La technocratie joue un rôle déterminant en France : elle constitue le vivier de ses élites dirigeantes, tant économiques que politiques. Cet ouvrage propose une plongée dans ce monde fascinant, dont il retrace l'histoire et dénonce les dérives. La France a la spécificité de former par la haute fonction publique ses « élites » dirigeantes, issues de Polytechnique ou de l'ÉNA, pour les transmuer en patrons ou cadres exécutifs de grands groupes, ou en hommes ou femmes politiques de haut rang. La moitié des dirigeants du CAC 40, trois présidents de la République sur quatre depuis 30 ans sont issus des « grands corps » (Inspection des finances, Conseil d'État, Corps des mines ou des ponts). Lieux de production de la technocratie française et de son idéologie, ces institutions bicentenaires demeurent peu connues du public. C'est une analyse engagée qu'en propose ici Alexandre Moatti, observateur interne à l'un d'eux. Une analyse à la fois historique (depuis la Révolution française) et systémique : relisant les 30 dernières années au prisme de leur action, il montre leur intrication ontologique avec le néo-libéralisme.
Pourquoi est-il difficile, dans certains lycées, d'enseigner la théorie de Darwin à une partie des élèves musulmans ? Cette opposition à une théorie scientifique pourtant structurante de la science contemporaine s'inscrit dans une forme d'imbrication entre science et religion, qu'on peut appeler concordisme.
L'ouvrage analyse, à partir des discours et écrits de certains penseurs musulmans contemporains - notamment Tariq Ramadan -, la critique d'une science dite « occidentale », certains allant jusqu'à proposer une « science islamique », plus conforme aux principes de la religion. Cette critique trouve ses racines historiques dans une opposition à la modernité technique occidentale dès les années 1920, avec l'effondrement de l'Empire ottoman et la création des Frères musulmans. Si certains de ces arguments critiques sont intéressants et rejoignent dès les années 1970 une critique écologique de la science, ils se sont trouvés amplifiés sur internet, dans des discours radicaux qui n'ont plus rien d'académique.
Enfin, l'ensemble de ces discours en arrive à remettre en cause la démarche scientifique en elle-même. C'est pourtant cette capacité de questionnement, induite par la relation à la science, que doit prendre en considération l'islam d'aujourd'hui.
Le transhumanisme a le vent en poupe. Les prouesses et promesses conjuguées de l'informatique et de la biologie se chantent sur tous les tons à la une des médias. En bref : l'homme de demain ne nous ressemblera guère ! Mais cette chanson n'est pas nouvelle. Même revue par la technologie, elle parle toujours, in fine, d'eugénisme et de sélection, thèmes tabous que l'on agitait déjà dans les années 1930. On se demandait alors jusqu'où iraient les machines et si l'homme, dépassé par la science, ne pourrait pas en outre être modifié par elle. Quand le physiologiste Alexis Carrel, prix Nobel 1912, milite pour un eugénisme actif, Jean Rostand évoque le « surhomme » et Teilhard de Chardin l' « ultrahumain ».
Les racines du transhumanisme ne sont pas exclusivement françaises, mais elles ressortent avec une étonnante netteté de cette analyse, qui les montre croisant et recroisant les autres grandes idéologies du siècle dernier. Les technologies les plus « avancées » posent en termes nouveaux des questions débattues depuis un siècle : l'histoire des idées décrit parfois des boucles inattendues.
L'Institut Auguste-Comte pour les sciences de l'action est une météorite de l'action publique : voulu par Giscard d'Estaing dès 1974, « chantier du président », il est supprimé par la gauche arrivée au pouvoir en 1981. En plein coeur du Quartier Latin, destiné à prendre la place de Polytechnique qui déménageait vers le plateau de Saclay, il visait à mieux former aux « réalités humaines » les polytechniciens et d'autres, après cinq ans d'une première expérience de terrain, par promotions annuelles de 60 élèves.
C'est l'histoire d'une institution publique qui est faite ici, de sa genèse, de son exécution en règle : elle fait aussi apparaître de nombreux acteurs bien connus encore de nos jours, du monde économique, politique ou administratif - les carrières et réseaux sont une histoire de temps long.
Avec ces acteurs ont eu lieu de nombreuses interviews qui nourrissent l'ouvrage, ainsi qu'un travail d'archives, sur ce sujet quasi oublié - intentionnellement ?
