Charles de Beistegui (1895-1970), héritier de l'une des plus grandes fortunes du Mexique, mène, entre Paris, Londres, Madrid, Biarritz et Venise, une vie fastueuse et créative, mondaine et cosmopolite, au coeur de la Café Society. Mais qui est vraiment ce mystérieux prince des esthètes ?
Au début des Années folles, Charles de Beistegui se lie à une poignée de jeunes privilégiés - les Noailles, les Faucigny-Lucinge, les Pecci-Blunt - qui veulent participer au renouveau créatif de l'avant-garde artistique.
Passionné par les arts décoratifs, il entreprend de créer plusieurs résidences. Son appartement des Champs-Élysées, son hôtel particulier, son château de Groussay deviennent la vitrine de son goût audacieux, à mi-chemin entre le XVIIIe siècle français et le XIXe anglais et imprégné de références revisitées, qui influencera les créateurs.
En 1948, il fait l'acquisition du palais Labia à Venise, le restaure, le réinvente et, en 1951, y organise le « bal du Siècle » où 1 500 invités - aristocrates européens, milliardaires sud-américains, socialites new-yorkais, artistes, couturiers et mondains - sont conviés. Cette fête restera dans les annales comme la plus fastueuse du XXe siècle.
Dandy épris de beauté et d'absolu, metteur en scène de son existence, Charles est devenu un personnage mythique et, au-delà, l'incarnation d'un style, qui suscite plus d'admiration et de notoriété que de son vivant. Longtemps hors du temps, Charles de Beistegui est désormais de notre temps.
Comment peut-on faire, en une heure, le bagage de toute une vie ? C'est la guerre ; des soldats ont l'ordre d'évacuer des civils qui doivent n'emporter qu'un seul sac. Il y a Manon et sa fille Jeanne, Paul, Marek, Shoresh, madame Dépalle, une famille nombreuse, deux âmes... Dans l'urgence des choix, le passé et le présent se mêlent, les êtres se révèlent, se montrent tels qu'ils sont. À quoi tient-on le plus ? Qu'est-ce qu'on ne peut abandonner ? Que veut-on transmettre ? Quel espoir peut encore briller ? Autant de questions qui traversent ce texte saisissant de par son intensité émotionnelle et sa force d'évocation. Un livre d'exode, d'aujourd'hui et de toujours, dans une langue à la fois concise et bouleversée.
Au coeur de l'Allemagne, l'International Tracing Service est le plus grand centre de documentation sur les persécutions nazies. La jeune Irène y trouve un emploi en 1990 et se découvre une vocation pour le travail d'investigation. Méticuleuse, obsessionnelle, elle se laisse happer par ses dossiers, au regret de son fils qu'elle élève seule depuis son divorce d'avec son mari allemand.
A l'automne 2016, Irène se voit confier une mission inédite : restituer les milliers d'objets dont le centre a hérité à la libération des camps. Un Pierrot de tissu terni, un médaillon, un mouchoir brodé... Chaque objet, même modeste, renferme ses secrets. Il faut retrouver la trace de son propriétaire déporté, afin de remettre à ses descendants le souvenir de leur parent. Au fil de ses enquêtes, Irène se heurte aux mystères du Centre et à son propre passé. Cherchant les disparus, elle rencontre ses contemporains qui la bouleversent et la guident, de Varsovie à Paris et Berlin, en passant par Thessalonique ou l'Argentine. Au bout du chemin, comment les vivants recevront-ils ces objets hantés ?
Le bureau d'éclaircissement des destins, c'est le fil qui unit ces trajectoires individuelles à la mémoire collective de l'Europe. Une fresque brillamment composée, d'une grande intensité émotionnelle, où Gaëlle Nohant donne toute la puissance de son talent.
" Après les avoir redoutées, ce sont désormais les périodes qu'il préfère, les grandes marées, il les attend, quand on ne peut plus circuler à pied et que l'eau pénètre partout. " Le niveau de la mer est monté. La Rochelle, régulièrement submergée et sous contrôle de l'armée, s'est vidée de la plupart de ses habitants. Janvier Bonnefoi y vit dans la solitude, remontant en barque les rues noyées et ressassant la dispute qui l'a forcé, un an plus tôt, à quitter la ferme familiale en Lozère. Le jour où la ville est évacuée, Janvier décide de rentrer chez lui.
