« Les commencements de la Révolution sont ceux d'une extraordinaire accélération de l'histoire. Les événements s'y bousculent dans un luxe d'acteurs, d'envolées, de confusion et de coups de théâtre. Ce qui s'est passé à ce moment-là n'est intelligible que si l'on restitue les faits dans une séquence fondatrice.
« Trois événements, liés entre eux et par lesquels tout advient, n'avaient jamais été racontés en tant que tels. Le mercredi 17 juin, les députés du tiers état s'érigent en «Assemblée nationale». Le samedi 20, ils jurent de ne jamais se séparer avant d'avoir donné une constitution à la France. Le mardi 23 juin, ils envoient promener le roi, sa Cour et ses soldats. «Nous sommes ici par la volonté du peuple et nous n'en sortirons que par la force des baïonnettes.» Et le roi cède.
« La Révolution s'est jouée et accomplie en sept jours et cinq décrets. Son destin, ses héritages y sont comme scellés. Jusqu'à la guerre civile. Jusqu'à la Terreur. ».
Le dernier opus d'Emmanuel de Waresquiel, enrichi d'abondantes sources inédites, change radicalement notre lecture de la Révolution. L'auteur raconte « ses » sept jours tambour battant en un récit alerte qui se lit comme un roman à suspense.
Le procès de Marie-Antoinette demeure l'une des énigmes les plus opaques de la Révolution.
Avait-elle eu autrefois à prendre des décisions politiques dont le peuple français aurait eu à se plaindre?
En quoi, une fois la République proclamée (21 septembre 1792) et le roi exécuté (21 janvier 1793), menaçait-elle, du fond de sa prison du Temple puis de la Conciergerie, l'ordre nouveau? Son procès fut-il exigé par une intense mobilisation populaire? Cherchait-on à la faire évader? Rien de tout cela.
En examinant attentivement les minutes du procès éclair qui lui a été intenté par le Tribunal révolutionnaire les 14, 15 et 16 octobre 1793, en scrutant - ce qui n'avait jamais été fait avant lui - la biographie des jurés, en restituant le climat politique et la lutte de factions marquant la « mise à l'ordre du jour » de la Terreur (5 septembre), Emmanuel de Waresquiel raconte - avec émotion mais sans parti pris - trois journées pathétiques. Il révèle les questions humiliantes posées à l'accusée, il rapporte les réponses dignes apportées à d'infâmes calomnies, il montre l'absence de véritables droits de la défense d'une femme condamnée d'avance. Il est clair que Marie-Antoinette n'a été que la victime expiatoire de conflits politiques qui régnaient entre la Convention, la Commune de Paris et les Jacobins.
Dans ce nouveau livre à l'érudition impeccable, l'auteur multiplie les révélations et donne avec subtilité son sens véritable au moindre des propos tenus. Décrivant le cadre, dépeignant les protagonistes, il restitue avec son talent habituel une atmosphère étouffante. Ne s'interdisant pas de dévoiler au lecteur les réflexions qu'éveillent chez l'historien des XVIIIe et XIXe siècles ce moment paroxystique du basculement révolutionnaire, Emmanuel de Waresquiel donne là le livre le plus dense, le plus littéraire et le plus personnel de sa carrière.
« Fouché, bien sûr, ne m'était pas un inconnu. Fouché de Nantes, le bourgeois impécunieux, le petit professeur en soutane des collèges de l'Oratoire, Fouché le conventionnel, le tueur de roi, le proconsul de Nevers et de Moulins, le mitrailleur de Lyon, le tombeur de Robespierre et le cauchemar de Napoléon, le ministre de tous les régimes, l'inventeur de la police moderne, le bâtisseur d'État, le théoricien et l'homme d'action, l'aventurier, le conspirateur et le parvenu. Assurément l'un des hommes les plus puissants de son époque, en tout cas l'un des plus étonnants. Rares sont ceux qui inventèrent de nouvelles règles du jeu sans attendre la fin de la partie. Fouché a été de ceux-là. » Emmanuel de Waresquiel fouille jusque dans ses moindres recoins la vie d'un homme aussi dissimulé que contradictoire. À l'aide de larges fonds d'archives - dont beaucoup sont inédits -, il dessine le portrait brillant d'un incroyable personnage jusqu'ici incompris et desservi par sa légende noire. Il nous donne ce faisant un Fouché d'une surprenante actualité.
