« Les commencements de la Révolution sont ceux d'une extraordinaire accélération de l'histoire. Les événements s'y bousculent dans un luxe d'acteurs, d'envolées, de confusion et de coups de théâtre. Ce qui s'est passé à ce moment-là n'est intelligible que si l'on restitue les faits dans une séquence fondatrice. ».
Le 17 juin 1789, les députés du tiers état forment l'Assemblée nationale. Le 23 juin, ils refusent de quitter la salle du Jeu de paume où ils ont juré de donner une constitution à la France.
Ce texte d'Emmanuel de Waresquiel, enrichi d'abondantes sources inédites, change radicalement notre lecture de la Révolution. L'auteur raconte « ses» sept jours tambour battant, en un récit alerte qui se lit comme un roman à suspense.
Il a fallu à la Révolution trois jours et deux nuits, du 14 au 16 octobre 1793, pour juger et exécuter Marie-Antoinette. Elle était condamnée d'avance. C'est bien sûr le procès d'une reine, c'est aussi celui d'une étrangère, c'est enfi n celui d'une femme et c'est celui d'une mère.
Le procès de Marie-Antoinette demeure l'une des énigmes les plus opaques de la Révolution.
Avait-elle eu autrefois à prendre des décisions politiques dont le peuple français aurait eu à se plaindre?
En quoi, une fois la République proclamée (21 septembre 1792) et le roi exécuté (21 janvier 1793), menaçait-elle, du fond de sa prison du Temple puis de la Conciergerie, l'ordre nouveau? Son procès fut-il exigé par une intense mobilisation populaire? Cherchait-on à la faire évader? Rien de tout cela.
En examinant attentivement les minutes du procès éclair qui lui a été intenté par le Tribunal révolutionnaire les 14, 15 et 16 octobre 1793, en scrutant - ce qui n'avait jamais été fait avant lui - la biographie des jurés, en restituant le climat politique et la lutte de factions marquant la « mise à l'ordre du jour » de la Terreur (5 septembre), Emmanuel de Waresquiel raconte - avec émotion mais sans parti pris - trois journées pathétiques. Il révèle les questions humiliantes posées à l'accusée, il rapporte les réponses dignes apportées à d'infâmes calomnies, il montre l'absence de véritables droits de la défense d'une femme condamnée d'avance. Il est clair que Marie-Antoinette n'a été que la victime expiatoire de conflits politiques qui régnaient entre la Convention, la Commune de Paris et les Jacobins.
Dans ce nouveau livre à l'érudition impeccable, l'auteur multiplie les révélations et donne avec subtilité son sens véritable au moindre des propos tenus. Décrivant le cadre, dépeignant les protagonistes, il restitue avec son talent habituel une atmosphère étouffante. Ne s'interdisant pas de dévoiler au lecteur les réflexions qu'éveillent chez l'historien des XVIIIe et XIXe siècles ce moment paroxystique du basculement révolutionnaire, Emmanuel de Waresquiel donne là le livre le plus dense, le plus littéraire et le plus personnel de sa carrière.
« Fouché, bien sûr, ne m'était pas un inconnu. Fouché de Nantes, le bourgeois impécunieux, le petit professeur en soutane des collèges de l'Oratoire, Fouché le conventionnel, le tueur de roi, le proconsul de Nevers et de Moulins, le mitrailleur de Lyon, le tombeur de Robespierre et le cauchemar de Napoléon, le ministre de tous les régimes, l'inventeur de la police moderne, le bâtisseur d'état, le théoricien et l'homme d'action, l'aventurier, le conspirateur et le parvenu.
Assurément l'un des hommes les plus puissants de son époque, en tout cas l'un des plus étonnants. Rares sont ceux qui inventèrent de nouvelles règles du jeu sans attendre la fin de la partie. Fouché a été de ceux-là ». Emmanuel de Waresquiel fouille jusque dans ses moindres recoins la vie d'un homme aussi dissimulé que contradictoire.Àl'aide de larges fonds d'archives - dont beaucoup sont inédits -, il dessine le portrait brillant d'un incroyable personnage jusqu'ici incompris et desservi par sa légende noire. Il nous donne ce faisant un Fouché d'une surprenante actualité.
