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Gallimard
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«J'ai commencé ma vie comme je la finirai sans doute : au milieu des livres. Dans le bureau de mon grand-père, il y en avait partout ; défense était de les faire épousseter sauf une fois l'an, avant la rentrée d'octobre. Je ne savais pas encore lire que, déjà, je les révérais, ces pierres levées : droites ou penchées, serrées comme des briques sur les rayons de la bibliothèque ou noblement espacées en allées de menhirs, je sentais que la prospérité de notre famille en dépendait...»
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«Donc j'étais tout à l'heure au Jardin public. La racine du marronnier s'enfonçait dans la terre, juste au-dessous de mon banc. Je ne me rappelais plus que c'était une racine. Les mots s'étaient évanouis et, avec eux, la signification des choses, leurs modes d'emploi, les faibles repères que les hommes ont tracés à leur surface. J'étais assis, un peu voûté, la tête basse, seul en face de cette masse noire et noueuse entièrement brute et qui me faisait peur. Et puis j'ai eu cette illumination.
Ça m'a coupé le souffle. Jamais, avant ces derniers jours, je n'avais pressenti ce que voulait dire "exister"».
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«- Comment s'appellent-ils, ces trois-là?- Steinbock, Ibbieta et Mirbal, dit le gardien.Le commandant mit ses lorgnons et regarda sa liste:- Steinbock... Steinbock... Voilà. Vous êtes condamné à mort.Vous serez fusillé demain matin.Il regarda encore:- Les deux autres aussi, dit-il.- C'est pas possible, dit Juan. Pas moi.Le commandant le regarda d'un air étonné...»
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L'être et le néant ; essai d'ontologie phénoménologique
Jean-Paul Sartre
- GALLIMARD
- Tel
- 23 Avril 1976
- 9782070293889
«L'être ne saurait engendrer que l'être et, si l'homme est englobé dans ce processus de génération, il ne sortira de lui que de l'être. S'il doit pouvoir interroger sur ce processus, c'est-à-dire le mettre en question, il faut qu'il puisse le tenir sous sa vue comme un ensemble, c'est-à-dire se mettre lui-même en dehors de l'être et du même coup affaiblir la structure d'être de l'être. Toutefois il n'est pas donné à la réalité humaine d'anéantir, même provisoirement, la masse d'être qui est posée en face d'elle. Ce qu'elle peut modifier, c'est son rapport avec cet être. Pour elle, mettre hors de circuit un existant particulier, c'est se mettre elle-même hors de circuit par rapport à cet existant. En ce cas elle lui échappe, elle est hors d'atteinte, il ne saurait agir sur elle, elle s'est retirée par-delà un néant. Cette possibilité pour la réalité humaine de sécréter un néant qui l'isole, Descartes, après les Stoïciens, lui a donné un nom : c'est la liberté.» Jean-Paul Sartre.
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TSi un homme attribue tout ou partie des malheurs du pays et de ses propres malheurs ´r la présence d'éléments juifs dans la communauté, s'il propose de remédier ´r cet état de choses en privant les juifs de certains de leurs droits ou en les écartant de certaines fonctions économiques et sociales ou en les expulsant du territoire ou en les exterminant tous, on dit qu'il a des opinions antisémites.
Ce mot d'opinion fait rever...t Jean-Paul Sartre.
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TÉcriture et lecture sont les deux faces d'un meme fait d'histoire et la liberté ´r laquelle l'écrivain nous convie, ce n'est pas une pure conscience abstraite d'etre libre. Elle n'est pas, ´r proprement parler, elle se conquiert dans une situation historique ; chaque livre propose une libération concrcte ´r partir d'une aliénation particulicre... Et puisque les libertés de l'auteur et du lecteur se cherchent et s'affectent ´r travers un monde, on peut dire aussi bien que c'est le choix fait par l'auteur d'un certain aspect du monde qui décide du lecteur, et réciproquement que c'est en choisissant son lecteur que l'écrivain décide de son sujet. Ainsi tous les ouvrages de l'esprit contiennent en eux-memes l'image du lecteur auquel ils sont destinés.t Jean-Paul Sartre.