Quant aux sciences de l'action, quelles sont-elles : les « qualités managériales » relèvent-elles de l'inné ou de l'acquis ? L'esprit français d'abstraction pouvait-il théoriser cet apparent oxymore : sciences de l'action ? Comme le dit avec humour le président de l'Institut, « les relations entre la connaissance et l'action rappellent celles de l'oeuf et de la poule. » Au-delà, c'est le rapport des élites au savoir, ou des grandes écoles à l'Université, qui est posé là.
S'agissait-il de l'ultime soubresaut d'un monde français d'ingénieurs, en train de céder le pas aux commerciaux ? Y avait-il encore alors dans le monde des élites politico-administratives une vision du service public, vision qui aurait disparu de nos jours ? Finalement, comment s'auto-définissent les élites en France ? Toutes questions qui, à travers l'exemple de l'Institut, restent d'une actualité tout aussi brûlante sinon plus qu'à l'époque.
Vous marchez le long de la côte bretonne : vous suivez une courbe fractale de longueur infinie ! Vous utilisez un appareil GPS : vous faites de la relativité restreinte et générale ! Vous prenez l'avion : il part vers le nord, alors que vous allez à l'ouest ! Vous invitez vingt-cinq amis : deux d'entre eux ont la même date d'anniversaire ! Vous jouez une gamme au piano : vous sautez d'un nombre rationnel à un autre ! Tout ce que vous devez savoir sur le nombre d'or, les nombres parfaits et amicaux, sur la quadrature du cercle et les courbes fractales, sur la vitesse de la lumière et les trous noirs, le théorème de Gödel et la relation d'incertitude, E=mc2 et le chaos...
Une invitation au voyage dans un monde mathématique et physique finalement très proche de notre quotidien.
Cet ouvrage a pour but d'amener le lecteur à la rencontre de textes scientifiques originaux, s'échelonnant pour la plupart du XVIIe au début du XXe siècle. Quinze scientifiques contemporains ont chacun choisi un texte ancien qu'ils aiment, manuscrit, article ou quelques pages d'un livre et en présentent une analyse. En suivant le texte de près, avec des citations abondantes, ils s'attachent à expliquer la démarche et la nature des résultats d'un savant dont la pensée compte encore à notre époque. La première partie, De l'écriture au calcul, présente quelques jalons marquants de l'histoire du calcul : l'apparition de v2 sur la tablette d'un scribe babylonien, les prémisses de la notion de dérivée chez Fermat, la naissance des coordonnées cartésiennes, la machine à calculer de Pascal, la courbe transcendante de la chaînette découverte par Leibniz, le plan complexe d'Argand, les groupes de Galois, les matrices de Cholesky. La deuxième partie, dont le titre est Théorie des nombres, suit à travers ses acteurs certaines grandes avancées de cette branche des mathématiques : Lambert et l'irrationalité de n, une démonstration facile de l'irrationalité de e par Fourier, la mise en évidence du premier nombre transcendant par Liouville. la démonstration du caractère transcendant de e par Hermite, les deux infinis de Cantor. Ce volume, consacré aux mathématiques, est le premier d'une collection qui abordera d'autres disciplines. Elle vise à présenter une histoire des sciences accessible et mise en relation avec les connaissances scientifiques les plus répandues.
Textes de grands physiciens commentés par des physiciens d'aujourd'hui.
Lumière. Roemer (la découverte de la vitesse de la lumière), Newton (la décomposition de la lumière blanche), Young (interférences et théorie ondulatoire), Fresnel (interférences, les lentilles de phare), Arago (la vitesse de la lumière), Foucault (encore sur la vitesse de la lumière), Michelson, von Laue (l'éther).
Radioactivité. Roentgen (la découverte des rayons X), Becquerel (la découverte de la radioactivité), Rutherford (l'explication de la radioactivité), Irène et Frédéric Joliot- Curie (la radio-activité artificielle).
Internet est un formidable outil d'accès à la connaissance, grâce aux moteurs de recherche, aux encyclopédies, à de nombreux sites scientifiques ou culturels ; pourtant, en France notamment, des voix s'élèvent pour critiquer cet Internet de la connaissance. Sans verser dans l'angélisme, la technophilie aveugle et moins encore le transhumanisme, cet ouvrage analyse ces postures de critique et, quand elles existent, les alternatives proposées.