« Je veux que pendant des siècles, on continue à discuter sur ce que j'ai été, ce que j'ai pensé, ce que j'ai voulu. » À lire les injures, les jugements à l'emporte-pièce et les contresens qu'ont commis sur lui presque tous les historiens, le Diable boiteux a été entendu au-delà de ses espérances !
Il faut dire qu'il a lui-même brouillé les pistes à plaisir, qu'il est resté au pouvoir pendant plus d'un demi-siècle, qu il a servi neuf régimes et prêté treize serments. Il faut ajouter que, né et foormé sous le règne de Louis XV, et mort l'année de l'avènement de Victoria, ce corrompu, cet homme qui savait faire marcher les femmes, ce joueur invétéré n'est ni un traître par profession ni même un intrigant de haute volée, comme le voudraient la plupart de ses biographes. On ne peut pas non plus soutenir sérieusement qu'il ait voulu à toute force servir la France, donner chair à des idées, poursuivre un idéal. Doit-on alors saluer l'artiste et se résoudre à n'avoir jamais le fin mot ? Rien de tel.
Son ironie distante, sa subtilité et sa science de l'époque n'auraient pas suffi à Emmanuel de Waresquiel s'il n'avait aussi dépouillé, en France et à l'étranger, d'innombrables cartons d'archives qui lui ont livré des centaines d'informations inédites et d'éclairages nouveaux sur des points obscurs ou controversés. Avec ses intuitions et son sens de la formule, par touches successives, il dresse du personnage le plus complexe et le plus ambigu de notre histoire un portrait profondément humain, entièrement nouveau, cohérent et intelligible. Il fait revivre une figure d'une intelligence et d'une énergie exceptionnelles qui s'est montrée à la hauteur des secousses terribles auxquelles l'Europe a été soumise il y a deux siècles ; un grand seigneur de l'ancien temps fidèle à ses origines, qui a littéralement créé le rôle de l'homme de pouvoir moderne ; un visionnaire et un formidable metteur en scène de sa vie qui s'est forgé son propre destin en pesant sur les événements, tout en gardant la maîtrise de lui-même jusque sur son lit de mort.
À cette biographie définitive, augmentée d'un nouveau chapitre d'inédits, est joint un cahier contenant de nombreux documents iconographiques le plus souvent inédits.
«Je suis né le 21 novembre 1957, pas loin du jour des morts. Je donne cette date une fois pour toutes. Elle servira de repère dans le désordre chronologique du récit qui va suivre, écrit à la billebaude, par petites touches, en forme de palimpseste heureux, et qui s'achève à peu près à la fin des années 1960. J'avais un peu plus de dix ans. À la lumière du présent, les terres de mon enfance m'apparaissent aussi exotiques et abandonnées que celles de Vanikoro, en mer de Corail, quand La Pérouse s'y était échoué sans qu'on le retrouve. ».
Biographe connu et reconnu, essayiste de talent, chroniqueur du temps présent, Emmanuel de Waresquiel se penche ici sur son enfance et se fait l'historien de lui-même. Il évoque des lieux, des visages, des maisons, des paysages et excelle à restituer des univers engloutis. Élégant, poétique, tendre, secret, souvent drôle, ce livre est un conte sur l'enfance, le temps, l'exil, la mémoire et l'oubli.
Emmanuel de Waresquiel s'attache ici à un auteur qu'il porte dans son coeur depuis trente ans, d'autant qu'il appartient à ses périodes historiques de prédilection, de la Révolution à la Restauration en passant par l'Empire : Henri Beyle dit Stendhal (1783-1842).Ce personnage mystérieux, même pour les lecteurs de la Vie de Henry Brulard ou des Souvenirs d'égotisme, E. de Waresquiel l'illumine au soleil de sa campagne où il écrit ce livre au cours d'un été ; ce soleil si cher à Stendhal, l'amoureux de l'Italie. Il en résulte un portrait limpide et vif d'un homme insaisissable, contradictoire, parfois brutal et obsédé par l'idée de l'amour. Ce passionné de nombreuses femmes (de la première, la Milanaise Angela Pietragrua, à la dernière la Napolitaine Francesca Lablache) fut brisé enfant par la mort précoce de sa mère. Stendhal fut un homme cultivant le secret, dont personne ne savait qu'il écrivait ; un homme qui a rêvé d'aventures, a chargé avec le régiment de Dragons vainqueur de Marengo, a vécu l'Incendie de Moscou et la retraite de Russie. Enfin, il fut un travailleur infatigable, administrateur des territoires conquis par Napoléon, mis « au placard » à la Restauration. Mais cet « exil » ne fut pas si malheureux : il retrouvait l'Italie en devenant petit consul à Civitavecchia, mais surtout, il pouvait enfin s'adonner à l'écriture et livrer tardivement ses chefs d'oeuvre, Le Rouge et le Noir, La Chartreuse de Parme.
