Samuel Huntington s'est trompé. Les guerres nouvelles ne sont pas entre les civilisations mais entre ceux qui croient au choc des civilisations et ceux qui pensent qu'il existe des valeurs universelles. Vladimir Poutine et les Russes qui le soutiennent font partie du premier groupe. Violer le droit international devient légitime ici au nom de l'intégration de l'Ukraine russophone à la Russie. Arseni Yatséniouk et la « génération Maïdan » font partie du second groupe. Au nom de la justice et de la dignité humaine, un pays se rassemble aujourd'hui pour créer un État-nation bi-culturel.
La clef du conflit entre la Russie et l'Ukraine se trouve dans les mythologies divergentes des deux peuples. Comprendre cette clef permet de trouver des issues à la guerre russo-ukrainienne. La communauté internationale a un rôle essentiel à jouer. Mais ceci demande d'agir vite, avec résolution, et en acceptant de reposer la question des fondements spirituels de la démocratie et du droit international.
Depuis une dizaine d'années, l'Ukraine apparaît régulièrement sur le devant de la scène internationale, que ce soit pour ses mouvements protestataires, ou à propos de l'annexion de la Crimée par la Russie et du conflit à l'est du pays, semblant constituer le théâtre d'une nouvelle guerre froide qui cristallise les tensions entre la Russie et les nations occidentales.
Les événements récents sont aussi l'occasion de mesurer combien notre connaissance de ce pays est lacunaire, se limitant souvent aux clichés d'une Ukraine berceau de la Russie, terre des cosaques, grenier à blé de l'URSS et d'une suite de gouvernants entachés par une corruption massive.
Partant de ces idées reçues, Alexandra Goujon dresse un portrait précis et documenté de cette Ukraine, terre de contrastes.
Peut-on parler de malédiction ukrainienne ? Les crises succèdent aux crises et l'Ukraine surgit régulièrement dans l'actualité comme un diable de sa boîte et généralement, c'est dans un contexte de catastrophes, de rébellions contre le pouvoir ou de scandales : Tchernobyl, Révolution orange, EuroMaïdan, problèmes gaziers avec la Russie, élections à répétition, corruption, collusions entre oligarques et politiciens, instabilité politique chronique, etc. Tout cela sur fond de divisions et de rivalités persistances entre les deux parties du pays, l'est - globalement tourné vers la Russie - et l'ouest qui regarde l'Union européenne avec les yeux de Chimène Expliquer les raisons de cette situation hors normes en plongeant dans l'histoire récente de l'Ukraine, tel est le propos de l'ouvrage.
Il revient sur l'histoire mouvementé de cet État qui a toujours cherché à exister sans y parvenir de manière durable. Plusieurs questions se posent sur les mythes et les réalités de l'identité ukrainienne. Quelles sont les racines historiques du « peuple ukrainien » ? Et d'ailleurs, un seul peuple ou plusieurs ?
Un chapitre sera consacré à chacune des étapes de la création de l'État ukrainien et à ses différents avatars jusqu'à aujourd'hui.
La deuxième partie traitera des événements qui ont secoué l'Ukraine depuis novembre 2013 et qui, même s'ils n'ont pas dégénéré en guerre civile, ont provoqué l'une des crises internationales majeures en Europe depuis l'effondrement de l'Union soviétique.
En réalité, il n'y a pas une seule crise mais plusieurs qui s'emboîtent à la manière des matriochki de l'artisanat. Un chapitre sera consacré à chacune d'entre elles, à savoir crise économique, crise politique, crise institutionnelle, crise internationale.
La chute de l'URSS en 1991 a révélé au monde ce qu'on lui avait toujours caché en nommant indistinctement Russes ses habitants, alors que sous le glacis soviétique se trouvaient de nombreux pays et peuples dont on ne connaissait que peu de choses. En particulier l'Est européen, à savoir La Russie actuelle et ses voisines la Biélorussie et l'Ukraine, qui composaient dès le IXe siècle un ensemble slave homogène, parsemé de cités indépendantes les unes des autres et autogouvernées par le Vétché, leur institution de démocratie directe, mais reliées entre elles dans leur défense par des mercenaires varègues (suédois). Les luttes intestines de ces derniers affaiblirent le pays et permirent au XIIIe siècle sa conquête par les nomades mongols. L'une des cités, Moscou, se substitua peu à peu par l'intrigue au pouvoir du grand khan mongol, devint la Moscovie et son grand-prince se proclama au XVIe siècle Tsar de toutes les Russies, héritier de l'Empire byzantin. Il adopta le système de gouvernement connu sous le nom de despotisme byzantino-asiatique, asservissant la population et conquérant un immense territoire que certains appellent désormais l'Eurasie. Son descendant, Pierre le Grand, instaura en 1703 l'Empire russe. A cette occasion, il étendit la peine de mort applicable à 200 cas, tandis qu'à l'origine elle n'existait pas, tout comme les tortures et châtiments corporels.
