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Daniel Boulanger
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Ce recueil poétique est comparable à Retouches : 336 notations en vers ou en prose, des fragments de biographie semblables à une nouvelle d'une page.Cette vision brusque, étrange, forme une sorte d'expérience profonde et souvent amère de la vie, selon la tradition des grands romanciers, et donne parfois la clef des nouvelles, des romans et des poèmes de l'auteur. L'audace et l'humour servent d'antidote à un désespoir partout sous-jacent et parfois combattu.
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retouche au poète vers le dernier rectangle de silence son chien rassemble et dirige les mots 2? retouche au poète un papier tombe de sa poche et le ciel change de couleur (Hôtel de l'image) retouche au poète il manque une marche et le ciel de travers perd ses oiseaux (Drageoir)
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«Voici les images qui me restent du Tchad où je m'occupais des Affaires économiques, en qualité de rédacteur stagiaire de troisième classe : la chaleur me resserrait et comprimait tout. J'ai donc tenté de rendre ces heures avec le moins de mots possible, sans m'environner d'un voile d'encre, en poète qui fait la seiche. Le jour me trouble plus que la nuit.» Daniel Boulanger
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«Peut-être que le paradis est une vaste demeure dont on n'a jamais fini d'ouvrir les portes, et dans chaque salle une infinité de meubles, et ceux-ci pleins de tiroirs dont la plupart ont encore un double secret...», écrit Daniel Boulanger dans une de ces quarante nouvelles. C'est en tout cas une description qui convient au monde du conteur.Dans une vie de province recréée par la saveur des mots, on trouve tout naturels le baron qui s'est inventé le métier de promeneur de chiens, le montreur de marionnettes descendant d'un innocent guillotiné, le frère et la soeur qui communient dans le vin rouge, le perroquet ingrat qui abandonne une vieille demoiselle, le cocher contemplatif, le bandagiste malheureux. Sans parler de toutes les histoires qui ne se racontent pas, vies de solitaires, de gens qui ont un secret. Dans chacune de ces nouvelles, aux héros insolites et exemplaires à la fois, on découvre la charge de baroque que porte par instants la vie, et qui lui donne son prix.
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Dans l'affaire du Bar du Pneu, à Paris, Omer a poignardé son ami Jos, vingt ans comme lui. Légitime défense ? Il ne saurait le dire et retourne à Anvers chez la veuve Bugle, instigatrice du coup. La redoutable et fascinante Célesta Bugle possède La Poupe et la Proue, une boîte près des docks. Omer, l'enfant trouvé, va connaître là d'inquiétantes délices.Plus tard, entre quatre murs, il notera son histoire, avec humour. L'écriture sera sa rédemption et lui rendra la raison qui, dit-il, s'amuse à souvent mettre un masque de folle, mais la veuve Bugle, la démentielle Célesta, reste à jamais l'étoile de ce nocturne.
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Virtuose de la nouvelle, Daniel Boulanger est aussi un romancier original. Une troupe de comédiens va jouer de ville en ville. Rose, l'étoile de la tournée, est plus que sensible au texte qu'elle lance, aux coeurs qu'elle enflamme, et cependant elle n'est pas satisfaite. Elle se perd dans ses personnages, et quand elle offre à l'envoûté d'un soir la nonne ou la princesse qu'elle improvise, c'est son corps qui en fait les frais.
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«Le chemin des caracoles..., écrit Daniel Boulanger. Autrement dit celui des escargots. Il était proche de la maison de mon grand-père Victor dans un faubourg de Cambrai et datait de l'occupation espagnole. Je ne l'ai pas connu, mais mon père en parlait beaucoup et le chemin des caracoles devint le lieu de mes fables...»Quarante et une nouvelles composent ce recueil. Et l'on peut dire des paysages et des maisons visités qu'ils sont comme le jardin de Monsieur Prenne : ils couvrent l'ensemble de la terre. De Daniel Boulanger, qu'il est comme le héros de ce récit : insatiable. «Pour lui jamais de sourdine, mais les fanfares. Jamais de regard, mais des visions.» Et les multiples personnages dessinés sont aussi vivants que s'ils étaient faits de chair, aussi drôles, aussi touchants. Mais ne sont-ils pas la population du monde ?