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Situations : Janvier 1970 - Juillet 1975
Jean-Paul Sartre
- GALLIMARD
- Blanche
- 7 Novembre 2024
- 9782073079053
Lors de leur première publication, en 1976, les textes recueillis dans cette nouvelle édition du dernier volume des Situations étaient introduits par le sous-titre «Politique et autobiographie», qui en précise bien la double dimension. En effet, le Sartre que nous rencontrons d'abord est fidèle aux idées de Mai 68 ; il se montre attentif à ce qui se passe en France et au-delà des frontières nationales, prenant le parti des opprimés et de ceux qui se révoltent. Au nom du Secours rouge, il est le défenseur de tous ceux qui, jugés ou emprisonnés, sont les victimes d'une justice aux ordres du pouvoir ; il se range surtout aux côtés des maoïstes, dont il analyse avec une évidente sympathie la pensée et le mode d'action. L'écriture de ces textes est militante, souvent ironique, parfois violente, s'appuyant toujours sur une documentation précise et détaillée. Tout autre est la tonalité de l'«autobiographie» : Sartre n'y est plus seul ; devenu aveugle, il n'écrit pas mais il parle. En effet, des interlocuteurs proches, tels que Simone de Beauvoir ou Michel Contat, permettent à Sartre de faire le point et de préciser sa pensée. À cet égard, l'entretien accordé à Contat est une réussite évidente. N'y manquent ni révélations étonnantes sur le rapport de Sartre à l'argent, ni aveux sur une complaisance coupable à l'égard de l'U.R.S.S., ni prise de conscience lucide : l'écrivain Sartre dresse son propre acte de décès. L'émotion est bien présente, sans rien de larmoyant : c'est déjà une «cérémonie des adieux», mais elle se clôt sur un éclat de rire.
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L'imaginaire ; psychologie phénoménologique de l'imagination
Jean-Paul Sartre
- GALLIMARD
- 20 Avril 1966
- 9782070351015
Dans L'imagination (1936), Sartre avait mené une analyse critique des théories de l'image mentale depuis Descartes.
L'imaginaire, qu'il écrivit ´r la suite, tente d'abord ce qu'il appelle une Tphénoménologiet de l'image, c'est-´r-dire qu'il inventorie et conceptualise tout ce qu'une réflexion directe, voire subjective, peut apprendre de certain sur la conscience imageante ; il écarte donc les théories de ses prédécesseurs tout en se servant, souvent contre eux, de leurs observations concrctes, aussi bien que de sa propre subjectivité. Puis il en vient au probable, ´r savoir ´r ses propres hypothcses sur la nature de l'image mentale, ce qui l'amcne ´r se poser des questions qui débordent la psychologie phénoménologique : Cette possibilité qu'a la conscience de se donner un objet absent est-elle contingente ? Quel est son rapport avec la pensée ? avec le symbole ? Que représente l'imaginaire dans la vie de la conscience, dans notre position du réel ? Et enfin quelle est la réalité de l'uvre d'art, cet irréel ?
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Les mots et autres écrits autobiographiques
Jean-Paul Sartre
- GALLIMARD
- Bibliotheque De La Pleiade
- 25 Mars 2010
- 9782070114146
Ce volume contient :
* Les Mots (1964) ;
* Écrits autobiographiques 1939-1963 :
- Carnets de la drôle de guerre (1939-1940) - Autour des « Carnets de la drôle de guerre » : Journal des 10 et 11 juin 1940 / La mort dans l'âme / Exercice du silence, 1942 / Journal du 12 au 14 juin et du 18 au 20 août 1940 ;
- La Reine Albemarle ou le dernier touriste (1951-1953) - Autour de « La Reine Albemarle » : Lettre à Olga Kosakiewicz / Préface au guide Nagel « Les Pays nordiques » + Première version de la préface au guide Nagel / Lettre à Simone Jolivet ;
- Retour sur les « Carnets de la drôle de guerre » (Notes de 1954-1955) : Cahier Lutèce / Relecture du Carnet 1 / « L'Apprentissage de la réalité » (Notes sur la guerre et sur la Libération) - Jean sans Terre (1955 ?) ;
- Portraits (1960-1961) : Paul Nizan / Merleau-Ponty + Merleau-Ponty (première version, manuscrite) ;
- Vers «Les Mots » (Notes et esquisses, 1953-1963) : Fragments initiaux / Développements abandonnés / Esquisses des « Mots» ;
* Appendices : Lettre à Simone Jolivet (1926) / Notes sur la prise de mescaline (1935) / Lettre à Simone de Beauvoir (10 mai 1940) / Apprendre la modestie (après 1947) / Sartre parle des « Mots » (1953-1975) / « J'écris pour dire que je n'écris plus » (sans date) ;
Édition publiée sous la direction de Jean-François Louette, avec la collaboration de Gilles Philippe et Juliette Simont.