Se référant à de nombreuses sources originales, l'auteur rétablit l'histoire escamotée d'un peuple devenu étranger à lui-même. Au rebours de toutes les histoires conventionnelles publiées jusqu'ici, il fait oeuvre neuve en déconstruisant les faits historiques depuis les débuts de l'ancienne Russie - la Rouss, - jusqu'à l'abolition du servage-esclavage en 1861. Après cette lecture, on comprendra mieux que la fameuse « âme russe » représentait en fait la nostalgie des libertés originelles perdues.
Embrasser toute l'histoire russe dégage des lignes de force et des permanences structurelles, en dévoilant les réalités complexes d'un État-continent.
Plus de 90 cartes et infographies inédites présentent l'histoire de la Russie, mettant l'accent sur les différentes régions d'un territoire immense et sur les modalités de son contrôle par l'État.
- La Russie impériale, puissance en expansion depuis le XVe siècle, est fragilisée par une modernisation tardive et la guerre ; elle est mise à terre par la Révolution de février 1917.
- La Russie soviétique se forge dans une immense violence politique et sociale tout en donnant naissance à un monde nouveau, urbain et industriel.
- La période postsoviétique voit la Russie, après un temps de repli et d'incertitudes, tenter de renouer avec sa grandeur passée.
D'Ivan III, «grand-prince de Moscou et de toute la Russie» au XVe siècle, à Vladimir Poutine, président d'un pouvoir central de retour sur la scène internationale, le territoire de la Russie a ainsi connu de nombreuses évolutions.
Dans ce livre de 2003 devenu un classique, Timothy Snyder retrace, sur une durée de plus de quatre siècles, la construction et la reconstruction de l'idée de nation dans l'Europe du Nord-Est.
À l'orée de l'ère moderne, en 1569, la création de la République polono-lituanienne, dite aussi des Deux Nations, couvrant les territoires polonais, bélarusse, ukrainien et balte actuels, correspondait à une vision de la nation ouverte, fondée sur la citoyenneté et tolérante envers les langues et les religions. Elle acceptait en outre les diverses allégeances politiques en vigueur sur ces territoires.
Selon l'historien américain, cette formule s'est brisée avec la révolution polonaise de 1863 et l'émergence du nationalisme moderne, qui lui a substitué une conception de la nation ethnique, linguistique et religieuse. Cette dernière ne tardera pas à susciter d'innombrables atrocités, qui culmineront, pendant et après la Seconde Guerre mondiale, dans les provinces de Galicie et de Volhynie, avec les effroyables nettoyages ethniques réciproques entre Polonais et Lituaniens.
La synthèse de cette histoire de longue durée, Timothy Snyder la trouve dans le fait que, quelque amère qu'ait été la reconstruction de ces nations, une politique polonaise sage et ambitieuse a abouti, après la chute du communisme, à l'abandon des revendications territoriales entre voisins orientaux, au gel des frontières issues de la décomposition de l'Union soviétique et à la construction de l'avenir par une intégration à l'Ouest (OTAN et Union européenne).
Selon Timothy Snyder, le legs de la vieille République polono-lituanienne protomoderne reste ainsi visible à qui se donne la peine de regarder sous les cendres de la géopolitique moderne.
"Indépendante depuis 1991, l'Ukraine a connu au début du XXIe siècle deux révolutions puis un conflit avec la Russie. Ces événements s'enracinent dans une longue histoire peu connue en France, où elle n'a généralement été étudiée qu'à travers le prisme russe. L'ouvrage propose une lecture de cette histoire, des origines à nos jours, en partant des questions les plus souvent posées ou les plus complexes. Des chronologies et un atlas historique complet font de cet ouvrage un outil de référence pratique pour tous ceux qui veulent comprendre le passé et la situation actuelle de l'Ukraine. Cette deuxième édition a été améliorée et complétée pour la période 2008-2019."
Déboulonnement de statues de Lénine en Ukraine; réhabilitation du passé impérial et stalinien en Russie; nouvelle « politique historique » officielle en Pologne: depuis la chute du communisme en 1989-1991, les questions mémorielles sont au centre de l'actualité polonaise, ukrainienne et russe. Elles alimentent les batailles géopolitiques en cours autour de l'ancrage européen de la Pologne ou de l'Ukraine, de l'annexion de la Crimée ou de la guerre dans le Donbass.Or, la Russie, l'Ukraine et la Pologne sont liées par une histoire commune où les conflits font disparaître les cohabitations et la diversité humaine de ces territoires. En éclairant des espaces, des événements et des figures qui ont été l'objet de récits historiques divergents, voire conflictuels, cet ouvrage montre comment, de l'histoire à la mémoire, des « romans nationaux » antagonistes sont écrits.