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Bertrand de Saint vincent
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Dans ces récits et nouvelles, la ronde des nuits a l'élégance d'une « grande bellezza », entre temps suspendu et flânerie sentimentale. Un écrivain se souvient de ses débuts prometteurs. Une fille pleure dans une Ferrari jaune : « On ne devrait jamais quitter Roquebrune-Cap-Martin. » Actrices, mondains et femmes du monde se frôlent, trinquent, se perdent. Pour prolonger le goût de la fête, des fugues s'imposent : palaces, bords du Nil ou Côte d'Azur, belle comme un décor de cinéma. Des ombres connues, prénommées Antoine, Diana, Scott ou Grace s'invitent. Elles se noient dans des piscines de gin, roulent en Mercedes 190 SL, tentent d'échapper aux tragédies de la vie. Une certaine désinvolture a le charme fou d'un film dont la bande-son mêlerait « Ruby Tuesday », « Tous les garçons et les filles » et « Summertimes blues » repris par les Beach Boys. Un parfum de mélancolie dans un monde qui s'évapore.
Directeur adjoint du Figaro dont il dirige les pages « Culture », Bertrand de Saint Vincent est notamment l'auteur, aux éditions Grasset, de Tout Paris (2011) et Nocturne français (2022). -
Après le succès de Tout Paris, Bertrand de Saint Vincent, de sa plume caustique et spirituelle, revient sur notre bonne vieille capitale et ses moeurs aussi brillantes qu'impitoyables, mais toujours enviées. Dans une succession de chroniques sur les vedettes de la ville, il revient sur un temps qui n'existe plus. C'était avant la fin du monde, de ce qu'on a appelé « le vieux monde ». Paris n'était plus tout à fait une fête, et pourtant, cela allait encore. L'imprévu, la fantaisie existaient. On sentait que cela ne durerait pas éternellement, mais il y restait ce brin d'insouciance, ce souci d'élégance, cette manière d'être. Des écrivains prenaient la pose, d'autres croyaient à la littérature. On croisait des figures de légende ou leurs souvenirs. Champagne ! Les enfants des années 80 avaient déjà des cernes sous les yeux et ceux de 68 achevaient d'étrangler leurs idéaux. On n'avait jamais vu autant de financiers se passionner pour l'art contemporain. Le cinéma regardait tomber ses géants et on avait le sentiment que quelque chose s'éloignait de nous. Au-delà de Paris, c'était la France ou l'idée que l'on s'en faisait, depuis des siècles.
A travers ses chroniques, reflets de ses rencontres, de ses moments partagés, de ses observations, Bertrand de Saint Vincent évoque, par touches fines et mordantes, les vestiges de l'esprit français. S'il y entre de la mélancolie, c'est que rarement celui-ci lui aura paru aussi menacé. Un bijou d'archéologie parisienne. -
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C'est une aventure romanesque, politique et sentimentale. Nicolas Sarkozy l'a promis à sa femme, Cécilia : ils siégeront ensemble à l'Elysée. Mais veut-elle vraiment y aller ? Lorsque la campagne commence, elle est à ses côtés, discrète, mais veillant sur tout. Avec lui, elle a mûrement réfléchi, préparé, jusqu'à l'obsession, ce combat pour le pouvoir suprême. Le 14 janvier, porte de Versailles, le congrès d'ouverture est un triomphe. Son projet clairement défini, ses conseillers aguerris, ses lieutenants prêts à l'assaut, Nicolas Sarkozy se lance dans la bataille. Mais au fil des semaines, la formidable machine à gagner connaît des grippages : jalousies, rivalités. Plongeant à l'intérieur du dispositif de campagne, recueillant les confidences des uns sur les autres, dressant le portrait des principaux protagonistes, Bertrand de Saint Vincent raconte, d'une plume alerte, cette épopée brutale, aux accents
bonapartistes. Les grognards sont lâchés, les premières victimes tombent. Le centriste François Bayrou s'envole dans les sondages, l'entourage s'inquiète. Des coursives de la rue d'Enghien aux couloirs de l'UMP, en passant par les bureaux feutrés de la place Beauvau, les proches du candidat s'activent, s'épient. L'auteur nous conduit dans les cénacles où se prennent les grandes décisions, notamment la création par Nicolas Sarkozy d'un ministère, aussitôt contesté, « de l'immigration et de l'identité nationale ». La lutte est féroce, peu avare en débauchages, trahisons, ralliements du bout des lèvres. Tout Paris bruisse de rumeurs sur les difficultés sentimentales des deux candidats. Ou est passée Cécilia ? Au soir du premier tour, elle sort de l'ombre et s'affiche au bras de son mari. Une nouvelle course s'engage : celle des ministères. François Fillon tient la corde pour Matignon, mais Jean-Louis Borloo n'a pas dit son dernier mot. Des noms d'outsiders circulent. Le 6 mai au soir, Nicolas Sarkozy l'emporte largement. Mais dans la voiture qui sillonne Paris, une absence crève les yeux. Le vainqueur perdra-t-il son amour pour le pouvoiroe Peu avant minuit, réalisant le voeu de son prince charmant, Cécilia le rejoint. Ensemble, ils fêtent la victoire et pénètrent, en famille, à l'Elysée. Une nouvelle ère commence, à mi-chemin entre le règne des Kennedy et celui des Grimaldi.
