Le monde entier est atteint d'angelicamania, disait-on à Londres en 1777, en désignant Angelica Kauffmann (1741-1807), cette jeune femme peintre venue de Suisse via l'Italie, qui avait conquis par son charme et son pinceau toute la société britannique et, au-delà, toute l'intelligentsia européenne.
Que reste-t-il aujourd'hui des manifestations de cet extraordinaire enthousiasme ? L'oeuvre d'un grand peintre, qui mérite de retrouver la lumière des projecteurs. Cette première biographie française arrive donc à point pour redonner à Angelica Kauffmann la place qui lui revient dans l'histoire de l'art. Sa vie est un véritable roman. Née dans une famille modeste des Grisons, elle a connu une ascension sociale vertigineuse et a su s'imposer dans un monde dominé par les hommes pour faire, en Angleterre comme à Rome, une carrière éblouissante de portraitiste et de peintre d'histoire.
Elle a peint pour les cours d'Angleterre, de Naples, de Vienne, et même de Saint-Pétersbourg. Elle a appartenu à toutes les académies d'Italie et compté parmi les membres fondateurs de la Royal Academy. Elle a connu la gloire, mais, comme Mme de Staël, " au détriment du bonheur ". Le parcours de cette vie, jalonné de rencontres avec l'élite de son époque : Winckelmann, Reynolds, et surtout Goethe, son plus fervent admirateur (" Elle a un talent incroyable ", écrivait-il), est rempli de mystères sentimentaux - mariage secret, amour déçu...
- qui font de cette femme exceptionnelle une figure touchante d'artiste auréolée de mélancolie.
Célèbre et célébrée très jeune dans toute l'Europe, Madame Vigée Le Brun occupe une place de choix dans l'histoire de la peinture du XVIII? siècle. Portraitiste attitrée de la reine Marie-Antoinette, elle a tenu au bout de son pinceau toute la société aristocratique qui brillait à Versailles de ses derniers feux, tous les grands personnages de l'émigration et des cours de Naples, Vienne et Saint-Pétersbourg. Mais on rencontre aussi dans la galerie de portraits qu'elle a laissée, des peintres, ses amis, des comédiens, des musiciens, de jolies femmes aimées pour leur beauté. Vers la fin de sa vie, en plein romantisme, période où elle ne retrouvait pas la sensibilité qui avait été la sienne, elle a écrit des Souvenirs, aussi intéressants par ce qu'ils cachent que par ce qu'ils racontent. Pour faire le portrait de la portraitiste, il fallait aller plus loin : percer le mystère de la personne, découvrir au-delà de l'apparence plus que grâcieuse ce qui pourra la rendre plus vraie. C'est à quoi nous convie Françoise Pitt-Rivers, en retraçant le parcours d'une femme d'exception dans l'Europe française de la fin des Lumières, au temps de la douceur de vivre.