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Le comte Louis Palot de Fissat rêve plus qu'il ne travaille dans l'agence immobilière héritée de son grand-père. Au-dessus d'une cheminée où l'on ne fait jamais de feu : un paysage breton, beau ou laid, selon, et qui a satisfait tous les besoins d'évasion des Fissat. Louis tente en vain de s'arracher au sortilège de ce tableau en cherchant l'aventure dans des quartiers mal famés de Paris, en l'évitant lorsqu'elle survient...
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Ces courts récits tournent dans une lumière sensuelle. De l'enfance à l'âge d'homme, de la campagne à la ville, du monologue au dialogue, tout est sensation.Au plaisir des cinq sens s'ajoute la gloire d'un sixième qui les domine et les mêle, et qui est la volupté littéraire.Le merle siffle, s'arrête, recommence, sans ordre et sans prêche, dans l'immédiat, dans l'instant. Le gaspilleur ! Ainsi va l'homme en qui chante tout à coup un souvenir, perce une idée, éclate une image. Toujours surpris. Jamais à l'endroit où d'autres croient qu'il se trouve.Ces nouvelles sont autant de nids. Il y en a d'abandonnés. Il y en a de cachés, pleins d'oeufs et de duvet. Il y en a qui attendent le lecteur pour s'achever.
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Il arrive que l'on cherche ses lunettes, et on les a sur le nez. Le jeune avocat, héros de cette histoire, est en quête d'amour, et il l'a sous la main! Sa dernière distraction sera ce voyage vers le bonheur sous le couvert d'un festival dans une ville que le soleil brûle jusqu'au rêve. Les femmes lui en feront voir de toutes les couleurs. Cette crhonique pourrait s'intituler:Variations sur le désir, ou:Plaidoyer pour un coeur en travail.
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Wasserfall ! Quelle illustre dynastie de sculpteurs sur bois, depuis Melchior (1432-1503), auteur du plus admirable retable, jusqu'à Helmut qui taillait les coquetiers dont le Führer se servait !À l'hôtel Stellaire, à Marseille, une Académie internationale quasi clandestine tient ses assises annuelles. Il y a là huit hommes de lettres distingués, et, par ailleurs, chacun dans son pays, conseillers en astrologie pour les grands de ce monde. Le sujet de leur colloque, cette année, est le retable Wasserfall. La femme de chambre, Ulli, qui écoute aux portes, apprend ainsi les avatars de l'admirable sculpture. Or, cette Ulli est la dernière des Wasserfall et finit par se croire la réincarnation de la première. Elle ne songe qu'à partir pour les Cyclades où son oncle Helmut a vu disparaître le retable pendant l'occupation allemande. Avec les secrets qu'elle vient de surprendre, elle est certaine de retrouver le chef-d'oeuvre de l'ancêtre.La quête du bonheur commence là, au coeur de l'étrange hôtel, dans cette neige qui envahit Marseille, en plein avril.
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Qui n'a pas eu l'envie de détruire les témoins de sa faiblesse, et le Créateur qui a tout pensé, tout pesé, soudé la mort à la vie, n'a-t-il pas lui-même commis le crime parfait ? Quelle cité n'a pas un toit pour la victime et l'assassin, le sage et l'imbécile, la buse et l'alouette, le comptable et le conteur, le phallique et l'eunuque, et la ribambelle de bizarres qui font les fous à l'intérieur de chacun ? Quel cocher pervers les a embarqués dans le panier à salade et, la pipe au bec, les oublie dans sa fumée ? Les voici qui traversent Saint-Bastin au bord de la mer picarde, l'une des villes de mon libre tour de France. Comme les autres elle jette les feux d'un monde qui s'éteint.Daniel Boulanger.
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Édition collective
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«Toute ville est Babylone. Videz-la de ses habitants pour les mettre dans un livre, avec leurs parties fines et leurs drames, les murs s'effondrent, mais il reste l'arbre du conteur. Asseyez-vous à son ombre mêlée de soleil et la cité va renaître au chant des feuilles, selon le plan que vous déciderez.»Quinze nouvelles : quinze fragments libres du monde d'un écrivain cruel et tendre, d'un enchanteur qui transfigure jusqu'aux plus humbles personnages : vieux célibataire sentimental, adolescents naïvement libidineux, petite bonne soumise aux appétits de son patron, couple lassé d'homosexuels, guérisseur douteux, évangéliste analphabète, centenaire plus que vivace, et tant d'autres.