Par les chemins de Charente et de Corrèze, il traverse une France minée par les tempêtes, le repli identitaire et les attentats écologistes. Il découvre stupéfait un pays persuadé de pouvoir encore vivre normalement. Dans une ferme du Cantal, il fait la connaissance d'Adèle, une jeune femme énigmatique qui lui offre le gîte en échange de son aide. Partagé entre l'appel du voyage vers sa terre natale et les promesses ambivalentes que dessine ce nouveau foyer, Janvier est bientôt rattrapé par d'encombrants compagnons d'infortune.
J. a passé toutes ses vacances d'enfance dans une île. À la mort de sa mère, alors que la maison de vacances revient à son frère, elle décide de ne pas se battre et de faire construire sur cette île SA maison, il s'agit pour elle de s'installer dans l'île, d'en faire partie, d'être acceptée par le paysage comme par ses habitants, de devenir insulaire. Elle veut réinventer un ancrage, des souvenirs, un refuge sûr et tranquille sur la falaise toute proche du phare. Mais quand il s'agit de travaux rien n'est simple en ces lieux comme ailleurs, J. se heurte à toutes les difficultés possibles et imaginables, jusqu'à défaillir et avoir le sentiment de mourir. Alors pourquoi se mettre dans de telles situations ? Que symbolisent les maisons ? Quels sont ces attachements, ces fausses filiations, ces véritables entraves qui nous comblent de joies et nous donnent des sueurs froides ? Ce livre est celui de nos bonheurs inventés, reconstruits, envolés.
Suivre cette femme dans ses péripéties invite à méditer sur le sens profond de notre vie, sur le courage et la persévérance, sur l'espérance.
Ce livre est un petit voyage, une récréation instructive dans le monde du livre : son histoire, ses techniques, son langage, ses exploits, ses bizarreries, ses horreurs et ses merveilles. De page en page, d'une curiosité à l'autre, il vous transporte dans tous les pays du monde, à toutes les époques, sous tous les régimes et sous tous les cieux. Il vous fait visiter la bibliothèque du Titanic, celle du fils de Christophe Colomb ou celle du Général de Gaulle ; il évoque les boites vertes des bouquinistes de Paris, le « quartier latin » de Tokyo ; il donne la taille d'un format inoctavo, ou celle du plus petit livre du monde ; il montre le Bibliothécaire d'Arcimboldo et les livres jaunes de Van Gogh ; il parle aussi d'autodafés, de censures, de grimoires, de coquilles et de mystères. Tour à tour grave et léger, il passe du coq à l'âne, sans autre fil directeur que le livre et ses innombrables expressions dans la civilisation humaine. Mais au-delà de son apparence futile et désordonnée, ce condensé ludique de savoir et de culture pourrait prétendre à figurer dans toutes les bonnes bibliothèques.
Sébastien Bras fait partie de ces lignées de cuisiniers qui ont fait et font la gastronomie française. Son père, le légendaire Michel Bras, a lui-même hérité du restaurant familial dans le village de Laguiole en Aveyron. En 1992, il a ouvert Le Suquet, qui offre des vues imprenables sur le plateau de l'Aubrac : un paysage à couper le souffle, quelque part entre forêts nordiques, illusions de steppes mongoles et landes écossaises. Très vite, Michel Bras porte le restaurant à un niveau d'excellence et de reconnaissance inégalé, avec trois étoiles au Guide Michelin. Ranimant ce territoire isolé, il invente des plats devenus emblématiques comme le Gargouillou de jeunes légumes ainsi que le célèbre Coulant au chocolat. En 2009, Sébastien Bras reprend les rênes du Suquet. Comme son père avant lui, il y défend une cuisine ancrée et façonnée par la terre, une cuisine du végétal, où les cueillettes sauvages, le potager familial et le travail des producteurs locaux sont sources inépuisables de créativité. À travers archives personnelles, photographies de l'Aubrac en toutes saisons et quarante recettes emblématiques, Sébastien Bras raconte ici sa région et la passionnante histoire d'une famille hors normes, dans laquelle on se transmet le goût du beau et du bon depuis trois générations.
