Celle que l'on surnomma en son temps la Vierge Rouge reste un objet de fascination : qu'il s'agisse de condamner son tempérament exalté lors de la Commune de Paris ou d'admirer son héroïsme, de considérer son jugement politique et son activisme social ou d'apprécier l'institutrice anticonformiste, l'image a gardé tout son éclat .Le mystère « Louise Michel » a fait couler beaucoup d'encre. Les biographies romancées et les prétendues autobiographies foisonnent. Pour les écrire, chacun pioche dans les textes de la révolutionnaire, se sert, gomme ou remanie... Comme si, pour faire connaître la « vie » de Louise Michel, on commençait par oublier qu'elle en a été elle-même l'autrice. Comme s'il fallait commencer par la faire taire - au fond, comme si elle dérangeait toujours.
Dans ses Mémoires de 1886, on découvre une Louise Michel tour à tour adolescente facétieuse, institutrice féministe, révolutionnaire patentée, déportée en Nouvelle-Calédonie, combattante anarchiste, passionnée d'art et de science, enthousiaste de la nature... On découvre aussi la Louise Michel qui pense, qui parle et qui écrit, la plume acérée, la sensibilité à vif, la conscience intrépide.
Hélène Berr a 24 ans au moment où la vie lui est arrachée, en 1945, à Bergen-Belsen. Le centenaire de sa naissance est l'occasion de cette publication. Cet hommage, pleinement chargé de dire la vie et la mémoire, permet de faire visiter son Journal par des femmes et des hommes sans distinction d'âge ou d'appartenance sociale ou religieuse, il rallie à la figure d'Hélène Berr tous les autres disparus avec elle sans mot ni trace derrière eux.
Il est assez curieux ce mot « centenaire » apposé tout près du nom d'Hélène Berr et avec lequel il ose même faire la rime. Presque inapproprié ou anachronique tant Hélène Berr est restée cette jeune femme à la grâce altière et d'éternelle jeunesse. 24 ans. 24 ans au moment où la vie lui est arrachée, en 1945, à Bergen-Belsen, laissant derrière elle son Journal, mais emportant dans le néant toutes les autres promesses d'amour et de créativité qu'elle sentait prêtes à éclore en elle. Pas une année de plus ne viendra égrener le décompte de ce temps qui passe inexorablement, vieillit les visages mais pas le sien, dessine des projets ou conforte des vocations mais pas la sienne.
C'est en réponse à cette injustice qu'est née la volonté d'une publication à l'occasion de cette date symbolique. Un hommage certes, mais un hommage pleinement chargé de dire la vie et la mémoire, l'une et l'autre toujours aussi vives. Une célébration de son Journal donc, telle qu'elle l'aurait peut-être souhaitée, par des femmes et des hommes de la sphère publique ou non, sans distinction d'âge, d'appartenance sociale ou religieuse et dont le ressenti serait aussi un témoignage pour tous les autres partis avec elle, mais sans laisser le moindre mot ni la moindre trace.
La Guerre de Franci est la fascinante histoire vraie d'une jeune fille durant la Seconde Guerre mondiale : Franci Rabinek Epstein a survécu à trois camps de concentration nazis, au travail forcé et même à une rencontre avec le terrible Josef Mengele. Après guerre, elle voudra laisser un témoignage, une trace de ce voyage en enfer dans un texte précis et détaillé où elle ne se se départit jamais de son humour ni d'une véritable élégance naturelle, qui ont résisté à l'épreuve de l'horreur. Mais sa franchise sur ce qui advint aussi dans les camps, les relations sentimentales entre les êtres en même temps que les abus sexuels, venait trop tôt : elle embarrassa. Les esprits n'étaient pas prêts et, lorsqu'elle mourut à New York en 1989, ses mémoires n'avaient toujours pas été publiés. Sa fille, la journaliste Helen Epstein, auteure réputée pour son travail sur le traumatisme en héritage, a établi l'édition de ce récit puissant, qui paraît pour la première fois en français.
