Au lendemain de la guerre de 1914, Yvonne Vierne, jeune femme intrépide, crée à Paris La Porte étroite, une petite librairie située au 10 rue Bonaparte, spécialisée dans la bibliophilie, l'art et la poésie. Elle y fait la rencontre de Henri-Pierre Roché, le futur auteur de Jules et Jim, grand ami des peintres et grand collectionneur, qui l'introduit dans un monde pour elle fascinant, celui de la modernité littéraire et artistique parisienne.
Très vite, sa librairie devient le centre autour duquel gravite toute l'avant-garde - Gide et Roché, bien sûr, mais aussi Picasso, Derain, Dufy... Jusqu'au jour où un beau jeune homme pousse la porte de sa boutique : c'est le coup de foudre, et bientôt un mariage d'amour qui la fait entrer dans la grande bourgeoisie parisienne mais l'oblige, la mort dans l'âme, à abandonner sa librairie. Pour sa belle-famille, très conservatrice, il est en effet inconcevable de la laisser continuer son activité.
Mais si elle accepte ce changement radical d'existence, Yvonne ne peut renoncer à son goût pour l'art : elle se met à collectionner des artistes de son temps, et en particulier un certain Sanyu, peintre chinois alors totalement inconnu, dont les Chrysanthèmes roses dans un vase blanc, beaucoup plus tard, à l'heure de sa gloire, aideront sa famille à surmonter les multiples épreuves que lui réserve la vie.
Un portrait que vous avez toujours vu au mur de votre appartement. Il a été peint au début de la Révolution à Paris. La composition en est harmonieuse, la facture classique, tout y respire la joie simple et paisible d'une vie de famille très Ancien Régime. Et pourtant... Quand le hasard vous met dans les mains le journal écrit par l'homme représenté sur le tableau, celui-ci se met à révéler ses secrets. C'est alors une tout autre histoire qui se fait jour.
Car ce journal, c'est celui de Jean Lacoste, un homme qui vient de la campagne et qui avoue sans détour son ambition de grimper l'échelle sociale. Dans un style ingénu, il décrit les étapes de sa métamorphose : son enfance dans un petit village du Quercy, sa découverte, en tant que jeune clerc, de Paris et d'une société brillante au sein de laquelle il croisera plusieurs personnages historiques, son arrivée à Lyon où la Grande Fabrique, en lui révélant à la fois un métier, celui du tissage de la soie, et un art, celui du décor, lui fera abandonner la cléricature pour le négoce.
On suit avec bonheur le récit de ces années d'apprentissage, qui sont également celles d'une éducation sentimentale jalonnée de séduisantes figures féminines. Elles le mèneront à occuper une position enviable, celle d'un citadin élégant dont la fortune est faite. Car à en croire son journal, notre héros semble enfin avoir trouvé une place dans cette classe privilégiée à laquelle il rêvait d'appartenir. Mais à jouer les marquis en se faisant portraiturer dans son beau salon parisien, Jean Lacoste ne s'approche-t-il pas dangereusement de la guillotine ?