Qui n'a jamais eu l'eau à la bouche en lisant la description d'un festin, dans un roman, un conte, un poème ? Guy Savoy, trois étoiles au Michelin, présente ici le premier volume d'un cycle où littérature et cuisine s'entremêlent pour le plus grand plaisir de nos papilles. Feuilletant les poèmes de Ronsard, les essais de Montaigne, les romans de Rabelais, et bien d'autres classiques du XVIe siècle, le chef français en revient avec des anecdotes sur la cuisine de l'époque, et surtout : avec les incroyables recettes décrites dans ces chefs-d'oeuvre, et adaptées à notre époque. A vous la tarte au sucre de Marguerite de Navarre, le saucisson en brioche de Louise Labé, la pastilla de faisan de Montaigne, ou le fraisier de Ronsard !
Déjà auteur aux éditions Herscher d'un cycle de quatre livres sur les soupes de saison (10 000 ex GFK en moyenne), Guy Savoy revient en librairie dans un livre original et savoureux. Son restaurant, à la Monnaie de Paris, vient d'être élu en 2022 Meilleur restaurant au monde.
Quelques recettes du livre : marmite de légumes à la truffe noire / saucisson en brioche, poêlée de chou à la pistache / oursin chaud, crosnes au jus, moelle et épinards / langue de boeuf en croute de sel et d'algue, poutargue, caviar / marmite de gibiers (palombe, colvert, faisan) / homard rôti en papillote de feuilles figuier éclatée, coulis du fruit, bouillon des pinces / fromage de chèvre, pollen, jeunes fleurs et pousses façon prairie / poires pochées au vin chaud, granite vin chaud / fraisier à la rose.
Listes des auteurs :
BRANTÔME.
CLÉMENT MAROT.
LOUISE LABÉ.
BERNARD PALISSY.
JACQUES AMYOT.
FRANÇOIS RABELAIS.
BERTRAND DE COMMYNES.
AGRIPPA D'AUBIGNÉ.
ETIENNE TABOUROT.
HÉLISENNE DE CRENNE.
MICHEL DE MONTAIGNE.
RONSARD.
MARGUERITE DE NAVARRE.
JOACHIM DU BELLAY.
«... Le roman et la vie se confondent, ma vie est une Narration tantôt vécue tantôt imaginée et si un journal américain m'a donné le nom de collectionneur d'âmes, c'est que je ne cesse de faire mon plein de je innombrables, par tous les pores de ma peau...» Romain Gary, La nuit sera calme, 1974. «Malheureusement, Madame Rosa subissait des modifications, à cause des lois de la nature qui s'attaquait à elle de tous les côtés, les jambes, les yeux, les organes tels que le coeur, le foie, les artères et tout ce qu'on peut trouver chez des personnes très usagées. Et comme elle n'avait pas d'ascenseur, il lui arrivait de tomber en panne entre les étages et on était tous obligés de descendre et de la pousser, même Banania qui commençait à s'éveiller à la vie et à sentir qu'il avait intérêt à défendre son bifteck.» Émile Ajar, La Vie devant soi, 1975.
«Imaginez que pour mettre au monde un enfant, vous ayez besoin de faire appel au vent, à l'eau, au feu ou à une autre nature que la vôtre. Comme si vous demandiez à un arbre d'apporter jusqu'à vous l'élu de votre coeur! Comme si le végétal devenait le lien d'une union fructueuse entre vous et l'autre... Les plantes sont partout autour de nous et nous posons sur elles un regard tantôt distrait, tantôt émerveillé, sans soupçonner l'activité incessante qui règne derrière leur relative immobilité.»Des relations symbiotiques entre flore et faune, en passant par les tromperies et autres jeux de dupe, le mutualisme, l'influence des milieux et de l'évolution, Joanne Anton nous fait découvrir une vie sexuelle végétale débordante d'inventivité, voire d'excentricité pour les mammifères que nous sommes. À observer de plus près la sexualité flamboyante des plantes qui savent se faire aimer par tant d'animaux, comment ne pas être séduit?