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Dès le chant du coq, Daniel Boulanger se met au travail, en artisan heureux. Les seize nouvelles qu'il nous donne aujourd'hui sont toutes éclairées par le reflet de ce bonheur fait d'angoisse, de lucidité, d'observations minutieuses. Ainsi se fait-il le porte-parole ou le témoin des vies les plus singulières : celle d'un humble et tendre ventriloque, d'un commissaire de police douloureux, d'une vieille fille hors du commun, d'une veuve, les uns et les autres toujours situés en porte à faux. S'il nous fait rire par ses étincelants traits d'écriture et son féroce humour, par la cocasserie des situations, il nous branche également - et dans le présent ouvrage plus encore que dans les précédents - sur les vertigineux à-pic de la psychologie des humbles, là où l'on finit par toucher les limites du néant, du meurtre, de la folie. Et n'oublions pas la guerre pleine de noires merveilles où seul se sauve du désastre celui qui ne possède que les routes.
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Zoé la cartomancienne meurt, remplacée dans sa roulotte par sa nièce Marthe qui, bien que dépourvue des dons de voyante, s'emploie à prédire à la clientèle et selon sa fantaisie (qui est grande) un avenir heureux. Elle vit avec Marcel, paresseux qui se fait tour à tour pompiste, agent immobilier, acteur publicitaire pour échapper au chômage. Tous deux s'aiment passionnément dans l'alternance des coups et des étreintes, entre les visites des clients les plus singuliers tels que Dupérier le tendre, Polard le traqué, la belle Liverpool guettant l'héritage d'un oncle d'Angleterre, bien d'autres ! Ce monde hétéroclite et grouillant, assoiffé d'en savoir long sur l'avenir intouchable, joue à mentir joyeusement et jette la poudre aux yeux pour masquer la terne réalité de la vie. Ainsi la roulotte de Tante Zoé devient-elle une sorte de théâtre où se déroule un vaudeville grave avec ses tours de passe-passe, ses trahisons pour pleurer et rire, ses dérobades incessantes. Un style étincelant et drôle fait de Daniel Boulanger, violent éclairagiste de cette foire, un sorcier de l'écriture.
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Oui ou non, le photographe ambulant Édouard Clamerand a-t-il étranglé Lucie Vérane au moyen d'un lacet de chaussure, dans un modeste hôtel de Maronne ? Le voici devant le commissaire de police. De questions insidieuses en réponses dérobées va se construire le plus singulier roman qui soit, celui de l'affrontement de deux hommes qui ne se connaissent pas et se ressemblent, qui cherchent à percer le mystère de leur solitude et à s'aider l'un l'autre.
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Les autres ne sont pas l'enfer pour Monsieur Louis, mais le passe-temps de sa vie tranquille. Il les dispose comme des bibelots sur l'étagère de sa ville d'Ursacq, souvenirs d'un voyage immobile. Les objets, il les reçoit et les disperse en salle des ventes, et il en note le parcours. C'est par eux qu'il connaît les goûts et les couleurs de son monde. Monsieur Louis vit donc des choses, qui existent avant et après leurs possesseurs, et ses semblables ne sont que des choses. Il en joue et ne peut pas leur en vouloir de passer en d'autres mains. Même ses amours. On ne peut donc s'étonner qu'il ait un faible pour Divine, une fille publique, et qu'il veuille l'offrir au plus grand nombre par le truchement des Mémoires érotiques de la belle. Ce livre qu'il désire merveilleux, il le nourrit, faute de prouesses personnelles, de toutes les fantaisies des clients de la jeune femme, mais cette somme des bizarreries de la ville ne sera qu'un objet de plus qui s'en ira vagabonder. «Tout passe» serait la devise de Monsieur Louis, s'il n'avait le sentiment d'être éternel, et le Maître, comme devrait l'être chacun.
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ÀNocquoÿ, charmante et fière province, le maire et les conseillers municipaux ont décidé d'honorer la mémoire et le le centenaire de Jules Bouc, leur fameux poète mort dix ans plus tôt. Une statue équestre que l'on commande au sculpteur Dièze sera solennellement érigée. Et l'on va reconstituer l'unique plaquette des sonnets de Jules que la guerre a quasiment détruite. La ville est en émoi d'abord, puis en ébullition pendant que Dièze conçoit son oeuvre dans le plus grand secret. Pris au jeu, tout Nocquoÿ s'interroge, rivalise, se jalouse, se souvient, critique l'insaisissable génie venu se réfugier là après sa retraite d'obscur employé parisien. Qui était vraiment ce Jules Bouc aussi fuyant qu'un nuage, une hallucination née peut- être d'imaginations trop pétillantes ? Car les natifs de Nocquoÿ, eux, sont bien charnels, grivois, et même paillards. Àforce de rêveries, de suppositions folles et de bavardages, ils finissent par réinventer un Jules Bouc qui serait le symbole intouchable de la liberté et de la grandeur. Enfin le jour de gloire arrive. On se prépare à dévoiler au cours de la cérémonie d'inauguration la statue soi-disant équestre que Dièze s'était chargé de concevoir, mais la stupeur cloue le peuple des témoins rassemblés... Insister sur la verve et la truculence que met Boulanger à nous rapporter cette histoire est chose superflue. Le romancier se laisse mener par son humour décapant à l'égard d'une masse de personnages qu'il a su, comme dans chacun de ses livres, observer, respecter et surtout aimer.