Emprisonnée avec sa mère sous la Terreur à 16 ans, Hélène de Chabert (1777-1862) tombe amoureuse d'un jeune homme de son milieu qui sera guillotiné. Ruinée par la Révolution, sa famille peine ensuite à reprendre son rang malgré sa parenté avec l'impératrice Joséphine. Grandie par les épreuves, mariée à un homme qu'elle ne connaît pas et s'appuyant sur un solide réseau amical et familial, Hélène de Chabert lutte pour trouver des subsides et porter secours à son époux Henry Rolland de Villarceaux qui est en campagne ou prisonnier en Russie. Femme de caractère, elle finit par conquérir son indépendance en prenant, sous la Restauration, la direction d'une maison d'éducation.
Personnalité attachante, fidèle à l'esprit volontaire de ses parents, Hélène de Chabert sut traverser les régimes et résister à des changements considérables avec douceur et ténacité. Ces mémoires, récemment découverts, sont un précieux témoignage de l'importance de l'action des femmes de la haute société dans des temps troublés où elles ont dû, souvent seules, faire face à de grands périls.
Photos en noir et blanc.
Illustré de portraits et documents inédits pour la plupart. Index de plus de 700 noms, notices biographiques, bibliographie et tableau généalogique.
Édition, introduction, notes et annexes de Béatrice de Kergorlay. Préface de Ségolène de Dainville-Barbiche.
Elle fut la Jeanne d'Arc du XIXe siècle, la femme à abattre, l'égérie des écrivains. Dans La Recherche, Marcel Proust qui l'idolâtrait la baptisera la « reine soldat ». Luchino Visconti rêvait de la porter à l'écran sous les traits de Greta Garbo. Reine déchue du royaume de Naples et des Deux-Siciles, Marie-Sophie en Bavière s'est toujours dérobée aux historiens qui n'ont pressenti son secret qu'à demi. Ce secret, Lorraine Kaltenbach le connaît, sa famille le garde depuis cent cinquante ans.
Marie-Sophie était la plus romanesque des soeurs de Sissi. Aussi rebelle que l'illustre impératrice, elle fut autrement plus vivante et charnelle. À vingt ans, elle bluffa l'Europe en abandonnant ses crinolines pour traverser en pantalon la révolution italienne du Risorgimento. À trente ans, elle devint une figure du Paris de la Belle Époque. Que cachait son attirance pour la Ville Lumière ? La nostalgie de sa passion secrète pour un zouave pontifical français, mais surtout Daisy, leur enfant, dont elle ne put jamais faire l'aveu public : le pape, l'empereur François-Joseph, les rois de Bavière, de Naples et des Deux-Siciles auraient eu trop à perdre si ce scandale avait été divulgué. La reine soldat imposera son droit de renouer avec la fille qu'on lui avait arrachée, et s'alliera avec les anarchistes pour châtier ceux qui l'avaient outragée et chassée de son trône.
Lorraine Kaltenbach, qui a exhumé ses archives familiales et pérégriné trois ans à travers la France, l'Allemagne et l'Italie, ressuscite les amours cachées de cette combattante, et lève enfin le voile sur la mystérieuse Daisy de Lavaÿsse.
Voici l'une des autobiographies les plus franches et les plus divertissantes de l'histoire littéraire ; voici un jeune auteur qui confesse, avec une désarmante et insolite franchise, ses désirs, ses ambitions et ses faiblesses. On a comparé ce journal à celui de Samuel Pepys et aux Confessions de Rousseau. Il y a des traits communs, mais Rousseau est un romantique, Boswell un classique. Rousseau compose un récit ; Boswell note au jour le jour ce qu'il fait et ce qu'il entend. Rousseau gémit sur ses échecs ; Boswell se moque des siens, avec une savante ingénuité.