Pour la première fois, Alain Ducasse nous offre ses inspirations, ses obsessions et ses espoirs pour la gastronomie, une vie de goûts et de passions, un quotidien de défis choisis.
Il raconte son enfance à la ferme, un premier stage chez un routier, les écoles et les maîtres qui l'ont marqué et puis le temps de l'émancipation, des grandes réalisations et de la transmission. Il a fondé des écoles, créé des manufactures, formé des centaines de chefs et ouvert de nombreux restaurants à travers le monde. Il ne cesse de se réinventer, de penser de nouvelles saveurs, de nouveaux gestes, de nouveaux ancrages, de nouveaux combats.
Ce n'est pas un livre de mémoires ou de recettes mais une autre façon de partager l'émotion d'une table, d'un plat, d'un goût.
« Dans un livre inspiré, le cuisinier français Alain Ducasse lève enfin le voile sur ce qui chez lui mute et demeure. » Livre Hebdo « L'occasion de rendre à ses maîtres un peu de ce qu'ils lui ont enseigné, et surtout de tracer les grandes lignes de la gastronomie et de la création de demain.» Le Journal du Dimanche « Sans cesse à la recherche de nouveauté, Alain Ducasse transmet, à travers ce livre, tout ce qu'il sait sur la cuisine, qu'il veut soucieuse de la planète. » Le Chef
L'« affaire des diamants » ! Qui ne se souvient de ce scandale politique qui a agité la Cinquième République de Giscard d'Estaing, et a marqué pour celui-ci le début de sa fin ? Sans qu'il y soit jamais nommé autrement que « le Président », il est l'objet de toute la stupéfaction, de toutes les spéculations, de toutes les interrogations dans ce roman satirique et brillant. Tout Paris bruit dans le silence. Accusé par la presse d'avoir accepté des diamants de la part d'un dictateur africain, le Président se réfugie dans un silence offensé. Il va se taire pendant quarante-neuf jours.
Et pendant ces quarante-neuf jours a lieu la ronde des personnages que Pauline Dreyfus convoque en maîtresse de cérémonie impitoyable et moqueuse : une immigrée portugaise, un night-clubber, un dissident russe, une journaliste espérant la gloire, un chef du protocole de l'Elysée atterré, un châtelain ruiné, un chômeur pilier de bar, une militante féministe, un inspecteur des Renseignements généraux, sont à leur façon bousculés en ce singulier automne politique. Le pouvoir se désincarne, les forces de la dérision s'agitent. C'est peut-être là, pour la première fois, qu'on les a vu apparaître sous la Cinquième République. Les diamants sont un de ces prétextes comme savent en trouver les dieux pour bousculer les destins.
Le jour où le Président se décide à s'expliquer, tous les protagonistes de cette histoire sont devant leur poste de télévision. Depuis le temps qu'ils attendaient des explications ! Les auront-ils ? Tout le talent de Pauline Dreyfus pour les comédies sociales, qui ne sont pas sans tragique, éclate dans ce roman.
Melchor quitte provisoirement sa Terra Alta d'adoption pour venir prêter main-forte aux services de police de Barcelone dans une affaire de tentative d'extorsion de fonds basée sur l'existence présumée d'une sextape. L'enquête doit être menée avec célérité et discrétion car la victime est la maire de la ville.
L'inspecteur plonge alors dans l'univers de la haute bourgeoisie catalane et de ses rejetons élevés au-dessus des lois. Protégées par un clan qui leur assure une impunité de classe, ces âmes si bien nées connaissent peu de limites et la vie des sans-grades leur est parfaitement indifférente. Sous un vernis de raffinement, ces privilégiés n'ont rien à envier aux prostituées et aux junkies peuplant les bas-fonds qui ont vu naître l'enquêteur. Et quand le chantage est assorti d'une demande de démission de l'édile, il apparaît évident qu'il est le fruit d'une manoeuvre politique visant à déstabiliser la mairie pour favoriser quelques intérêts. L'indéfectible intégrité de Melchor est mise à rude épreuve au contact des rouages du pouvoir, là où règnent le cynisme, l'ambition décomplexée et l'arrogance des nantis.