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Paris ! Pendant deux ans, Bertrand de Saint Vincent a été de toutes ses soirées, tous ses vernissages, tous ses cocktails littéraires, tous ses dîners, ses générales de théâtre, ses avant-premières de cinéma, ses galas de charité, enfin ce qui fait que la « ville lumière » brille encore de tous ses feux. Il en rapporte le portrait le plus complet de la capitale de la France au début du XXIe siècle. Ironique et léger, souvent mordant, il décrit, en quelque deux cents tableaux, la comédie humaine chez les puissants.
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Jacques Laurent, alias Cécil Saint-Laurent
Bertrand de Saint-vincent
- Julliard
- 28 Avril 1995
- 9782260012306
Jacques Laurent est né en 1919. Son père disait qu'il voulait un fils pour ne pas avoir fait la guerre pour rien. Mais à vingt ans, Jacques Laurent part à son tour sur le front. Ce sera une guerre éclair, perdue d'avance. Il ne s'en remettra jamais tout à fait. Le jeune homme, aux idées "d'Action française", se retrouve à Vichy. Chargé d'une mission dans le maquis, il croit un moment jouer un rôle dans l'Histoire. Las, elle se joue de lui. Au lendemain de la guerre, écoeuré, il tente d'écrire, sous le nom de Cécil Saint-Laurent, un best-seller inspiré des modèles américains. Caroline chêne le propulse au sommet de la gloire. Un film, où son héroïne est incarnée par Martine Carol, l'immortalise. Les années 50 sont un triomphe. Cécil Saint-Laurent est riche, adulé. Il multiplie les conquêtes féminines et les pseudonymes, mais ne dépense pas son argent en vain : il lance une revue littéraire, La Parisienne, rachète Arts. Sous le nom de Jacques Laurent, il est un "hussard" qui affronte Sartre, écrit Les Corps tranquilles, Le Petit Canard Une légende naît. Mais déjà, les années 50 s'achèvent. L'histoire rattrape Jacques Laurent. Envoyé spécial en Algérie, il s'engage aux côtés de l'OAS, est poursuivi par le régime, s'oppose dans un retentissant procès à Mauriac et à de Gaulle. Présent sur tous les fronts, le cinéma, la politique, la littérature et la bagatelle, il dénonce l'aveuglement des intellectuels au Vietnam, met en garde les étudiants de Mai 68, écrit une Histoire des dessous féminins. En 1971, quand on le croit épuisé, il donne Les Bêtises et obtient le Goncourt. Le romancier s'impose comme l'un des plus grands de sa génération. En 1986, il entre à l'Académie française.
À travers le parcours tumultueux de Jacques Laurent, dont la biographie n'a rien à envier aux héroïnes de Cécil Saint-Laurent, c'est l'histoire des cinquante dernières années qui défile. Indomptable, rebelle à l'ordre établi, attiré par les femmes et les causes perdues, fidèle à l'honneur, cet écrivain, à l'intelligence aiguë et au style classique, est peut être avant tout un grand amoureux de la vie.