À l'affut de l'information de première main, se méfiant des apparences, familier des vices et des vertus des hommes, habité par le besoin de comprendre avant de raconter, l'historien porte nécessairement un regard original, souvent riche de points de vue inattendus sur notre vie de tous les jours, la nôtre mais aussi la sienne. Les 45 chroniques qu'Emmanuel de Waresquiel, l'un des plus grands historiens d'aujourd'hui, nous offre ici pour notre bonheur forment une stimulante promenade dans l'histoire comme dans l'actualité (qui n'est après tout que l'histoire en train de se faire). Les rapprochements parfois lumineux, ou au contraire la mise en évidence de phénomènes uniques dans l'histoire nous donnent sans cesse à réfléchir, à imaginer.
Écrites d'une plume alerte et joyeuse et nourries d'une connaissance très sûre, elles enchanteront les très nombreux lecteurs de l'auteur et bien au-delà, tous ceux qui aspirent, en ces temps moroses, à s'échapper en imagination et à comprendre.
Après l'immense succès de son Talleyrand, Emmanuel de Waresquiel prolonge sa réflexion sur cette figure fascinante, ténébreuse, tortueuse, immorale et géniale, en une série d'études que l'on lira comme le complément indispensable à la biographie du grand homme d'Etat. Virevoltant d'un monde à l'autre, grand seigneur corrompu, cynique absolu, maître espion et maître chanteur, diplomate hors pair qui négocia le Concordat et orchestra le Congrès de Vienne, monarchiste sous la monarchie, révolutionnaire sous la Révolution, bonapartiste sous Bonaparte, le « diable boiteux » a traversé les régimes et sauté les obstacles avec une souplesse, une intelligence des hommes et une rouerie à nulle autre pareille.
Emmanuel de Waresquiel nous rappelle qu'au-delà des trahisons et des reniements, l'évêque défroqué fut, d'abord et surtout, un fils des Lumières, un théoricien libéral habité par l'idée que la raison devait toujours l'emporter sur les sentiments, et le calcul des possibles sur l'utopie. Il nous montre le diplomate en action, l'homme de paix et l'Européen, le confident du tsar Alexandre, le négociateur de Presbourg, Erfurt, Paris et Vienne. Il nous montre le formidable metteur en scène de son propre personnage, l'étiquette et les convenances, l'intimité et le charme, le savoir-faire et le savoir-vivre. Il nous montre, derrière les miroirs, derrière ses images innombrables, un homme extraordinairement complexe, paradoxal, pudique et secret, dont la destinée a profondément marqué l'histoire de la France moderne.
Placards et libelles ? À la Renaissance, au moment de la révolution Gutenberg, l'imprimé devient le levier des combats d'opinion et un instrument de liberté. Sur une seule feuille, recto et verso, se déroule un texte d'intervention pour alerter, critiquer, mobiliser en rompant avec les discours officiels. On l'affiche sur les murs, on la plie en quatre pour qu'elle circule sous le manteau, on la communique. Aujourd'hui, à l'heure d'internet, Le Cerf renoue avec cette forme et formule originelle en donnant une libre parole à un intellectuel majeur sur l'actualité longue ou immédiate. Une aventure éditoriale qui reprend également le fil de la revue fondatrice de la maison entre 1928 et 1956, La Vie intellectuelle, animée par Jacques Maritain, Étienne Gilson et François Mauriac. Un samizdat et dazibao pour penser aujourd'hui et afin que le débat continue. Paraît tous les quinze jours à 2,50 euros.
Pour cette première parution, le grand historien Emmanuel de Waresquiel a accepté d'en illustrer le pourquoi et le comment en livrant un récit critique et commenté des placards, libelles et affiches à chaque noeud crucial qu'a connu la France, à commencer par les Guerres de Religion et la Révolution. Éclairant, éblouissant, programmatique.