Indépendance est un roman furieux qui brosse un portrait sans fard des élites politiques et économiques barcelonaises et vient épingler un mouvement souverainiste qui, en guise d'indépendance, entendrait surtout préserver celle de sa caste.
Originaire d'une petite ville de la région du San'in, Kyôko est une femme célibataire d'une grande beauté. Tout l'oppose à sa soeur cadette Anzu, divorcée, mère d'un garçon, céramiste reconnue. Kyôko, elle, poursuit depuis treize ans une carrière de secrétaire de direction dans une société de cosmétiques à Tokyo. Elle profite ainsi, avec légèreté, du magnétisme qu'elle exerce sur les hommes et s'épanouit au gré de ses voyages d'affaires. Mais le départ soudain de son patron et l'arrivée du nouveau, plus jeune, plus charmant, vont ébranler en elle bien des certitudes.
Elena a vingt-cinq ans, un petit appartement et un chat. Pietro a plus du double de son âge, une ex-femme et trois enfants. Pourtant ils se sont choisis, et ont décidé de vivre leur relation en tenant à distance les blessures de leurs vies d'avant : ils font l'amour avec l'ardeur de ceux qui se découvrent pour la première fois, se nourrissent de caïpirinhas et d'houmous, se concentrent sur l'ivresse du quotidien.
Jusqu'au jour où Maria, l'ex-épouse de Pietro, contacte Elena sur Facebook en se dissimulant derrière une fausse identité. Peu à peu, les deux femmes se mettent à s'écrire régulièrement et à se confier l'une à l'autre. Maria parle de sa vie d'avant, de son ex-mari, et de son douloureux divorce sans qu'Elena ne se doute un seul instant que le fameux ex-mari n'est autre que Pietro. Elle-même évoque volontiers son histoire familiale compliquée et son quotidien avec ce dernier.
Lorsque Maria décide enfin de rencontrer Elena et de lui dévoiler son stratagème, la jeune femme est bouleversée. Les révélations de Maria sur le Pietro « d'avant » font leur chemin et viennent peu à peu empoisonner leur relation.
Cristina Comencini, de son écriture à la fois tranchante et intime, dépoussière le thème classique du trio amoureux et nous projette au coeur des problématiques du couple à l'ère contemporaine.
Philippe Herbet est photographe. Il aime photographier les gens qui lui racontent leurs histoires de vie lors de ses voyages, notamment en Russie, où il vit une partie de l'année, et en Orient. Il a fui une enfance terne et difficile, à l'image de celles magnifiées dans l'oeuvre des frères Dardenne.
Mais combien faut-il avoir traversé de pays pour pouvoir un jour se retourner sur sa propre enfance ? Et découvrir ainsi dans le modeste et l'ordinaire, dans le silence d'une enfance parfois malheureuse, le sentiment de la joie.
Cette année-là, à Ranchipur, État semi-indépendant des Indes anglaises, la mousson se fait attendre. Tous guettent avec anxiété la venue des pluies, ces pluies abondantes, diluviennes, vitales. Enfin, elles arrivent ! Mais, de mémoire d'homme, on n'avait vu de pluies aussi fortes, aussi extravagantes à Ranchipur. Et c'est l'horreur : un tremblement de terre, une digue rompue et les eaux de la rivière, grossie par les pluies de la mousson, détruisent la plupart des maisons et noient la moitié de ceux qui ont survécu à la secousse sismique.
Le choléra se déclare. Cette catastrophe va être la pierre de touche où se révèlent et se mesurent les caractères des survivants de Ranchipur, qu'ils soient de la colonie anglaise ou hindous.
La Mousson (The Rains came), publié en 1937, fut adapté deux ans plus tard au cinéma par Clarence Brown.