Rien n'est plus évident qu'un événement lorsqu'il est advenu. Nous savons que ce sont les Bourbons qui vont prendre la place de Napoléon en 1814, inaugurant ce faisant une nouvelle période. La Restauration française n'est ni un retour à l'Ancien Régime ni une quelconque parenthèse ou un point d'arrêt à la marche du pays vers la république et la démocratie. Il s'agit plutôt d'une expérience inédite et très neuve. Une tentative originale de mettre un terme à la Révolution en la dépassant sans pour autant la nier.
« Rien dans l'histoire n'a ressemblé à ce quart d'heure », a écrit Victor Hugo. Il est vrai qu'on n'avait pas encore vu une telle bousculade de régimes et de dynasties, de serments prêtés et reniés, et ce en un peu plus de trois mois.
Napoléon débarque à Golfe-Juan le 1er mars 1815, il est à Paris le 20. Dans l'intervalle, le régime des Bourbons s'effondre et Louis XVIII quitte Paris pour l'exil en Belgique dans la nuit du 19 au 20 mars. Battu à Waterloo, Napoléon abdique le 22 juin. Le pays se dote le même jour d'un gouvernement provisoire sous la direction de Fouché. Le 3 juillet, Paris capitule devant les armées de la coalition. Louis XVIII rentre pour la deuxième fois dans sa capitale.
Les Cent-Jours ne sont pas seulement ceux de Napoléon, mais aussi ceux du roi. Tout change lorsque l'on observe les Cent-Jours du côté de ceux qui les ont subis, du côté des vaincus, des oubliés de l'histoire.
La restauration, c'est d'abord la fin d'une épopée militaire, impériale et révolutionnaire.
Les événements s'y bousculent : la campagne de france, les deux abdications de napoléon, la france occupée à deux reprises par les troupes russes, autrichiennes et anglaises, le retour de la paix et, ultérieurement, le dernier sacre d'un roi à reims. la restauration, c'est aussi une entreprise de reconstruction, économique et diplomatique avec la première révolution industrielle ou les interventions en espagne, en grèce et à alger.
La restauration marque enfin les débuts de la france contemporaine : égalité des droits, libertés fondamentales, naissance de la représentation et du parlementarisme, des partis, dans une effervescence illustrée par la révolution de 1830.
Grand seigneur corrompu, cynique absolu, charmeur irrésistible, multiple, paradoxal et successif, ce diplomate au long cours, l'homme aux treize serments et le ministre d'un demi-siècle a tout négocié : la Révolution, l'Empire, les Bourbons, la paix, l'Europe, son mariage, sa fortune et jusqu'à sa mort. Emmanuel de Waresquiel nous rappelle qu'au-delà des trahisons et des reniements, l'évêque défroqué fut un fils des Lumières, un libéral convaincu. Il nous montre le diplomate en action, le manoeuvrier et le visionnaire, le négociateur, le théoricien et l'inventeur du principe de légitimité. Il nous montre aussi l'homme d'affaires aux prises avec son « immense fortune », le formidable metteur en scène de son propre personnage. L'homme de fer qu'a été Talleyrand, apparaît derrière les masques, la pudeur et les secrets.
Un homme qui aura laissé la France moderne en héritage.
À l'affut de l'information de première main, se méfiant des apparences, familier des vices et des vertus des hommes, habité par le besoin de comprendre avant de raconter, l'historien porte nécessairement un regard original, souvent riche de points de vue inattendus sur notre vie de tous les jours, la nôtre mais aussi la sienne. Les 45 chroniques qu'Emmanuel de Waresquiel, l'un des plus grands historiens d'aujourd'hui, nous offre ici pour notre bonheur forment une stimulante promenade dans l'histoire comme dans l'actualité (qui n'est après tout que l'histoire en train de se faire). Les rapprochements parfois lumineux, ou au contraire la mise en évidence de phénomènes uniques dans l'histoire nous donnent sans cesse à réfléchir, à imaginer.
Écrites d'une plume alerte et joyeuse et nourries d'une connaissance très sûre, elles enchanteront les très nombreux lecteurs de l'auteur et bien au-delà, tous ceux qui aspirent, en ces temps moroses, à s'échapper en imagination et à comprendre.
Placards et libelles ? À la Renaissance, au moment de la révolution Gutenberg, l'imprimé devient le levier des combats d'opinion et un instrument de liberté. Sur une seule feuille, recto et verso, se déroule un texte d'intervention pour alerter, critiquer, mobiliser en rompant avec les discours officiels. On l'affiche sur les murs, on la plie en quatre pour qu'elle circule sous le manteau, on la communique. Aujourd'hui, à l'heure d'internet, Le Cerf renoue avec cette forme et formule originelle en donnant une libre parole à un intellectuel majeur sur l'actualité longue ou immédiate. Une aventure éditoriale qui reprend également le fil de la revue fondatrice de la maison entre 1928 et 1956, La Vie intellectuelle, animée par Jacques Maritain, Étienne Gilson et François Mauriac. Un samizdat et dazibao pour penser aujourd'hui et afin que le débat continue. Paraît tous les quinze jours à 2,50 euros.
