« Il est parti vers où ?
- Vers là...
- Tu en es sûr ?
- Non... je ne sais plus... C'est peut-être la sorcière...
- Dis-nous, Frédéric, tu as vu une dame ? Elle est venue vous parler ?
- Non, non ! Je n'ai vu personne. Moi, j'suis retourné voir les autres...
Après je ne sais pas pourquoi, il n'est plus revenu. » Ainsi disparaît le jeune Romain Poittevin lors d'une sortie scolaire sur la colline de Crussol. Et c'est le destin de tous ceux qui l'ont connu qui va s'en trouver bouleversé.
Sensible à la poésie, à la légèreté, mais aussi à la cruauté du monde de l'enfance, Cécilia Castelli signe un roman d'une puissance vertigineuse où d'étranges ombres s'égarent et se guettent, dans la violence de la nature et des sentiments, jusqu'à la résolution du mystère, saisissante.
Chaque été sur l'île, les deux frères retrouvent leur jeune cousin venu du continent. Ensemble, les enfants pêchent, jouent, chahutent. Rémi, le plus jeune des trois, est en admiration devant les deux grands. Il aimerait leur ressembler mais il n'est pas vraiment comme eux, il ne vit pas ici. De leur côté, les adultes profitent de l'insouciance de l'été. Sur le terrain familial, au bord de la mer, l'existence est plus douce. Au soleil, ils souhaitent effacer les anciennes cicatrices, celles dont on ne parle jamais, le meurtre du grand-père et l'enfant qui devait naître.
Leur histoire se mêle à celle des ancêtres. Dans la maison au figuier, figure tutélaire, il y a la vieille tante Maria. Signadora mystique, sorcière, guérisseuse qui perpétue les traditions immémoriales. Les enfants la redoutent, s'interrogent sur cette femme silencieuse et toujours en noir. Puis ils grandissent et pensent à d'autres jeux, aux feux de camp sur la plage avec les filles notamment.
Mais quand vient la fin de l'adolescence, que certains choix s'imposent même s'il semble impossible de quitter l'île, un nouveau drame se produit. Meurtre ou accident?? Comme leurs parents avaient autrefois dissimulé les blessures, la nouvelle génération se retrouve à son tour confrontée à l'indicible.
Que feriez-vous si votre vieux copain, votre meilleur ami, celui avec lequel vous allez tous les week-ends vous goinfrer de fruits de mer au Rhino - ce génial resto dans sa petite crique préservée -, que feriez-vous, donc, si votre binôme se changeait soudain en bigorneau ?
« Patrice m'assurait de toutes ses forces qu'il venait de découvrir la méditation et que ça lui faisait un bien fou. Un mois avant tu m'aurais dit que Patrice allait méditer, calme sur son rocher, je me serais planté la fourchette dans la main. Désormais, je n'étais plus sûr de rien. Je me mettais à croire à des choses qui n'existaient pas. Je validais toutes ses excuses. Tout ça parce que je ne voulais pas voir la réalité en face. Patrice s'animalisait et moi, sur ma serviette ridicule, je n'y voyais que du feu. » Roman cocasse, burlesque et tendre, Mollusque nous transporte dans le récit de Gérard, un bon mangeur de crabes, d'oursins et de sardines qui va soudain devoir faire face à de formidables métamorphoses. Un régal.