Ce roman, devenu dès sa sortie un bestseller, a été inspiré par deux longs voyages de Louis Bromfield dans les Indes anglaises. Il rend ainsi hommage, en exergue du livre, à ceux qui lui ont fait découvrir et aimer ses contrées : « À tous mes amis hindous, princes, professeurs, politiciens, chasseurs, bateliers, balayeurs, et à G.H. sans qui je n'aurais jamais connu les merveilles et la beauté des Indes, ni compris le rêve hindou. »
À travers le monde, entourés de livres ordinaires reliés en papier et en cuir, reposent dans certaines bibliothèques des volumes d'un genre bien particulier : les ouvrages reliés en peau humaine. Dans Les Archives de la mort, Megan Rosenbloom enquête sur les vérités historiques et scientifiques qui sous-tendent la bibliopégie anthropodermique - cette pratique consistant à relier les livres avec ce cuir des plus intimes. Ces livres sont encore présents par dizaines dans les bibliothèques et les musées les plus célèbres. Megan Rosenbloom exhume ici leurs origines et ressuscite les médecins, les assassins, les innocents et les miséreux dont les récits s'entrelacent dans cet ouvrage. Au fil du texte, l'autrice raconte également comment son équipe, composée de scientifiques, de conservateurs et de bibliothécaires, teste les livres réputés anthropodermiques, démêle les mythes qui entourent leur création et s'interrogent sur l'éthique de leur conservation. L'autrice transforme un sujet qui pourrait être vu comme anecdotique en une passionnante enquête qui fait écho à de nombreuses questions historiques et sociétales, à commencer par le rapport problématique qu'entretient la médecine avec les classes défavorisées. En effet, nombre de ces apprentis relieurs étaient en fait des médecins, utilisant à des fins peu reluisantes les cadavres de leurs patients laissés-pour-compte. Alors que les allégations de bibliopégie anthropodermique servaient souvent à décrédibiliser des ennemis, on retrouve de nombreux exemples de livres supposément reliés en peau humaine à des périodes troubles de l'histoire, comme la guerre d'indépendance des États-Unis ou la Révolution française. Dans Les Archives de la mort - un ouvrage captivant et macabre au meilleur sens du terme - Megan Rosenbloom élabore un récit à la croisée de l'intrigue universitaire et de la curiosité médicale : un livre aussi rare et palpitant que l'est son sujet.
En 1939, Jun est étudiant au Conservatoire de Paris. Mais le conflit sino-japonais le contraint à rentrer au Japon. En quittant la France, il laisse derrière lui son grand amour, sa «reine de coeur», la jeune Anna. L'épreuve de la guerre sera d'une violence monstrueuse.Des années plus tard, Mizuné, une jeune altiste parisienne, découvre un roman qui lui rappelle étrangement le parcours de ses grands-parents, Jun et Anna, qu'elle n'a jamais connus. Bouleversée par la guerre et la folie des hommes, leur histoire d'amour, si intimement liée à la musique, pourrait bien trouver un prolongement inattendu.Le passé récent du Japon et les atrocités commises au nom de la grandeur nationale, la musique vécue comme ce que l'humanité porte en elle de meilleur, la transmission du passé malgré les silences familiaux, l'amour de la langue française : dans ce roman à la fois émouvant et captivant, Akira Mizubayashi continue d'explorer les thèmes qui lui sont chers.
Voici l'histoire d'une petite bande, celle de quelques anciens élèves d'un lycée des beaux quartiers de Paris dans les années 1990. François, dandy, beau-parleur, courtise les élèves d'un autre établissement où il est devenu surveillant. Hadrien, qui organisait les soirées les plus délurées, voit à son grand regret sa petite amie enceinte. Pierre-Marie, aristocrate, enterre son père dans le manoir familial. Laurent, professeur au Caire, s'apprête à épouser une paysanne égyptienne illettrée. En chemin, le narrateur évoque l'histoire de sa famille, d'un grand-oncle, beau jeune homme arrêté par la Milice parce qu'il était juif. Une bande, cela peut-il durer avec l'arrivée de l'âge ? Qu'en est-il des amitiés éternelles, des passions jurées, des ambitions folles ?