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Sans souci du qu'en-dira-t-on, délibérément à l'écart, mais sans orgueil, la cité d'Aussoy-sur-Orbe suit le conseil de Florian : «Pour vivre heureux vivons caché.» La célébrer, c'est donc lui déplaire. Le miroitier Médard offre à chacun de ses concitoyens le miroir qui lui convient. Le sien, venu de sa famille, lui joue pourtant des tours... Il finit par avoir des doutes et des remords. Sa mère lui aurait-elle menti ?Le bonheur de tous ces drôles qui aiment tant se regarder est alors en danger. L'épouse Médard, danseuse polonaise en rupture de frontière, la seule étrangère, va sauver la ville. Elle sait que le mensonge est indispensable à la vie. Aussoy-sur-Orbe gardera son tic-tac intime, montre glissée dans un corsage polisson, loin du bruit, des honneurs, des charités truquées, des glorieux desseins et des désastres.
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Hommage à Héraldine ! Maîtresse d'elle-même et de l'Histoire, elle illustre cette manipulation des faits qui n'étonne plus personne. Elle sait que le boniment est le sel des jours et que l'Histoire est la nôtre : chacun doit la faire à son gré. Allant jusqu'à tourner à profit les dérives de sa santé, elle ignore le qu'en-dira-t-on et partage la réflexion de Montaigne : «Je pense qu'il faut se prêter aux autres et ne se donner jamais qu'à soi-même.»
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À la faveur de la guerre, Hermann Hessling, portier d'hôtel au Flambaum de New York, croit pouvoir déserter son nom, son pays, son armée, sa langue et ses amours et tout à coup devenir un autre, cet Adrien Faulenmuss tué en Alsace, dont il prend les papiers. Le troc n'est pas possible.Il aura beau retrouver une place de portier, une servante d'hôtel pareille à celle qu'il désirait, la langue de son enfance et de ses ancêtres, et la vie civile comme autrefois, avec documents en règle et projets d'avenir, son audace est fatale.Téméraire celui qui veut aller contre ce qui est écrit. C'est vouloir sauter son ombre.
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Talbard la jurassienne a remporté le prix de «La ville amène». Il ne s'y passe rien que d'aimable, rien que de secret, jusqu'au jour où l'on vient y tourner un film à prétention tragique. Les habitants sont appelés à faire de la figuration. À cette annonce parue dans L'Informateur burgonde répond aussi une jeune femme des environs. Ainsi naîtra l'actrice, puis la comédienne Huguette Nacre, un nom qu'elle s'est donné et qu'elle rendra célèbre. Huguette aura de singulières façons d'apprendre à jouer, d'entrer dans la peau des autres. Par chance Talbard abrite des créatures qui s'y prêtent. Pendant quelques jours la cité tranquille est sens dessus dessous. Si Talbard tient à perdre la mémoire de cette révolution, la Nacre en garde le souvenir. La photographie des Talbardais sur les marches du théâtre a jauni, mais elle est toujours dans la loge parisienne de l'artiste. C'est son porte-bonheur.
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Ce roman est l'histoire de la rencontre d'un roulier et d'une châtelaine, d'un homme qui possède tout, routes, moissons, rose des vents, et d'une jeune femme qui n'a rien dans son château, seulement des désirs vagues qui avortent.Le récit est plein d'oiseaux cloués sur la porte des granges, de sorts jetés aux habitants du village où échoue le chemineau. C'est la vengeance contre les assis, d'un homme qui ne peut rester en place et qui fait peur. L'art de Daniel Boulanger fait apparaître dans une campagne si proche et sage l'aventure, le romanesque, l'insolite, l'ange du bizarre.