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Oeuvres romanesques
Jean-Paul Sartre
- GALLIMARD
- Bibliotheque De La Pleiade
- 13 Janvier 1982
- 9782070110025
Voici le sommaire de ce volume : - Préface, chronologie, note sur la présente édition. - La Nausée. Le Mur. Les Chemins de la liberté : I. L'Âge de raison ; II. Le Sursis ; III. La Mort dans l'âme ; IV. Drôle d'amitié. - Appendices : Dépaysement ; La Mort dans l'âme (fragments de journal) ; La Dernière Chance (fragments). - Notices, notes et variantes. Bibliographie générale. La part de l'inédit dans ce volume est importante. Elle est constituée d'abord par l'intégralité des passages de La Nausée supprimés par Sartre. Puis par la nouvelle Dépaysement retirée in extremis du recueil Le Mur. Par le journal de guerre intitulé La Mort dans l'âme. Enfin par des fragments de ce qui devait être le tome IV des Chemins de la liberté. Inédits aussi certains documents publiés avec les notes, comme la correspondance entre Sartre et son éditeur à propos de La Nausée et une précieuse série de lettres à Simone de Beauvoir concernant la rédaction de L'Âge de raison.
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Le diable et le bon dieu ; trois actes et onze tableaux
Jean-Paul Sartre
- GALLIMARD
- Blanche
- 5 Novembre 1951
- 9782070257676
«Cette pièce peut passer pour un complément, une suite aux Mains sales, bien que l'action se situe quatre cents ans auparavant. J'essaie de montrer un personnage aussi étranger aux masses de son époque, qu'Hugo, le jeune bourgeois, héros des Mains sales,l'était, et aussi déchiré. Cette fois, c'est un peu plus gros. Goetz, mon héros, incarné par Pierre Brasseur, est déchiré, parce que, bâtard de noble et de paysan, il est également repoussé des deux côtés. Le problème est de savoir comment il lâchera l'anarchisme de droite pour aller prendre part à la guerre des paysans...
J'ai voulu montrer que mon héros, Goetz, qui est un genre de franc-tireur et d'anarchiste du mal, ne détruit rien quand il croit beaucoup détruire. Il détruit des vies humaines, mais ni la société, ni les assises sociales, et tout ce qu'il fait finit par profiter au prince, ce qui l'agace profondément. Quand, dans la deuxième partie, il essaie de faire un bien absolument pur, cela ne signifie rien non plus. Il donne des terres à des paysans, mais ces terres sont reprises à la suite d'une guerre générale, qui d'ailleurs éclate à propos de ce don. Ainsi, en voulant faire l'absolu dans le bien ou dans le mal, il n'arrive qu'à détruire des vies humaines...
La pièce traite entièrement des rapports de l'homme à Dieu,ou, si l'on veut, des rapports de l'homme à l'absolu...» Jean-Paul Sartre.
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Les séquestres d'Altona ; pièce en cinq actes
Jean-Paul Sartre
- GALLIMARD
- 25 Janvier 1960
- 9782070257706
«- La guerre, on le la fait pas : c'est elle qui nous fait. Tant qu'on se battait, je rigolais bien : j'étais un civil en uniforme. Une nuit, je suis devenu soldat pour toujours. Un pauvre gueux de vaincu, un incapable. Je revenais de Russie, je traversais l'Allemagne en me cachant...»
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Dans l'oeuvre dramatique de Sartre, bien et mal, volonté de résistance et esprit de résignation, héroïsme (réel ou joué) et lâcheté, victimes et bourreaux, idéalistes et réalistes dialoguent et s'opposent au fil de pièces qui empruntent à tous les genres sans en adopter aucun, voire en les détournant tous. Une grande diversité, donc, du moins en apparence : elle a pu masquer la profonde unité de l'oeuvre, qui est un théâtre de l'héroïsme et de sa démythification. Cette unité, il n'est pas certain que les spectateurs des «premières» aient eu le recul nécessaire pour la percevoir. L'édition qui paraît aujourd'hui permet d'en prendre conscience.