Rien dans l'histoire n'a ressemblé à ce quart d'heure, a écrit Victor Hugo. Il est vrai qu'en un peu plus de trois mois, on n'avait pas encore vu une telle bousculade de régimes et de dynasties, de serments prêtés et reniés, de passions, d'enthousiasmes et de peurs. Napoélon débarque à Golfe-Juan le 1er mars 1815, il est à Paris, le 20. Dans l'intervalle, le régime des Bourbons s'effondre comme un château de cartes. Louis XVIII quitte Paris pour l'exil en Belgique dans la nuit du 19 au 20 mars, avec sa cour, sa maison militaire et ses ministres. Trois mois plus tard, Napoléon, battu à Waterloo le 18 juin, abdique le 22. Le pays se dote le même jour d'un gouvernement provisoire sous la direction de Fouché. Le 3 juillet, Paris capitule devant les armées de la coalition. Louis XVIII rentre pour la deuxième fois dans sa capitale, cinq jours plus tard.
Les contre-jours sont toujours éclairants car ils accentuent les ombres et les reliefs. Les Cent-Jours ne sont pas seulement ceux de Napoléon, mais aussi ceux du roi, ils terminent moins l'Empire qu'ils n'inaugurent une sorte de second cycle de la grande Révolution de 1789. Ce que l'on appela alors la révolution de 1815 porte en elle toutes les divisions françaises, toutes les révolutions à venir, celles de 1830, de 1848, de 1871. Dans cette partie serrée qui oppose Napoléon à Louis XVIII
La biographie de Fouché a connu un tel succès et a provoqué chez certains lecteurs une telle passion que l'auteur ne peut se résoudre à clore le dossier.
Depuis la parution du livre, on lui a fait parvenir de nombreuses pièces d'archives totalement inconnues, on l'a sollicité d'intervenir.
Sa connaissance de l'homme et du contexte s'est en trois ans enrichie encore et affinée.
En neuf chapitres consacrés à des questions de grande importance (par exemple Fouché et l'amnistie des émigrés, les fonds secrets, la disgrâce du ministre de la Police), des faits nouveaux et des analyses historiques nouvelles permettent d'approfondir la vision que l'on peut se faire du personnage et des événements.
On retrouvera dans ce livre toutes les qualités des précédents : une écriture vivante et chaleureuse, une érudition sans faille, une approche très sûre des passions humaines, une ironie sous-jacente qui parle à l'intelligence... De la belle ouvrage.
« Être historien, c'est avoir une immense curiosité pour le présent. » À la lumière de l'histoire, Emmanuel de Waresquiel décrypte notre époque et son actualité : le Brexit, révélateur de nos rapports depuis toujours singuliers avec nos voisins anglais ; l'argent caché qu'ont dévoilé les « Panama papers », et qui n'a rien d'un travers contemporain puisque l'Ancien Régime s'en était même fait une spécialité ; la déchéance de nationalité...
L'histoire apparaît alors comme l'indispensable savoir pour comprendre le présent.
" Vous savez que j'ai toujours eu un faible pour les déserts ". A la fin de sa vie et sur le point d'être appelé une dernière fois au pouvoir, en 1820, Armand-Emmanuel de Vignerot du Plessis, duc de Richelieu, confessait encore sa nostalgie du grand large. Après avoir guerroyé contre les Turcs et les Suédois dans les années 1780, après avoir été le chevalier d'aventures dont il rêvait enfant, après avoir gouverné les immensités du sud de la Russie pour le compte du tsar Alexandre Ier, après avoir fondé des villes - comme Odessa - et civilisé les âmes, cet aristocrate fut, à l'égal de son arrière-grand-oncle le cardinal, " l'homme en rouge " cher à Victor Hugo, mais à sa manière, l'un des grands hommes d'Etat de la France du XIXè siècle. Napoléon aurait voulu l'avoir à son service. Il fut finalement, et à deux reprises, le Premier ministre de Louis XVIII, libérant le pays d'une occupation militaire décidée aux lendemains de Waterloo, gouvernant avec courage sur des ruines, cher-chant obstinément à terminer la Révolution dans le dédale des passions françaises. Par son action et son caractère, il s'affirmera peu à peu comme l'une des figures les plus originales et les plus étonnantes de son temps. Chez lui partout en Europe, modéré et pragmatique, civilisé jusqu'au bout des doigts et sauvage tout à la fois, solitaire et lucide, secret et sentimental, il fut en politique ce qu'un honnête homme est en société. " La parole du duc de Richelieu vaut un traité ", disait de lui le duc de Wellington. A deux siècles de distance, l'homme nous apparaît soudain étrangement familier, paradoxal et moderne.