Pour cette première parution, le grand historien Emmanuel de Waresquiel a accepté d'en illustrer le pourquoi et le comment en livrant un récit critique et commenté des placards, libelles et affiches à chaque noeud crucial qu'a connu la France, à commencer par les Guerres de Religion et la Révolution. Éclairant, éblouissant, programmatique.
La biographie de Fouché a connu un tel succès et a provoqué chez certains lecteurs une telle passion que l'auteur ne peut se résoudre à clore le dossier.
Depuis la parution du livre, on lui a fait parvenir de nombreuses pièces d'archives totalement inconnues, on l'a sollicité d'intervenir.
Sa connaissance de l'homme et du contexte s'est en trois ans enrichie encore et affinée.
En neuf chapitres consacrés à des questions de grande importance (par exemple Fouché et l'amnistie des émigrés, les fonds secrets, la disgrâce du ministre de la Police), des faits nouveaux et des analyses historiques nouvelles permettent d'approfondir la vision que l'on peut se faire du personnage et des événements.
On retrouvera dans ce livre toutes les qualités des précédents : une écriture vivante et chaleureuse, une érudition sans faille, une approche très sûre des passions humaines, une ironie sous-jacente qui parle à l'intelligence... De la belle ouvrage.
« Rien dans l'histoire n'a ressemblé à ce quart d'heure », a écrit Victor Hugo. Il est vrai qu'on n'avait pas encore vu une telle bousculade de régimes et de dynasties, de serments prêtés et reniés, et ce en un peu plus de trois mois.
Napoléon débarque à Golfe-Juan le 1er mars 1815, il est à Paris, le 20. Dans l'intervalle, le régime des Bourbons s'effondre et Louis XVIII quitte Paris pour l'exil en Belgique dans la nuit du 19 au 20 mars. Battu à Waterloo, Napoléon abdique le 22 juin. Le pays se dote le même jour d'un gouvernement provisoire sous la direction de Fouché. Le 3 juillet, Paris capitule devant les armées de la coalition. Louis XVIII rentre pour la deuxième fois dans sa capitale.
Les Cent-Jours ne sont pas seulement ceux de Napoléon, mais aussi ceux du roi. Tout change lorsque l'on observe les Cent-Jours du côté de ceux qui les ont subis, du côté des vaincus, des oubliés de l'histoire.
« Être historien, c'est avoir une immense curiosité pour le présent. » À la lumière de l'histoire, Emmanuel de Waresquiel décrypte notre époque et son actualité : le Brexit, révélateur de nos rapports depuis toujours singuliers avec nos voisins anglais ; l'argent caché qu'ont dévoilé les « Panama papers », et qui n'a rien d'un travers contemporain puisque l'Ancien Régime s'en était même fait une spécialité ; la déchéance de nationalité...
L'histoire apparaît alors comme l'indispensable savoir pour comprendre le présent.
" Vous savez que j'ai toujours eu un faible pour les déserts ". A la fin de sa vie et sur le point d'être appelé une dernière fois au pouvoir, en 1820, Armand-Emmanuel de Vignerot du Plessis, duc de Richelieu, confessait encore sa nostalgie du grand large. Après avoir guerroyé contre les Turcs et les Suédois dans les années 1780, après avoir été le chevalier d'aventures dont il rêvait enfant, après avoir gouverné les immensités du sud de la Russie pour le compte du tsar Alexandre Ier, après avoir fondé des villes - comme Odessa - et civilisé les âmes, cet aristocrate fut, à l'égal de son arrière-grand-oncle le cardinal, " l'homme en rouge " cher à Victor Hugo, mais à sa manière, l'un des grands hommes d'Etat de la France du XIXè siècle. Napoléon aurait voulu l'avoir à son service. Il fut finalement, et à deux reprises, le Premier ministre de Louis XVIII, libérant le pays d'une occupation militaire décidée aux lendemains de Waterloo, gouvernant avec courage sur des ruines, cher-chant obstinément à terminer la Révolution dans le dédale des passions françaises. Par son action et son caractère, il s'affirmera peu à peu comme l'une des figures les plus originales et les plus étonnantes de son temps. Chez lui partout en Europe, modéré et pragmatique, civilisé jusqu'au bout des doigts et sauvage tout à la fois, solitaire et lucide, secret et sentimental, il fut en politique ce qu'un honnête homme est en société. " La parole du duc de Richelieu vaut un traité ", disait de lui le duc de Wellington. A deux siècles de distance, l'homme nous apparaît soudain étrangement familier, paradoxal et moderne.