Même si Huis clos ne cesse d'être représenté avec succès, le théâtre de Sartre est un tnéâtre d'auteur et de lecture. Réunies dans une édition complète, accompagnées de scènes et de tableaux inédits, de témoignages sur les créations, de déclarations de Sartre et de ses proches, ces pièces qui furent comme le miroir d'un siècle aujourd'hui achevé peuvent désormais échapper à leur époque et être considérées d'un oeil nouveau, pour ce qu'elles sont : une interrogation, comparable à celles des mythes, sur la liberté de l'homme soumis à des situations extrêmes qui peuvent être, et qui sont, sa condition dans tous les temps.
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L'intervention du philosophe s'avcre, ici, distincte autant de celle du critique que de celle du psychologue (médecin ou non-médecin) comme du sociologue. Car il ne s'agira pour lui, ni de peser au trébuchet la poésie baudelairienne (portant sur elle un jugement de valeur ou s'appliquant ´r en offrir une clé), ni d'analyser, comme on ferait d'un phénomcne du monde physique, la personne du pocte des Fleurs du Mal. Tenter, bien au contraire, de revivre par l'intérieur au lieu de n'en considérer que les dehors (c'est-´r-dire : soi-meme l'examinant du dehors) ce que fut l'expérience de Baudelaire, prototype quasi légendaire du Tpocte mauditt...
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Situations Tome 8 : novembre 1966 - janvier 1970
Jean-Paul Sartre
- GALLIMARD
- Blanche
- 13 Avril 2023
- 9782073000101
Les articles réunis dans ce volume correspondent à une durée de quatre ans environ dans la vie de Sartre : on y retrouve au premier plan l'écho des événements qui se déroulèrent dans le monde ainsi qu'en France. Président du Tribunal Russell, Sartre est aux côtés du peuple vietnamien en lutte contre les États-Unis ; il soutient les intellectuels et le peuple tchécoslovaque dans leur révolte contre un socialisme absurde et dictatorial importé d'U.R.S.S. ; il essaie non sans peine ni déchirement de concilier son soutien à l'État d'Israël et les justes revendications du peuple palestinien. Surpris comme tout le monde par les événements de Mai 68, il en épouse cependant très vite la révolte anti-autoritaire et se met résolument aux côtés des étudiants, sensible à ce qu'il y a de neuf, ce mois de mai marquant une rupture nette ouvrant sur l'avenir de nouvelles perspectives ; il prit plaisir à voir le général de Gaulle et son régime mis à mal par les événements ou l'Université et ses sommités en butte à la contestation ; son plaisir ne fut pas moindre quand il put, aux Temps modernes, faire entendre la voix de la contestation contre la psychanalyse avec laquelle il avait, depuis longtemps, un compte à régler. Cela ne veut pas dire que le penseur, le philosophe qu'est Sartre ait disparu pour autant. Certes il n'occupe pas ici le devant de la scène, mais il travaille avec acharnement à compléter ce qui était conçu comme une somme : son Flaubert qui devait contenir tout Flaubert mais aussi tout Sartre.
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Originellement, cet ouvrage devait constituer l'introduction aux Oeuvres complètes de Jean Genet. Il est très vite devenu une réfl exion autonome, qui, à partir du cas de l'écrivain, s'ouvre à d'autres horizons, méthodologiques, critiques et philosophiques. Jean-Paul Sartre s'en est expliqué en ces termes, lors de la parution en 1952 : «Montrer les limites de l'interprétation psychanalytique et de l'explication marxiste et que seule la liberté peut rendre compte d'une personne en sa totalité, faire voir cette liberté aux prises avec le destin d'abord écrasée par ses fatalités puis se retournant sur elles pour les digérer peu à peu, prouver que le génie n'est pas un don mais l'issue qu'on invente dans les cas désespérés, retrouver le choix qu'un écrivain fait de lui-même, de sa vie et du sens de l'univers jusque dans les caractères formels de son style et de sa composition, jusque dans la structure de ses images, et dans la particularité de ses goûts, retracer en détail l'histoire d'une libération : voilà ce que j'ai voulu ; le lecteur dira si j'ai réussi.»
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Ce recueil obéit à un double principe : il rassemble les textes proprement philosophiques, répartis dans les divers volumes des Situations, de 1939 à 1968, et il fait droit au talent le plus manifeste de Sartre : celui d'essayiste qui mêle rhétorique de la persuasion, acuité critique et rigueur polémique. Sartre traite de Husserl, du langage, de la liberté chez Descartes et du matérialisme ; il fait le portrait le plus extraordinaire qu'on ait brossé de Merleau-Ponty et de l'époque des années 1950 ; bien entendu, sa réflexion revient sans cesse sur la question de la nature et du rôle des «intellectuels» confrontés au déclin du stalinisme comme à la nécessité de prendre position face à la guerre du Viêt-nam ou aux événements de mai 1968. Ces Situations philosophiques dessinent aussi les contours de l'existentialisme sartrien, en indiquent les sources (Kierkegaard notamment) et les thèmes dominants : liberté, responsabilité, engagement.