Il est un thème qui traverse ce livre. C'est la Révolution. « La Révolution est fixée aux principes qui l'ont commencée ; elle est finie ! » disait Bonaparte au lendemain du 18 Brumaire. Elle n'en continuera pas moins son travail de sape et de recomposition sociale. Sous la Restauration qui consacre le retour des Bourbons, de Louis XVIII à Charles X, et trouve sa légitimité dans le vieux droit divin tout en inventant l'un des régimes les plus libéraux d'Europe, on se repose la même question : comment terminer la Révolution ? Elle a été le fil rouge de cette époque. Elle habite tous les débats et tous les milieux. En enfermant la nation dans l'État, en la laïcisant à marche forcée, elle a créé une situation unique, une sorte d'exception française. Avec elle, tout est devenu politique et logiquement, tout s'est mis à tourner autour d'elle. On l'a cherchée partout, dans l'étude du passé, dans les moeurs nouvelles, dans ses mythes et dans ses lois, dans la reprise de ses combats et dans la consolidation de ses acquis. Elle ne s'achève pas sous la Restauration, au contraire. Au contact de cette dernière, elle donne tout son sens à ce que sera le XIXe siècle et à ce que sont encore un peu aujourd'hui nos habitudes et nos comportements.
Georges Mouton (1770-1838) est l'un des principaux protagonistes de l'épopée impériale. Sous le Consulat, il est, aux yeux de Bonaparte e meilleur colonel qui ait jamais commandé un régiment de Français . A la fin de l'Empire, devenu général de division, il remplace Soult à la tête de la Garde en juillet 1813 et commande successivement les 1er (à Dresde) et 6e corps (à Waterloo) de la Grande Armée. Il est devenu l'un des plus anciens aides de camp de Napoléon et l'un des maîtres à penser l'organisation d'une armée de plus en plus décimée, jeune et inexpérimentée. Mouton appartient à la longue cohorte de ces soldats mariés, éloignés de leur famille, prisonniers de leur absence et contraints d'écrire. Cela donne parfois des chefs-d'?uvre, comme des braises incandescentes. L'histoire convoquée ici n'est pas seulement celle des batailles, encore moins celle des négociations. Plus que l'odeur de la poudre, cette correspondance amoureuse et inédite de Lobau à sa jeune femme apporte un éclairage nouveau sur l'histoire de l'intime et des sentiments au XIXe siècle. La gloire, l'honneur, la patrie, l'argent : on a là les termes exacts de la formule qui a fait l'alchimie du grand bourgeois censitaire et façonnera tout le siècle. Une brillante introduction et de nombreuses notes commentent ces lettres inédites, pleines de vie, d'émotion et de détails.
Ancien élève de l'Ecole normale supérieure, docteur habilité en histoire, ingénieur de recherches à l'Ecole pratique des Hautes Etudes, Emmanuel de Waresquiel est l'un des meilleurs spécialistes du premier XIXe siècle. Auteur (avec Benoît Yvert) d'une Histoire de la Restauration (1814-1830), il a publié en 2003 une biographie très remarquée : Talleyrand, le prince immobile (Grand Prix de la Fondation Napoléon, prix Thiers de l'Académie Française). Son dernier ouvrage paru s'intitule L'Histoire à rebrousse-poil.