Ainsi, qu'est-il advenu du projet «bibliothèque numérique européenne», censé contrer Google Livres, et Google lui-même ? De même, comment peut-on expliquer les diatribes anti-Wikipedia qui apparaissent régulièrement dans la presse ? Et ce alors que nos concitoyens utilisent massivement ces outils : faisons confiance en nos pairs internautes, capables d'apprendre sur Internet et d'y exercer leur discernement.
Finalement, de manière plus générale, le livre examine si certaines positions de défense exacerbée des droits d'auteurs ou de conservation des données publiques (comme l'iconographie muséale, ou les émissions culturelles de radio) ne nuisent pas, en France, à la diffusion numérique de la connaissance, avec un effet inverse à l'objectif de rayonnement culturel français.
Les notions fondamentales de l'astronomie et de l'astrophysique sont rappelées en vingt points parmi lesquels : le mouvement des planètes, les météores, les rayons cosmiques ou la théorie du big bang.
A quoi sert la clef du numéro de sécurité sociale ? Quels sont les tracés qu'on peut faire sans lever le crayon ? Qu'y a-t-il au centre d'un carré magique ? Platon et Euler, inventeurs du ballon de football ? Comment marche l'algorithme d'ordre des résultats dans un moteur de recherche ?
Pourquoi y a-t-il une station de RER Laplace ? Comment fonctionne un détecteur d'incendie dans un hôtel ? Pourquoi la Terre perd-elle le Nord ? « Mathéphysiques » ?. parce que les maths et la physique, cela marche ensemble et que ces Récréations peuvent vous faire réfléchir... comme la métaphysique ! Dans ce petit ouvrage intelligent ET divertissant, vous êtes invités à un "zapping" (ou à une lecture suivie !) à travers des miscellanées mêlant notions mathématiques et physiques, curiosités quotidiennes et histoire des sciences. De quoi passer de très bons moments sur votre chaise longue.
À l'heure où l'histoire des sciences fait son entrée au lycée, quelle meilleure façon de l'aborder que ces textes où le savant ou l'inventeur expose pour la première fois ce qu'il a trouvé, par exemple ce mémoire de Volta où il décrit de façon vivante et concrète son invention de la pile électrique.
Bien entendu, il faut pour étudier ces textes l'aide d'un professeur, ou comme dans cette série, celle d'un scientifique actuel spécialiste du domaine. Mais on ne peut s'empêcher d'espérer que ce livre ravira un élève passionné par la chimie, ou la lui fera découvrir, s'il a la chance de le trouver au CDI de son lycée.
LA DÉMARCHE.
Dix textes fondateurs de la chimie moderne sont présentés et expliqués par des scientifiques actuels.
Comme dans la visite guidée d'un site historique, on signale au lecteur les points d'intérêt des écrits d'Avogadro, d'Ampère ou de Pasteur, on lui apporte des éclaircissements, on replace ces écrits dans le contexte de leur époque, on les réexamine aussi à la lumière des progrès ultérieurs de la science.
Certains de ces « commentaires de texte » sont accessibles aux élèves de seconde, la plupart nécessitent les connaissances d'un élève de Terminale ou de 1re année d'université.
LE CONTENU.
Cet ouvrage propose de poser deux regards différents sur l'histoire de la chimie. Le premier, sur la théorie : la constitution en atomes des molécules d'une part, la structure physique des molécules d'autre part. Le second, sur la pratique et l'expérience.
Théorie. Gay-Lussac (sur la combinaison des substances gazeuses) - Avogadro - Ampère (lettre à Berthollet sur la cristallographie) - Pasteur (polarisation de la lumière) - Grimaux (polémiques sur l'atomisme).
Pratique. Volta (la pile électrique) - Kirchhoff et Bunsen (l'analyse spectroscopique) - Le Chatelier (loi des équilibres) - Sainte-Claire Deville (propriétés de l'aluminium) - Héroult (brevet de four à électrolyse pour la production d'aluminium).