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De mai 1958 à octobre 1964, Sartre est sur tous les fronts. Depuis le premier volume de Situations, on le sait curieux et perspicace ami des écrivains et des artistes : Albert Camus, Paul Nizan, André Masson, Merleau-Ponty, Andreï Tarkovsky... Le refus du prix Nobel de littérature et la tonalité polémique que Sartre lui donne viennent mettre le point final à ces pages consacrées aux lettres et aux arts. Ce qui, incontestablement, tient la première place, c'est le combat politique. La toile de fond en est le conflit algérien et, de manière plus générale, les conflits du Tiers Monde ; y apparaissent de grotesques figures, d'autres que Sartre juge plus pernicieuses et dangereuses pour la démocratie et la République, d'autres enfin qui sont à ses yeux porteuses d'espérance ou véritablement héroïques. Dans ce combat politique, Sartre fait flèche de tout bois : le polémiste y excelle, le moraliste y cisèle ses aphorismes ; la violence va jusqu'au cri, semble emporter l'écrivain au-delà de toute retenue.
Mais il est enfin un autre Sartre plus humain, plus fraternel, celui qui part à la recherche de ses amis disparus, qui sont morts prématurément, absurdement, et à qui il faut rendre hommage ou justice : Camus, Nizan et Merleau-Ponty. Ces trois éloges funèbres sont également trois occasions de revenir sur soi, de comparer sa propre vie et celle de ceux qui ont disparu, de voir tout le chemin parcouru, tantôt avec eux tantôt sans eux ou contre eux, de jeter sur qui l'on fut un regard qui n'a nulle complaisance mais qui n'est pas sans tendresse.
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De mai 1958 à octobre 1964, Sartre est sur tous les fronts. Depuis le premier volume de Situations, on le sait curieux et perspicace ami des écrivains et des artistes:Albert Camus, Paul Nizan, André Masson, Merleau-Ponty, Andreï Tarkovsky... Le refus du prix Nobel de littérature et la tonalité polémique que Sartre lui donne viennent mettre le point final à ces pages consacrées aux lettres et aux arts. Ce qui, incontestablement, tient la première place, c'est le combat politique. La toile de fond en est le conflit algérien et, de manière plus générale, les conflits du Tiers Monde; y apparaissent de grotesques figures, d'autres que Sartre juge plus pernicieuses et dangereuses pour la démocratie et la République, d'autres enfin qui sont à ses yeux porteuses d'espérance ou véritablement héroïques. Dans ce combat politique, Sartre fait flèche de tout bois:le polémiste y excelle, le moraliste y cisèle ses aphorismes; la violence va jusqu'au cri, semble emporter l'écrivain au-delà de toute retenue.Mais il est enfin un autre Sartre plus humain, plus fraternel, celui qui part à la recherche de ses amis disparus, qui sont morts prématurément, absurdement, et à qui il faut rendre hommage ou justice:Camus, Nizan et Merleau-Ponty. Ces trois éloges funèbres sont également trois occasions de revenir sur soi, de comparer sa propre vie et celle de ceux qui ont disparu, de voir tout le chemin parcouru, tantôt avec eux tantôt sans eux ou contre eux, de jeter sur qui l'on fut un regard qui n'a nulle complaisance mais qui n'est pas sans tendresse.
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Cahiers pour une morale
Jean-Paul Sartre
- GALLIMARD
- Bibliotheque De Philosophie
- 1 Avril 1983
- 9782070246489
Sartre a toujours souhaité que les textes philosophiques de sa maturité ne soient publiés qu'après sa mort. C'est en 1947 et en 1948 que ces Cahiers pour un emorale ont été écrits. Dans la conclusion de L'Être et le Néant (1943), Sartre annonçait qu'il consacrerait un prochain ouvrage au problème moral. Les textes ici réunis sont ce qui reste de ce projet. Sartre les a intitulés lui-même «Notes pour la Morale, tome I et tome II». Ils se complètent de deux appendices. Le premier est un texte de 1945, intitulé «Bien et subjectivité», qui se présente comme un début de journal. Le second est une étude sur l'oppression des Noirs aux États-Unis.