C'est une grande artiste, à la fois égérie, aventurière et passionnée, qu'Emmanuel de Waresquiel a entrepris de sortir de l'ombre, à l'heure où plusieurs expositions dédiées à l'oeuvre de Félicie de Fauveau sont en préparation en France et à l'étranger. Son livre retrace la destinée romanesque d'une marginale, comme le fut à sa manière Camille Claudel. Née à Florence en 1801 et morte en exil à Florence quatre-vingt-cinq ans plus tard, en 1886, Félicie de Fauveau a porté en elle le rêve meurtri, fou et anachronique d'une monarchie idéale en plein siècle de la démocratie et du positivisme. Elle appartient à la caste sulfureuse des conspiratrices, des amazones, des aventurières de l'impossible. Elle s'est battue pour une cause perdue d'avance dans le bocage vendéen, en 1832, à cheval, le pistolet à la ceinture, vêtue à la façon des hommes. Elle a cru au destin glorieux d'un jeune roi qui ne régnera jamais et finira, comme elle, sa vie en exil. Elle a été ce qu'on appelait à l'époque légitimiste, défendant la cause d'une vieille dynastie tombée une première fois le 10 août 1792, puis une seconde fois au pied des barricades de la révolution de juillet 1830. Cet exil, Félicie l'a aussi connu dans la diversité parfois équivoque de ses relations amoureuses. Le premier homme qu'elle a aimé a été tué a vingt ans, fauché par une balle républicaine, en défendant la même cause qu'elle. La femme auprès de qui elle s'est abandonnée avec passion, avec fureur, est longtemps restée dans le secret de son trouble et de son admiration, parce que l'époque le voulait ainsi, parce que personne alors n'aurait compris le sens profond de la vie partagée de deux femmes égarées dans un rêve commun. L'une était le " maître " et l'autre son " écuyer ". Félicie de Fauveau ne s'est jamais mariée et a vécu de son seul travail. En plein XIXe siècle, elle a fait le choix difficile de l'indépendance et de l'insoumission. Sculptrice étonnamment douée, elle a transformé, dans ses ateliers de Paris puis de Florence, les idéaux de sa jeunesse en une esthétique romantique inspirée du Moyen Âge et de la Renaissance, qui lui a valu d'être remarquée et appréciée par Stendhal, Alexandre Dumas, Balzac et Théophile Gautier. On a vu en elle un Benvenuto Cellini moderne. À Florence, bien que proscrite, elle a travaillé pour les rois et les princes de presque toute l'Europe. Mais son image de pasionaria et de rebelle a nui à sa reconnaissance officielle. Aujourd'hui, comme ce fut le cas pour Camille Claudel, le temps est venu de la réhabiliter. Emmanuel de Waresquiel s'y emploie avec brio, mêlant la sensibilité de l'écrivain à la rigueur de l'historien, pour nous faire admirablement découvrir son héroïne et l'aimer à notre tour.
Egérie sulfureuse et aventurière, fervente légitimiste, artiste passionnée reconnue par Stendhal, Dumas, Balzac et Théophile Gautier, Félicie de Fauveau évoque un pur personnage de roman. Emmanuel de Waresquiel entreprend ici de sortir de l'ombre cette marginale à la destinée extraordinaire trop longtemps méconnue, dont l'oeuvre sera prochainement mise à l'honneur au musée d'Orsay. Née à Livourne en 1801 et morte à Florence en 1886, Félicie de Fauveau a porté le rêve anachronique d'une monarchie idéale de droit divin, défendant sans relâche la cause des Bourbons.
Elle a été une de ces conspiratrices, amazones, aventurières de l'impossible. Elle s'est battue à cheval, le pistolet à la ceinture, vêtue à la façon des hommes. Elle croyait au destin glorieux d'un jeune roi qui ne régnera jamais, et finira comme elle sa vie en exil. Une marginale, aussi dans la diversité équivoque de ses amours. Son premier amant fut fauché à vingt ans par une balle républicaine.
La passion l'attacha ensuite pour longtemps à Félicie de La Rochejaquelein, relation de femmes réprouvée par les normes sociales de l'époque. Sculptrice de grand talent, elle transforma les idéaux de sa jeunesse en une esthétique romantique inspirée du Moyen Âge et de la Renaissance. On a vu en elle un Benvenuto Cellini moderne, et elle fut sollicitée par tous les rois et les princes d'Europe. Mêlant la sensibilité de l'écrivain à la rigueur de l'historien, Emmanuel de Waresquiel s'emploie avec brio à enfin réhabiliter cette figure du XIXe siècle.
De Rutebeuf à Léo Ferré, une anthologie illustrée des 130 plus beaux poèmes de la langue française classés par grandes périodes.
« Dès le départ, le duc de Bordeaux est unique, solitaire et fragile. Il est d'abord l'enfant du martyre, celui de son grand aïeul Henri IV assassiné par Ravaillac en 1610, celui de son oncle Louis XVI bien sûr, et enfin celui de son père également poignardé par le dernier régicide de l'histoire de France. Lourde hérédité, l'hérédité du malheur et de la tristesse.