D'un style épuré, Vincent Jaury donne vie à une fresque de personnages hauts en couleur et à toute une géographie d'un certain Paris aujourd'hui évanoui, du Baron au Mathis en passant par les bordels « de luxe ». N'est pas moins évanoui le refus par les personnages de l'esprit de lucre et de réussite qui a submergé le monde. Un premier roman mélancolique et déchirant comme le temps qui passe.
Mai 2016. Dans une aile ultrasécurisée du Palais de justice, la juge Alma Revel doit se prononcer sur le sort d'un jeune homme suspecté d'avoir rejoint l'État islamique en Syrie. À ce dilemme professionnel s'en ajoute un autre, plus intime:mariée depuis plus de vingt ans à un écrivain à succès sur le déclin, Alma entretient une liaison avec l'avocat qui représente le mis en examen. Entre raison et déraison, ses choix risquent de bouleverser sa vie et celle du pays...Avec ce nouveau roman, Karine Tuil nous entraîne dans le quotidien de juges d'instruction antiterroristes, au coeur de l'âme humaine, dont les replis les plus sombres n'empêchent ni l'espoir ni la beauté.
Février 1932. Jacques-Marie Bauer, libraire spécialisé en ouvrages de bibliophilie, s'embarque à Marseille sur le Georges Philippar, un paquebot flambant neuf en route vers le Japon. Nouant des liens avec les autres passagers - le commandant Pressagny et sa petite-fille, l'assureur Hercule Martin, le pianiste russe Sokolowski, ou encore la séduisante Anaïs Modet-Delacourt -, il demeure mystérieux sur le motif de son voyage. Lorsque entrent en scène des Allemands, des camps ennemis se forment au sein de cette petite société cosmopolite : l'ascension d'Hitler divise l'assemblée. Aux sombres rumeurs du monde fait écho, sur le bateau, une suite d'avaries techniques inquiétantes...À travers l'histoire épique et dramatique de cette croisière pendant laquelle le grand reporter Albert Londres trouva la mort, c'est le naufrage de l'Europe que Pierre Assouline retrace en un tableau saisissant.
Rien ne relie les passagers montés à bord du train de nuit no 5789. À la faveur d'un huis clos imposé, tandis qu'ils sillonnent des territoires endormis, ils sont une dizaine à nouer des liens, laissant l'intimité et la confiance naître, les mots s'échanger, et les secrets aussi. Derrière les apparences se révèlent des êtres vulnérables, victimes de maux ordinaires ou de la violence de l'époque, des voyageurs tentant d'échapper à leur solitude, leur routine ou leurs mensonges. Ils l'ignorent encore, mais à l'aube, certains auront trouvé la mort.
Ce roman au suspense redoutable nous rappelle que nul ne maîtrise son destin. Par la délicatesse et la justesse de ses observations, Paris-Briançon célèbre le miracle des rencontres fortuites, et la grâce des instants suspendus, où toutes les vérités peuvent enfin se dire.
« Joseph est né le 8 juillet 1919 à Paris et il en est fier. Paris ce n'est pas seulement la ville, c'est la plus grande des villes, belle de jour comme de nuit, enviée dans le monde entier, il est un titi, un petit bonhomme de sept ans, maigrelet mais robuste, on ne croirait jamais à le voir, la force qui est la sienne. ».
Joseph vit heureux entre sa mère, plumassière, sa grand-mère qui perd gentiment la boule, les copains du foot et les gens du faubourg. Mais la vie va se charger de faire voler en éclat son innocence et sa joie.De la Petite Roquette à la colonie pénitentiaire de Mettray - là même où Jean Genet fut enfermé -, l'enfance de Joseph sera une enfance saccagée. Mais il faut bienheureusement compter avec la résilience et l'espoir.Véronique Olmi renoue avec les trajectoires bouleversées, et accompagne, dotée de l'empathie qui la caractérise, la vie malmenée d'un Titi à l'aube de ce siècle qui se voulait meilleur.