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Sans remettre en cause les thèses de Marx, notamment sur l'importance des conditions matérielles dans les relations humaines, Sartre entend montrer que ces relations, aussi réifiées qu'elles puissent être, ne se laissent pas dissoudre dans l'économique ; il propose, pour repousser la limite marxiste à une compréhension de l'homme concret, de l'Histoire concrète, une méthode dialectique, progressive-régressive, dont certaines notions sont issues de l'existentialisme. C'est cette méthode qu'il mettra en oeuvre dès l'année suivante dans son grand ouvrage (qu'il appelle ici sa «seconde partie») Critique de la Raison dialectique.
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Situations Tome 7 : problèmes du marxisme, 2
Jean-Paul Sartre
- GALLIMARD
- Blanche
- 18 Novembre 2021
- 9782072959448
De mai 1958 à octobre 1964, Sartre est sur tous les fronts. Depuis le premier volume de Situations, on le sait curieux et perspicace ami des écrivains et des artistes:Albert Camus, Paul Nizan, André Masson, Merleau-Ponty, Andreï Tarkovsky... Le refus du prix Nobel de littérature et la tonalité polémique que Sartre lui donne viennent mettre le point final à ces pages consacrées aux lettres et aux arts. Ce qui, incontestablement, tient la première place, c'est le combat politique. La toile de fond en est le conflit algérien et, de manière plus générale, les conflits du Tiers Monde; y apparaissent de grotesques figures, d'autres que Sartre juge plus pernicieuses et dangereuses pour la démocratie et la République, d'autres enfin qui sont à ses yeux porteuses d'espérance ou véritablement héroïques. Dans ce combat politique, Sartre fait flèche de tout bois:le polémiste y excelle, le moraliste y cisèle ses aphorismes; la violence va jusqu'au cri, semble emporter l'écrivain au-delà de toute retenue.Mais il est enfin un autre Sartre plus humain, plus fraternel, celui qui part à la recherche de ses amis disparus, qui sont morts prématurément, absurdement, et à qui il faut rendre hommage ou justice:Camus, Nizan et Merleau-Ponty. Ces trois éloges funèbres sont également trois occasions de revenir sur soi, de comparer sa propre vie et celle de ceux qui ont disparu, de voir tout le chemin parcouru, tantôt avec eux tantôt sans eux ou contre eux, de jeter sur qui l'on fut un regard qui n'a nulle complaisance mais qui n'est pas sans tendresse.
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Situations Tome 4 ; avril 1950 - avril 1953
Jean-Paul Sartre
- GALLIMARD
- Blanche
- 11 Juin 2015
- 9782070148875
De mai 1958 à octobre 1964, Sartre est sur tous les fronts. Depuis le premier volume de Situations, on le sait curieux et perspicace ami des écrivains et des artistes:Albert Camus, Paul Nizan, André Masson, Merleau-Ponty, Andreï Tarkovsky... Le refus du prix Nobel de littérature et la tonalité polémique que Sartre lui donne viennent mettre le point final à ces pages consacrées aux lettres et aux arts. Ce qui, incontestablement, tient la première place, c'est le combat politique. La toile de fond en est le conflit algérien et, de manière plus générale, les conflits du Tiers Monde; y apparaissent de grotesques figures, d'autres que Sartre juge plus pernicieuses et dangereuses pour la démocratie et la République, d'autres enfin qui sont à ses yeux porteuses d'espérance ou véritablement héroïques. Dans ce combat politique, Sartre fait flèche de tout bois:le polémiste y excelle, le moraliste y cisèle ses aphorismes; la violence va jusqu'au cri, semble emporter l'écrivain au-delà de toute retenue.Mais il est enfin un autre Sartre plus humain, plus fraternel, celui qui part à la recherche de ses amis disparus, qui sont morts prématurément, absurdement, et à qui il faut rendre hommage ou justice:Camus, Nizan et Merleau-Ponty. Ces trois éloges funèbres sont également trois occasions de revenir sur soi, de comparer sa propre vie et celle de ceux qui ont disparu, de voir tout le chemin parcouru, tantôt avec eux tantôt sans eux ou contre eux, de jeter sur qui l'on fut un regard qui n'a nulle complaisance mais qui n'est pas sans tendresse.