Mais Bordeaux est aussi l'«enfant du miracle», l'enfant qu'on n'espérait plus sept mois après la mort de son père, le seul à pouvoir continuer la race et permettre à ses partisans de rester dans l'Histoire. Le martyre et le miracle, ces deux fées un peu insolites, vont l'accompagner tout au long de sa vie.
À dix ans, le jeune prince s'embarque à Cherbourg avec la famille royale pour un exil qui ne finira qu'à sa mort en 1883. Son grand-père et son oncle ont abdiqué en sa faveur. Il était duc de Bordeaux en quittant la France, il devient en exil le comte de Chambord, en souvenir de la donation du domaine du même nom faite par souscription à sa naissance. Tous les espoirs des royalistes convergent vers lui et l'engouement de ses partisans prend des allures de voeu et de prière. Dès lors, le temps du roi restera celui des rêves et de l'exil. Il n'y aura pas de successeur. Le légitimisme de ses derniers partisans va finir par ressembler étrangement à une politique de la chute. Le «chambordisme» est une sorte de royalisme du désespoir, «dès lors que le principe incarné par un homme doit périr avec lui». » E. de W.
" Je veux que vous ayez une belle terre, que vous y receviez brillamment le corps diplomatique, les étrangers marquants... " Napoléon Bonaparte à Talleyrand À l'orée du XVIe siècle, le Val de Loire se couvre de fastueux châteaux Renaissance, fruits d'une émulation entre grands commis de l'État. Valençay est élevé dans la lignée de cette fièvre bâtisseuse pour la famille d'Estampes. Le blanc donjon, achevé avec le siècle, en exprime la puissance par sa monumentale modernité et l'originalité de son décor. La Grande Mademoiselle le visitant en 1653 crût " entrer dans une demeure enchantée ".
Quand George Sand le décrit comme " l'un des lieux les plus beaux de la terre ", le château a bénéficié de la fortune et de la gloire du prince des diplomates, Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord. L'ex-évêque d'Autun, alors ministre des Relations extérieures du Consulat l'achète en 1803, commande à ses architectes d'importants travaux d'aménagement, le meuble dans le style Empire, y crée une galerie d'ancêtres et ponctue le parc de nombreuses fabriques ou " folies ". C'est là que dans le contexte de la guerre d'Espagne, Napoléon le compromet vis-à-vis de l'Europe en lui intimant l'ordre de transformer Valençay en prison dorée pour l'héritier de la couronne. Le futur Ferdinand VII y reste de 1808 à 1813, s'y ennuie malgré le charmant théâtre à l'italienne construit pour l'occuper, mais n'en voudra pas à son geôlier puisqu'il lui offrira son portait.
Au gré des changements de régimes, le Diable boiteux, qui en a servi neuf, reste attaché à son coin de Berry sur lequel règne la duchesse de Dino, sa nièce et maîtresse, jusqu'à sa mort en 1834.
Les façades illustrent la manière dont les architectes mettent en oeuvre les ordres d'architecture Antique depuis la première Renaissance jusqu'au XVIIIe siècle.
Les allées du parc, redessinées à l'anglaise conduisent les pas des visiteurs à travers cinquante hectares de paysages variés, aménagés pour la promenade de la cour d'Espagne en exil à Valençay.
« En brossant à contresens le poil trop luisant de l?Histoire », pour reprendre l?expression de Walter Benjamin, Emmanuel de Waresquiel, fort de ses travaux sur le premier xixe siècle, se demande dans ce court essai pourquoi et comment l?écriture de l?Histoire a influencé le long terme de nos significations historiques en créant de toutes pièces les éléments d?une culture politique et sociale fortement clivée, qui a façonné un peu de cette « exception » française restée vivante jusqu?à nos jours.
Pourquoi, après l?Empire, sous la Restauration, jusqu?à la IIIe Répu-blique, l?enjeu des élites et du pouvoir s?est-il situé du côté de la maîtrise du passé de la Révolution ? En quoi l?omniprésence d?une Révolution revisitée, voire rejouée comme sous les Cent-Jours, a-t-elle favorisé en France une culture de l?affrontement aux dépens d?une culture du compromis ? Comment la Nation, la Patrie, le Peuple, le Drapeau, la Gloire, la Liberté sont-ils devenus progressivement les atouts d?une mémoire déformée, voire transformée, au point, par exemple, qu?une défaite comme celle de Waterloo devienne la victoire du courage et de l?énergie français ou que les Bourbons soient assimilés pour toujours aux « fourgons de l?étranger » ?