Il est un thème qui traverse ce livre. C'est la Révolution. « La Révolution est fixée aux principes qui l'ont commencée ; elle est finie ! » disait Bonaparte au lendemain du 18 Brumaire. Elle n'en continuera pas moins son travail de sape et de recomposition sociale. Sous la Restauration qui consacre le retour des Bourbons, de Louis XVIII à Charles X, et trouve sa légitimité dans le vieux droit divin tout en inventant l'un des régimes les plus libéraux d'Europe, on se repose la même question : comment terminer la Révolution ? Elle a été le fil rouge de cette époque. Elle habite tous les débats et tous les milieux. En enfermant la nation dans l'État, en la laïcisant à marche forcée, elle a créé une situation unique, une sorte d'exception française. Avec elle, tout est devenu politique et logiquement, tout s'est mis à tourner autour d'elle. On l'a cherchée partout, dans l'étude du passé, dans les moeurs nouvelles, dans ses mythes et dans ses lois, dans la reprise de ses combats et dans la consolidation de ses acquis. Elle ne s'achève pas sous la Restauration, au contraire. Au contact de cette dernière, elle donne tout son sens à ce que sera le XIXe siècle et à ce que sont encore un peu aujourd'hui nos habitudes et nos comportements.
Après la chute de l'Empire, la Restauration ne parvint pas à s'imposer. L'échec de la fusion entre les anciennes et les nouvelles élites, est l'élément central pour comprendre l'évolution politique de la période. C'est l'une des causes principale de l'effondrement du régime de la restauration.
Formés sous l'Ancien Régime, les membres de l'élite de la Restauration traversent une période où les bouleversements politiques et sociaux les poussent soit à se réfugier dans un passé fantasmé, soit à se projeter dans un avenir en construction, ceci à travers le prisme de la Révolution.
Cette monarchie restaurée est-elle celle d'avant ou d'après 1789 ? L'aristocratie accepte mal de se trouver dépouillée de ses privilèges et de ses fonctions. La conservation des acquis révolutionnaires lui paraît intolérable. Le pouvoir se tourne donc vers les nouvelles élites, issues de la Révolution et de l'Empire, tentant de les intégrer, particulièrement par la mise en place du bicaméralisme. L'ancienne noblesse s'isole alors dans ses prétentions, vit dans son monde et ne daigne fréquenter qu'elle-même.
Charles X qui partage les points de vue des ultras oeuvre à renforcer l'aristocratie traditionnelle aux dépens des nouvelles élites, provocant ainsi des tensions qui participe au cheminement vers 1830.
L'auteur considère que la racine de tous les maux du régime se trouve dans les Cent-jours, qui sont l'occasion d'une guerre idéologique : guerre des symboles : drapeaux, cocardes, décorations ; guerre des mots et guerre des armes. Mais si Napoléon et Louis XVIII sont tous deux assimilés à l'étranger, l'empereur en tant que Corse, le roi en tant qu'émigré, c'est surtout l'image des fourgons de l'étranger qui reste collée aux Bourbons et leur fait du tort jusqu'à la fin du régime.
Cinq siècles d'histoire et de diplomatie dans les archives secrètes du Quai d'Orsay.
Georges Mouton (1770-1838) est l'un des principaux protagonistes de l'épopée impériale. Sous le Consulat, il est, aux yeux de Bonaparte e meilleur colonel qui ait jamais commandé un régiment de Français . A la fin de l'Empire, devenu général de division, il remplace Soult à la tête de la Garde en juillet 1813 et commande successivement les 1er (à Dresde) et 6e corps (à Waterloo) de la Grande Armée. Il est devenu l'un des plus anciens aides de camp de Napoléon et l'un des maîtres à penser l'organisation d'une armée de plus en plus décimée, jeune et inexpérimentée. Mouton appartient à la longue cohorte de ces soldats mariés, éloignés de leur famille, prisonniers de leur absence et contraints d'écrire. Cela donne parfois des chefs-d'?uvre, comme des braises incandescentes. L'histoire convoquée ici n'est pas seulement celle des batailles, encore moins celle des négociations. Plus que l'odeur de la poudre, cette correspondance amoureuse et inédite de Lobau à sa jeune femme apporte un éclairage nouveau sur l'histoire de l'intime et des sentiments au XIXe siècle. La gloire, l'honneur, la patrie, l'argent : on a là les termes exacts de la formule qui a fait l'alchimie du grand bourgeois censitaire et façonnera tout le siècle. Une brillante introduction et de nombreuses notes commentent ces lettres inédites, pleines de vie, d'émotion et de détails.