« Pourquoi et comment des personnes formées à la science se mettent-elles, à un certain âge de leur vie, à prendre une attitude violemment opposée à la science qui leur est contemporaine ? Comment des scientifiques en viennent-ils à mobiliser leur capacité de raisonnement et construisent-ils une argumentation à caractère scientifique au service d'idéologies sans rapport avec la science ? Comment expliquer la permanence de tels comportements chez des hommes de science depuis au moins la naissance de la science moderne, il y a plus de trois cents ans ? De nos jours, quel est l'impact sur les rapports entre science et société de ces attitudes, diffusées sinon multipliées par le canal de l'Internet ? Nous désignerons leur démarche par le terme d'alterscience dans lequel nous englobons diverses constructions théoriques remettant en cause de manière radicale des résultats importants de la science ou utilisant des arguments scientifiques à des fins idéologiques, religieuses ou personnelles. » A. M.
. Ambivalence, pseudo-rationalité théorique, virulence du discours, instrumentalisation de la science à des fins idéologiques ou religieuses, telles sont les principales caractéristiques de « l'alterscience ».
Si la force de Coriolis est universellement connue, l'homme qui lui a donné son nom l'est beaucoup moins. Cet étonnant décalage est à l'origine de cet ouvrage. Gaspard-Gustave de Coriolis (1792-1843) a vécu pour la science et l'enseignement.
Célibataire, réservé, sa vie est recluse, sédentaire, sans aspérités. Pourquoi alors s'intéresser à un savant en apparence si terne ?
Parce que son oeuvre scientifique recèle des résultats importants : il est le premier à donner un contenu scientifique à la notion de travail. Il définit la notion de force d'entraînement, celle de force centrifuge composée, qui permet d'expliquer enfin certains mystères : la rotation du pendule de Foucault, la déviation des corps vers l'Est, l'érosion unilatérale des cours d'eau. Coriolis est également le père de la théorie du jeu de billard, étudiant le choc de la queue sur la boule, le choc de deux boules, le choc d'une boule sur la bande.
Mais ce ne sont pas là résultats épars. Le fil directeur de son oeuvre, c'est la théorie des machines - nouvelle branche scientifique issue des progrès de la technique. Une oeuvre à la charnière entre mathématique et physique, entre théorie et pratique. Coriolis appartient à la petite troupe des ingénieurs-savants, quasiment tous issus de cette École polytechnique née de la Révolution.
Contrairement à une image répandue, la science n'a pas toujours précédé la technique. En ce premier XIXe siècle, au contraire, elle la rattrape à marche forcée.
C'est donc le portrait d'un homme emblématique de toute une époque qu'Alexandre Moatti dresse ici.
En 1940, on décide de faire déménager à Lyon l'École polytechnique. Elle ne regagnera Paris qu'en 1943. Denis Hannotin a pu recueillir la correspondance d'un de ces X, Alain Thibierge, âgé de 20 ans en 1941. Ce témoignage, croisé avec celui de quelques-uns de ses condisciples et mis en regard d'une riche documentation, nous permet de découvrir le quotidien d'une promotion de polytechniciens à Lyon durant les années sombres. Les traditions, les professeurs, les préoccupations - somme toute banales - de brillants élèves obsédés par leur classement... mais aussi le monde comme il va, Pétain, les Allemands, les choix à faire (ou pas) entre la Révolution nationale et la France libre. L'auteur a même pu interviewer quatre centenaires, survivants de cette période. Au-delà de son caractère poignant, le destin tragique d'Alain Thibierge jette une lumière particulière et très instructive sur Lyon et sur la France durant la Seconde Guerre mondiale. «Il est des ouvrages particuliers, pointus, en apparence trop spécifiques, et pourtant indispensables : c'est le cas de celui de Denis Hannotin.» Alexandre Moatti (préface)
Alors que les technologies de communication numérique sont souvent présentées par les institutions et les médias comme la solution universelle aux problèmes éducatifs et aux inégalités sociales, transformant les jeunes en fers de lance de la société numérique, cet ouvrage collectif sous la direction d'Alexandre Eyries et de Daniel Moatti analyse les dangers d'une cyberaddiction d'autant plus pernicieuses qu'elle reste gravement sous-évaluée. Issues d'une série de colloques organisés à l'Université de Nice, les différentes contributions de ce livre exposent des approches théoriques tout en apportant des réponses concrètes institutionnelles et psychologiques à une réalité déniée.