « quel pourrait être l'avenir d'un comique français paranoïaque et sans emploi, accompagné d'un chien névrosé et d'une ancienne communiste, dans un pays en croisade contre le mal ? », jérémy sandre, dit jerry sanders à la scène, pourrait répondre sans se tromper : aucun. bien qu'affabulateur, mauvais fils, piètre père, séducteur lâche, comique malgré lui, joueur de cartes compulsif, humoriste français exilé à new york en pleine francophobie, jerry est lucide. s'il n'a pas d'avenir, autant s'en inventer un, glorieux.
à sa famille, ce naufragé existentiel va mentir. à la société, cet asocial va prétendre dicter sa loi.
Celle du plus faible ?
Il préfère en rire, mais avec des larmes. comme nous d'ailleurs à la lecture de ce roman ambitieux et drôle, magistralement mené.
Karine Tuil
Tout sur mon frère
Deux frères, issus de la petite bourgeoisie, Arno et Vincent, pareillement élevés dans le respect des mots : pourtant tout les oppose. Vincent, désormais « trader », adore les signes extérieurs de la réussite, les objets onéreux, les amours tarifées. Arno, le frère aîné, écrivain, est l'espion, le délateur, le juge aux affaires familiales. Jusqu'au jour où la maladie neurologique de leur père les incite à renouer l'impossible dialogue au chevet d'un homme qui ne parvient plus à assembler les lettres. C'est alors comme s'ils se perdaient dans le labyrinthe de leurs émotions d'enfants. Le financier insensible découvre bien des choses : le visage inconnu de son père ; de quoi sont capables les femmes quand elles souffrent ; une caisse d'où s'échappent les fantômes du passé.
Alternant le ton d'un comique sans illusions qui montre les humains menés par leurs vices, le sexe et l'argent, avec l'écriture d'une tragédie intime, détournant pour mieux s'en moquer les codes de l'autofiction, Karine Tuil a composé un fort habile livre gigogne, tout en dévoilements et en fausses surprises, qui puise sa force au plus profond de la haine comme de l'amour.