Ancien élève de l'Ecole normale supérieure, docteur habilité en histoire, ingénieur de recherches à l'Ecole pratique des Hautes Etudes, Emmanuel de Waresquiel est l'un des meilleurs spécialistes du premier XIXe siècle. Auteur (avec Benoît Yvert) d'une Histoire de la Restauration (1814-1830), il a publié en 2003 une biographie très remarquée : Talleyrand, le prince immobile (Grand Prix de la Fondation Napoléon, prix Thiers de l'Académie Française). Son dernier ouvrage paru s'intitule L'Histoire à rebrousse-poil.
Egérie sulfureuse et aventurière, fervente légitimiste, artiste passionnée reconnue par Stendhal, Dumas, Balzac et Théophile Gautier, Félicie de Fauveau évoque un pur personnage de roman. Emmanuel de Waresquiel entreprend ici de sortir de l'ombre cette marginale à la destinée extraordinaire trop longtemps méconnue, dont l'oeuvre sera prochainement mise à l'honneur au musée d'Orsay. Née à Livourne en 1801 et morte à Florence en 1886, Félicie de Fauveau a porté le rêve anachronique d'une monarchie idéale de droit divin, défendant sans relâche la cause des Bourbons.
Elle a été une de ces conspiratrices, amazones, aventurières de l'impossible. Elle s'est battue à cheval, le pistolet à la ceinture, vêtue à la façon des hommes. Elle croyait au destin glorieux d'un jeune roi qui ne régnera jamais, et finira comme elle sa vie en exil. Une marginale, aussi dans la diversité équivoque de ses amours. Son premier amant fut fauché à vingt ans par une balle républicaine.
La passion l'attacha ensuite pour longtemps à Félicie de La Rochejaquelein, relation de femmes réprouvée par les normes sociales de l'époque. Sculptrice de grand talent, elle transforma les idéaux de sa jeunesse en une esthétique romantique inspirée du Moyen Âge et de la Renaissance. On a vu en elle un Benvenuto Cellini moderne, et elle fut sollicitée par tous les rois et les princes d'Europe. Mêlant la sensibilité de l'écrivain à la rigueur de l'historien, Emmanuel de Waresquiel s'emploie avec brio à enfin réhabiliter cette figure du XIXe siècle.
« Dès le départ, le duc de Bordeaux est unique, solitaire et fragile. Il est d'abord l'enfant du martyre, celui de son grand aïeul Henri IV assassiné par Ravaillac en 1610, celui de son oncle Louis XVI bien sûr, et enfin celui de son père également poignardé par le dernier régicide de l'histoire de France. Lourde hérédité, l'hérédité du malheur et de la tristesse.
Mais Bordeaux est aussi l'«enfant du miracle», l'enfant qu'on n'espérait plus sept mois après la mort de son père, le seul à pouvoir continuer la race et permettre à ses partisans de rester dans l'Histoire. Le martyre et le miracle, ces deux fées un peu insolites, vont l'accompagner tout au long de sa vie.
À dix ans, le jeune prince s'embarque à Cherbourg avec la famille royale pour un exil qui ne finira qu'à sa mort en 1883. Son grand-père et son oncle ont abdiqué en sa faveur. Il était duc de Bordeaux en quittant la France, il devient en exil le comte de Chambord, en souvenir de la donation du domaine du même nom faite par souscription à sa naissance. Tous les espoirs des royalistes convergent vers lui et l'engouement de ses partisans prend des allures de voeu et de prière. Dès lors, le temps du roi restera celui des rêves et de l'exil. Il n'y aura pas de successeur. Le légitimisme de ses derniers partisans va finir par ressembler étrangement à une politique de la chute. Le «chambordisme» est une sorte de royalisme du désespoir, «dès lors que le principe incarné par un homme doit périr avec lui». » E. de W.